Mutée à cause d'un calendrier chrétien
HENRIK LINDELL
CRÉÉ LE 17/09/2013 / MODIFIÉ LE 17/09/2013 À 19H03
Responsable des agents d'entretien à Conflans-Sainte-Honorine (78), Nadine Lalanne a été mise au placard et mutée pour "non respect de la laïcité". Sa faute : elle a distribué à quelques collègues un calendrier avec le logo de son Eglise et un verset biblique.
On ne rigole vraiment pas avec la laïcité à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine. C'est une des leçons apprises par Nadine Lalanne à ses dépens. Cette fonctionnaire responsable de 72 agents à la mairie vient d'être destituée de son poste par le maire (PS) Philippe Esnol pour « non respect de la laïcité ». Une décision qui aurait été confirmée le 14 septembre par une commission administrative paritaire, selon un article paru dans La Croix. Selon son employeur, Nadine Lalanne aurait fait du « prosélytisme religieux » - rien de moins - sur son lieu de travail. En effet, lors des fêtes de fin d'année en 2011 et 2012, elle a offert à plusieurs collègues qu'elle connaissait et à la maire adjointe un calendrier où l'on trouvait « des citations bibliques » et « une incitation à se rendre à une église ». Selon nos informations, le verset « prosélyte » en question serait tiré des Proverbes 17.17 : « Un ami aime en tout temps, et quand survient l'adversité, il se révèle un frère. » Quant à l'incitation à se rendre à une Eglise, il s'agit simplement du logo de l'Association familiale protestante Maranatha et de celui de l'Eglise baptiste Maranatha de Conflans-Achères, dont Nadine Lalanne est membre.
« L'accusation n'est pas compréhensible. Est-on prosélyte maintenant parce qu'on fait passer un banal calendrier à quelques collègues ? Mais Nadine est très appréciée par ses collègues, qui, en plus, la défendent. Elle est bien notée et personne n'a protesté quand elle a donné un calendrier pour les fêtes de fin d'année », nous dit Françoise Caron, présidente de l'Association familiale sur Achères, qui s'engage pour la fonctionnaire.
L'affaire a véritablement commencé en juin dernier. Un agent en CDD s'était vu refuser le renouvellement de son contrat. Fâché, l'agent aurait alors dénoncé aux syndicats le non respect de la laïcité en citant les calendriers de Nadine Lalanne. Pendant l'été, des délégués syndicaux ont enquêté sur l'affaire et des témoignages ont été recueillis. Fin juin, Nadine Lalanne a été soudainement interdite de communiquer avec son équipe d'agents d'entretien. Avant d'apprendre début de septembre qu'elle était finalement mutée.
Comment comprendre cette histoire ? Pourquoi Nadine Lalanne, manifestement appréciée par ses collègues (dont plusieurs ont manifesté leur soutien pour elle), n'a-t-elle pas eu un simple avertissement si la règle du devoir de réserve avait vraiment été enfreinte ?
Nous avons essayé de joindre le maire Philippe Esnol, pour le moment en vain. A en croire Françoise Caron, ce maire et sénateur PS proche de Manuel Valls aurait justifié sa décision en expliquant que le prosélytisme était avéré, mais qu'il aurait voulu se montrer conciliant en proposant une mutation à Nadine Lalanne. Cadre de l'équipe d'agents d'entretien, elle garderait le même grade mais elle n'aurait plus un poste d'encadrement. En l'occurrence, on lui a demandé de travailler dans une maison de retraite à Conflans. Une proposition qu'elle ne peut refuser, à moins de perdre son statut.
Nadine Lalanne, elle, est actuellement en arrêt maladie. Elle ne parle plus à aucun journaliste, mais renvoie à son avocat maître Nicolas Duval. Elle a 58 ans et serait très affectée par cette affaire. Elle est soutenue par plusieurs organisations dont le Conseil national des évangéliques de France, le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine et plusieurs associations familiales protestantes. Comme le résume Françoise Caron, « nous nous inquiétons d'un laïcisme qui stigmatise les croyants ».
Une affaire à suivre.
HENRIK LINDELL
CRÉÉ LE 17/09/2013 / MODIFIÉ LE 17/09/2013 À 19H03
Responsable des agents d'entretien à Conflans-Sainte-Honorine (78), Nadine Lalanne a été mise au placard et mutée pour "non respect de la laïcité". Sa faute : elle a distribué à quelques collègues un calendrier avec le logo de son Eglise et un verset biblique.
On ne rigole vraiment pas avec la laïcité à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine. C'est une des leçons apprises par Nadine Lalanne à ses dépens. Cette fonctionnaire responsable de 72 agents à la mairie vient d'être destituée de son poste par le maire (PS) Philippe Esnol pour « non respect de la laïcité ». Une décision qui aurait été confirmée le 14 septembre par une commission administrative paritaire, selon un article paru dans La Croix. Selon son employeur, Nadine Lalanne aurait fait du « prosélytisme religieux » - rien de moins - sur son lieu de travail. En effet, lors des fêtes de fin d'année en 2011 et 2012, elle a offert à plusieurs collègues qu'elle connaissait et à la maire adjointe un calendrier où l'on trouvait « des citations bibliques » et « une incitation à se rendre à une église ». Selon nos informations, le verset « prosélyte » en question serait tiré des Proverbes 17.17 : « Un ami aime en tout temps, et quand survient l'adversité, il se révèle un frère. » Quant à l'incitation à se rendre à une Eglise, il s'agit simplement du logo de l'Association familiale protestante Maranatha et de celui de l'Eglise baptiste Maranatha de Conflans-Achères, dont Nadine Lalanne est membre.
« L'accusation n'est pas compréhensible. Est-on prosélyte maintenant parce qu'on fait passer un banal calendrier à quelques collègues ? Mais Nadine est très appréciée par ses collègues, qui, en plus, la défendent. Elle est bien notée et personne n'a protesté quand elle a donné un calendrier pour les fêtes de fin d'année », nous dit Françoise Caron, présidente de l'Association familiale sur Achères, qui s'engage pour la fonctionnaire.
L'affaire a véritablement commencé en juin dernier. Un agent en CDD s'était vu refuser le renouvellement de son contrat. Fâché, l'agent aurait alors dénoncé aux syndicats le non respect de la laïcité en citant les calendriers de Nadine Lalanne. Pendant l'été, des délégués syndicaux ont enquêté sur l'affaire et des témoignages ont été recueillis. Fin juin, Nadine Lalanne a été soudainement interdite de communiquer avec son équipe d'agents d'entretien. Avant d'apprendre début de septembre qu'elle était finalement mutée.
Comment comprendre cette histoire ? Pourquoi Nadine Lalanne, manifestement appréciée par ses collègues (dont plusieurs ont manifesté leur soutien pour elle), n'a-t-elle pas eu un simple avertissement si la règle du devoir de réserve avait vraiment été enfreinte ?
Nous avons essayé de joindre le maire Philippe Esnol, pour le moment en vain. A en croire Françoise Caron, ce maire et sénateur PS proche de Manuel Valls aurait justifié sa décision en expliquant que le prosélytisme était avéré, mais qu'il aurait voulu se montrer conciliant en proposant une mutation à Nadine Lalanne. Cadre de l'équipe d'agents d'entretien, elle garderait le même grade mais elle n'aurait plus un poste d'encadrement. En l'occurrence, on lui a demandé de travailler dans une maison de retraite à Conflans. Une proposition qu'elle ne peut refuser, à moins de perdre son statut.
Nadine Lalanne, elle, est actuellement en arrêt maladie. Elle ne parle plus à aucun journaliste, mais renvoie à son avocat maître Nicolas Duval. Elle a 58 ans et serait très affectée par cette affaire. Elle est soutenue par plusieurs organisations dont le Conseil national des évangéliques de France, le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine et plusieurs associations familiales protestantes. Comme le résume Françoise Caron, « nous nous inquiétons d'un laïcisme qui stigmatise les croyants ».
Une affaire à suivre.