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Le pape François et les "maladies" de l’Eglise

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Josué

Josué
Administrateur


Le pape François et les "maladies" de l’Eglise
VATICAN
Les 12 "antibiotiques" du pape François pour soigner l'Eglise
MARIE-LUCILE KUBACKI
CRÉÉ LE 21/12/2015 / MODIFIÉ LE 21/12/2015 À 15H55

Alors que le procès Vatileaks est toujours en cours, c'est un pape visiblement très fatigué par la grippe mais toujours aussi ferme qui a prononcé ses traditionnels vœux à la Curie, des vœux comme l'année dernière très... médicaux.

Après avoir asséné la liste des 15 virus spirituels en 2014 lors d'un mémorable discours coup de poing, il a proposé cette année celle des 12 remèdes, « catalogue des vertus nécessaires ». Le message de François est clair : en dépit des scandales, des résistances, des fatigues et des chutes, « la réforme ira de l'avant » car il y a là autant d'occasions pour les personnes concernées de se relever et de revenir à l'essentiel, particulièrement à l'occasion du Jubilé de la Miséricorde.

Le pape, qui dans sa jeunesse avait pensé étudier la médecine avant de se spécialiser dans la guérison des âmes et rêve d'une Eglise comme un « hôpital de campagne » a donc établi son ordonnance « d'antibiotiques » pour l'année 2016 pour venir à bout ces maladies « dont certaines se sont manifestées au cours de cette année, causant beaucoup de douleur à tout le corps et blessant beaucoup d’âmes » :

1. Le caractère missionnaire et pastoral : ne pas fonctionner en cercle fermé
« Le caractère missionnaire est ce qui rend, et montre la curie fructueuse et féconde; elle est la preuve de la vigueur, de l’efficacité et de l’authenticité de notre action », a-t-il expliqué. Ainsi, la curie ne doit pas vivre comme un organisme replié sur lui même, en cercle fermé, mais penser à ce qu'elle transmet à l'extérieur, lutter contre les contre-témoignages qui scandalisent à l'intérieur mais aussi en dehors de l'Eglise. Ainsi, elle doit « prendre soin des brebis » et « donner sa vie pour les autres ».

2. Aptitude et sagacité : faire preuve de professionnalisme
« L’aptitude demande l’effort personnel d’acquérir les qualités nécessaires et requises pour exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec l’intelligence et l’intuition. Elle s’oppose aux recommandations et aux faveurs. La sagacité est la rapidité d’esprit à comprendre et à affronter les situations avec sagesse et créativité. » On retrouve ici la lutte de François contre une certaine forme de « mondanité », le fait de céder aux sirènes du favoritisme quand pour avancer l'Eglise a besoin de professionnalisme et d'intelligence des êtres et des situations. En effet, parmi les points névralgiques de l'affaire Vatileaks dénoncés dans le livre de Nuzzi il y a l'embauche au Vatican de personnes « sur recommandation », nourrissant une forme de népotisme et de clientélisme.

3. Spiritualité et humanité : ne pas se comporter comme des robots
La spiritualité est « la colonne vertébrale de tout service dans l’Église et dans la vie chrétienne » et l'humanité, « ce qui nous rend différents des machines et des robots qui n’entendent pas et ne s’émeuvent pas », la capacité de savoir montrer « tendresse et familiarité, courtoisie avec tous ». En somme, spiritualité et humanité sont des remèdes aux maladies de « l'activité excessive », de « l'indifférences envers les autres » ou encore de la « schizophrénie existentielle », qu'il définissait l'année dernière comme « la maladie de ceux qui vivent une double vie, fruit de l’hypocrisie typique du médiocre et du vide spirituel progressif que les diplômes ou les titres académiques ne peuvent combler », « une maladie qui touche souvent ceux qui, en abandonnant le service pastoral, se limitent aux affaires bureaucratiques et perdent ainsi le contact avec la réalité, avec les personnes concrètes. »

4. Exemplarité et fidélité : ne pas scandaliser
Contre l'hypocrisie et l'Alzheimer spirituel que « l’on constate, soulignait il en décembre dernier, chez ceux qui ont perdu le souvenir de leur rencontre avec le Seigneur », il y a aussi l'exemplarité et la fidélité. Ces qualités rejoignent le caractère missionnaire et pastoral car il s'agit pour le pape de lutter contre ce qui scandalise, « les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage ».

5. Rationalité et amabilité : faire preuve de souplesse et de sens de l'organisation
Pour venir à bout de la « planification excessive » ou de son contraire, la « mauvaise coordination » étiquetées en 2014, le docteur François prescrit la rationalité « qui sert à éviter les excès émotifs » et l’amabilité utile pour « éviter les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications. Ce sont des talents nécessaires pour l’équilibre de la personnalité ».

6. Innocuité et détermination : réfléchir avant d'agir en ayant une vision claire des choses
L’innocuité c'est la « prudence dans le jugement », la « capacité de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées ». La détermination le fait d'« agir avec une volonté résolue, avec une vision claire et dans l’obéissance à Dieu, et seulement pour la loi suprême de la salus animarum ». Dans la détermination, un remède possible à ce qu'en 2014 il nommait la « vaine gloire », le fait de perdre vue la mission première, le service de l'Eglise pour se concentrer sur des motivations plus personnelles.

7. Charité et vérité : éviter une miséricorde tiède ou un rigorisme glacé
« La charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle », a-t-il lancé dans un style très ratzingerien. Une réponse à ceux, qui, pendant le synode sur la famille, l'accusaient de placer la charité avant la vérité et de défendre une vision « gentille » de la miséricorde ?

8. Honnêteté et maturité : assainir les relations hiérarchiques
En 2014, il avait déploré « la maladie de diviniser les chefs », celle « de ceux qui courtisent leurs supérieurs, en espérant obtenir leur bienveillance ». Contre ce fléau qui touche aussi les supérieurs « lorsqu’ils courtisent certains de leurs collaborateurs pour obtenir leur soumission, leur loyauté et leur dépendance psychologique », le pape requiert honnêteté et maturité professionnelle. « Celui qui est honnête, a-t-il développé, n’agit pas avec droiture seulement sous le regard du surveillant ou du supérieur ; celui qui est honnête ne craint pas d’être surpris, parce qu’il ne trompe jamais celui qui lui fait confiance. »

9. Déférence et humilité : lutter contre l'orgueil
Contre le complexe de celui qui se sent « indispensable », de l'orgueilleux, François prescrit l'humilité, qualité des personnes qui « plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu ». Contre l'indifférence, la déférence, « talent des âmes nobles et délicates ; des personnes qui cherchent toujours à montrer un respect authentique envers les autres, de leur propre rôle, envers les supérieurs, les subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité »... Une pique à peine dissimulée à l'égard des responsables de Vatileaks, ceux qui ont fait fuiter des documents confidentiels, conclusions d'audits demandés par le pape dans le cadre de la réforme de la Curie et se justifient en expliquant qu'ils ont voulu « aider ».

10. Générosité et attention : ne pas céder à la superficialité
Le conseil, ici, dépasse clairement les limites de la Curie : « Il est inutile, a lancé François, d’ouvrir toutes les Portes Saintes de toutes les basiliques du monde si la porte de notre cœur est fermée à l’amour, si nos mains sont fermées à donner, si nos maisons sont fermées à héberger, si nos églises sont fermées à accueillir ». Une mise en garde contre l'effet de manche, la superficialité du geste s'il n'est pas assorti d'un engagement personnel.

11. Impavidité et promptitude : se battre pour rester libre
Ne pas se laisser effrayer par les difficultés, « savoir faire le premier pas sans tergiverser » mais aussi « agir avec liberté et agilité sans s’attacher aux choses matérielles provisoires », voilà les antibiotiques à la peur qui génère l'immobilisme et à la tentation de l'accumulation tant de biens matériels que d'honneurs. Il ne faut pas se laisser « dominer par l'ambition », a-t-il ajouté cette année. L'impavidité et la promptitude sont donc, dans la bouche du pape, les qualités de l'homme libre.

12. Fiabilité et sobriété : être cohérent
« Celui qui est fiable, affirme François, est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et crédibilité quand il est observé mais surtout quand il se trouve seul ». Celui qui est sobre, sait « vivre dans le sens de la mesure ». Pour le pape, il s'agit d'être cohérent en ne se contentant pas d'une posture de père la morale mais en adoptant réellement un « style de vie » chrétien tout orienté vers le service. Pour cela, il faut « regarder le monde avec les yeux de Dieu et avec le regard des pauvres et de la part des pauvres ».

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