Les grands patrons ont déjà annoncé qu’ils débloqueraient plus d’un milliard d’euros pour reconstruire la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Ce mouvement ne fait que commencer.
C’est un drame national, vécu en mondovision, qui a frappé le cœur historique de Paris, de la France et de l’Europe. Chacun gardera en mémoire les images terrifiantes de l’imposante flèche de la Cathédrale Notre-Dame, transformée en torche géante, s’effondrant sur elle-même, comme au ralenti. Autre instantané, cette fois au petit matin, avec la croix dorée et l’autel restés intacts au milieu d’un amas de bois cramés et de fumées.
Dans cette soirée de feu et de cendres, Emmanuel Macron, venu sur place, a vite réagi : « Cette cathédrale, nous la rebâtirons », annonçant immédiatement le lancement d’une souscription nationale.
Plusieurs grands dirigeants de groupes français ont immédiatement répondu avec force face à cette tragédie nationale. Ainsi, la famille Pinault a annoncé qu’elle débloquerait cent millions d’euros, via sa société d’investissement Artemis.
Quasi simultanément, le groupe LVMH et son fondateur Bernard Arnault ont aussi fait montre d’une générosité sans précédent, promettant 200 millions. « La famille Arnault et le Group LVMH, solidaires de cette stratégie nationale s’associent à la reconstruction de cette extraordinaire cathédrale, symbole de la France ».
La famille Bettencourt Meyers (Groupe L’Oréal), via la Fondation Bettencourt Schueller, promet encore un soutien exceptionnel de 100 millions. D’autres patrons de grands groupes, parfois sur leurs fortunes personnelles, ont annoncé des dons très importants, comme Martin et Olivier Bouygues (10 millions d’euros). Patrick Pouyanné a fait savoir que le groupe Total débloquerait lui aussi 100 millions. A ce stade, c’est déjà un milliard récolté pour Notre-Dame !
Cet élan de solidarité inédit ouvre la voie à une forme de patriotisme patrimonial et culturel jamais vu en France. Les musées et institutions français ont encore du mal avec le mécénat privé, pourtant très prometteur. A quelques kilomètres de la Cathédrale Notre-Dame, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris trône sur la colline du Trocadéro. L’histoire est peu connue, mais en son sein, la plus grande salle d’exposition a été entièrement rénovée, il y a deux ans, grâce à la contribution généreuse de Maurice Amon, industriel suisse.
Une opération de naming, gagnant-gagnant, a été menée avec succès : le musée a ainsi une salle flambant neuve et Maurice Amon, au nom de sa Fondation d’art contemporain, a pu donner le nom de son père (Albert Amon) à cette magistrale pièce muséale. Elle accueille chaque année des centaines de milliers de visiteurs. Maurice Amon et quelques 400 autres mécènes font partie d’un club des Amis du musée, permettant au MAM-VP d’acquérir de œuvres et d’améliorer sans cesse le confort du musée. A côté des subventions publiques de l’Etat et de la Ville, ainsi, ce club de donateurs privés (souvent des entrepreneurs), permet à ce musée de rester attractif.
En Grande-Bretagne et surtout aux Etats-Unis, la forte implication des grands entreprises est une réalité, acceptée depuis longtemps. Et, du drame de Notre-Dame, c’est finalement une occasion rêvée pour que les entreprises, quelle que soit leur taille, investissent activement dans le champ du mécénat.
Au passage, les dirigeants entraînent avec eux leurs salariés, à l’heure où justement les entreprises cherchent de plus en plus à incarner leur raison d’être.
Evidemment, comme souvent en France, les mauvaises langues ont ironisé sur les futurs dons pour reconstruire la Cathédrale, pointant les éventuelles réductions d’impôt des donateurs. Les mécanismes de « donations » ont justement été mis en place pour aider les secteurs culturel et patrimonial qui manquent cruellement d’argent pour entretenir ses monuments et musées. Un mariage gagnant-gagnant.
Dans un pays, la France, première destination mondiale touristique, où des millions de visiteurs viennent découvrir chaque année son patrimoine. Le drame de Notre-Dame aidera surement à accélérer le mouvement du mécénat.
Par Stéphane Grand, conseil en stratégie et communication (www.stephane-grand-conseil.fr)