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L’effet placebo est de plus en plus fort... aux Etats-Unis
MARION DEGEORGES / JOURNALISTE | LE 18/10 À 10:
Ces 20 dernières années, l’écart l’efficacité estimée anti-douleurs placebos fortement diminué. Ces 20 dernières années, l’écart entre l’efficacité estimée des anti-douleurs et des placebos a fortement diminué. -
Cette particularité est-elle due au fait que les laboratoires y sont autorisés à faire de la publicité directement auprès du public ?
Mystère de la médecine moderne : « les Américains - et seulement les Américain - sont de plus en plus susceptibles de déclarer ressentir de véritables effets physiques après avoir pris de faux anti-douleurs », rapporte la journaliste Melissa Dahl, dans les colonnes de du New York Magazine .
C’est en tout cas le résultat d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de McGill à Montréal, et publiée début octobre dans la revue Pain. Depuis le début des années 1990, on observe que l’effet placebo prend de l’ampleur, mais seulement dans des tests réalisés aux Etats-Unis. Pas en Asie, ni en Europe.
Comment les chercheurs ont-il procédé ? Ils ont analysé 84 tests cliniques d’anti-douleurs menés entre 1990 et 2013. De ces 23 années de tests, ils ont retenu les auto-évaluation des patients sur leur niveau de douleur après avoir pris un vrai anti-douleur, et après en avoir pris un faux.
Inquiétant pour les laboratoires
En 1996, les vrais anti-douleurs étaient évalués par les patients comme 27% plus efficaces que les placebos. Puis en 2013, il n’y avait plus que 9% d’écart entre les deux.
Dans la revue Nature , la journaliste scientifique Jo Marchand revient sur cette bizarrerie médicale. « Le simple fait de faire partie d’une étude américaine et de prendre un faux traitement semble désormais soulager la douleur presque aussi efficacement que beaucoup de nouveaux médicaments prometteurs », ironise-t-elle.
D’un point de vue pratique, les laboratoires pharmaceutiques ont de quoi s’inquiéter : ces dix dernières années au cours des tests, la grande majorité des anti-douleurs (plus de 90% selon Jo Marchand ) n’a pas montré d’amélioration significative par rapport aux placebos.
La faute de la pub ?
Les chercheurs voient plusieurs explications possibles. La première : les Etats-Unis sont le seul pays, avec la Nouvelle-Zélande, où les laboratoires peuvent faire la publicité de leurs médicaments directement auprès du public. Il est donc possible que le discours promotionnel ait accru les attentes des consommateurs quant aux effet d’un produit donné par n’importe quelle personne en blouse blanche.
Médicaments : la publicité auprès du public en France
En France, la publicité des médicaments directement auprès du public est réglementée par le Code de la santé publique . Elle est possible, mais pas si le médicament est soumis à prescription médicale obligatoire, et qu’il est non remboursable par la Sécurité sociale.
La deuxième hypothèse réside dans les méthode des tests eux-mêmes. Aux cours des deux décennies dont il est question ici (entre 1990 et 2013), les tests sont devenus de plus en plus long, et ont été menés sur un pannel de plus en large. En 1990, un test durait quatre semaines et était mené sur 50 personnes ; contre douze semaine et 700 participants en 2013.
Dernière hypothèse envisagée par les chercheurs : les tests peuvent avoir gagné en qualité au fur et à mesure. De fait, les anti-douleurs auraient toujours été moins efficaces que ce que l’on pense, mais cette possibilité ne fait surface qu’aujourd’hui.
Marion Degeorges
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/021407900132-leffet-placebo-est-de-plus-en-plus-fort-aux-etats-unis-1166594.php?bgBQLDzVxQ1EthSy.99#xtor=RSS-2055
MARION DEGEORGES / JOURNALISTE | LE 18/10 À 10:
Ces 20 dernières années, l’écart l’efficacité estimée anti-douleurs placebos fortement diminué. Ces 20 dernières années, l’écart entre l’efficacité estimée des anti-douleurs et des placebos a fortement diminué. -
Cette particularité est-elle due au fait que les laboratoires y sont autorisés à faire de la publicité directement auprès du public ?
Mystère de la médecine moderne : « les Américains - et seulement les Américain - sont de plus en plus susceptibles de déclarer ressentir de véritables effets physiques après avoir pris de faux anti-douleurs », rapporte la journaliste Melissa Dahl, dans les colonnes de du New York Magazine .
C’est en tout cas le résultat d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de McGill à Montréal, et publiée début octobre dans la revue Pain. Depuis le début des années 1990, on observe que l’effet placebo prend de l’ampleur, mais seulement dans des tests réalisés aux Etats-Unis. Pas en Asie, ni en Europe.
Comment les chercheurs ont-il procédé ? Ils ont analysé 84 tests cliniques d’anti-douleurs menés entre 1990 et 2013. De ces 23 années de tests, ils ont retenu les auto-évaluation des patients sur leur niveau de douleur après avoir pris un vrai anti-douleur, et après en avoir pris un faux.
Inquiétant pour les laboratoires
En 1996, les vrais anti-douleurs étaient évalués par les patients comme 27% plus efficaces que les placebos. Puis en 2013, il n’y avait plus que 9% d’écart entre les deux.
Dans la revue Nature , la journaliste scientifique Jo Marchand revient sur cette bizarrerie médicale. « Le simple fait de faire partie d’une étude américaine et de prendre un faux traitement semble désormais soulager la douleur presque aussi efficacement que beaucoup de nouveaux médicaments prometteurs », ironise-t-elle.
D’un point de vue pratique, les laboratoires pharmaceutiques ont de quoi s’inquiéter : ces dix dernières années au cours des tests, la grande majorité des anti-douleurs (plus de 90% selon Jo Marchand ) n’a pas montré d’amélioration significative par rapport aux placebos.
La faute de la pub ?
Les chercheurs voient plusieurs explications possibles. La première : les Etats-Unis sont le seul pays, avec la Nouvelle-Zélande, où les laboratoires peuvent faire la publicité de leurs médicaments directement auprès du public. Il est donc possible que le discours promotionnel ait accru les attentes des consommateurs quant aux effet d’un produit donné par n’importe quelle personne en blouse blanche.
Médicaments : la publicité auprès du public en France
En France, la publicité des médicaments directement auprès du public est réglementée par le Code de la santé publique . Elle est possible, mais pas si le médicament est soumis à prescription médicale obligatoire, et qu’il est non remboursable par la Sécurité sociale.
La deuxième hypothèse réside dans les méthode des tests eux-mêmes. Aux cours des deux décennies dont il est question ici (entre 1990 et 2013), les tests sont devenus de plus en plus long, et ont été menés sur un pannel de plus en large. En 1990, un test durait quatre semaines et était mené sur 50 personnes ; contre douze semaine et 700 participants en 2013.
Dernière hypothèse envisagée par les chercheurs : les tests peuvent avoir gagné en qualité au fur et à mesure. De fait, les anti-douleurs auraient toujours été moins efficaces que ce que l’on pense, mais cette possibilité ne fait surface qu’aujourd’hui.
Marion Degeorges
En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/021407900132-leffet-placebo-est-de-plus-en-plus-fort-aux-etats-unis-1166594.php?bgBQLDzVxQ1EthSy.99#xtor=RSS-2055