Chili: l'Eglise demande pardon pour abus sexuels sur mineurs de ses prêtres
L'Eglise catholique du Chili, ultra-majoritaire dans le pays andin, a demandé formellement pardon vendredi pour les cas d'abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé et pour son manque de réactivité face aux plaintes par le passé.
AFP/Archives
"Nous offrons humblement notre demande de pardon, et tout l'appui que nous pouvons vous offrir, en plus de nos prières", indique la Conférence épiscopale chilienne, qui a demande également pardon "à toute la communauté ecclésiastique pour le mauvais exemple donné par quelques-uns de ses ministres".
"Nous reconnaissons que nous n'avons pas toujours réagi avec diligence et efficacité face aux plaintes", ajoutent les évêques, dans un document intitulé "Transparence, Vérité et Justice", présenté vendredi par le président de la Conférence épiscopale, Mgr Ricardo Ezzati.
La déclaration appelle "les prêtres qui ont failli à leur devoir et causé du tort à autrui à faire un examen de conscience personnel et répondre de leurs actes devant Dieu, la société et leurs supérieurs".
"Nous exprimons notre douleur profonde pour les cas passés et récents d'abus de mineurs et de jeunes commis par des membres du clergé et des religieux consacrés", ajoute la Conférence épiscopale, exprimant "proximité et solidarité avec les victimes de ces abus et leurs familles".
C'est la première demande formelle de pardon de l'Eglise catholique, dont se réclament 80% des Chiliens, en marge d'expressions de contrition exprimées à titre individuel par ses dignitaires.
Une vingtaine de religieux ont été l'objet de procédures ou liés à des cas d'abus sexuels présumés ces dernières années au Chili. Fin 2010, cinq condamnations avaient été prononcées.
Le mea culpa épiscopal intervient à la suite de deux cas très médiatiques, impliquant un ancien formateur de prêtres à Santiago, sanctionné par le Vatican lui-même, et l'ancienne mère supérieure d'une Congrégation des Ursulines, en charge de collèges réputés à Santiago.
Le révérend Fernando Karadima, 80 ans, avait été accusé en 2010 par cinq adultes, occupant pour certains des fonctions dans l'Eglise, d'abus sexuels remontant à une vingtaine d'années lorsqu'il était en charge d'une paroisse huppée de Santiago.
La justice a rouvert en mars l'enquête, qu'elle avait classée sans suite fin 2010. Le Vatican, au terme de sa propre enquête canonique, a lui-même reconnu le religieux coupable en février, et l'a condamné à "une vie de prière, de pénitence et de réparation envers les victimes".
Une des victimes, le médecin James Hamilton, a raconté fin mars les attouchements de Karadima. Il a dit avoir pardonné au prêtre, mais accusé la hiérarchie de l'Eglise d'être au courant depuis 2003 au moins, et d'avoir déployé "un filet de protection".
Il avait traité de "criminel" l'ex-archevêque de Santiago, Francisco Javier Erazuriz.
La Conférence épiscopale s'est engagé à "perfectionner la sélection et la formation des candidats au sacerdoce, et l'accompagnement des prêtres". Elle a promis un organisme chargé de la prévention des abus et de l'aide aux victimes.
L'Eglise chilienne est la deuxième en Amérique latine, qui représente la moitié des fidèles catholiques dans le monde, à présenter un mea cumpa formel pour des abus sexuels commis par le clergé.
En 2010, la Conférence épiscopale mexicaine avait aussi demandé "pardon" et s'était engagé à laisser poursuivre les suspects en justice.
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