Voici la note d'Antoine Fabre d'Olivet sur Genèse 2:4 dans son livre « La langue hébraïque restituée », seconde partie (Paris, 1815 ; L'Âge d'homme, 1999 pour la réédition).
Le livre offre une traduction des 10 premiers chapitres de la Genèse qu'il nomme "Cosmogonie de Moïse".
Fabre d'Olivet est un personnage controversé car c'était un franc-maçon très mystique mais ses remarques sont intéressantes et sa traduction très originale.
On peut lire le livre ici : http://books.google.fr/books?id=v28VlxWCLdEC&printsec=frontcover&dq=la+langue+h%C3%A9braique+restitu%C3%A9e&hl=fr&ei=iHRKTc2jE8-UOvPYxDc&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CEMQ6AEwAg#v=onepage&q&f=false
Ou ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k647859.pdf
Les notes signées ndlr sont de ma main. Fabien
IHÔAH. C'est le nom propre que Moyse donne a Dieu. Il parait ici pour la première fois, et seulement lorsque l'Être des êtres, ayant accompli l'acte souverain dont il avait conçu la pensée, se rétablit lui-même dans son immuable séïté. Ce nom n'est jamais prononcé par les Juifs modernes dans leurs synagogues ; la plupart y attachent de grand mystères, et surtout ceux des rabbins que nous nommons kabbalistes, a cause du mot hébraïque « QaBaL », la transmission. ils entendent, par ce mot, la loi orale laissée par Moyse, et prétendent en être les dépositaires : ce qui n'est vrai que pour la plus petite partie d'entr'eux. Je dirai tout-a-l'heure pourquoi les uns et les autres, qui lisent toujours les livres hébraïques sans points, refusent de prononcer ce nom.
Essayons de l'analyser, et voyons avec quel art infiniment merveilleux il a été compose par Moyse, ou par les antiques sages qui le lui avaient communiqué.
Ce nom offre d'abord le signe indicateur de la vie, doublé, et formant la racine essentiellement vivante « HéHé » Cette racine n'est jamais employée comme nom ; et c'est la seule qui jouisse de cette prérogative. Elle est, dès sa formation, non seulement un verbe, mais un verbe unique dont tous les autres ne sont que des dérivés : en un mot, le verbe HaWaH, être-étant. Ici, comme on le voit, et comme j'ai eu soin de l'expliquer dans ma grammaire, le signe de la lumière intelligible « W », est au milieu de la racine de vie. Moyse, prenant ce verbe par excellence pour en former le nom propre de l'Être des êtres, y ajoute le signe de la manifestation potentielle et de l'éternité, et il obtient « YHWH », IHÔAH, dans lequel le facultatif étant, se trouve placé entre un passé sans origine, et un futur sans terme. Ce nom admirable signifie donc exactement, l'Être-qui-est-qui-fut-et-qui-serai.
Quelquefois on trouve ce nom écrit : « 'HWH », AEHÔA : et, dans ce cas, le signe de la puissance est substitue à celui de la durée. Il devient d'autant plus mystérieux que la première personne du futur remplaçant la troisième, il semble n'appartenir qu'à l'être qui le porte de le proférer.
Il signifie alors: Moi-l'Être-qui-suis-qui-fus-et-qui-serai.
La version samaritaine n'altère aucunement ce nom divin qu'elle rend par « YHBH ». Le targum chaldaïque le rend par « YYY » les trois Éternités, ou l'Éternité des éternités. Le syriaque porte « MaRYa' », et le grec « KURIOS », qui veulent dire également le Seigneur, ou plutôt, en interrogeant l'étymologie, l'Éclatant et le Lumineux.
Maintenant, abordons la question délicate de savoir pourquoi les Juifs de synagogues et les Rabbins kabbalistes, ou s'abstiennent de le prononcer, ou font un mystère de sa prononciation.
Si l'on veut se rappeler ce que j'ai dit dans ma grammaire touchant le durcissement des voyelles, et leur transformation en consonnes, (Ch. II. § 2), on ne sera point éloigné de ridée que j'ai laissé entrevoir touchant le ravage que cette révolution avait apporté dans la signification primitive des mots. Or, de tous les sons vocaux les plus importants, ceux dont le sens est le plus spirituel, « W » et « Y », sont aussi ceux de tous, qui subissent plus facilement cette révolution, et sur lesquels elle opère les changements les plus grands. Ces changements sont tels, que ces signes spirituels s'étant matérialisés dans le nom donné à DIEU par Moyse, ce nom, si l'on suit la ponctuation chaldaïque « YéHoWaH » et qu'on le prononce Iehovah, comme en effet le peuple ignorant le prononçait, loin d'exprimer les perfections divines que j'ai rapportées, il ne signifie plus qu'une calamité, une existence malheureuse, dont on ne connaît ni l'origine ni le terme car tel est le sens du mot « HaWaH », matérialisé, comme on peut s'en convaincre en ouvrant le premier lexique hébreu (Je pense que Fabre d'Olivet parle ici du verbe « être » en son sens premier, l'existence tel que doit la vivre l'humanité « malheureuse » au quotidien, une « calamité » pour une large majorité des hommes. Quand ils prononçaient le nom divin sans en saisir la nature, il perdait sa majesté pour retomber dans le sens premier du verbe dont il est tiré - ndlr).
Voilà la raison connue ou inconnue, pour laquelle il n'est plus permis au peuple juif de proférer ce nom, dont il a laissé le sens s'égarer jusque là voila aussi pourquoi on n'admet dans les synagogues que des écritures sans points attendu que la prononciation qui résulte de ces points altère quelquefois la signification originelle des mots jusqu'à les rendre méconnaissables.
Comme mon intention n'est point de profaner les secrets d'aucune secte, je désire que ceux que j'ai laissé entrevoir jusqu'ici ou que je serai conduit à révéler par la suite, ne choquent personne. Si, contre mon attente, il se trouvait néanmoins des sectaires qui fussent offensés de la publicité que je donne a certains mystères, je dois leur répéter ce que j'ai déjà insinué, et leur faire entendre une fois pour toutes que ne les ayant reçus d'aucun homme ni d'aucune société, et ne les devant qu'à mes seules études, je puis les publier sans trahir aucune espèce de serments (Fabre fait référence ici à son appartenance à la Franc-maçonnerie qui fut l'une des premières sociétés à populariser le nom de Dieu. - ndlr).
Le livre offre une traduction des 10 premiers chapitres de la Genèse qu'il nomme "Cosmogonie de Moïse".
Fabre d'Olivet est un personnage controversé car c'était un franc-maçon très mystique mais ses remarques sont intéressantes et sa traduction très originale.
On peut lire le livre ici : http://books.google.fr/books?id=v28VlxWCLdEC&printsec=frontcover&dq=la+langue+h%C3%A9braique+restitu%C3%A9e&hl=fr&ei=iHRKTc2jE8-UOvPYxDc&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CEMQ6AEwAg#v=onepage&q&f=false
Ou ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k647859.pdf
Les notes signées ndlr sont de ma main. Fabien
IHÔAH. C'est le nom propre que Moyse donne a Dieu. Il parait ici pour la première fois, et seulement lorsque l'Être des êtres, ayant accompli l'acte souverain dont il avait conçu la pensée, se rétablit lui-même dans son immuable séïté. Ce nom n'est jamais prononcé par les Juifs modernes dans leurs synagogues ; la plupart y attachent de grand mystères, et surtout ceux des rabbins que nous nommons kabbalistes, a cause du mot hébraïque « QaBaL », la transmission. ils entendent, par ce mot, la loi orale laissée par Moyse, et prétendent en être les dépositaires : ce qui n'est vrai que pour la plus petite partie d'entr'eux. Je dirai tout-a-l'heure pourquoi les uns et les autres, qui lisent toujours les livres hébraïques sans points, refusent de prononcer ce nom.
Essayons de l'analyser, et voyons avec quel art infiniment merveilleux il a été compose par Moyse, ou par les antiques sages qui le lui avaient communiqué.
Ce nom offre d'abord le signe indicateur de la vie, doublé, et formant la racine essentiellement vivante « HéHé » Cette racine n'est jamais employée comme nom ; et c'est la seule qui jouisse de cette prérogative. Elle est, dès sa formation, non seulement un verbe, mais un verbe unique dont tous les autres ne sont que des dérivés : en un mot, le verbe HaWaH, être-étant. Ici, comme on le voit, et comme j'ai eu soin de l'expliquer dans ma grammaire, le signe de la lumière intelligible « W », est au milieu de la racine de vie. Moyse, prenant ce verbe par excellence pour en former le nom propre de l'Être des êtres, y ajoute le signe de la manifestation potentielle et de l'éternité, et il obtient « YHWH », IHÔAH, dans lequel le facultatif étant, se trouve placé entre un passé sans origine, et un futur sans terme. Ce nom admirable signifie donc exactement, l'Être-qui-est-qui-fut-et-qui-serai.
Quelquefois on trouve ce nom écrit : « 'HWH », AEHÔA : et, dans ce cas, le signe de la puissance est substitue à celui de la durée. Il devient d'autant plus mystérieux que la première personne du futur remplaçant la troisième, il semble n'appartenir qu'à l'être qui le porte de le proférer.
Il signifie alors: Moi-l'Être-qui-suis-qui-fus-et-qui-serai.
La version samaritaine n'altère aucunement ce nom divin qu'elle rend par « YHBH ». Le targum chaldaïque le rend par « YYY » les trois Éternités, ou l'Éternité des éternités. Le syriaque porte « MaRYa' », et le grec « KURIOS », qui veulent dire également le Seigneur, ou plutôt, en interrogeant l'étymologie, l'Éclatant et le Lumineux.
Maintenant, abordons la question délicate de savoir pourquoi les Juifs de synagogues et les Rabbins kabbalistes, ou s'abstiennent de le prononcer, ou font un mystère de sa prononciation.
Si l'on veut se rappeler ce que j'ai dit dans ma grammaire touchant le durcissement des voyelles, et leur transformation en consonnes, (Ch. II. § 2), on ne sera point éloigné de ridée que j'ai laissé entrevoir touchant le ravage que cette révolution avait apporté dans la signification primitive des mots. Or, de tous les sons vocaux les plus importants, ceux dont le sens est le plus spirituel, « W » et « Y », sont aussi ceux de tous, qui subissent plus facilement cette révolution, et sur lesquels elle opère les changements les plus grands. Ces changements sont tels, que ces signes spirituels s'étant matérialisés dans le nom donné à DIEU par Moyse, ce nom, si l'on suit la ponctuation chaldaïque « YéHoWaH » et qu'on le prononce Iehovah, comme en effet le peuple ignorant le prononçait, loin d'exprimer les perfections divines que j'ai rapportées, il ne signifie plus qu'une calamité, une existence malheureuse, dont on ne connaît ni l'origine ni le terme car tel est le sens du mot « HaWaH », matérialisé, comme on peut s'en convaincre en ouvrant le premier lexique hébreu (Je pense que Fabre d'Olivet parle ici du verbe « être » en son sens premier, l'existence tel que doit la vivre l'humanité « malheureuse » au quotidien, une « calamité » pour une large majorité des hommes. Quand ils prononçaient le nom divin sans en saisir la nature, il perdait sa majesté pour retomber dans le sens premier du verbe dont il est tiré - ndlr).
Voilà la raison connue ou inconnue, pour laquelle il n'est plus permis au peuple juif de proférer ce nom, dont il a laissé le sens s'égarer jusque là voila aussi pourquoi on n'admet dans les synagogues que des écritures sans points attendu que la prononciation qui résulte de ces points altère quelquefois la signification originelle des mots jusqu'à les rendre méconnaissables.
Comme mon intention n'est point de profaner les secrets d'aucune secte, je désire que ceux que j'ai laissé entrevoir jusqu'ici ou que je serai conduit à révéler par la suite, ne choquent personne. Si, contre mon attente, il se trouvait néanmoins des sectaires qui fussent offensés de la publicité que je donne a certains mystères, je dois leur répéter ce que j'ai déjà insinué, et leur faire entendre une fois pour toutes que ne les ayant reçus d'aucun homme ni d'aucune société, et ne les devant qu'à mes seules études, je puis les publier sans trahir aucune espèce de serments (Fabre fait référence ici à son appartenance à la Franc-maçonnerie qui fut l'une des premières sociétés à populariser le nom de Dieu. - ndlr).