Des imams français au Vatican
Matthieu Stricot - publié le 07/01/2015
Quatre imams français se rendent au Vatican du 6 au 8 janvier, dans le cadre d’un voyage organisé par la Conférence des évêques de France. Les religieux musulmans participeront notamment à une audience générale du pape François ainsi qu’à une réunion de travail au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Une occasion exceptionnelle de promouvoir l’échange et l’écoute alors que les conflits s’enveniment au Moyen-Orient.
AFP
« Au moment où les extrémismes s’expriment avec violence et usent de toutes leurs forces pour exacerber les tensions et attiser les peurs, nous devons assumer notre rôle de témoins. » Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France, compte parmi les quatre imams en visite au Vatican du 6 au 8 janvier. Il est accompagné d’Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane à Villeurbanne,Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux et Djelloul Seddiki, directeur de l’institut al-Ghazâli de la Grande mosquée de Paris.
Les quatre religieux musulmans sont conduits par Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes. Le président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France (CEF) considère que, « dans un monde qui aime le spectacle de la violence, il est bon de montrer l’entente cordiale qui se développe en France entre la majorité des musulmans et la majorité des chrétiens. La visite de ces grands leaders musulmans à Rome en est le signe ».
Une rencontre qui va de soi pour Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux : « L’islam s’inscrit dans le prolongement du message biblique, notamment celui du Jésus. Il ne peut donc faire l’économie de la rencontre et du dialogue avec le christianisme. » Djelloul Seddiki, directeur de l’institut al-Ghazâli, attend beaucoup de ces trois journées : « En tant que musulman, le Coran m’invite à dialoguer avec les gens du Livre avec courtoisie. Je considère le concile Vatican II comme une invitation permanente à dialoguer avec nos frères chrétiens, pour mieux se connaître et inviter les fidèles musulmans à partager ce vivre-ensemble. »
Le dialogue ou la guerre
Pour Christophe Roucou, directeur du service national de la CEF pour les relations avec l’islam, le voyage est aussi l’occasion de « présenter à Rome la variété des initiatives et la qualité des échanges », ou encore d’insister sur « la formation des cadres religieux ».
C’est pourquoi les imams français disposent d’un riche programme pour cette visite. Mercredi : participation à l’audience générale du pape François, rencontre avec l’Institut Pontifical pour les Études Arabes et l’Islamologie, réception à l’Ambassade de France près le Saint-Siège et rencontre avec le Séminaire français. Jeudi, les imams visiteront la Basilique Saint-Pierre et la chapelle Sixtine, avant de participer à une réunion de travail au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Le président de ce Conseil, le cardinal Jean-Louis Tauran, devrait saluer la position de nombreux responsables musulmans en réaction aux exactions perpétrées l’été dernier au Proche-Orient. Dans une interview au quotidien La Croix daté du 6 janvier, il reconnaît qu’« ils ont pris la situation au sérieux et se sont prononcés d’une manière courageuse ». Mais il les exhorte à continuer : « Ces responsables doivent dénoncer ces violences à la mosquée, à l’école, dans leur quartier. » Le cardinal est catégorique : « Il n’y a pas d’alternative : soit nous choisissons le dialogue, soit c’est la guerre. Plus il y a de conflits, et plus il nous faut insister sur le dialogue. »
Le voyage de représentants musulmans au Saint-Siège va dans ce sens. Il met en pratique l’appel commun du pape François et du patriarche Bartholomée du 30 novembre dernier pour la reconnaissance de « l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’islam, basé sur le respect mutuel et sur l’am
Matthieu Stricot - publié le 07/01/2015
Quatre imams français se rendent au Vatican du 6 au 8 janvier, dans le cadre d’un voyage organisé par la Conférence des évêques de France. Les religieux musulmans participeront notamment à une audience générale du pape François ainsi qu’à une réunion de travail au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Une occasion exceptionnelle de promouvoir l’échange et l’écoute alors que les conflits s’enveniment au Moyen-Orient.
AFP
« Au moment où les extrémismes s’expriment avec violence et usent de toutes leurs forces pour exacerber les tensions et attiser les peurs, nous devons assumer notre rôle de témoins. » Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France, compte parmi les quatre imams en visite au Vatican du 6 au 8 janvier. Il est accompagné d’Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane à Villeurbanne,Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux et Djelloul Seddiki, directeur de l’institut al-Ghazâli de la Grande mosquée de Paris.
Les quatre religieux musulmans sont conduits par Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes. Le président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France (CEF) considère que, « dans un monde qui aime le spectacle de la violence, il est bon de montrer l’entente cordiale qui se développe en France entre la majorité des musulmans et la majorité des chrétiens. La visite de ces grands leaders musulmans à Rome en est le signe ».
Une rencontre qui va de soi pour Tareq Oubrou, recteur de la Grande mosquée de Bordeaux : « L’islam s’inscrit dans le prolongement du message biblique, notamment celui du Jésus. Il ne peut donc faire l’économie de la rencontre et du dialogue avec le christianisme. » Djelloul Seddiki, directeur de l’institut al-Ghazâli, attend beaucoup de ces trois journées : « En tant que musulman, le Coran m’invite à dialoguer avec les gens du Livre avec courtoisie. Je considère le concile Vatican II comme une invitation permanente à dialoguer avec nos frères chrétiens, pour mieux se connaître et inviter les fidèles musulmans à partager ce vivre-ensemble. »
Le dialogue ou la guerre
Pour Christophe Roucou, directeur du service national de la CEF pour les relations avec l’islam, le voyage est aussi l’occasion de « présenter à Rome la variété des initiatives et la qualité des échanges », ou encore d’insister sur « la formation des cadres religieux ».
C’est pourquoi les imams français disposent d’un riche programme pour cette visite. Mercredi : participation à l’audience générale du pape François, rencontre avec l’Institut Pontifical pour les Études Arabes et l’Islamologie, réception à l’Ambassade de France près le Saint-Siège et rencontre avec le Séminaire français. Jeudi, les imams visiteront la Basilique Saint-Pierre et la chapelle Sixtine, avant de participer à une réunion de travail au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Le président de ce Conseil, le cardinal Jean-Louis Tauran, devrait saluer la position de nombreux responsables musulmans en réaction aux exactions perpétrées l’été dernier au Proche-Orient. Dans une interview au quotidien La Croix daté du 6 janvier, il reconnaît qu’« ils ont pris la situation au sérieux et se sont prononcés d’une manière courageuse ». Mais il les exhorte à continuer : « Ces responsables doivent dénoncer ces violences à la mosquée, à l’école, dans leur quartier. » Le cardinal est catégorique : « Il n’y a pas d’alternative : soit nous choisissons le dialogue, soit c’est la guerre. Plus il y a de conflits, et plus il nous faut insister sur le dialogue. »
Le voyage de représentants musulmans au Saint-Siège va dans ce sens. Il met en pratique l’appel commun du pape François et du patriarche Bartholomée du 30 novembre dernier pour la reconnaissance de « l’importance de la promotion d’un dialogue constructif avec l’islam, basé sur le respect mutuel et sur l’am