Un centre de théologie chrétienne ouvre au Maroc
Tristan Denonne - publié le 07/03/2013
Pour la première fois au Maroc, des chrétiens et des protestants suivront des cours en terre d’islam.
C’est une première. Une formation en théologie chrétienne vient d’ouvrir ses portes à Rabat. « C’est la première fois que des étudiants catholiques et protestants suivent des cours communs dans une salle, au Maroc, un pays musulman », se félicite auprès de l’AFP l’évêque Vincent Landel, l’un des concepteurs du projet. Initié en 2012, l’institut « Al Mowafaqa » (« convergence ») ouvre officiellement en juillet pour offrir une formation universitaire « enracinée dans le contexte marocain (…) au service des églises chrétiennes au Maroc et au-delà », précise le site internet almowafaqa.com.
Adressée en premier lieu à un public originaire d’Afrique subsaharienne, la formation doit permettre l’émergence de cadres et de leaders des Églises, assistants de paroisse, animateurs de communautés et futurs pasteurs. Cette volonté part du constat que « les Églises chrétiennes du Maroc connaissent une forte croissance (…) du fait de l’afflux de plus en plus d’étudiants subsahariens », précisent les initiateurs du projet, mené en coopération avec l’Institut catholique de Paris et la faculté de théologie protestante de Starsbourg.
L’institut a été fondé le 16 juin 2012, rappelle le quotidien La Croix. Le mois suivant, le conseil scientifique — une dizaine de théologiens européens et africains — a élaboré un programme académique sur cinq ans, pour trouver un équilibre entre les exigences des catholiques et celles des protestants, entre le département de théologie et celui du dialogue des cultures et des religions. Ça a été « une véritable gageure », reconnaissent les responsables de l’Institut. Il a fallu de plus répondre aux besoins et contraintes des différentes personnes visées : les leaders de communautés, mais aussi le grand public à travers des conférences, débats et ateliers du soir.
Pour parer à toute polémique, le directeur Bernard Cayault — désigné pour une période de deux années renouvelable — insiste sur « l’ouverture » de l’Institut aux autres religions, en particulier l’islam. « Un Cours intitulé « Connaître l’islam », enseigné par un professeur marocain, est d’ailleurs prévu dans la formation », insiste-t-il. Le Code pénal du Maroc, où l’islam est religion d’État, punit de six mois à trois ans de prison « quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion ».