ENSEIGNEMENT DU LIVRE
Par son thème dominant de l’alliance, le Deutéronome se rattache aux livres de l’Exode et de Josué. Les implications morales et religieuses du pacte du Sinaï sont exprimées dans un langage non technique, accessible à un peuple dont la responsabilité était de bien comprendre toutes ses obligations vis-à-vis d’une telle alliance. La perspective monothéiste du Deutéronome est caractéristique du livre : elle affirme d’une part la souveraineté du Dieu d’Israël, et souligne clairement d’autre part les dangers présentés par les divinités des nations païennes. La puissance divine constituait le sûr fondement d’une alliance aux stipulations nettes et précises, selon le modèle des pactes de suzeraineté du 2e millénaire. Le Deutéronome expose donc avant tout le principe d’une relation d’alliance ; il vise à montrer que la destinée future d’Israël, peuple de Dieu, dépend d’une observation scrupuleuse des stipulations du contrat pourvu de l’accord unanime de tous les Hébreux.
Dans ses paroles d’exhortation, Moïse rappelle la promesse divine : la puissance de délivrance, manifestée pendant l’Exode, et source de soutien pour le peuple durant la marche de toute une génération dans le désert, continuera à les entourer dans la Terre Promise, si la nation israélite respecte toutes les conditions attachées au traité. Le Deutéronome contient plus d’une ferme assurance dans ce sens : Dieu sera continuellement avec son peuple, dans l’adversité ou la prospérité, et combattra pour lui, comme jadis au sortir de l’Égypte. Dans leur toute nouvelle liberté, les Israélites ne devront jamais oublier leur ancienne servitude (#De 5:15), ni la puissance divine qui seule les a sauvés de cette situation désespérée (#De 4:21). Ils devront adorer leur Dieu de tout leur être (#De 4:29; 5:10), car il les a aimés le premier (#De 4:37) ; de plus, après leur serment d’allégeance à l’Éternel, ils ne devront en aucun cas se tourner vers les faux dieux vénérés par les peuplades païennes (#De 7:24; 11:16).
Dans l’alliance du Sinaï, Dieu s’est révélé comme un être moral et saint : toute personne liée à lui par un accord solennel devra nécessairement manifester dans sa conduite les mêmes caractéristiques morales. C’est pourquoi il incombe aux Hébreux de former un seul peuple instruit des préceptes divins (#De 5:1), et pardessus tout d’être une nation sainte, consacrée à l’Éternel (#De 7:6; 14:2,21). L’esprit profondément humanitaire, sensible dans l’ensemble du Deutéronome, demande aux Juifs, du fait de leur fraternité, de prendre soin des moins fortunés, c’est-à-dire de l’étranger, de l’orphelin et de la veuve (#De 10:18).
Le caractère prophétique du livre a de longue date été reconnu à la fois par les érudits libéraux et conservateurs ; l’attitude d’optimisme, de foi et de confiance en la puissance divine, manifestée par l’auteur confirme ce point de vue. Cette perspective futuriste et positive est bien marquée par l’usage le plus fréquent de deux expressions : « monte, prends-en possession », répétée trente-cinq fois, et « le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne », reprise trente-quatre fois. Selon la parole jurée à leurs pères, Dieu a pourvu les Israélites d’un bon pays (#De 1:25), destiné à être leur héritage (#De 4:21). Les promesses de bénédictions constituent un trait important du Deutéronome et celles-ci (#De 7:13) s’accompliront lorsque l’Éternel accordera à son peuple du répit de la part de ses ennemis (#De 3:20). Pourvu que les Hébreux se soumettent aux stipulations de l’alliance (#De 5:1), ils connaîtront la prospérité (#De 2:7; 4:40) ; ils seront bénis sur une terre fertile (#De 6:11; 12:15), et mèneront une vie longue et fructueuse (#De 4:26).
Mais si le livre offre des promesses de bénédictions, il contient aussi des avertissements contre l’apostasie. Les Israélites sont explicitement avertis des « malédictions » prêtes à fondre sur eux, s’ils désobéissent aux commandements divins (#De 28:15) ; ils seront alors décimés par les fléaux de l’antiquité : « fièvre, inflammation... dessèchement, jaunisse et gangrène » (#De 28:22). Leurs aspirations les plus élevées seront confondues (#De 28:29), des nations étrangères les opprimeront (#De 28:31 s.), et ils deviendront « un sujet de raillerie parmi tous les peuples » (#De 28:37). S’ils persistent dans la désobéissance, ces « malédictions » les poursuivront jusqu’à leur destruction complète (#De 28:45). Tous les « péchés » sont ainsi condamnés (#De 15:9), en particulier celui d’idolâtrie, qui est une « abomination » (#De 7:25). La question du péché national était d’une telle gravité que les chefs avaient reçu l’ordre de châtier avec une extrême rigueur les principales offenses contre la spiritualité de l’alliance (#De 13:
, afin de décourager le peuple de se mal conduire (#De 13:5,11). Un centre, choisi par Dieu (#De 12:5,11) sera établi comme point de rencontre pour la manifestation des aspirations nationales ; là, les Israélites adoreront le nom de l’Éternel et se prosterneront devant lui (#De 12:7). Toutefois, ils ne devraient pas s’attendre à recevoir des bénédictions régulières et automatiques, simplement à cause de leur relation d’alliance avec Dieu. Si les stipulations sont observées, et le pacte du Sinaï honoré en esprit, alors seulement, Dieu fera prospérer la fortune de son peuple.
CITATION NCB