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Unité de l’Église : le pape François face à trois crises

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samuel

samuel
Administrateur

Unité de l’Église : le pape François face à trois crises
Pope-Francis-general-audience-Jan-25-2023
Antoine Mekary | ALETEIA


Camille Dalmas - publié le 26/02/24

Le pape François doit affronter depuis quelques semaines les répliques de Fiducia supplicans, un grave conflit liturgique au sein de l'Église syro-malabare en Inde et les tensions croissantes autour de l'avenir du "synode allemand". Trois crises qui mettent au défi sa mission de garant de l'unité de l'Église catholique.
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La déclaration Fiducia supplicans publiée le 18 décembre dernier et qui autorise sous certaines conditions des bénédictions non rituelles de couples homosexuels et divorcés-remariés, a fortement divisé l’Église catholique. D’ailleurs, lors du Synode à Rome en octobre dernier, le sujet avait été évacué durant les discussions.

Si Fiducia supplicans a été bien reçu dans certains diocèses, notamment en Allemagne, en Belgique et en Suisse, le tsunami a en revanche provoqué un tsunami d’opposition en Afrique. Mais, comme le confie une source vaticane attentive à ce dossier, « la levée de boucliers n’est pas seulement sur le continent africain mais aussi la moitié de l’Europe, et une grande partie de l’Amérique latine ». Le cardinal congolais Fridolin Ambongo a finalement obtenu du Pape que le texte ne soit pas appliqué en Afrique. Une concession qui a calmé les esprits mais qui fait dorénavant planer le risque d’une Église à plusieurs vitesses, similaire à ce qu’on observe chez les Anglicans où l’archevêque de Cantorbéry ne parle désormais plus pour toute la Communion anglicane sur certains sujets.

Enfin, il faut noter les difficultés considérables qu’entraîne cette déclaration en matière d’œcuménisme, de nombreuses confessions chrétiennes, notamment dans le monde orthodoxe, ayant signifié à Rome leur incompréhension. La conclusion du Synode sur la synodalité en octobre prochain devrait être l’occasion de revenir sur cet épisode, qui marque une rupture pour certains.

La révolte liturgique syro-malabare
Dans un message envoyé au début du mois de décembre, le pape François a donné la fête de Noël 2023 comme ultimatum à 400 prêtres de l’Église indienne syro-malabare qui refusent de se plier à une réforme liturgique votée par le synode de leur Église depuis des décennies. Ce dernier avait acté un retour partiel à une liturgie traditionnelle pour retrouver leur enracinement oriental. Les clercs rebelles, qui défendent une version plus moderne de la liturgie, ont fini par obéir au Pape le jour de Noël pour éviter l’excommunication. Cependant, ils continuent de contester avec force la réforme, et s’opposent désormais ouvertement au nouveau chef de la petite Église orientale, l’archevêque Mar Raphael Thattil, dont l’élection a été approuvée par le pape en janvier. Succédant au cardinal George Alencherry, dont la démission a été vue comme un aveu d’échec face à cette crise liturgique, Mgr Thattil a pour mission d’imposer la réforme votée par le Synode et de restaurer l’unité de cette Église qui compte plus de 4 millions de fidèles en Inde.

L’obstination allemande
Depuis le lancement de son « chemin synodal » en 2019, l’Église catholique en Allemagne et son agenda de réformes suscitent une inquiétude croissante à Rome. Malgré plusieurs remontrances du Pape et de la Curie romaine, la conférence épiscopale s’apprêtait à voter en février les statuts d’un « comité synodal », une organisation visant à intégrer des laïcs dans les structures de gouvernance de l’Église allemande. Un an auparavant, le Saint-Siège avait explicitement demandé aux Allemands de ne pas avancer en ce sens.

Trois hauts responsables de la Curie romaine ont cette fois envoyé in extremis une lettre aux intéressés pour faire annuler le vote. Le scrutin a donc été ajourné mais rien n’indique que le projet de comité synodal soit abandonné. « Je suis impressionné par la patience avec laquelle le pape et les dicastères romains s’efforcent de rester en contact avec les évêques allemands et de maintenir l’unité et la communion », a commenté le cardinal archevêque de Vienne Christoph Schönborn, répondant à la revue Communio. L’Autrichien a aussi demandé à ses voisins de revenir sur leur projet de conseil synodal, qu’il décrit comme un problème « du point de vue de l’unité de la foi ». « Refuser de céder serait de l’obstinatio – un signe clair d’un schisme dont personne ne peut vouloir », insiste-t-il.

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Enquête Fraternité Saint-Pie X : comment ces cathos traditionalistes tentent d’évangéliser la France
ÉPISODE 1. Les catholiques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X sont de plus en plus visibles. Ces traditionalistes veulent évangéliser au maximum et cela fonctionne. Enquête.

La Fraternité Saint-Pie X revendique 35 000 fidèles en France. Le prieuré de Nantes est un des bastions de ce mouvement intégriste.
La Fraternité Saint-Pie X revendique 35 000 fidèles en France. Le prieuré de Nantes est un des bastions de ce mouvement intégriste. (©Raphaël Tual / Enquêtes d’actu)
Par Raphaël Tual
Publié le 5 Mar 24 à 9:28
Les rangs des traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX) ne cessent de grossir. Les catholiques ou convertis sont attirés par la solennité, la ferveur et le respect du sacré que proposent leurs prêtres. Ces radicaux, aussi appelés intégristes, fâchés avec le Vatican, pratiquent la messe en latin, s’opposent à l’œcuménisme et au dialogue inter-religieux.

Les écoles de ce mouvement, réputées pour leur excellence, participent à cette attractivité. L’enseignement prodigué est parfois contraire aux valeurs de la République. Nous nous sommes procuré des rapports d’inspection de l’Éducation nationale qui pointent des aspects inquiétants. D’anciens élèves de la Fraternité dénoncent l’endoctrinement subi en faveur des idéologies d’extrême droite. Enquête sur cette communauté qui célébrera le 25 mars 2024, les 33 ans de la mort de son fondateur Mgr Marcel Lefebvre.

Ils « tolèrent » les autres religions
Ils sont environ 400 fidèles à se réunir en centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique), ce dimanche 18 février 2024, devant l’église Notre-Dame-de-Bon-Port. Ils marchent sur plus d’un kilomètre pour témoigner publiquement de leur foi. Un chemin de Croix qui participe d’une « démarche d’évangélisation », assume le responsable du prieuré de Nantes, l’abbé Bruno France.

On a un message clair qui vient de Dieu. L’Église moderne n’ose pas parler de vérité. À force d’être dans le respect de la personne, on en oublie le respect de Jésus Christ.

Abbé Bruno France,
responsable du prieuré de Nantes
La FSSPX possède de nombreux lieux de culte (églises et chapelles) en France, financés par les fidèles.
La FSSPX possède de nombreux lieux de culte (églises et chapelles) en France, financés par les fidèles. (©RT / Enquêtes d’actu)
Concernant les musulmans, l’abbé Bruno France les considère à plusieurs reprises durant notre échange comme « [ses] frères », mais estime que « l’islam peut être un obstacle pour qu’ils aillent au ciel ». C’est « par charité » qu’il les invite à « découvrir le message chrétien » et à « se convertir ».

Nous ne sommes pas en guerre contre les autres religions, mais nous ne sommes pas pour la liberté religieuse, nous sommes pour la tolérance, au sens originel du terme. On considère qu’il y a quelque chose qui ne va pas, qu’il y a le mal, mais on attend. On ne va pas tuer tous les musulmans (rires). Que ce soit les musulmans ou les autres. On croit à une vérité, révélée par Dieu.

Abbé Bruno France,
responsable du prieuré de Nantes.
35 000 fidèles et 200 prêtres
La communauté de Nantes est l’une des plus actives et visibles du pays. Avec Lanvalley (Ille-et-Vilaine), c’est un bastion de la Fraternité Saint-Pie X avec ses 1 300 fidèles. Au niveau national, le mouvement revendique 35 000 fidèles et 200 prêtres.

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Lors de la célébration de deux messes du matin de la procession nantaise, l’église Saint-Émilien est bondée. La bâtisse située dans le centre-ville de Nantes est sortie de terre en 2019, grâce aux dons des fidèles. L’église de Château-Thébaud, à 15 km plus au sud, a été construite deux ans auparavant.

Qu’est-ce que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) ?
Il s’agit d’une communauté de catholiques constituée par Mgr Marcel Lefebvre (1905-1991) en novembre 1970. Ces catholiques reconnaissent le pape, mais refusent la réforme du Concile Vatican II (1962-1965), qu’ils considèrent comme trop progressiste. « La seule attitude de fidélité à l’Église et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d’acceptation de la Réforme », expliquait Mgr Lefebvre qui a été frappé d’une « suspens a divinis » en juin 1976, par le pape Paul VI. Depuis 1988, la FSSPX est en état de scission avec le Vatican même si depuis quelques années, un dialogue semble se restaurer progressivement. La FSSPX comptait 236 prêtres dans le monde en 1990. Ils sont aujourd’hui 720, dont près de 200 en France.

« On explose » depuis le Covid
« On est en pleine croissance, on explose. On a dû construire, parce qu’on avait des choses trop vieilles et parce que le nombre de fidèles augmentait. On voit effectivement une dynamique, explique l’abbé Bruno France. La croissance était là avant le Covid, mais incontestablement, la pandémie a accéléré les choses. »

« Ils n’ont plus peur et ils vont au-devant des gens, constate Joël Bigorgne, journaliste à Ouest-France qui prépare un livre sur les traditionalistes de l’Ouest du pays. Le courant intégriste n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. La Fraternité Saint-Pie X a bien survécu à la mort de Mgr Lefebvre et s’est même amplifiée. Elle s’est dédiabolisée. »


Une « fan de Johnny » chez les tradis
« On répond à une recherche du sacré », pense Delphine, fidèle du prieuré de Nantes. Marie-Pierre, une fidèle du prieuré de Rouen (Seine-Maritime), a rejoint la Fraternité Saint-Pie X en 2023 seulement : « On dit de nous que nous sommes ternes, mais je n’ai jamais été aussi heureuse que depuis que j’ai rejoint la Fraternité, clame-t-elle avec un large sourire. Mes proches pensaient que je ne pourrais pas supporter la Fraternité Saint-Pie X, parce que je suis un peu rock’n’roll. Je suis une fan de Johnny. »

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Cette catholique recherchait « quelque chose de plus pur » que chez les « modernos », comme elle les appelle, où « on ne respecte plus rien ».

Le prieuré de Rouen (Seine-Maritime) compte entre 80 et 200 fidèles.
Le prieuré de Rouen (Seine-Maritime) compte entre 80 et 200 fidèles. (©RT / Enquêtes d’actu)
Pour l’abbé Bruno France, c’est « le pape François qui fait que les gens sont perdus ».

On a l’impression que sa pratique va en opposition avec la doctrine catholique. C’est le cas avec la communion aux divorcés remariés ; on ne peut pas la donner à quelqu’un qui est en état de péché mortel. Même chose avec la bénédiction des homosexuels ; on ne va pas bénir une relation condamnée dans la Bible.

Abbé Bruno France
D’ailleurs, ce prieur dit observer « un mouvement conservateur chez les jeunes prêtres du courant moderniste ; beaucoup mettent la soutane maintenant ». Selon lui, le nombre de catholiques s’effondre depuis la réforme Vatican II et « les jeunes prêtres ne se sentent pas en lien avec Dieu ». « En France, 20 à 25 % des prêtres ordonnés le sont exclusivement pour la messe en latin. Et les autres ne sont pas contre et aimeraient bien. Il y a un mouvement inverse, par rapport aux années 1970 », se réjouit l’abbé nantais.

« Dans ma commune natale, le mardi, le mercredi et le jeudi, des prêtres diocésains disent depuis quelques mois des messes en latin, et je fais le lien avec la chapelle Saint-Pie X juste à côté qui est pleine comme un œuf. Je pense qu’il y a une contre-offensive de l’église catholique qui ne peut pas rester immobile face à cette lame de fond », observe Joël Bigorgne, journaliste.

« Une mission de croisade »
Dès leur plus jeune âge, les enfants sont enjoints à être de bons « missionnaires ». « On est presque dans une mission de croisade. On doit montrer l’exemple pour attirer et convertir les gens », nous explique Valentine*, qui a fait toute sa scolarité dans des écoles de la Fraternité, notamment chez les Dominicaines, dans la région de Poitiers et dans les Côtes-d’Armor.

Les enfants sont nombreux dans la procession de Nantes et dans les messes dans lesquels nous nous sommes rendus.
Les enfants sont nombreux dans la procession de Nantes et dans les messes. (©RT / Enquêtes d’actu)
Thérèse*, une ancienne fidèle d’une trentaine d’années, a parfaitement en mémoire ses années au cours Saint-Dominique en Bourgogne : « Je me souviens d’un prêtre qui nous disait que sur notre front était inscrit le nombre de personnes à convertir. Il nous pointait du doigt et disait : ‘Toi, tu en as 1 500 ; toi, 350, etc.’. »

Gwendoline, la trentaine également, effectuait son aventure missionnaire au sein du Mouvement de la jeunesse catholique de France (MJCF), une des branches de la FSSPX. « On était dans un esprit de conversion. C’est-à-dire que nous recrutions des gens, surnommés alors « les nouveaux », certains n’étaient pas du tout catholiques et notre mission consistait à les convertir. On avait tous des tactiques. Nous faisions des petites réunions avec ces personnes qui ne savaient pas qui nous étions, on essayait de les convaincre et de les faire ainsi adhérer à la Fraternité Saint-Pie X d’une manière assez insidieuse. »

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De la classe préparatoire (CP) à l’université, les membres de la FSSPX peuvent vivre en vase clos des années durant, puisque le mouvement possède 59 écoles hors contrat et un établissement d’études supérieures, l’institut Saint-Pie X à Paris.

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Ce sont des écoles où « le niveau scolaire est très bon », souligne Valentine, ancienne élève du cours Saint-Anne de Kernabat (Côtes-d’Armor). Les classes bénéficient d’effectifs réduits, l’écriture à la plume avec l’encrier est obligatoire. Le grec et le latin sont imposés. Pour les langues vivantes, les élèves de collège et lycée doivent se contenter de l’anglais et de l’espagnol. L’éducation physique et sportive (EPS) est peu pratiquée et la natation est absente des programmes. Il n’y a pas d’éducation aux médias et aux outils numériques. En sciences de la vie et de la Terre, la reproduction humaine et l’éducation sexuelle sont prohibées.

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« On a des cours de philo qui sont axés sur Saint Thomas d’Aquin, donc qui n’ont rien à voir avec des cours de philo du programme normal de l’Éducation nationale, témoigne Valentine. On a un programme d’histoire-géo qui occulte totalement la préhistoire. Bien sûr, on s’intéresse à l’existence d’Adam et Eve, le Big-bang et les dinosaures n’existent pas. Tout commence avec les premiers chrétiens. On n’étudie pas du tout les autres cultures ou les autres religions mis à part la civilisation Gréco-romaine dans son aspect fondement du christianisme. »

Ce que révèlent les rapports d’inspection
Nous nous sommes procuré auprès du Comité national d’action laïque (Cnal) qui a enquêté sur les écoles hors contrat, les rapports d’inspection de l’Éducation nationale de 14 écoles régies par la FSSPX. Ces contrôles effectués entre 2018 et 2020, pointent des aspects positifs, comme dans cet établissement où « l’enseignement qui y est dispensé est conforme aux normes minimales de connaissances requises et permet aux élèves d’élever leur niveau de formation ». Dans une autre école, les inspecteurs indiquent que « les effectifs réduits favorisent un climat de classe serein » et que « les élèves sont appliqués et attentifs ».

Mais certaines remarques des inspecteurs et inspectrices de l’Éducation nationale laissent plus sceptique. « Il n’y a pas un seul rapport qui ne soit pas inquiétant. Le fonctionnement de ces écoles est très proche de celles de Steiner, avec un fort endoctrinement », s’alarme Stéphanie de Vanssay conseillère nationale à Unsa-Éducation, militante au Cnal.

Des extraits des rapports d'inspection de l'Éducation nationale.
Des extraits des rapports d’inspection de l’Éducation nationale. (© montage Enquêtes d’actu)
« Conception potentiellement raciste »
Un rapport souligne « le caractère particulièrement suranné des supports écrits […]. Les ouvrages choisis ne peuvent raisonnablement être tenus comme susceptibles de favoriser la compréhension par des enfants du monde contemporain dans lequel ils vivent ».

L’acquisition et le partage des valeurs de la République, la construction d’une culture civique sont évincés au profit de la construction d’une culture religieuse.

Extrait d’un rapport d’inspection de l’Éducation nationale
Un autre rapport s’inquiète du fait que « le support de géographie porte une vision marquée par une représentation du monde par « races » humaines (Noirs, Blancs…), qui pose un souci majeur de conception erronée scientifiquement et potentiellement raciste ou a minima racialiste ».

Pour Marie-Laure Tirelle, secrétaire générale du Cnal, « les établissements de la FSSPX ne respectent pas le cadre dans lequel ils s’inscrivent ; le code de l’Éducation indique que les enseignements doivent transmettre les valeurs de la République et permettre la liberté de conscience, même pour les écoles hors contrat ».

« J’hallucine de relire mes livres d’histoire, parce qu’on ne parle pas de la Shoah, mais de Pétain qui était un héros. Tous les dictateurs d’extrême droite étaient des héros. Hitler, ce n’était pas si mauvais et De Gaulle était présenté comme le grand méchant qui a trahi la France », rage Thérèse qui a conservé ses livres de collège.

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Un des rapports de l’Éducation nationale note d’ailleurs à l’issue d’une inspection que « le général De Gaulle n’est pas une figure historique à retenir dans ce manuel […] » et que « le rôle de Vichy dans l’extermination des juifs est mis sous silence, et ce génocide n’est d’ailleurs pas mentionné dans le traitement de la Seconde Guerre mondiale ». Dans un cahier scolaire que nous nous sommes procuré, il est demandé aux élèves de faire une explication de texte à partir d’un extrait des Cadets de l’Alcazar d’Henri Massis et de Robert Brasillach, qui magnifie la défense de l’Alcazar de Tolède par les forces nationalistes de Franco.

Gwendoline, qui est diplômée de l’institut Saint-Pie X à Paris, a suivi la « formation des maîtres » de cette université puisqu’elle se destinait à devenir enseignante. Elle se souvient d’un module en Licence intitulé « la Croix et le Croissant » où « l’islam était présenté comme un fléau ».

Extraits de cours délivrés à l'institut Saint-Pie X.
Extraits de cours délivrés à l’institut Saint-Pie X. (©montage Enquêtes d’actu)
Une proximité idéologique avec l’extrême droite
Quand on s’intéresse à la FSSPX, la figure de Louis XVI n’est jamais loin. D’ailleurs, chaque 21 janvier, jour de sa décapitation, une messe se tient dans toutes leurs églises pour le repos de son âme.

« Il y a une détestation de la République. Les fidèles de la Fraternité ne se remettent pas de la mort du roi », selon Valentine, qui a coupé les relations depuis quelques années avec ses proches. Elle se souvient que dans les mouvances de jeunes et les associations de la FSSPX, « beaucoup d’étudiants étaient dans des groupes fachos, d’extrême droite, dans un esprit de conversion ».

Des livres sur la Révolution et le Roi Louis XVI vendus lors d'une braderie organisée au prieuré de Rouen.
Des livres sur la Révolution et les rois Louis XV et XVI, notamment, vendus lors d’une braderie organisée au prieuré de Rouen. (©RT / Enquêtes d’actu)
« Tout le monde ou presque vote extrême droite, nous dit Thérèse, ancienne fidèle d’une trentaine d’années. Une fois, j’ai donné procuration à ma mère et elle a voté extrême droite alors que je ne voulais pas. Mon père avait pour livres de chevet les bouquins du parti Reconquête d’Éric Zemmour et de Philippe de Villiers. C’est un groupe xénophobe, porté sur les valeurs traditionnelles, où Poutine est vu comme un héros. »

« Il faudrait une république chrétienne »
L’abbé Bruno France s’explique sur cette détestation de la République française qui est vue comme « une République anti-chrétienne » : « On s’est fait prendre nos églises en 1789, on s’est fait reprendre nos églises en 1905. C’est vrai que les rois de France ont toujours été des alliés de l’Église, mais il y a énormément de Républiques ou démocraties qui respectent l’Église. Roi ou pas roi, ce n’est pas l’essentiel. Il faudrait une république chrétienne. »

*Les prénoms ont été modifiés.

• Le prochain volet de notre enquête sera consacré à l’histoire de Valentine, Thérèse et Gwendoline qui ont décidé de couper les ponts avec leur famille et la Fraternité et qui dénoncent l’endoctrinement subi.


Enquête réalisée avec Canelle Corbel




papy

papy

Tu coup l'unité de l'église en prend un coup avec cette loi sur igv.

chico.

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[size=35]Appel à l’occasion du vote par le Parlement en Congrès de la révision constitutionnelle inscrivant l’avortement dans la Constitution[/size]
Publié le 04 mars 2024
 
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Unité de l’Église : le pape François face à trois crises Site-EC-illustrations-de-texte-1

La Présidence de la CEF relaie l’appel au jeûne et à la prière lancé par plusieurs associations catholiques à l’occasion du vote par le Parlement en Congrès de la révision constitutionnelle inscrivant l’avortement dans la Constitution.
En ce lundi 4 mars 2024, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès sont invités à voter la modification de notre Constitution française pour y inscrire la garantie de l’accès à l’avortement. Notre pays se serait honoré en y inscrivant plutôt la promotion des droits des femmes et des enfants. De tous les pays européens, même d’Europe occidentale, la France est le seul où le nombre des avortements ne baisse pas et a même augmenté ces deux dernières années. Beaucoup de nos parlementaires, sans doute, vont voter ce texte avec la conviction d’affermir un droit essentiel ; certains, assez nombreux en fait, vont le voter honteux et contraints.
Président et Vice-présidents de la Conférence des évêques de France (CEF), nous relayons volontiers l’appel lancé par plusieurs mouvements catholiques au jeûne et à la prière.
Comme catholiques, nous aurons toujours à rester des serviteurs de la vie de tous et de chacun, de la conception à la mort, des artisans du respect de tout être humain qui est toujours un don fait à tous les autres, à soutenir ceux et celles qui choisissent de garder leur enfant même dans des situations difficiles – et nous cherchons des voies nouvelles pour cela -, à entourer de notre respect et de notre compassion ceux et celles qui ont eu recours à l’avortement. Demandons-en humblement et instamment la grâce. Prions surtout pour que nos concitoyens retrouvent le goût de la vie, de la donner, de la recevoir, de l’accompagner, d’avoir et d’élever des enfants.
 
La Présidence de la Conférence des évêques de France
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, Vice-président de la CEF
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, Vice-président de la C

Josué

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https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/19/les-eveques-s-opposent-au-projet-de-texte-sur-la-fin-de-vie_6222866_3224.html?lmd_medium=email&lmd_campaign=trf_newsletters_lmfr&lmd_creation=le_monde_des_religions&lmd_send_date=20240328&lmd_email_link=opinions_titre_2&M_BT=113977059162465

Les évêques s’opposent au projet de texte sur la fin de vie
Réunis en assemblée plénière, les hiérarques de l’Eglise catholique de France ont signé collectivement un texte, mardi 19 mars, réaffirmant leur rejet de la réforme souhaitée par Emmanuel Macron.

Par Sarah Belouezzane
Publié le 19 mars 2024 à 11h33, modifié le 19 mars 2024 à 14h08
Temps deLecture 4 min.
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Le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées), en novembre 2023. LIONEL BONAVENTURE / AFP
Voilà des années qu’un sujet de société ou qu’un projet de réforme ne les avait pas autant mobilisés. Des années que les évêques de France, freinés dans leur parole par le poids des révélations incessantes sur les violences sexuelles commises par des membres du clergé, n’avaient pas exprimé une telle opposition à une future législation.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Lancée il y a deux ans, l’instance de réparation des crimes sexuels dans l’Eglise poursuit son travail

Depuis quelques jours, pourtant, les hiérarques de l’Eglise catholique ont décidé de se faire entendre par tous les moyens possibles sur le futur projet de loi sur la fin de vie. Entretiens, tribunes, passages sur des plateaux de télévision ou dans des émissions de radio à des heures de grande écoute, le clergé se déploie pour marquer une opposition franche et claire à la réforme souhaitée par Emmanuel Macron.

Dans un entretien conjoint aux quotidiens nationaux La Croix et Libération paru le 10 mars, le président de la République avait indiqué souhaiter faire voter une loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes ». Pour tenter de faire entendre leur voix en amont des débats parlementaires prévus, à ce stade, pour le mois d’avril, les évêques français, réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées) en assemblée plénière, ont décidé de voter un texte collectif, mardi 19 mars.

« Refus de la mort provoquée »
« Avec beaucoup de nos concitoyens, chrétiens ou non, croyants ou pas, avec un très grand nombre de soignants, dont nous voulons saluer l’engagement, la compétence et la générosité, nous réaffirmons notre attachement à la voie française du refus de la mort provoquée et de priorité donnée aux soins palliatifs », écrivent-ils collectivement dans le texte que Le Monde s’est procuré.

Ils répondent aussi au président de la République qui qualifiait, dans l’entretien, son futur texte de « révolution d’humanité et de fraternité » : « N’est-il pas plus humain de soulager la souffrance que de mettre un terme à la vie ? N’est-il pas plus fraternel d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée plutôt que de l’interrompre par un geste létal ? Notre idéal démocratique, si fragile et si nécessaire, ne repose-t-il pas sur l’interdit fondateur de donner la mort ? »

Pour l’Eglise catholique de France, l’introduction d’une possibilité d’administrer un produit dans le but de permettre aux personnes qui le souhaitent de mourir est une « ligne importante d’un point de vue anthropologique ».

Lire aussi : Fin de vie : les mots pour mieux comprendre le débat

« Derrière ses néologismes et même s’il ne le dit pas comme ça, le président propose le suicide assisté ou l’euthanasie. Nous ne sommes pas les seuls à le faire remarquer. Et ce n’est pas parce qu’on ne dit pas les mots qu’on ne propose pas de faire les actes. Après une réflexion assez longue, on ouvre donc grand la porte au suicide assisté », relève Vincent Jordy, archevêque de Tours. Pour le prélat, la situation change donc radicalement avec ce futur projet de loi : « Jusqu’ici la vie était accompagnée jusqu’au bout. Désormais il s’agira d’injecter un produit qui donne la mort », analyse-t-il.

papy

papy

Que nous réserve l’Eglise synodale ? Une révolution, répond le cardinal Cupich
30 avril 2024 23 h 44 min
Eglise synodale révolution Cupich


Pendant que les documents romains se suivent et se chassent l’un l’autre, l’affaire du synode sur la synodalité, un peu oubliée, devrait continuer de nous inquiéter. Les partisans de la démocratisation de l’Eglise ne se reposent pas, en effet : ces derniers jours ont été marqués par des interventions des cardinaux Grech et Cupich, en particulier, appelant de leurs vœux le changement à tous les étages. Le second, cardinal de Chicago, vient ainsi de qualifier le « recadrage » de la synodalité par le pape François de « véritablement révolutionnaire ». C’est bien une révolution moderniste qui est en cours, puisque ce sont ses propres agents qui l’affirment et s’en réjouissent !

Ce « recadrage », pour Blase Cupich – grand ami de la cause LGBT et propagateur de l’idée selon laquelle la liturgie traditionnelle « appauvrit la vie de l’Eglise tout entière » – réside dans la méthodologie de la « conversation dans l’Esprit » qu’il voudrait voir mise en œuvre dans l’ensemble de l’institution. Et d’abord, parce qu’elle est égalitaire.

On ne saura pas si messieurs les cardinaux synodalistes estiment que l’Esprit a parlé dans le vide pendant des siècles en attendant le nôtre.



L’Eglise synodale vue par Cupich, un favori du pape François
S’exprimant le 24 avril à la Sacred Heart University à Fairfield, Connecticut lors d’une « conférence Bergoglio », le cardinal a déclaré que le modèle de discussion en petits groupes, qui se caractérise par le fait que chaque participant prend la parole à tour de rôle tandis que les autres écoutent, par des intervalles de silence et par la possibilité d’un désaccord, est au cœur de l’appel du pape François à « envisager un renouveau de l’Eglise tout entière ».

« Il s’agit d’un nouveau “modèle d’Eglise” qui, je crois, promet d’apporter un renouveau dans la manière dont nous prenons des décisions dans l’Eglise et dont nous sommes en relation les uns avec les autres aux niveaux universel, continental, national et local », a déclaré le cardinal Cupich, pour qui « nous devons tous, quelle que soit notre position dans l’Eglise, partir du principe que l’autorité est multiple et se renforce mutuellement ».

Citant abondamment les propos tenus par le père dominicain Timothy Radcliffe qui avait prêché la retraite pré-synodale au mois d’octobre dernier, le cardinal Cupich a proposé une réforme de la « gouvernance » de l’Eglise fondée sur un processus d’aplanissement de la distinction entre évêques et laïcs – ou pour le dire plus clairement, entre l’Eglise enseignante et l’Eglise enseignée. Il est revenu plusieurs fois au cours de sa conférence sur la réduction des différences entre les évêques et les autres catholiques, clercs ou non d’ailleurs, vantant notamment la méthode retenue lors de la première session romaine du synode sur la synodalité et qui sera reprise en octobre prochain lors du deuxième « round ».



La révolution dans Eglise par la « conversation dans l’Esprit »
« Chacun, quelle que soit sa position dans l’Eglise, a donné son prénom et a omis toute référence à un titre. Nous avons commencé sur un pied d’égalité et nous avons reconnu que chacun parle avec autorité », a-t-il ainsi déclaré, insistant pour dire que cette forme de « conversation dans l’Esprit » (mais lequel ?) était l’élément le plus significatif du « recadrage de la synodalité », « rien de moins que révolutionnaire ».

C’était physique : faire asseoir tout le monde autour de tables rondes a bien été un choix délibéré, et cela s’est traduit dans la structure même du vote. Sans surprise, le cardinal Cupich s’est félicité de la grande première de ce synode (qui n’était donc pas un synode des évêques), le droit de vote « égal » accordé aux laïcs qui représentaient un quart de l’assemblée.

Alors que plusieurs évêques et théologiens américains ont publiquement exprimé leur inquiétude à cet égard, Cupich les a disqualifiés d’emblée en les accusant d’avoir « peur de perdre le contrôle », une peur « profondément ancrée dans la psyché des dirigeants de l’Eglise », selon lui.

Mais pour ce qui est de contrôler, il est lui-même champion dans sa gestion de fer de la question liturgique : les catholiques de Chicago qui demandent de bénéficier de la liturgie traditionnelle n’ont pas voix au chapitre.

Il faut préciser que le cardinal Cupich n’avait pas été désigné par la Conférence des évêques des Etats-Unis pour la représenter au synode ; il s’y est rendu sur nomination du pape François après avoir échoué à se faire élire. Synodalité !



La révolution de l’Eglise synodale est celle des histoires individuelles, selon le cardinal Grech
Moins d’une semaine après la conférence du cardinal Cupich, c’est le cardinal maltais Mario Grech qui s’est exprimé sur la synodalité en tant que son secrétaire général lors de la Rencontre mondiale des prêtres en vue du synode sur le thème : « Comment être une Eglise locale en mission synodale ». La rencontre réunit quelque 300 prêtres du monde entier du 29 avril au 2 mai à Sacrofano, au nord de Rome, et a pour but de réfléchir à la mise en œuvre du rapport synodal, que nous avons analysé en profondeur ici.

« Le prêtre de paroisse est un homme du peuple, pour le peuple. Comme Jésus, il est ouvert à la foule, constamment ouvert à la foule, pour faire comprendre à tous et à chacun qu’ils sont une lettre envoyée par le Christ », a affirmé le cardinal au cours de ses propos introductifs, lundi matin, ajoutant qu’au centre du processus synodal se trouve la compréhension et le partage de narrations personnelles.

« Nos histoires sont des histoires humaines, mais des histoires humaines où Dieu, Jésus, est présent. Parfois nous avons besoin d’autrui pour nous aider à voir la présence de Dieu dans nos histoires. Voilà notre mission, c’est la mission qui nous est confiée, qui vous est confiée, mes chers frères », a-t-il assuré, et la synodalité ne signifie pas simplement « marcher ensemble, mais plutôt marcher avec Dieu, ou pour le dire mieux, Dieu qui marche avec nous ». Ce qui est dans l’état actuel une manière de ne rien dire, quand on part d’un terreau qui a aussi largement perdu son identité chrétienne, et qui a précisément besoin de croître en connaissance de la foi : une croissance qui demande et qui exige l’autorité.

Cela même qui est aujourd’hui contesté au profit des expériences de chacun…

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