Rappel du premier message :
Où sont les femmes ?
Virginie Larousse - publié le 06/05/2015
© wikistrike
La photographie de l’événement a de quoi laisser perplexe. L’université islamique de Qassim (Arabie saoudite) a organisé, il y a quelque temps, une conférence sur « la place des femmes dans la société ». Excellente idée, quand on sait les chantiers à mener pour favoriser l’émancipation des femmes dans ce pays où elles n’ont même pas le droit de conduire. Sauf qu’aucune femme n’a été autorisée à y assister, et encore moins à prendre part aux débats. Sur la photo souvenir de la conférence, donc, un parterre d’hommes vêtus d’une tunique blanche et coiffés du traditionnel keffieh. On aurait presque envie de rire, si le sujet n’était pas aussi grave.
D’où vient cette vision rétrograde de la femme dans le royaume wahhabite ? Pas vraiment de l’islam – du moins, apparemment pas de l’islam des origines, de celui prêché par Mahomet. Le Prophète de l’islam aimait les femmes. Il les tenait en estime. C’est ainsi qu’il avait désigné une femme, Umm Waraqa, pour conduire la prière dans un quartier de Médine, et qu’il invitait ses compagnons à s’instruire auprès de son épouse Aïcha. De là à dire que Mahomet était un féministe, il y a un pas que je me garderai de franchir : ce qualificatif serait anachronique pour une époque aussi lointaine – le VIIe siècle – et une culture aussi éloignée de la nôtre. Si le Coran porte la marque d’une indéniable volonté d’améliorer le sort des femmes – avec la possibilité donnée aux femmes d’hériter, de divorcer… –, le livre sacré de l’islam contient également des versets nettement moins avant-gardistes, à commencer par celui qui autorise les hommes à frapper leur épouse.
Cependant, force est de constater que les grandes traditions religieuses, y compris le bouddhisme tibétain, tiennent systématiquement les femmes en position d’infériorité… Je ne pense donc pas que le sort peu enviable réservé à la gent féminine dans de nombreux pays musulmans soit imputable à l’islam en tant que tel. Il reste qu’une étude réalisée par le Forum économique mondial sur l’égalité des sexes dans le monde montre qu’en 2014, les quinze derniers pays du classement ont tous l’islam pour religion majoritaire. Pourquoi ce problème est-il si prégnant en terre d’islam ? Sans doute en grande partie à cause du refus farouche de lire le texte sacré de manière distanciée. Car c’est bien une telle lecture, dans la tradition judéo-chrétienne, qui a permis aux femmes de gagner leur autonomie, même si la situation n’y est pas encore parfaite.
Heureusement, toutes les musulmanes ne vivent pas en Arabie saoudite, et l’obscurantisme n’est pas une fatalité. Certains pays musulmans – en particulier la Tunisie et le Maroc – ont enregistré d’indéniables avancées en matière de droits des femmes, et de plus en plus d’initiatives fleurissent, y compris de la part des hommes. En mars dernier, des hommes afghans ont ainsi défilé en burqa dans les rues de Kaboul, en signe de solidarité pour celles à qui l’on impose ce vêtement. Preuve que la femme peut encore croire en l’homme. |
http://www.lemondedesreligions.fr/mensuel/2015/71/ou-sont-les-femmes-06-05-2015-4642_215.php
Où sont les femmes ?
Virginie Larousse - publié le 06/05/2015
© wikistrike
La photographie de l’événement a de quoi laisser perplexe. L’université islamique de Qassim (Arabie saoudite) a organisé, il y a quelque temps, une conférence sur « la place des femmes dans la société ». Excellente idée, quand on sait les chantiers à mener pour favoriser l’émancipation des femmes dans ce pays où elles n’ont même pas le droit de conduire. Sauf qu’aucune femme n’a été autorisée à y assister, et encore moins à prendre part aux débats. Sur la photo souvenir de la conférence, donc, un parterre d’hommes vêtus d’une tunique blanche et coiffés du traditionnel keffieh. On aurait presque envie de rire, si le sujet n’était pas aussi grave.
D’où vient cette vision rétrograde de la femme dans le royaume wahhabite ? Pas vraiment de l’islam – du moins, apparemment pas de l’islam des origines, de celui prêché par Mahomet. Le Prophète de l’islam aimait les femmes. Il les tenait en estime. C’est ainsi qu’il avait désigné une femme, Umm Waraqa, pour conduire la prière dans un quartier de Médine, et qu’il invitait ses compagnons à s’instruire auprès de son épouse Aïcha. De là à dire que Mahomet était un féministe, il y a un pas que je me garderai de franchir : ce qualificatif serait anachronique pour une époque aussi lointaine – le VIIe siècle – et une culture aussi éloignée de la nôtre. Si le Coran porte la marque d’une indéniable volonté d’améliorer le sort des femmes – avec la possibilité donnée aux femmes d’hériter, de divorcer… –, le livre sacré de l’islam contient également des versets nettement moins avant-gardistes, à commencer par celui qui autorise les hommes à frapper leur épouse.
Cependant, force est de constater que les grandes traditions religieuses, y compris le bouddhisme tibétain, tiennent systématiquement les femmes en position d’infériorité… Je ne pense donc pas que le sort peu enviable réservé à la gent féminine dans de nombreux pays musulmans soit imputable à l’islam en tant que tel. Il reste qu’une étude réalisée par le Forum économique mondial sur l’égalité des sexes dans le monde montre qu’en 2014, les quinze derniers pays du classement ont tous l’islam pour religion majoritaire. Pourquoi ce problème est-il si prégnant en terre d’islam ? Sans doute en grande partie à cause du refus farouche de lire le texte sacré de manière distanciée. Car c’est bien une telle lecture, dans la tradition judéo-chrétienne, qui a permis aux femmes de gagner leur autonomie, même si la situation n’y est pas encore parfaite.
Heureusement, toutes les musulmanes ne vivent pas en Arabie saoudite, et l’obscurantisme n’est pas une fatalité. Certains pays musulmans – en particulier la Tunisie et le Maroc – ont enregistré d’indéniables avancées en matière de droits des femmes, et de plus en plus d’initiatives fleurissent, y compris de la part des hommes. En mars dernier, des hommes afghans ont ainsi défilé en burqa dans les rues de Kaboul, en signe de solidarité pour celles à qui l’on impose ce vêtement. Preuve que la femme peut encore croire en l’homme. |
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