Pour le patriarche de l'Église syriaque catholique, l'enlèvement de dizaines d'assyriens et la prise de plusieurs villages chrétiens dans la région du Khabour doit pousser les démocraties occidentales à se réveiller.
Quel est selon vous l'objectif de Daech dans cette région du Khabour ?
Je pense que l'objectif principal de l'État islamique est d'imposer la charia islamique poussée à l'extrême. Ses hommes cherchent donc à convertir par la force les croyants d'autres religions et plus généralement tout ceux qui n'adhèrent pas à leur vision de l'islam.
Dans cette région du Khabour où se trouvent de nombreux villages chrétiens, des troubles laissaient augurer le pire. Une partie importante de la province de Hassaké avait été envahie par les fanatiques de l'État islamique et les chrétiens avaient déjà commencé à fuir devant le danger. Au dire des témoins, pas plus du quart des habitants des deux rives de la rivière Kahbour restaient encore dans leurs villages au moment de l'offensive de l'État islamique du 23 février au petit matin.
En plus des dizaines de chrétiens enlevés par l'État islamique, y a-t-il eu des morts ?
Je ne dispose toujours pas du nombre exact de personnes tuées à la suite de la razzia de Daech. La situation est chaotique avec des déplacés qui se sont réfugiés dans plusieurs endroits. On ne sait pas comment sont traitées les personnes qui ont été enlevées. Mais on peut concevoir que ces attaques ont été meurtrières étant donnée la haine que nourissent ces fanatiques contre les minorités chrétiennes. Mgr Jacques Behnan Hindo, évêque syriaque catholique d'Hassaké, et Mgr Afrem Nathanael, évêque de l'Église assyrienne d'Orient, m'ont dit qu'ils avaient présidé la semaine dernière aux funérailles d'une douzaine de personnes décédées à la suite de l'invasion de Daech.
> A lire aussi : L’histoire se répète pour les assyriens
Comment se passe l'accueil des réfugiés de la région du Khabour dans les villes de Hassaké et Kameshli ?
La population fuyant les villages dévastés n’avait d’autre refuge que la ville de Hassaké à une quinzaine de km à l’est. Au moins deux mille personnes y ont été accueillies le 23 février dans des salles paroissiennes, des églises et des écoles privées. D’autres familles ont fui vers Kameschli au nord.
Les habitants et le clergé de ces villes se sont mobilisés pour ces réfugiés en majorité assyriens. Il n'y a aucune dissension entre les différentes confessions catholique, orthodoxe, arménienne ou assyrienne. Les deux évêques de Hassaké cités plus haut sont restés sur place. À l’image du vrai bon pasteur, ils se sont fait messagers d’amour et de justice sans aucune discrimination, faisant face au mieux aux drames que subissent leurs communautés.
Que pensez-vous de l'action de milices chrétiennes ? Est ce une solution pour les chrétiens de la région ?
Ces milices chrétiennes sont de mon point de vue un moindre mal. Selon moi, elles doivent uniquement avoir une action d'auto-défense afin de protéger les familles et les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants... Il est vrai que le manque d’armement adapté pour repousser des bandes de criminels bien équipés et le nombre relativement restreint des combattants chrétiens font hésiter bien de personnes sur le sujet, parmi lesquelles beaucoup de responsables des différentes Églises d'Orient ! Mais quelle est l'alternative ? Voudrait-on que nos communautés soient massacrées et égorgées comme des moutons ? Personnellement, je soutiens ceux qui voudront se défendre et éventuellement mourir dans l’honneur de combattre le mal et défendre les innocents...
Les villes de Hassaké et Kameshli où se sont réfugiés beaucoup de chrétiens du Khabour sont-elles sécurisées où risquent-elles à leur tour de tomber aux mains de l'Etat islamique ?
Jusqu’à maintenant Hassaké et Kameshli sont protégées. C’est ce que me dit Mgr Hindo qui refuse absolument de quitter son poste à Hassaké et d'abandonner ses fidèles. Selon lui, l’armée syrienne et les défenseurs kurdes sont visiblement présents dans la ville. Des milices chrétiennes et celles de la défense populaire assistent leurs troupes.
Quelles sont les perspectives pour les chrétiens de cette région et plus généralement au Moyen-Orient?
Concernant la survie des chrétiens au Proche-Orient, je l’ai dit et je le répète encore : il incombe aux démocraties occidentales de se réveiller pour repousser le danger de l’islam politique, lequel s'incarne à présent sous la forme de Daech et d'autres organisations terroristes se réclamant de l’islam.
Les chrétiens ne pourront pas s’assurer eux-mêmes un avenir sûr. Ils attendent que les pays de l’Ouest soient fidèles aux principes inscrits sur leurs frontons « Liberté, Egalité et Fraternité », pour tous les peuples et tous les pays, surtout ceux du bassin méditerranéen. Je pense que l’Union européenne doit particulièrement assumer cette mission avec courage et unité, car cette Méditerranée n’est pas l’obstacle mais c’est bien une voie qui relie le Moyen-Orient à l’Europe.
Quel est selon vous l'objectif de Daech dans cette région du Khabour ?
Je pense que l'objectif principal de l'État islamique est d'imposer la charia islamique poussée à l'extrême. Ses hommes cherchent donc à convertir par la force les croyants d'autres religions et plus généralement tout ceux qui n'adhèrent pas à leur vision de l'islam.
Dans cette région du Khabour où se trouvent de nombreux villages chrétiens, des troubles laissaient augurer le pire. Une partie importante de la province de Hassaké avait été envahie par les fanatiques de l'État islamique et les chrétiens avaient déjà commencé à fuir devant le danger. Au dire des témoins, pas plus du quart des habitants des deux rives de la rivière Kahbour restaient encore dans leurs villages au moment de l'offensive de l'État islamique du 23 février au petit matin.
En plus des dizaines de chrétiens enlevés par l'État islamique, y a-t-il eu des morts ?
Je ne dispose toujours pas du nombre exact de personnes tuées à la suite de la razzia de Daech. La situation est chaotique avec des déplacés qui se sont réfugiés dans plusieurs endroits. On ne sait pas comment sont traitées les personnes qui ont été enlevées. Mais on peut concevoir que ces attaques ont été meurtrières étant donnée la haine que nourissent ces fanatiques contre les minorités chrétiennes. Mgr Jacques Behnan Hindo, évêque syriaque catholique d'Hassaké, et Mgr Afrem Nathanael, évêque de l'Église assyrienne d'Orient, m'ont dit qu'ils avaient présidé la semaine dernière aux funérailles d'une douzaine de personnes décédées à la suite de l'invasion de Daech.
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Comment se passe l'accueil des réfugiés de la région du Khabour dans les villes de Hassaké et Kameshli ?
La population fuyant les villages dévastés n’avait d’autre refuge que la ville de Hassaké à une quinzaine de km à l’est. Au moins deux mille personnes y ont été accueillies le 23 février dans des salles paroissiennes, des églises et des écoles privées. D’autres familles ont fui vers Kameschli au nord.
Les habitants et le clergé de ces villes se sont mobilisés pour ces réfugiés en majorité assyriens. Il n'y a aucune dissension entre les différentes confessions catholique, orthodoxe, arménienne ou assyrienne. Les deux évêques de Hassaké cités plus haut sont restés sur place. À l’image du vrai bon pasteur, ils se sont fait messagers d’amour et de justice sans aucune discrimination, faisant face au mieux aux drames que subissent leurs communautés.
Que pensez-vous de l'action de milices chrétiennes ? Est ce une solution pour les chrétiens de la région ?
Ces milices chrétiennes sont de mon point de vue un moindre mal. Selon moi, elles doivent uniquement avoir une action d'auto-défense afin de protéger les familles et les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants... Il est vrai que le manque d’armement adapté pour repousser des bandes de criminels bien équipés et le nombre relativement restreint des combattants chrétiens font hésiter bien de personnes sur le sujet, parmi lesquelles beaucoup de responsables des différentes Églises d'Orient ! Mais quelle est l'alternative ? Voudrait-on que nos communautés soient massacrées et égorgées comme des moutons ? Personnellement, je soutiens ceux qui voudront se défendre et éventuellement mourir dans l’honneur de combattre le mal et défendre les innocents...
Les villes de Hassaké et Kameshli où se sont réfugiés beaucoup de chrétiens du Khabour sont-elles sécurisées où risquent-elles à leur tour de tomber aux mains de l'Etat islamique ?
Jusqu’à maintenant Hassaké et Kameshli sont protégées. C’est ce que me dit Mgr Hindo qui refuse absolument de quitter son poste à Hassaké et d'abandonner ses fidèles. Selon lui, l’armée syrienne et les défenseurs kurdes sont visiblement présents dans la ville. Des milices chrétiennes et celles de la défense populaire assistent leurs troupes.
Quelles sont les perspectives pour les chrétiens de cette région et plus généralement au Moyen-Orient?
Concernant la survie des chrétiens au Proche-Orient, je l’ai dit et je le répète encore : il incombe aux démocraties occidentales de se réveiller pour repousser le danger de l’islam politique, lequel s'incarne à présent sous la forme de Daech et d'autres organisations terroristes se réclamant de l’islam.
Les chrétiens ne pourront pas s’assurer eux-mêmes un avenir sûr. Ils attendent que les pays de l’Ouest soient fidèles aux principes inscrits sur leurs frontons « Liberté, Egalité et Fraternité », pour tous les peuples et tous les pays, surtout ceux du bassin méditerranéen. Je pense que l’Union européenne doit particulièrement assumer cette mission avec courage et unité, car cette Méditerranée n’est pas l’obstacle mais c’est bien une voie qui relie le Moyen-Orient à l’Europe.