J'ai écris à propos de Jean 19:17 car le texte est imparable concernant le problème de la croix.
Voici ce que je lui ai écris :
J'ai toujours été choqué par la façon dont les traducteurs s'obstinent à rendre Jean 19:17.
En effet, au delà du débat sur la bonne façon de traduire le grec "stauros", qui normalement à l'époque où furent rédigés les évangile ne signifiait rien de plus qu'une pièce de bois de la forme d'un pieu ou d'une poutre, se pose une autre question toute autant scientifique.
Plusieurs spécialistes se sont intéressés à la façon dont Jésus s'est rendu du lieu de son jugement au fameux "lieu du crâne".
Après plusieurs expériences ils sont arrivés à la conclusion que, préalablement flagellé, étant surement de stature ordinaire et humble compte tenu de son cadre de vie (simple, sans logis personnel, ne comptant que sur les gens qui le recevaient et la caisse des apôtres pour se nourrir, pratiquant le jeûne), il aurait été incapable de porter une croix entière.
[Je ne tient pas compte de notre avis que Jésus avait un corps parfait car pour la critique ça n'a pas de base scientifique - bien sûr n'apparait pas dans mon message à Théron]
Des articles ont parus dans le National Geografic et d'autres encore sur le sujet.
Jésus n'a pu porter qu'un patibulum, mot latin correspondant mieux au sens originel du grec stauros, puisqu'il signifie une pièce de bois, notamment celle qu'on employait pour étendre les esclaves avant de les battre de verges ou une barre de bois utilisée pour fermer des portes ou encore des tuteurs de sarments de vigne (voir dictionnaire latin-français de Félix Gaffiot, éditions Hachette - je l'ai chez moi).
Alors pourquoi nos traducteurs préfèrent-ils "Et, portant lui-même la croix" alors que tout aujourd'hui indique qu'il faudrait traduire par "Et, portant lui-même le poteau" ou "Et, portant lui-même la potence" ?
Ne privilégient-ils pas la théologie avant la philologie et les découvertes scientifiques récentes ?
Voici maintenant le message originel de théron avant ma réponse, des idées plutôt farfelus pour un lettré :
On peut hésiter sur le sens de certains passages quand on traduit, mais pas sur tous. Par exemple, en Jean, Jésus est subordonné au Père quand il dit : "Le Père est plus grand que moi." (Jn 14/28) Cela conforte bien l'unitarisme. - Mais lors de son arrestation (Jn 18/5), quand il dit JE SUIS à ceux qui viennent le chercher, si tous les assistants tombent à terre, c'est qu'ils viennent d'entendre le nom de Dieu. C'est donc d'une théophanie qu'il s'agit. Et si on traduit le egô eimi simplement par "Je le suis" (i.e. : celui que vous cherchez), on ne comprend pas la réaction des assistants. En fait, l'expression a les deux sens, mais on ne peut éluder le sens fort qu'elle peut avoir, vu le contexte qui suit immédiatement. Bref, Jésus est ici bel et bien au minimum en voie de divinisation, et une traduction même "unitarienne" de ce passage ne peut en écarter l'idée.
En réalité il y a plusieurs visages de Jésus, et cela même dans les textes canoniques (ne parlons pas de ceux qu'on a un peu trop vite à mon avis appelés "apocryphes" ou "tardifs", car certains sont, ou de fait ou par l'esprit, antérieurs à la rédaction de ces derniers).
A chacun donc de choisir celui qu'il préfère, selon son tropisme personnel. Il faut respecter bien sûr tous les choix. Mais en tout cas tous ces visages ne me semblent pas du tout unifiables entre eux :
http://www.michel-theron.fr/article-le-christ-polymorphe-57609171.html
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