ORBE
Des oreilles de porc pendues à la porte d’une école de langue arabe
Par Céline Duruz | Mis à jour le 12.12.14
La fondatrice d’une école d’arabe à Orbe a fait une découverte macabre la semaine dernière. Un acte unanimement condamné.
Habitant Orbe depuis plus de dix ans, Latifa Housni-Pouly a créé une école de langue arabe, ouverte aux enfants et aux parents, à la Grand-Rue. Une quinzaine de personnes y suivent des cours. (Photo: PHILIPPE MAEDER)Les faits remontent à une semaine, un jour avant l’inauguration officielle de la structure. En arrivant devant son établissement, situé à la Grand-Rue, Latifa Housni-Pouly a découvert des oreilles de porc fraîches accrochées à la porte d’entrée.
«Elles étaient reliées avec de la ficelle, c’était très choquant, explique cette mère de deux enfants, habitant depuis 2003 à Orbe. Je les ai tout de suite enlevées et cachées pour que les enfants ne les voient pas.» Elle ne parle de sa macabre découverte que quelques heures plus tard à l’un de ses bénévoles. Ce dernier l’encourage à aller dénoncer cet acte à la police, ce qu’elle fait, sans toutefois déposer une plainte.
«Un acte de xénophobie scandaleux», aux yeux du municipal Pierre Mercier, responsable des Affaires sociales et de la Police. L’élu n’y est pas allé de main morte dans le journal L’Omnibus de vendredi, dénonçant cet acte. «Ça m’a choqué. Quand j’ai entendu dans la rue que la création de l’école faisait jaser, j’ai voulu écrire une mise au point pour éviter les amalgames, d’autant que beaucoup d’habitants ont été touchés en apprenant par les médias qu’un jeune d’Orbe est parti faire le djihad.»
«Je les reçois volontiers»
Cet acte haineux a d’autant plus choqué Latifa Housni-Pouly qu’elle se sent bien à Orbe, et que de nombreux parents l’ont encouragée à y ouvrir une classe. «J’ai toujours été bien entourée ici, notamment à la suite du décès soudain de mon mari, continue celle qui a été touchée par l’appui du municipal. J’ai envie d’aller à la rencontre des gens. Si ceux qui ont fait cela ont envie de parler, je les accueille volontiers.»
Son école de langue arabe, ouverte en septembre, accueille une quinzaine d’adultes et d’enfants. «Avant, j’amenais les miens à Lausanne pour suivre des cours afin qu’ils puissent parler avec leurs grands-parents au Maroc.»
Enquête de voisinage
Son installation dans l’artère commerçante d’Orbe a beaucoup fait parler. Jan Engdahl a même reçu la visite d’agents dans sa pharmacie à ce propos. «La police a fait une petite enquête de voisinage, me demandant si mes clients avaient fait des remarques sur l’école, ce qui n’est pas le cas», note-t-il. Dans la Grand-Rue, tous condamnent l’acte raciste. «Ça me choque que l’on ne laisse pas les gens s’intégrer, s’offusque la tenancière de l’épicerie d’en face, Antonella Pacifico. Ces auteurs doivent être ignorants, avoir beaucoup de frustration et envie de faire mal. C’est de la xénophobie poussée à l’extrême.»
Cet acte s’ajoute à une liste de gestes semblables sur des édifices religieux, dont les tags sur le chantier de la mosquée de Payerne et l’incendie d’une autre à Saint-Gall dernièrement. «Les gens mélangent tout. A Orbe, il s’agit d’un acte contre une école, qui, en tant que telle, n’a rien à voir avec la religion, souligne Pascal Gemperli, de l’Union vaudoise des associations musulmanes, abattu par cette énième attaque envers sa communauté. Il faut dénoncer ces cas et garder son calme. On peut débattre de tout, mais certains n’osent pas critiquer ouvertement.»
Des oreilles de porc pendues à la porte d’une école de langue arabe
Par Céline Duruz | Mis à jour le 12.12.14
La fondatrice d’une école d’arabe à Orbe a fait une découverte macabre la semaine dernière. Un acte unanimement condamné.
Habitant Orbe depuis plus de dix ans, Latifa Housni-Pouly a créé une école de langue arabe, ouverte aux enfants et aux parents, à la Grand-Rue. Une quinzaine de personnes y suivent des cours. (Photo: PHILIPPE MAEDER)
«Elles étaient reliées avec de la ficelle, c’était très choquant, explique cette mère de deux enfants, habitant depuis 2003 à Orbe. Je les ai tout de suite enlevées et cachées pour que les enfants ne les voient pas.» Elle ne parle de sa macabre découverte que quelques heures plus tard à l’un de ses bénévoles. Ce dernier l’encourage à aller dénoncer cet acte à la police, ce qu’elle fait, sans toutefois déposer une plainte.
«Un acte de xénophobie scandaleux», aux yeux du municipal Pierre Mercier, responsable des Affaires sociales et de la Police. L’élu n’y est pas allé de main morte dans le journal L’Omnibus de vendredi, dénonçant cet acte. «Ça m’a choqué. Quand j’ai entendu dans la rue que la création de l’école faisait jaser, j’ai voulu écrire une mise au point pour éviter les amalgames, d’autant que beaucoup d’habitants ont été touchés en apprenant par les médias qu’un jeune d’Orbe est parti faire le djihad.»
«Je les reçois volontiers»
Cet acte haineux a d’autant plus choqué Latifa Housni-Pouly qu’elle se sent bien à Orbe, et que de nombreux parents l’ont encouragée à y ouvrir une classe. «J’ai toujours été bien entourée ici, notamment à la suite du décès soudain de mon mari, continue celle qui a été touchée par l’appui du municipal. J’ai envie d’aller à la rencontre des gens. Si ceux qui ont fait cela ont envie de parler, je les accueille volontiers.»
Son école de langue arabe, ouverte en septembre, accueille une quinzaine d’adultes et d’enfants. «Avant, j’amenais les miens à Lausanne pour suivre des cours afin qu’ils puissent parler avec leurs grands-parents au Maroc.»
Enquête de voisinage
Son installation dans l’artère commerçante d’Orbe a beaucoup fait parler. Jan Engdahl a même reçu la visite d’agents dans sa pharmacie à ce propos. «La police a fait une petite enquête de voisinage, me demandant si mes clients avaient fait des remarques sur l’école, ce qui n’est pas le cas», note-t-il. Dans la Grand-Rue, tous condamnent l’acte raciste. «Ça me choque que l’on ne laisse pas les gens s’intégrer, s’offusque la tenancière de l’épicerie d’en face, Antonella Pacifico. Ces auteurs doivent être ignorants, avoir beaucoup de frustration et envie de faire mal. C’est de la xénophobie poussée à l’extrême.»
Cet acte s’ajoute à une liste de gestes semblables sur des édifices religieux, dont les tags sur le chantier de la mosquée de Payerne et l’incendie d’une autre à Saint-Gall dernièrement. «Les gens mélangent tout. A Orbe, il s’agit d’un acte contre une école, qui, en tant que telle, n’a rien à voir avec la religion, souligne Pascal Gemperli, de l’Union vaudoise des associations musulmanes, abattu par cette énième attaque envers sa communauté. Il faut dénoncer ces cas et garder son calme. On peut débattre de tout, mais certains n’osent pas critiquer ouvertement.»
(Tribune de Genève)