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Homicide par compassion

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1Homicide par compassion Empty Homicide par compassion Lun 10 Nov - 19:13

Josué

Josué
Administrateur




EUTHANASIE
Homicide par compassion
propos recueillis par Virginie Larousse - publié le 24/10/2014

Corinne Van Oost, médecin catholique, témoigne de la difficulté à transgresser en conscience un interdit majeur. Par amour, et au nom de la dignité.

Homicide par compassion
Peut-on être à la fois médecin dans un service de soins palliatifs, catholique engagée et pratiquer l’euthanasie ? Corinne Van Oost, qui exerce en Belgique, où l’euthanasie est dépénalisée depuis 2002, répond par l’affirmative. Avec conviction, mais aussi avec humilité – consciente que, face à la mort, aucune solution n’est satisfaisante –, elle s’en explique dans un livre : Médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie (écrit avec la journaliste Joséphine Bataille, Presses de la Renaissance, 2014). « J’étais amenée à agir par amour, dit-elle. Au rebours de ceux qui avancent leur foi pour s’abstenir [de recourir à l’euthanasie], j’ai l’impression que je témoigne, au contraire, de Dieu et de sa compassion pour l’homme ».

Le Monde des Religions. Vous avez longtemps été contre la légalisation de l’euthanasie. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Corinne Van Oost : Spécialisée dans les soins palliatifs, j’étais plus favorable à leur développement qu’à la légalisation de l’euthanasie. D’autant que les patients pris en charge par des équipes performantes de soins palliatifs renoncent souvent spontanément à la demander. Ce qui m’a fait changé d’avis sur l’euthanasie, c’est une de mes patientes, Albertine. Atteinte d’une maladie évolutive très grave et invalidante, elle demandait l’euthanasie. Extrêmement hostile, au départ, à cette requête, je me suis rendue à l’évidence : je ne pouvais plus la soulager autrement. Et j’ai réalisé, contre toute attente, qu’accéder à sa demande ne blessait rien d’essentiel en moi. Une fois que la loi a été adoptée, j’ai donc accepté d’accompagner des patients en demande d’euthanasie dans le cadre des soins palliatifs, avec ce risque de devoir, parfois, la pratiquer.

En tant que catholique pratiquante, n’avez-vous pas l’impression de transgresser un interdit majeur ?

Bien sûr. Cependant, ce n’est pas en tant que catholique pratiquante que j’ai ce sentiment, mais tout simplement en tant qu’être humain. Tuer l’autre est un interdit fondateur. Le transgresser est très difficile. Dans le cas présent, ce n’est évidemment pas par haine que l’on en vient à abréger la vie de l’autre, mais par compassion. Pour moi, l’euthanasie est un homicide par compassion. Je donne la mort parce que je compatis avec celui qui souffre. Et j’ai la certitude intérieure, avec le reste de l’équipe, que je ne peux plus rien faire d’autre. En sachant très bien que, de toute façon, ces gens vont mourir de leur maladie – ce n’est plus qu’une question d’heures ou de mois. C’est d’abord la maladie qui fait mourir la personne, non la piqûre qu’on va lui faire. Si le malade est à bout de souffrance, comment ne pas entendre son cri ? La décision est prise en conscience. Je transgresse certes la loi morale de l’Église, mais le concile Vatican II insiste aussi sur le primat de la conscience. Et le pape François a déclaré récemment : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort. » Cette phrase résume parfaitement ma façon de voir les choses. Accepter l’euthanasie, c’est reconnaître nos limites de médecin.

À vos yeux, cependant, l’euthanasie reste un mal.

La mort est un mal. C’est ce que combat le médecin ; or, le fait d’injecter un produit qui tue est contrenature par rapport à la démarche de soin du médecin. L’euthanasie est juste un moindre mal. Mais la médecine dans son ensemble n’est-elle pas, constamment, dans la recherche du moindre mal ? Le mal suprême, c’est la maladie ; et on sait, si le patient est en soins palliatifs, que le combat est perdu. Mon propos n’est pas de faire la promotion de l’euthanasie, mais au contraire de l’éviter. Je compare souvent l’euthanasie au coup de grâce sur le champ de bataille. Et il est bien évident que je préfère ne pas avoir à pratiquer ce geste.

L’acharnement thérapeutique, qui maintient en vie de façon artificielle, n’est-il parfois pas pire ?

L’acharnement est contraire à l’éthique des soins palliatifs. Il met en évidence la difficulté qu’a la médecine de poser des limites. Pour moi, la sédation, pratiquée en France pour soulager la souffrance, n’est pas forcément meilleure que l’euthanasie. Ce sommeil artificiel coupe la personne de toute possibilité relationnelle avec son entourage, ce qui est très difficile pour les proches. Et l’accompagnement devient alors limité, pour ne pas dire impossible.

Considérez-vous l’euthanasie comme un droit ?

Non. Le seul droit en la matière, à mon sens, est celui de la demander. La loi belge est très claire sur ce point : les médecins peuvent tout à fait refuser, s’ils estiment la demande infondée. Il ne s’agit aucunement, chez nous, de suicide assisté. Cette loi a ouvert la parole sur la fin de vie en Belgique, avec des pratiques qui sont règlementées et un contrôle exercé a posteriori par des médecins et des juristes, en concertation. Judiciariser la médecine, comme c’est le cas en France dans certaines affaires récentes, me paraît très préjudiciable à l’équilibre de notre société : il est impératif que le médecin reste une personne de confiance, à qui on puisse donner des directives anticipées...

De quelle manière votre positionnement est-il accueilli dans les milieux catholiques ?

J’ai conscience que je m’écarte du discours officiel. Je suis accompagnée dans cette recherche par d’autres, notamment le père Gabriel Ringlet (auteur de Ceci est ton corps, journal d’un dénuement, où il raconte la fin de vie d’une personne dont il était très proche, NDLR) et la théologienne Véronique Margron. J’ai fait le choix de cette ouverture sans me sentir condamnée par eux, ni par Dieu. Dans la clinique où je travaille, les aumôniers accompagnent tous les patients, y compris ceux qui souhaitent l’euthanasie, même s’ils n’ont pas encore franchi le cap de rester jusqu’au bout. Ceux qui critiquent ne sont jamais ceux qui sont aux côtés des patients.

Qu’espérez-vous de l’Église ?

J’attends de l’Église qu’elle aide les médecins à réfléchir, au lieu de se tenir à distance de la réalité des hôpitaux. Que face à la demande d’euthanasie, des aumôniers soient présents pour répondre à cette recherche de sens de la vie en situation d’extrême souffrance. Souvent, les malades souhaitent en finir car ils ne se sentent plus d’aucune utilité dans la société et n’acceptent pas de perdre leur autonomie. Il nous faut progresser, en Église, dans l’accompagnement spirituel de la fin de vie.

En dépénalisant l’euthanasie, ne risque-t-on pas de la banaliser ?

Il y a toujours un risque à donner plus de liberté. Ici, le risque, c’est de banaliser la fin de vie et la mort. Les soins palliatifs sont le meilleur moyen pour permettre à chacun d’aller jusqu’au bout de son existence. Quant à la multiplication potentielle des euthanasies, je ne vois pas quel intérêt les médecins pourraient avoir à la pratiquer ; certainement pas un intérêt financier, en tout cas ! C’est un geste qui reste extrêmement difficile pour le médecin. Personne ne le fait à la légère.

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