Spotlight : film incontournable pour évêques et cardinaux
ANNA LATRON
« Ce film montre combien l’instinct, qui était malheureusement présent dans l’Eglise, de protéger la bonne réputation, était une grave erreur ». Ces propos ne sont pas ceux d’un critique de cinéma ou d’une victime d’abus sexuels, mais ceux de l’ancien promoteur de Justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Charles Scicluna.
Entre 1995 et 2012, en tant que vice-promoteur puis promoteur de Justice, il fut chargé d’enquêter sur les crimes que l’Eglise considère comme les plus graves, ceux commis contre l’eucharistie ou le secret de la confession, ou bien des viols sur mineurs de la part du clergé.
“Dénoncer les abus permettra de sauver l’Eglise”
Dans une interview accordée ce mercredi 17 février au quotidien italien La Repubblica – relatée (en italien) par le site rbcasting.com –, il juge que « tous les évêques et cardinaux devraient voir le film Spotlight, parce qu’ils doivent comprendre que c’est la dénonciation qui sauvera l’Eglise, et pas l’omerta ». Spotlight, tiré de faits réels, revient sur l’affaire des prêtres pédophiles qui a bouleversé l’Amérique au début des années 2000. Le film souligne le problème clé de l’« omerta » ou d’un code de silence, déclare l’actuel archevêque de Malte après une projection du film à La Valette.
L'archevêque de 56 ans est, depuis janvier 2015, à la tête d'un conseil au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) qui traite des appels interjetés par le clergé accusés d'abus sexuels. Il confie à La Repubblica qu’un des moments phare de ce film est une réplique de l’avocat : « S’il faut un village pour élever un enfant, il faut un village pour abuser ». Selon l'archevêque, cela montre à quel point la complicité était une partie importante du problème : bien qu’une personne soit responsable d’un acte criminel, « les autres sont aussi responsables – ceux qui savent et ne disent rien ».
Mgr Scicluna explique qu’au moment où la série d'enquêtes du Boston Globe a été publiée en janvier 2002, le chef de la Congrégation pour la doctrine de la foi – alors le cardinal Joseph Ratzinger – l'avait appelé pour aider le dicastère à gérer certaines affaires. Un an auparavant, le pape Jean-Paul II avait chargé la CDF de superviser les cas d'abus sexuels sur mineurs.
Le début d’une nouvelle ère pour l’Eglise
« C’était le début d'une nouvelle ère pour l’Eglise », juge Mgr Scicluna. Le fait que, aujourd'hui encore, un membre de l'Église qui est coupable d'abus puisse ne pas être signalé est « une très grave erreur, estime-t-il. C’est Ratzinger qui nous a dit qu'il fallait ne pas regarder le problème simplement comme un péché, mais à la fois comme une violation et comme un crime ».
L'archevêque juge d’ailleurs « infondées et injustes » les critiques formulées par certains médias contre le futur pape Benoît XVI, selon lesquelles il aurait couvert les abus quand il était à la tête de la CDF.
ANNA LATRON
« Ce film montre combien l’instinct, qui était malheureusement présent dans l’Eglise, de protéger la bonne réputation, était une grave erreur ». Ces propos ne sont pas ceux d’un critique de cinéma ou d’une victime d’abus sexuels, mais ceux de l’ancien promoteur de Justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Charles Scicluna.
Entre 1995 et 2012, en tant que vice-promoteur puis promoteur de Justice, il fut chargé d’enquêter sur les crimes que l’Eglise considère comme les plus graves, ceux commis contre l’eucharistie ou le secret de la confession, ou bien des viols sur mineurs de la part du clergé.
“Dénoncer les abus permettra de sauver l’Eglise”
Dans une interview accordée ce mercredi 17 février au quotidien italien La Repubblica – relatée (en italien) par le site rbcasting.com –, il juge que « tous les évêques et cardinaux devraient voir le film Spotlight, parce qu’ils doivent comprendre que c’est la dénonciation qui sauvera l’Eglise, et pas l’omerta ». Spotlight, tiré de faits réels, revient sur l’affaire des prêtres pédophiles qui a bouleversé l’Amérique au début des années 2000. Le film souligne le problème clé de l’« omerta » ou d’un code de silence, déclare l’actuel archevêque de Malte après une projection du film à La Valette.
L'archevêque de 56 ans est, depuis janvier 2015, à la tête d'un conseil au sein de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) qui traite des appels interjetés par le clergé accusés d'abus sexuels. Il confie à La Repubblica qu’un des moments phare de ce film est une réplique de l’avocat : « S’il faut un village pour élever un enfant, il faut un village pour abuser ». Selon l'archevêque, cela montre à quel point la complicité était une partie importante du problème : bien qu’une personne soit responsable d’un acte criminel, « les autres sont aussi responsables – ceux qui savent et ne disent rien ».
Mgr Scicluna explique qu’au moment où la série d'enquêtes du Boston Globe a été publiée en janvier 2002, le chef de la Congrégation pour la doctrine de la foi – alors le cardinal Joseph Ratzinger – l'avait appelé pour aider le dicastère à gérer certaines affaires. Un an auparavant, le pape Jean-Paul II avait chargé la CDF de superviser les cas d'abus sexuels sur mineurs.
Le début d’une nouvelle ère pour l’Eglise
« C’était le début d'une nouvelle ère pour l’Eglise », juge Mgr Scicluna. Le fait que, aujourd'hui encore, un membre de l'Église qui est coupable d'abus puisse ne pas être signalé est « une très grave erreur, estime-t-il. C’est Ratzinger qui nous a dit qu'il fallait ne pas regarder le problème simplement comme un péché, mais à la fois comme une violation et comme un crime ».
L'archevêque juge d’ailleurs « infondées et injustes » les critiques formulées par certains médias contre le futur pape Benoît XVI, selon lesquelles il aurait couvert les abus quand il était à la tête de la CDF.