*** it-1 p. 270 Barbare ***
La répétition “ bar bar ” dans le mot grec barbaros fait penser au bégaiement, au babillage ou à des paroles inintelligibles. C’est pourquoi, à l’origine, les Grecs utilisaient le mot “ barbare ” pour désigner un étranger, particulièrement un étranger qui parlait une autre langue. À l’époque, ce terme ne sous-entendait pas l’absence de civilisation, de finesse ou de bonnes manières, ni n’exprimait un sentiment de mépris et d’hostilité. En somme, le mot “ barbare ” distinguait particulièrement les non-Grecs des Grecs, un peu comme le mot “ Gentil ” distingue les non-Juifs des Juifs. Les non-Grecs ne protestaient pas ni ne s’offusquaient d’être appelés barbares. Certains auteurs juifs, tels que Josèphe, reconnaissaient eux-mêmes être désignés par ce nom (Antiquités judaïques, XIV, 187 [X, 1] ; Contre Apion I, 58 [XI]) ; les Romains se qualifièrent de barbares jusqu’à ce qu’ils adoptent la culture grecque. C’est donc dans ce sens nullement péjoratif que Paul, écrivant aux Romains, utilisa cette expression globale : “ Des Grecs et des Barbares. ” — Rm 1:14.
C’était essentiellement la langue qui établissait la différence entre les Grecs et le monde barbare ; de ce fait, le mot désignait surtout ceux qui ne parlaient pas grec, par exemple les habitants de Malte qui avaient une langue complètement différente. Dans ce cas particulier, la Traduction du monde nouveau éclaire le sens du mot barbaroï en le traduisant par “ les gens de langue étrangère ”. (Ac 28:1, 2, 4.) Écrivant au sujet du don des langues, Paul qualifie à deux reprises de barbaros (“ étranger ”) celui qui s’exprime dans une langue inintelligible (1Co 14:11 ; voir aussi Col 3:11). De même, la Septante utilise barbaros en Psaume 113:1 (114:1 dans les versions hébraïques et françaises) et en Ézékiel 21:36 (21:31, MN).
Parce que les Grecs avaient le sentiment que leur langue et leur culture étaient supérieures à toutes les autres, et aussi parce qu’ils subirent des outrages de la part de leurs ennemis, le mot “ barbare ” prit peu à peu la connotation péjorative qu’il a aujourd’hui.