Voici un commentaire que j'ai rédigé suite à la question posé par une personne sur la bonne prononciation du Nom de Dieu et sa place dans la Bible.
Fabien
...
Prenons les choses depuis le début.
Il est impossible de savoir comment le nom de Dieu était prononcé à l'origine - ça c'est clair - tout comme les autres noms des personnages bibliques.
Pour savoir s'il est plus important de dire Jéhovah ou Yahvé il faut se poser 2 questions : 1) "Que signifie YHWH à la lumière d'Exode 3:14 ?" et 2) "est-il vraiment important de savoir comment on le prononçait à l'origine ?".
Je m'occuperais de l'autre question fondamentale "doit-on le prononcer ?" plus loin.
Tout d'abord : "est-il vraiment important de savoir comment on le prononçait à l'origine ?"
Ma réponse est : non ! Pourquoi ?
Tout simplement parce que, comme nous le savons, nous n'avons qu'une faible connaissance de l'hébreu de l'époque de Moïse.
Ainsi même les noms tels qu'ils apparaissent dans le texte masorétique ne sont pas forcément conforme à l'hébreu original.
Le latin de St Jérôme nous a donné le noms en français que nous connaissons bien et ceux-ci nous conviennent.
Ainsi nous prononçons sans problème Moïse, Josué, tout comme en grec nous disons Jean ou Jésus bien que ces formes soient très éloignées des langues originales mais cela ne nous pose aucun problème.
Il est évident que Dieu qui a lui-même créé les langues ne voit aucun problème à ce que chacun prononce son nom dans celle qui lui est propre (d'autant que d'après Paul il y aurait une "langue des anges" donc fort probable que là-haut on prononce le nom encore autrement que dans l'hébreu original).
Maintenant : "Que signifie YHWH à la lumière d'Exode 3:14 ?"
La plupart des traducteurs jusqu'à une époque récente s'étaient calqués sur le modèle de la LXX, modèle que suivra St Jérôme.
Ainsi ils ont traduit l'hébreu "Ehyeh asher ehyeh" par "Je suis l'étant" en grec, "Je suis celui qui est (ou "suis")" en latin.
Mais un examen scientifique des mots prouve que l'hébreu doit être plutôt traduit par "Je serai ce que Je serai".
En lisant mon article "Exode 3:14 - Le temps d'un nom" vous trouverez toutes les références : http://alephetomega.blogspot.com/2010/0 ... n-nom.html
Le temps change radicalement le sens du nom divin et indique comment mieux le prononcer.
Si l'on choisi le présent "Je suis" alors on dira Yahvé qui signifie "il est".
Si l'on choisi le présent inaccompli "Je serai" alors on préférera Yéh(o)wah qui correspond à "il va être" et qui colle mieux avec "Je serai".
N'oublions pas que, jusqu'aux environ de 1910, on utilisait Jéhovah et qu'après que la critique ait proposé Yahvé, c'est ce nom là qui s'est imposé.
Cependant Yahvé s'est imposé sur la base de la traduction de "Ehyeh asher ehyeh" par "Je suis celui qui est".
Aujourd'hui presque tous les traducteurs s'accordent pour dire qu'il faut plutôt entendre "Je serai" et que le choix des traducteurs de la LXX était plutôt d'ordre philosophique, une interprétation basée sur l'idée que Platon se faisait de Dieu.
Les Témoins de Jéhovah ont préférés conserver Jéhovah pour des raisons pratiques et historiques.
1) Il correspond à la prononciation en usage depuis des siècle, 2) il est présent sous cette forme dans le texte massorétique, 3) C'était en 1931 toujours la forme Jéhovah qui était en usage dans les milieux protestant des pays anglophones et c'est toujours le cas (moins dans les milieux catholiques).
Aujourd'hui on peut, en plus des raisons pratiques et historiques, ajouter une raison scientifique.
Reste cette question "doit-on le prononcer ?"
C'est surement la question la plus importante qui elle-même en soulève d'autres : 1) "a-t-on le droit de le prononcer ?", 2) "les premiers chrétiens l'ont-ils prononcés ?" et 3) "peut-on le (re)placer dans le Nouveau Testament ?".
"A-t-on le droit de le prononcer ?"
Pour ma part je pense qu'il est tout à fait légitime d'employer le nom de Dieu et le prononcer à voix haute.
Premièrement parce que Dieu l'a révélé pour qu'il soit connu et employé.
La place qu'il occupe dans la Bible, on rencontre 6828 fois le tétragramme YHWH dans l'Ancien Testament, prouve que Dieu souhaite qu'on en fasse usage et qu'il le met lui-même à la première place.
On trouve par exemple des expressions comme : "Voici que moi j’ai juré par mon grand nom, a dit Jéhovah" (Jérémie 44:26).
Ce nom était connu des premiers hommes car on lit en Genèse 21:33 qu'Abraham "planta un tamaris à Béer-Shéba et y invoqua le nom de Jéhovah".
Par contre il ne lui révéla pas la signification de son nom : "Je suis Jéhovah. J’apparaissais à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu Tout-Puissant, mais en ce qui concerne mon nom de Jéhovah, je ne me suis pas fait connaître d’eux." (Exode 6:2)
C'est à Moïse qu'il le fit comme on le voit en Exode 3:14 où il se présente que s'appelant Jéhovah mais en en indiquant le signification "Je serai".
Tout semble prouver que c'est entre le 2ème siècle avant notre ère et surtout le premier siècle de notre ère que les Juifs prirent l'habitude de ne plus prononcer le nom de Dieu par crainte de commettre un péché, une règle qui apparue avec la naissance du judaïsme rabbinique lequel enseigna une tradition orale en plus de la Loi écrite.
C'est une interprétation d'Exode 20:7 qui déclare "Tu ne dois pas prendre le nom de Jéhovah ton Dieu de manière indigne".
Ainsi la prononciation originale du nom se perdit rapidement avec l'évolution des langues, d'autant que les Juifs parlaient plus volontiers l'araméen que l'hébreu biblique.
"les premiers chrétiens l'ont-ils prononcés ?"
Impossible de répondre avec certitude à cette question.
La seule chose dont nous pouvons être sûr c'est qu'ils le connaissaient puisque les premiers chrétiens étaient des Juifs et que les hommes en lisant les Livres Sacrés à la synagogue y rencontraient le nom divin.
D'ailleurs lorsque Jésus a lu le prophète Isaïe (61:1, 2) en Luc 4:16-19 il rencontra le nom divin.
L'a-t-il prononcé ou a-t-il simplement utilisé 'Adhonay ?
Difficile de répondre car le NT nous est parvenu en grec et celui-ci dit "Kurios" c'est à dire "Seigneur".
Soit on part du principe qu'il s'est soumis aux pratiques de son temps et a lu Seigneur, soit on se dit qu'il refusait les traditions imposées par les Pharisiens comme on le lit en Matthieu 15:6 "ainsi vous avez annulé la parole de Dieu à cause de votre tradition", et qu'il a surement prononcé le nom.
Cette deuxième option pourrait s'accorder avec Jean 17:6 où Jésus dit "J’ai manifesté ton nom aux hommes", le terme "manifester" en usage dans plusieurs traductions étant encore plus fort que "faire connaitre".
Mais il est aussi possible que Jésus et ses disciples aient fait un usage raisonnable du nom de Dieu afin de ne pas s'attirer les foudres des chefs du judaïsme.
Cela pourrait expliquer pourquoi le nom est absent du NT.
Le NT nous a été transmit en grec mais l'évangile de Matthieu fait exception à la règle car nous savons qu'il ne s'agit que d'une traduction d'un original hébraïque ou araméen.
En effet St Jérôme affirme que cet évangile "hébreu" était encore présent de son temps "dans la bibliothèque de Césarée du martyr Pamphilus", que "les Nazaréens de Berœa, ville de Syrie, se servaient encore du texte hébreu", et qu'il avait "eu par eux la facilité de le transcrire".
Matthieu cite une centaine de fois l'AT et il parait évident qu'il a recopié le texte hébreu tel que le lisait, même dans ses parties où le tétragramme figurait, notamment en 22:44 où il cite le Psaume 110:1 "Voici ce que Jéhovah déclare à mon Seigneur" et en 23:39 où il cite le Psaume 118:26 "Béni soit Celui qui vient au nom de Jéhovah".
Cela nous amène à une autre question : "peut-on le (re)placer dans le Nouveau Testament ?"
Et là, cela dépend du choix du traducteur.
Ou bien on se limite à traduire le NT tel qu'il nous a été transmis en grec, et là on ne trouvera que le mot "Seigneur" ou bien on décide de tenir compte de toutes les sources, notamment les citations de l'AT où le tétragramme figure, et les traductions hébraïques du NT datant pour les plus anciennes du 16ème siècle (c'est le choix des TdeJ).
Notons quand-même que le nom se trouve en grec dans l'expression "alléluia" (de l'hébreu "Hallelou-Yah", louez Yah) en Apocalypse 19:1, 3, 4 et 6.
Pour résumer je dirais :
Que la prononciation exacte du nom de Dieu ne peut être connue et qu'elle n'a aucune importance.
Qu'il est cependant important d'employer le nom.
Qu'on ne peut savoir avec certitude si Jésus et ses disciples l'ont employés mais qu'il est permis de le penser.
Qu'il était probablement présent dans la version originale de l'évangile de Matthieu.
Qu'on a le droit de le replacer dans le NT ou de se limiter à "Seigneur" selon le grec.
Épilogue :
Je pense pour ma part que l'abandon du nom de Dieu au profit de celui de Jésus est lié à l'insistance des chrétiens de la seconde génération (d'Ignace à Irénée) sur la divinité du Christ.
Cependant Irénée dans son "Contre les hérésies" vers 180 prouve qu'il connaissait le nom de Dieu lorsqu'il déclare au livre 2 que "dans l'hébreu primitif « Seigneur » se dit IAH".
Par contre il n'aime pas IAO, forme grecque dont on a retrouvé la trace dans un manuscrit de la LXX tiré de la Grotte 4 de Qoumrân, surement parce que les gnostiques en faisaient un mauvais usage (voir au livre 1).
Mais bon, tout indique que plus on a avancé dans le temps plus Jésus était mis en avant et tendait à remplacer son Père dans la divinité.
L'évangile de Jean a été écrite dans le contexte du rejet par des judéo-chrétiens de l'origine céleste de Jésus, pour eux il était, soit un homme ordinaire, soit le Fils de Dieu mais par adoption.
Mais la divinité du Christ a été surexploitée et a aboutie à la doctrine de la Trinité en moins de 2 siècles.
Ajoutons à tout cela qu'avec le temps on a remplacé le tétragramme dans les copies de la LXX par Kurios tout simplement parce que les copistes ne savaient pas ou plus lire ce tétragramme que la multiplication des exemplaires avait transformé en un mot illisible "ΠΙΠΙ" (PIPI) selon ce qu'affirme St Jérôme dans un lettre datant de 384.
A partir de là, plus de nom divin pour le Dieu d'Israël, il est remplacé par Jésus et la Sainte Trinité...
Fabien
...
Prenons les choses depuis le début.
Il est impossible de savoir comment le nom de Dieu était prononcé à l'origine - ça c'est clair - tout comme les autres noms des personnages bibliques.
Pour savoir s'il est plus important de dire Jéhovah ou Yahvé il faut se poser 2 questions : 1) "Que signifie YHWH à la lumière d'Exode 3:14 ?" et 2) "est-il vraiment important de savoir comment on le prononçait à l'origine ?".
Je m'occuperais de l'autre question fondamentale "doit-on le prononcer ?" plus loin.
Tout d'abord : "est-il vraiment important de savoir comment on le prononçait à l'origine ?"
Ma réponse est : non ! Pourquoi ?
Tout simplement parce que, comme nous le savons, nous n'avons qu'une faible connaissance de l'hébreu de l'époque de Moïse.
Ainsi même les noms tels qu'ils apparaissent dans le texte masorétique ne sont pas forcément conforme à l'hébreu original.
Le latin de St Jérôme nous a donné le noms en français que nous connaissons bien et ceux-ci nous conviennent.
Ainsi nous prononçons sans problème Moïse, Josué, tout comme en grec nous disons Jean ou Jésus bien que ces formes soient très éloignées des langues originales mais cela ne nous pose aucun problème.
Il est évident que Dieu qui a lui-même créé les langues ne voit aucun problème à ce que chacun prononce son nom dans celle qui lui est propre (d'autant que d'après Paul il y aurait une "langue des anges" donc fort probable que là-haut on prononce le nom encore autrement que dans l'hébreu original).
Maintenant : "Que signifie YHWH à la lumière d'Exode 3:14 ?"
La plupart des traducteurs jusqu'à une époque récente s'étaient calqués sur le modèle de la LXX, modèle que suivra St Jérôme.
Ainsi ils ont traduit l'hébreu "Ehyeh asher ehyeh" par "Je suis l'étant" en grec, "Je suis celui qui est (ou "suis")" en latin.
Mais un examen scientifique des mots prouve que l'hébreu doit être plutôt traduit par "Je serai ce que Je serai".
En lisant mon article "Exode 3:14 - Le temps d'un nom" vous trouverez toutes les références : http://alephetomega.blogspot.com/2010/0 ... n-nom.html
Le temps change radicalement le sens du nom divin et indique comment mieux le prononcer.
Si l'on choisi le présent "Je suis" alors on dira Yahvé qui signifie "il est".
Si l'on choisi le présent inaccompli "Je serai" alors on préférera Yéh(o)wah qui correspond à "il va être" et qui colle mieux avec "Je serai".
N'oublions pas que, jusqu'aux environ de 1910, on utilisait Jéhovah et qu'après que la critique ait proposé Yahvé, c'est ce nom là qui s'est imposé.
Cependant Yahvé s'est imposé sur la base de la traduction de "Ehyeh asher ehyeh" par "Je suis celui qui est".
Aujourd'hui presque tous les traducteurs s'accordent pour dire qu'il faut plutôt entendre "Je serai" et que le choix des traducteurs de la LXX était plutôt d'ordre philosophique, une interprétation basée sur l'idée que Platon se faisait de Dieu.
Les Témoins de Jéhovah ont préférés conserver Jéhovah pour des raisons pratiques et historiques.
1) Il correspond à la prononciation en usage depuis des siècle, 2) il est présent sous cette forme dans le texte massorétique, 3) C'était en 1931 toujours la forme Jéhovah qui était en usage dans les milieux protestant des pays anglophones et c'est toujours le cas (moins dans les milieux catholiques).
Aujourd'hui on peut, en plus des raisons pratiques et historiques, ajouter une raison scientifique.
Reste cette question "doit-on le prononcer ?"
C'est surement la question la plus importante qui elle-même en soulève d'autres : 1) "a-t-on le droit de le prononcer ?", 2) "les premiers chrétiens l'ont-ils prononcés ?" et 3) "peut-on le (re)placer dans le Nouveau Testament ?".
"A-t-on le droit de le prononcer ?"
Pour ma part je pense qu'il est tout à fait légitime d'employer le nom de Dieu et le prononcer à voix haute.
Premièrement parce que Dieu l'a révélé pour qu'il soit connu et employé.
La place qu'il occupe dans la Bible, on rencontre 6828 fois le tétragramme YHWH dans l'Ancien Testament, prouve que Dieu souhaite qu'on en fasse usage et qu'il le met lui-même à la première place.
On trouve par exemple des expressions comme : "Voici que moi j’ai juré par mon grand nom, a dit Jéhovah" (Jérémie 44:26).
Ce nom était connu des premiers hommes car on lit en Genèse 21:33 qu'Abraham "planta un tamaris à Béer-Shéba et y invoqua le nom de Jéhovah".
Par contre il ne lui révéla pas la signification de son nom : "Je suis Jéhovah. J’apparaissais à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu Tout-Puissant, mais en ce qui concerne mon nom de Jéhovah, je ne me suis pas fait connaître d’eux." (Exode 6:2)
C'est à Moïse qu'il le fit comme on le voit en Exode 3:14 où il se présente que s'appelant Jéhovah mais en en indiquant le signification "Je serai".
Tout semble prouver que c'est entre le 2ème siècle avant notre ère et surtout le premier siècle de notre ère que les Juifs prirent l'habitude de ne plus prononcer le nom de Dieu par crainte de commettre un péché, une règle qui apparue avec la naissance du judaïsme rabbinique lequel enseigna une tradition orale en plus de la Loi écrite.
C'est une interprétation d'Exode 20:7 qui déclare "Tu ne dois pas prendre le nom de Jéhovah ton Dieu de manière indigne".
Ainsi la prononciation originale du nom se perdit rapidement avec l'évolution des langues, d'autant que les Juifs parlaient plus volontiers l'araméen que l'hébreu biblique.
"les premiers chrétiens l'ont-ils prononcés ?"
Impossible de répondre avec certitude à cette question.
La seule chose dont nous pouvons être sûr c'est qu'ils le connaissaient puisque les premiers chrétiens étaient des Juifs et que les hommes en lisant les Livres Sacrés à la synagogue y rencontraient le nom divin.
D'ailleurs lorsque Jésus a lu le prophète Isaïe (61:1, 2) en Luc 4:16-19 il rencontra le nom divin.
L'a-t-il prononcé ou a-t-il simplement utilisé 'Adhonay ?
Difficile de répondre car le NT nous est parvenu en grec et celui-ci dit "Kurios" c'est à dire "Seigneur".
Soit on part du principe qu'il s'est soumis aux pratiques de son temps et a lu Seigneur, soit on se dit qu'il refusait les traditions imposées par les Pharisiens comme on le lit en Matthieu 15:6 "ainsi vous avez annulé la parole de Dieu à cause de votre tradition", et qu'il a surement prononcé le nom.
Cette deuxième option pourrait s'accorder avec Jean 17:6 où Jésus dit "J’ai manifesté ton nom aux hommes", le terme "manifester" en usage dans plusieurs traductions étant encore plus fort que "faire connaitre".
Mais il est aussi possible que Jésus et ses disciples aient fait un usage raisonnable du nom de Dieu afin de ne pas s'attirer les foudres des chefs du judaïsme.
Cela pourrait expliquer pourquoi le nom est absent du NT.
Le NT nous a été transmit en grec mais l'évangile de Matthieu fait exception à la règle car nous savons qu'il ne s'agit que d'une traduction d'un original hébraïque ou araméen.
En effet St Jérôme affirme que cet évangile "hébreu" était encore présent de son temps "dans la bibliothèque de Césarée du martyr Pamphilus", que "les Nazaréens de Berœa, ville de Syrie, se servaient encore du texte hébreu", et qu'il avait "eu par eux la facilité de le transcrire".
Matthieu cite une centaine de fois l'AT et il parait évident qu'il a recopié le texte hébreu tel que le lisait, même dans ses parties où le tétragramme figurait, notamment en 22:44 où il cite le Psaume 110:1 "Voici ce que Jéhovah déclare à mon Seigneur" et en 23:39 où il cite le Psaume 118:26 "Béni soit Celui qui vient au nom de Jéhovah".
Cela nous amène à une autre question : "peut-on le (re)placer dans le Nouveau Testament ?"
Et là, cela dépend du choix du traducteur.
Ou bien on se limite à traduire le NT tel qu'il nous a été transmis en grec, et là on ne trouvera que le mot "Seigneur" ou bien on décide de tenir compte de toutes les sources, notamment les citations de l'AT où le tétragramme figure, et les traductions hébraïques du NT datant pour les plus anciennes du 16ème siècle (c'est le choix des TdeJ).
Notons quand-même que le nom se trouve en grec dans l'expression "alléluia" (de l'hébreu "Hallelou-Yah", louez Yah) en Apocalypse 19:1, 3, 4 et 6.
Pour résumer je dirais :
Que la prononciation exacte du nom de Dieu ne peut être connue et qu'elle n'a aucune importance.
Qu'il est cependant important d'employer le nom.
Qu'on ne peut savoir avec certitude si Jésus et ses disciples l'ont employés mais qu'il est permis de le penser.
Qu'il était probablement présent dans la version originale de l'évangile de Matthieu.
Qu'on a le droit de le replacer dans le NT ou de se limiter à "Seigneur" selon le grec.
Épilogue :
Je pense pour ma part que l'abandon du nom de Dieu au profit de celui de Jésus est lié à l'insistance des chrétiens de la seconde génération (d'Ignace à Irénée) sur la divinité du Christ.
Cependant Irénée dans son "Contre les hérésies" vers 180 prouve qu'il connaissait le nom de Dieu lorsqu'il déclare au livre 2 que "dans l'hébreu primitif « Seigneur » se dit IAH".
Par contre il n'aime pas IAO, forme grecque dont on a retrouvé la trace dans un manuscrit de la LXX tiré de la Grotte 4 de Qoumrân, surement parce que les gnostiques en faisaient un mauvais usage (voir au livre 1).
Mais bon, tout indique que plus on a avancé dans le temps plus Jésus était mis en avant et tendait à remplacer son Père dans la divinité.
L'évangile de Jean a été écrite dans le contexte du rejet par des judéo-chrétiens de l'origine céleste de Jésus, pour eux il était, soit un homme ordinaire, soit le Fils de Dieu mais par adoption.
Mais la divinité du Christ a été surexploitée et a aboutie à la doctrine de la Trinité en moins de 2 siècles.
Ajoutons à tout cela qu'avec le temps on a remplacé le tétragramme dans les copies de la LXX par Kurios tout simplement parce que les copistes ne savaient pas ou plus lire ce tétragramme que la multiplication des exemplaires avait transformé en un mot illisible "ΠΙΠΙ" (PIPI) selon ce qu'affirme St Jérôme dans un lettre datant de 384.
A partir de là, plus de nom divin pour le Dieu d'Israël, il est remplacé par Jésus et la Sainte Trinité...