La mairie d’Abbeville pourrait décider de démolir une église délabrée
Le conseil municipal d’Abbeville (Somme) doit se prononcer jeudi soir 7 février sur l’éventuelle démolition de l’église Saint-Jacques d’Abbeville, qui tombe en ruine. L’évêque d’Amiens, Mgr Jean-Luc Bouilleret, affirme ne pas avoir été averti.
« C’est la destruction d’un bâtiment cultuel, ce n’est pas simplement la destruction d’une église. Et nous n’avons pas été avertis, nous n’avons pas eu de demande de désaffectation de cette église », a affirmé mercredi 6 février Mgr Jean-Luc Bouilleret, l’évêque d’Amiens, sur France Bleu Picardie.
« J’ai essayé de contacter Monseigneur hier soir, ainsi que l’abbé Brunel à Abbeville auquel j’ai laissé un message pour le tenir informé de la situation », s’est défendu Nicolas Durmont, maire d’Abbeville, sur les ondes de la même radio.
Il y a quelques jours, la mairie a envoyé un expert constater en urgence l’état de délabrement de l’église Saint-Jacques, construite au milieu du XIXe siècle. La semaine dernière, des blocs de pierre étaient tombés de l’édifice, suite au dégel. « Il y avait un péril imminent pour les riverains, c’est pour cela que nous avons fait venir un expert », explique Jean-Marie Hermelé, adjoint au maire d’Abbeville, en charge de l’urbanisme.
« L’ÉGLISE EST EN TRAIN DE SE CASSER EN DEUX »
Dans le même temps, des engins ont entrepris la « mise en sécurité » de l’édifice, selon la mairie, c’est-à-dire la destruction d’une partie du bâtiment située derrière l’autel. « C’est le premier pas vers la démolition totale de l’église, sachant qu’elle n’est pas désacralisée », constate, lucide, Dominique Delannoy, rédacteur en chef du Journal d’Abbeville . « Ils ont retiré en catastrophe le Christ, d’une grande valeur. » Ce soir, les conclusions de l’expert seront remises au conseil municipal qui devra décider de l’avenir de l’église, déjà partiellement détruite.
Le délitement de l’église Saint-Jacques ne date pas d’hier, et le culte n’y est plus célébré depuis des années. « L’église a souffert d’une tempête en 2004, raconte Dominique Delannoy. Une partie du pinacle est tombée et a traversé le toit, les vitraux ont été brisés et l’eau s’est infiltrée dans l’église.La situation s’est progressivement dégradée. » Plus préoccupant encore, l’affaissement de l’édifice. « Le clocher et le chœur sont construits sur pilotis. Deux cours d’eau passaient en dessous et l’un a été détourné. Conséquence : les pilotis, en chêne, se sont desséchés, fragilisant l’édifice. L’église est en train de se casser en deux », conclut Dominique Delannoy.
La municipalité, propriétaire de l’église depuis la loi de 1905 qui instaure la séparation de l’Église et l’État, estime à 10 millions d’euros les travaux de rénovation du bâtiment. « Le principal handicap vient du fait que l’église n’est pas classée. Donc il n’y a aucune subvention », explique Dominique Delannoy.
« LA PRIORITÉ, C’EST LA SÉCURITÉ DES RIVERAINS »
De son côté, Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d’Amiens, affirme s’être rendu sur place il y a deux ans. « J’ai bien vu qu’il y avait quelques difficultés », a-t-il concédé mercredi 6 février sur France Bleu Picardie. L’évêque reproche à la mairie d’Abbeville de ne pas lui avoir fait part d’une demande de désaffectation. Il s’agit d’une décision juridique par laquelle un édifice cesse d’être affecté à l’exercice d’un culte. Selon la loi de 1905, cette décision est prise par arrêté préfectoral, à la demande du conseil municipal, avec le consentement écrit de l’évêque.
Cette demande sera envoyée au diocèse dès ce soir, avance Jean-Marie Hermelé, sans toutefois affirmer que l’église sera effectivement détruite. « C’est le préfet qui décide. L’Église est locataire. Depuis la séparation de l’Église et de l’État, l’église appartient aux collectivités. La priorité, c’est la sécurité des riverains », tranche l’élu.
Pour faire pression sur la mairie, un collectif contre la destruction de l’église a été monté. À sa tête, Michelle Delage est amère. « L’église est déjà à moitié détruite, donc on ne peut plus faire grand-chose. Malheureusement j’ai appris ce matin que la destruction continuait. C’est un simulacre de démocratie qui va avoir lieu ce soir. »
AGNÈS CHARETON
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/La-mairie-d-Abbeville-pourrait-decider-de-demolir-une-eglise-delabree-_NP_-2013-02-07-908630
Le conseil municipal d’Abbeville (Somme) doit se prononcer jeudi soir 7 février sur l’éventuelle démolition de l’église Saint-Jacques d’Abbeville, qui tombe en ruine. L’évêque d’Amiens, Mgr Jean-Luc Bouilleret, affirme ne pas avoir été averti.
« C’est la destruction d’un bâtiment cultuel, ce n’est pas simplement la destruction d’une église. Et nous n’avons pas été avertis, nous n’avons pas eu de demande de désaffectation de cette église », a affirmé mercredi 6 février Mgr Jean-Luc Bouilleret, l’évêque d’Amiens, sur France Bleu Picardie.
« J’ai essayé de contacter Monseigneur hier soir, ainsi que l’abbé Brunel à Abbeville auquel j’ai laissé un message pour le tenir informé de la situation », s’est défendu Nicolas Durmont, maire d’Abbeville, sur les ondes de la même radio.
Il y a quelques jours, la mairie a envoyé un expert constater en urgence l’état de délabrement de l’église Saint-Jacques, construite au milieu du XIXe siècle. La semaine dernière, des blocs de pierre étaient tombés de l’édifice, suite au dégel. « Il y avait un péril imminent pour les riverains, c’est pour cela que nous avons fait venir un expert », explique Jean-Marie Hermelé, adjoint au maire d’Abbeville, en charge de l’urbanisme.
« L’ÉGLISE EST EN TRAIN DE SE CASSER EN DEUX »
Dans le même temps, des engins ont entrepris la « mise en sécurité » de l’édifice, selon la mairie, c’est-à-dire la destruction d’une partie du bâtiment située derrière l’autel. « C’est le premier pas vers la démolition totale de l’église, sachant qu’elle n’est pas désacralisée », constate, lucide, Dominique Delannoy, rédacteur en chef du Journal d’Abbeville . « Ils ont retiré en catastrophe le Christ, d’une grande valeur. » Ce soir, les conclusions de l’expert seront remises au conseil municipal qui devra décider de l’avenir de l’église, déjà partiellement détruite.
Le délitement de l’église Saint-Jacques ne date pas d’hier, et le culte n’y est plus célébré depuis des années. « L’église a souffert d’une tempête en 2004, raconte Dominique Delannoy. Une partie du pinacle est tombée et a traversé le toit, les vitraux ont été brisés et l’eau s’est infiltrée dans l’église.La situation s’est progressivement dégradée. » Plus préoccupant encore, l’affaissement de l’édifice. « Le clocher et le chœur sont construits sur pilotis. Deux cours d’eau passaient en dessous et l’un a été détourné. Conséquence : les pilotis, en chêne, se sont desséchés, fragilisant l’édifice. L’église est en train de se casser en deux », conclut Dominique Delannoy.
La municipalité, propriétaire de l’église depuis la loi de 1905 qui instaure la séparation de l’Église et l’État, estime à 10 millions d’euros les travaux de rénovation du bâtiment. « Le principal handicap vient du fait que l’église n’est pas classée. Donc il n’y a aucune subvention », explique Dominique Delannoy.
« LA PRIORITÉ, C’EST LA SÉCURITÉ DES RIVERAINS »
De son côté, Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d’Amiens, affirme s’être rendu sur place il y a deux ans. « J’ai bien vu qu’il y avait quelques difficultés », a-t-il concédé mercredi 6 février sur France Bleu Picardie. L’évêque reproche à la mairie d’Abbeville de ne pas lui avoir fait part d’une demande de désaffectation. Il s’agit d’une décision juridique par laquelle un édifice cesse d’être affecté à l’exercice d’un culte. Selon la loi de 1905, cette décision est prise par arrêté préfectoral, à la demande du conseil municipal, avec le consentement écrit de l’évêque.
Cette demande sera envoyée au diocèse dès ce soir, avance Jean-Marie Hermelé, sans toutefois affirmer que l’église sera effectivement détruite. « C’est le préfet qui décide. L’Église est locataire. Depuis la séparation de l’Église et de l’État, l’église appartient aux collectivités. La priorité, c’est la sécurité des riverains », tranche l’élu.
Pour faire pression sur la mairie, un collectif contre la destruction de l’église a été monté. À sa tête, Michelle Delage est amère. « L’église est déjà à moitié détruite, donc on ne peut plus faire grand-chose. Malheureusement j’ai appris ce matin que la destruction continuait. C’est un simulacre de démocratie qui va avoir lieu ce soir. »
AGNÈS CHARETON
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/La-mairie-d-Abbeville-pourrait-decider-de-demolir-une-eglise-delabree-_NP_-2013-02-07-908630