NOTRE-DAME DE CRÉTEIL
D’une église cachée à une cathédrale déployée
Par Maxime Halvick - publié le 17/07/2015
Fort d’un investissement de 9,5 millions d’euros, le projet de rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Créteil se veut ambitieux et résolument moderne. Une nécessité pour Mgr Michel Santier, évêque de Créteil, pour qui une cathédrale « pose la question de Dieu dans le monde ».
Érigée en 1978, la discrète Notre-Dame de Créteil vient de terminer sa mue. Lancé en 2009, le projet bouscule l'architecture modeste et discrète du diocèse. « L’expérience chrétienne ne doit pas rester enfouie dans le secret des cœurs », affirme Mgr Santier, évêque à l'origine du projet, pour qui la structure d’origine de la cathédrale – typique de l'architecture ecclésiastique depuis le concile Vatican II – n'était plus appropriée à la demande des fidèles. Les objectifs affichés sont clairs : doubler la capacité d’accueil de la cathédrale et accroître sa visibilité dans le paysage urbain. Pari réussi : le lieu de culte, dont le clocher culmine à 45 mètres, peut désormais accueillir jusqu'à 1 000 fidèles, contre 600 auparavant.
Un espace pour recevoir
Le bois utilisé dans la conception « se prête à merveille au dessin des courbes de l'édifice », indique Thomas Vautier, membre d’Architecture-Studio, agence en charge du projet. Un matériau joliment mis en valeur par la structure en hémicycle de la cathédrale qui accentue l'aspect convivial des lieux. Le vitrail, long de 55 mètres et signé du plasticien verrier Udo Zembok, crée quant à lui une atmosphère lumineuse unique. Un aspect particulièrement cher à l'architecte : « Le caractère chaleureux de Notre-Dame de Créteil sert aussi le dessein d'une communauté fraternelle, unie dans la célébration des sacrements de l'Église ».
Un coût et des mécènes
Le diocèse, qui a investi plus de sept millions d’euros, s’est donné les moyens de ses ambitions. Le projet n’aurait cependant pu aboutir sans l’apport de quelque deux millions d’euros de la part d’institutions avec lesquelles le diocèse entretient de bonnes relations. Les Chantiers du Cardinal, association à but non lucratif favorisant la rénovation ou l’érection de nombreux édifices religieux en France, a ainsi contribué à hauteur d’un million d’euros.
Plus surprenant au demeurant, compte tenu de la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 selon laquelle « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » (art. 2), la ville de Créteil et le conseil départemental ont respectivement fait don d’un million et de 400 000 euros. Une contribution néanmoins légale puisque ces institutions ont uniquement participé au financement de l’espace culturel de la cathédrale, où le public pourra contempler une collection d'œuvres sacrées et profanes à compter du 20 septembre prochain.
Créteil, à l’avant-garde du dialogue interreligieux
Le diocèse de Créteil abrite également la plus grande communauté juive d’Ile-de-France, ainsi que, depuis 2008, la mosquée Sahaba. Fier du multiculturalisme de sa ville, le député-maire Laurent Cathala (PS) savoure : « À Créteil, la diversité est une réalité […] Liberté, égalité, fraternité, cela veut dire aussi, pour ceux qui le souhaitent, pouvoir pratiquer dignement leur culte, sous l’égide du principe de laïcité qui garantit à la fois le libre choix de chacun et une neutralité bienveillante à l’égard des religions. » Un enthousiasme communicatif, puisque les communautés juive et musulmane ont symboliquement participé au financement de la cathédrale. Une façon de rendre la pareille au diocèse, qui avait participé à l’érection de la mosquée Sahaba en 2008.