François redit l'urgence de l'unité entre chrétiens
MARIE-LUCILE KUBACKI
CRÉÉ LE 30/11/2014 / MODIFIÉ LE 30/11/2014 À 13H14
Samedi 29 novembre, lors de la prière œcuménique, François a demandé à Bartholomée Ier de le bénir, lui et l'Eglise de Rome. © FILIPPO MONTEFORTE / AFP Samedi 29 novembre, lors de la prière œcuménique, François a demandé à Bartholomée Ier de le bénir, lui et l'Eglise de Rome. © FILIPPO MONTEFORTE / AFP
« L’unique chose que désire l’Église catholique, et que je cherche comme Évêque de Rome, “l’Église qui préside dans la charité”, c’est la communion avec les Églises orthodoxes », a déclaré le pape François ce matin à la fin de la Divine Liturgie célébrée en l'église Saint-George dans le quartier historique du Phanar. L'insistance à se présenter comme évêque de Rome n'est pas anodine et résonne comme un gage supplémentaire de bonne volonté œcuménique.
> A lire aussi : François peut-il resserrer les liens entre catholiques et orthodoxes ?
Expliquant que la « pleine communion » n'était ni « soumission », ni « absorption » il a affirmé que l'Eglise catholique n'entendait pas « imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune » et s'est dit prêt à continuer de « chercher ensemble, à la lumière de l’enseignement de l’Écriture et de l’expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l’Église dans les circonstances actuelles ».
Ce discours sur la nécessaire unité s'inscrit dans la continuité du dialogue œcuménique amorcé depuis plusieurs années entre catholiques et orthodoxes mais ce qui est assez nouveau, néanmoins, c'est le caractère « d'urgence » mis au rétablissement de la pleine communion. Une urgence liée au contexte mondial actuel qui lance aux Eglises un défi inédit de crédibilité.
> Document : Discours complet du pape au patriarche Bartholomée Ier
Les conflits, en premier lieu. « Troubler la paix d’un peuple, commettre ou consentir toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense, est un péché très grave contre Dieu, parce que c’est ne pas respecter l’image de Dieu qui est dans l’homme. La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible le message de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles ? » Ainsi, pour le pape, catholiques et orthodoxes doivent montrer le visage de l'unité pour pouvoir être crédibles dans la construction de cette « culture de la paix » qu'il avait appelée de ses vœux devant le Conseil de l'Europe.
La mondialisation de l'indifférence, ensuite. « Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Églises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ », a-t-il affirmé, ajoutant que « la première de ces voix est celle des pauvres ». Tous les chrétiens, affirme le pape, doivent « vaincre ensemble cette mondialisation de l’indifférence qui aujourd’hui semble avoir la suprématie », et « construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité ».
La désespérance des jeunes, enfin. « Aujourd’hui, malheureusement, il y a beaucoup de jeunes qui vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation. Beaucoup de jeunes, de plus, influencés par la culture dominante, cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment. Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si nous ne sommes pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Évangile et de l’expérience millénaire de l’Église. Ce sont justement les jeunes – je pense par exemple aux multitudes de jeunes orthodoxes, catholiques et protestants qui se rencontrent dans les rassemblements internationaux organisés par la communauté de Taizé – qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit. »
> A lire aussi : François en Turquie, entre symbolique et realpolitik
Des paroles qui entrent profondément en écho avec celles de Bartholomée Ier qui a lui aussi insisté sur cette question de « momentum » : « Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion et d'y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection. »
> Document : Discours complet de Bartholomée Ier au pape François
Dans la déclaration commune signée à l'issue de la Divine Liturgie, ils ont ainsi affirmé que ni orthodoxes ni catholiques ne pouvaient « se résigner » à un Moyen-Orient sans chrétiens. Se référant à « l'oecuménisme de la souffrance » qui pouvait se faire « instrument d'unité », ils ont appelé à une « prière constante » mais aussi à « une réponse appropriée de la part de la communauté internationale ».
> Document : Déclaration conjointe du pape François et du patriarche Bartholomée Ier
MARIE-LUCILE KUBACKI
CRÉÉ LE 30/11/2014 / MODIFIÉ LE 30/11/2014 À 13H14
Samedi 29 novembre, lors de la prière œcuménique, François a demandé à Bartholomée Ier de le bénir, lui et l'Eglise de Rome. © FILIPPO MONTEFORTE / AFP Samedi 29 novembre, lors de la prière œcuménique, François a demandé à Bartholomée Ier de le bénir, lui et l'Eglise de Rome. © FILIPPO MONTEFORTE / AFP
« L’unique chose que désire l’Église catholique, et que je cherche comme Évêque de Rome, “l’Église qui préside dans la charité”, c’est la communion avec les Églises orthodoxes », a déclaré le pape François ce matin à la fin de la Divine Liturgie célébrée en l'église Saint-George dans le quartier historique du Phanar. L'insistance à se présenter comme évêque de Rome n'est pas anodine et résonne comme un gage supplémentaire de bonne volonté œcuménique.
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Expliquant que la « pleine communion » n'était ni « soumission », ni « absorption » il a affirmé que l'Eglise catholique n'entendait pas « imposer une quelconque exigence, sinon celle de la profession de foi commune » et s'est dit prêt à continuer de « chercher ensemble, à la lumière de l’enseignement de l’Écriture et de l’expérience du premier millénaire, les modalités par lesquelles garantir la nécessaire unité de l’Église dans les circonstances actuelles ».
Ce discours sur la nécessaire unité s'inscrit dans la continuité du dialogue œcuménique amorcé depuis plusieurs années entre catholiques et orthodoxes mais ce qui est assez nouveau, néanmoins, c'est le caractère « d'urgence » mis au rétablissement de la pleine communion. Une urgence liée au contexte mondial actuel qui lance aux Eglises un défi inédit de crédibilité.
> Document : Discours complet du pape au patriarche Bartholomée Ier
Les conflits, en premier lieu. « Troubler la paix d’un peuple, commettre ou consentir toute espèce de violence, spécialement sur les personnes faibles et sans défense, est un péché très grave contre Dieu, parce que c’est ne pas respecter l’image de Dieu qui est dans l’homme. La voix des victimes des conflits nous pousse à avancer rapidement sur le chemin de la réconciliation et de la communion entre catholiques et orthodoxes. D’ailleurs, comment pouvons-nous annoncer de manière crédible le message de paix qui vient du Christ, si, entre nous, continuent d’exister des rivalités et des querelles ? » Ainsi, pour le pape, catholiques et orthodoxes doivent montrer le visage de l'unité pour pouvoir être crédibles dans la construction de cette « culture de la paix » qu'il avait appelée de ses vœux devant le Conseil de l'Europe.
La mondialisation de l'indifférence, ensuite. « Dans le monde d’aujourd’hui se lèvent avec force des voix que nous ne pouvons pas ne pas entendre, et qui demandent à nos Églises de vivre jusqu’au bout le fait d’être disciples du Seigneur Jésus-Christ », a-t-il affirmé, ajoutant que « la première de ces voix est celle des pauvres ». Tous les chrétiens, affirme le pape, doivent « vaincre ensemble cette mondialisation de l’indifférence qui aujourd’hui semble avoir la suprématie », et « construire une nouvelle civilisation de l’amour et de la solidarité ».
La désespérance des jeunes, enfin. « Aujourd’hui, malheureusement, il y a beaucoup de jeunes qui vivent sans espérance, vaincus par le découragement et la résignation. Beaucoup de jeunes, de plus, influencés par la culture dominante, cherchent la joie uniquement dans la possession de biens matériels et dans la satisfaction des émotions du moment. Les nouvelles générations ne pourront jamais acquérir la vraie sagesse ni maintenir vivante leur espérance si nous ne sommes pas capables de valoriser et de transmettre l’authentique humanisme, qui surgit de l’Évangile et de l’expérience millénaire de l’Église. Ce sont justement les jeunes – je pense par exemple aux multitudes de jeunes orthodoxes, catholiques et protestants qui se rencontrent dans les rassemblements internationaux organisés par la communauté de Taizé – qui aujourd’hui nous demandent de faire des pas en avant vers la pleine communion. Et cela non parce qu’ils ignorent la signification des différences qui nous séparent encore, mais parce qu’ils savent voir au-delà, ils sont capables de recueillir l’essentiel qui déjà nous unit. »
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Des paroles qui entrent profondément en écho avec celles de Bartholomée Ier qui a lui aussi insisté sur cette question de « momentum » : « Les problèmes que la conjoncture historique dresse aujourd’hui devant nos Églises nous prescrivent de surmonter l’introversion et d'y faire face en collaborant le plus étroitement possible. Nous n’avons plus le luxe d’agir séparément. Les persécuteurs contemporains des chrétiens ne demandent pas à quelle Église appartiennent leurs victimes. L’unité qui occupe tant nos réflexions est en train de se réaliser dans certaines régions, malheureusement, par le martyre. Tendons ensemble la main à l’être humain de notre temps, la main de Celui qui seul peut le sauver par Sa Croix et Sa Résurrection. »
> Document : Discours complet de Bartholomée Ier au pape François
Dans la déclaration commune signée à l'issue de la Divine Liturgie, ils ont ainsi affirmé que ni orthodoxes ni catholiques ne pouvaient « se résigner » à un Moyen-Orient sans chrétiens. Se référant à « l'oecuménisme de la souffrance » qui pouvait se faire « instrument d'unité », ils ont appelé à une « prière constante » mais aussi à « une réponse appropriée de la part de la communauté internationale ».
> Document : Déclaration conjointe du pape François et du patriarche Bartholomée Ier