Je trouvais que cette référence tiré de "L'humanité à la recherche de Dieu" manquait :
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"AU NOM d’Allāh Le Très Miséricordieux, Le Compatissant.” Cette phrase traduit le texte arabe reproduit ci-dessus, qui est tiré du Qur’ān ou Coran. On lit ensuite: “Louange à Allāh, Le Maître des mondes, Le Très Miséricordieux, Le Compatissant, Le Roi du jour du jugement! C’est Toi que nous servons: c’est Toi dont nous implorons le secours! Guide-nous dans la voie droite, la voie de ceux en qui Tu Te plais, et non de ceux qui sont l’objet de Ta colère et qui sont dans l’erreur.” — Le Coran, sourate 1:1-7, EM.
2 Ces paroles forment Al-Fātiḥa (“La Liminaire”), le premier chapitre, ou sourate, du livre sacré des musulmans, le saint Qur’ān, ou Coran. Étant donné que plus du sixième de la population du globe est musulmane et que les musulmans pieux répètent ces versets plusieurs fois dans chacune de leurs cinq prières quotidiennes, ces paroles doivent être parmi les plus récitées sur la terre.
3 D’après un ouvrage de référence, on compte plus de 900 millions de musulmans sur la planète, ce qui place l’islām au rang de seconde religion après l’Église catholique par le nombre. Elle est peut-être la grande religion qui se propage le plus vite dans le monde, puisqu’elle gagne particulièrement du terrain en Afrique et en Occident.
4 Le terme islām est chargé de sens pour un musulman, car il signifie “soumission”, “abandon” à Allāh ou “engagement” envers lui; d’après un historien, “il exprime le sentiment le plus profond de ceux qui ont prêté l’oreille à la prédication de Mohammed”. “Musulman” veut dire ‘celui qui suit l’islām’.
5 Les musulmans croient que leur foi est l’aboutissement des révélations transmises aux fidèles Hébreux et aux chrétiens du passé. Sous certains rapports, toutefois, leurs enseignements diffèrent de ceux de la Bible, même si le Qur’ān cite les Écritures hébraïques et grecques. (Voir l’encadré de la page 285.) Pour mieux comprendre la foi musulmane, il nous faut savoir comment, où et quand cette religion prit naissance.
L’appel de Muḥammad
6 Muḥammad naquit à La Mecque (arabe Makka), en Arabie saoudite, vers 570 de notre ère. Son père, ‛Abd Allāh, mourut avant sa naissance. Sa mère, Āmina, mourut alors qu’il avait environ six ans. À l’époque, les Arabes rendaient une forme de culte à Allāh; leur centre religieux se situait dans la vallée de La Mecque, sur le site sacré de la Ka‛ba, un simple bâtiment cubique où l’on vénérait un météorite noir. Selon la tradition islamique, “la Ka‛ba fut construite par Adam suivant un modèle céleste et fut rebâtie après le déluge par Abraham et Ismaël”. (Histoire des Arabes [angl.], Philip Hitti.) Elle devint un sanctuaire dédié à 360 idoles, une pour chaque jour de l’année lunaire.
7 En grandissant, Muḥammad remit en cause les pratiques religieuses de son temps. John Noss déclare dans son livre Les religions de l’humanité (angl.): “[Muḥammad] était troublé par les heurts incessants qui déchiraient les chefs des Qurayshites [tribu à laquelle appartenait Muḥammad], engagés ouvertement dans des conflits religieux et des querelles d’honneur. Il se désolait encore plus des survivances primitives dans la religion arabe, ainsi que du polythéisme et de l’animisme idolâtriques, de l’immoralité sexuelle qui avait cours lors des réunions et des fêtes religieuses, de l’ivrognerie, du jeu et de la danse, autant de choses qui étaient en vogue, et de ce qu’on enterrait vives les filles nouveau-nées non désirées, pas seulement à La Mecque, mais encore dans toute l’Arabie.” — Sourate 6:137.
8 Muḥammad avait une quarantaine d’années quand il devint prophète. Il avait l’habitude d’aller méditer seul dans une caverne d’une montagne proche, appelée Ghār Ḥirā’; il affirma avoir reçu son appel à devenir prophète à l’une de ces occasions. La tradition musulmane rapporte qu’à cet endroit un ange, identifié par la suite à Gabriel, lui ordonna de réciter au nom d’Allāh. Muḥammad ne répondit pas, si bien que l’ange ‘le saisit de force et le serra si fort que la pression devint insupportable’. L’ange répéta alors son ordre. De nouveau, Muḥammad ne broncha pas; alors l’ange ‘l’étouffa’ une nouvelle fois. Il renouvela l’opération à trois reprises avant que Muḥammad ne se mette à réciter ce qu’on allait tenir pour la première d’une série de révélations qui constituent le Qur’ān. Une autre tradition raconte que l’inspiration divine parvint à Muḥammad comme par le tintement d’une cloche. — Le Livre de la Révélation (angl.), Ṣaḥīḥ Al-Bukhārī.
Révélation du Qur’ān
9 Qu’est-ce qui passe pour être la première révélation reçue par Muḥammad? Les autorités islamiques s’accordent généralement à affirmer qu’il s’agissait des cinq premiers versets de la sourate 96, intitulée Al-‛Alaq, “Le caillot de sang”. On y lit:
“Au nom de Dieu: celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé!
Il a créé l’homme d’un caillot de sang.
Lis!..
Car ton Seigneur est le Très-Généreux
qui a instruit l’homme au moyen du calame,
et lui a enseigné ce qu’il ignorait.”
— DM.
10 Selon Le Livre de la Révélation, une source arabe, Muḥammad répondit: “Je ne sais pas lire.” Il dut donc apprendre les révélations par cœur pour être en mesure de les répéter et de les réciter. Les Arabes avaient la mémoire exercée, et Muḥammad ne faisait pas exception. Combien de temps lui fallut-il pour recevoir tout le message du Qur’ān? On pense d’ordinaire que les révélations lui parvinrent sur une période de 20 à 23 ans, d’environ 610 de notre ère jusqu’à sa mort en 632.
11 Les sources musulmanes expliquent qu’aussitôt après avoir reçu chaque révélation, Muḥammad la récitait à ceux qui se trouvaient à proximité. Ceux-ci l’apprenaient par cœur à leur tour et la récitaient pour s’en souvenir. Comme les Arabes ne connaissaient pas le papier, Muḥammad fit écrire les révélations par des scribes sur les matériaux rudimentaires dont on disposait alors, tels que des omoplates de chameaux, des feuilles de palmier, du bois et du parchemin. Ce n’est cependant qu’après la mort du prophète que les successeurs et compagnons de Muḥammad donnèrent au Qur’ān sa forme actuelle. Cela se produisit sous le règne des trois premiers califes, ou chefs musulmans.
12 Muhammad Pickthall, un traducteur, écrit: “Toutes les sourates du Qur’ān avaient été couchées par écrit avant la mort du Prophète, et de nombreux musulmans avaient gravé tout le Qur’ān dans leur mémoire. Mais les sourates écrites étaient disséminées parmi le peuple; et lorsqu’au cours d’une bataille (...) un grand nombre de ceux qui connaissaient tout le Qur’ān par cœur furent tués, on rassembla la totalité du Qur’ān et on le mit par écrit.”
13 La vie islamique est régie par trois autorités: le Qur’ān, le ḥadīth et la sharī‛a. (Voir l’encadré ci-dessous.) Les musulmans croient que le Qur’ān en arabe est la forme la plus pure de la révélation, car, selon eux, c’est dans cette langue que Dieu s’exprima par l’intermédiaire de Gabriel. La sourate 43:3 dit: “Oui, nous en avons fait un Coran arabe! — Peut-être comprendrez-vous!” (DM). Dès lors, toute traduction est vue comme une édulcoration qui fait perdre au texte une partie de sa pureté. D’ailleurs, certains érudits islamiques refusent de traduire le Qur’ān. À leurs yeux, “traduire, c’est toujours trahir”, si bien que “les musulmans ont de tout temps désapprouvé et parfois interdit toute tentative pour le rendre dans une autre langue”, déclare J. Williams, maître de conférences, spécialiste de l’histoire islamique.
Expansion de l’islām
14 Muḥammad rencontra de grands obstacles pour fonder sa nouvelle religion. Il fut rejeté par les habitants de La Mecque, et même par sa propre tribu. Après avoir été persécuté et haï 13 ans durant, il déplaça ses activités au nord, à Yathrib, connue par la suite sous le nom de al-Madīna (Médine), la ville du prophète. Cette émigration, l’hijra, qui eut lieu en 622 de notre ère, fut un jalon important de l’histoire de l’islām; cette date fut par la suite retenue comme point de départ du calendrier islamique.
15 Finalement, Muḥammad accéda au pouvoir quand il obtint la reddition de La Mecque en janvier de l’an 630 (8 A.H.) et qu’il en devint le chef. Détenant l’autorité temporelle et religieuse, il était à même de débarrasser la Ka‛ba des images idolâtriques qu’elle renfermait et d’en faire le pôle d’attraction des pèlerinages à La Mecque, qui se perpétuent à notre époque. — Voir les pages 289 et 303.
16 Quelques décennies après la mort de Muḥammad, survenue en 632, l’islām s’était propagé jusqu’en Afghanistan et même en Tunisie, en Afrique du Nord. Au début du VIIIe siècle, la foi du Qur’ān avait pénétré en Espagne et atteint la frontière française. Le professeur Ninian Smart a déclaré à ce sujet dans son livre Origines de la longue quête (angl.): “Considéré d’un point de vue humain, l’exploit réalisé par un prophète arabe ayant vécu au VIe et au VIIe siècle après Christ est renversant. Cet homme fut à l’origine d’une nouvelle civilisation. Mais il va de soi que pour le musulman cette œuvre était divine et l’exploit accompli par Allāh.”
Divisions à la mort de Muḥammad
17 La mort du prophète provoqua une crise. Il mourut sans laisser de descendant mâle et sans avoir clairement désigné de successeur. Philip Hitti explique: “Le califat [dignité de calife] est donc la difficulté la plus ancienne que l’islām ait eu à résoudre. Cette question est toujours brûlante. (...) Pour reprendre les paroles de l’historien musulman Al-Shahrastānī [1086-1153], ‘jamais un débat n’entraîna dans l’islām autant d’effusions de sang que celui portant sur le califat (imāma)’.” Comment résolut-on le problème en 632? “Abu-Bakr (...) fut désigné (le 8 juin 632) comme successeur de Muḥammad par une sorte d’élection à laquelle participèrent les chefs présents dans la capitale, al-Madīna.” — Histoire des Arabes.
18 Le successeur du prophète allait être un chef, un khalīfa, ou calife. Cependant, la question de savoir qui étaient les successeurs authentiques de Muḥammad devint une cause de divisions dans les rangs de l’islām. Les musulmans sunnites acceptent le principe d’une charge élective plutôt qu’attribuée en fonction des liens du sang avec le prophète. Ils croient par conséquent que les trois premiers califes, Abū Bakr (le beau-père de Muḥammad), ‛Umar (le conseiller du prophète) et ‛Uthmān (le gendre du prophète), étaient les successeurs légitimes de Muḥammad.
19 Les musulmans shī‛ites ne sont pas de cet avis: ils disent que l’autorité véritable se transmet dans la lignée du prophète par son cousin et gendre ‛Alī ibn Abī Ṭālib, le premier imām (chef et successeur), qui épousa Fāṭima, la fille préférée de Muḥammad. De leur mariage naquirent Ḥasan et Ḥusayn, petits-fils de Muḥammad. Les shī‛ites prétendent aussi “que dès le départ Allāh et son Prophète avaient clairement désigné ‛Alī comme seul successeur légitime, mais que les trois premiers califes avaient usurpé la charge qui lui revenait de droit”. (Histoire des Arabes.) Évidemment, telle n’est pas l’opinion des musulmans sunnites.
20 Qu’arriva-t-il à ‛Alī? Lorsqu’il régna en qualité de quatrième calife (656-661), une lutte pour le pouvoir s’engagea entre lui et le gouverneur de Syrie, Mu’āwiya. Ils se livrèrent bataille, mais pour ne pas répandre davantage de sang musulman, ils soumirent leur querelle à un arbitrage. En acceptant cet arbitrage, ‛Alī affaiblit sa cause et s’aliéna nombre de ses disciples, dont les khāridjites (séparatistes), qui devinrent ses ennemis mortels. En 661, ‛Alī fut assassiné par un zélote khāridjite avec un sabre empoisonné. Les deux groupes (les sunnites et les shī‛ites) étaient à couteaux tirés. La branche sunnite de l’islām choisit alors un chef d’entre les Omeyyades, de riches chefs de La Mecque qui n’étaient pas de la famille du prophète.
21 Pour les shī‛ites, Ḥasan, fils premier-né de ‛Alī et petit-fils du prophète, était le véritable successeur de Muḥammad. Toutefois, il abdiqua et fut assassiné. Son frère Ḥusayn devint le nouvel imām, mais lui aussi fut tué, par les troupes omeyyades le 10 octobre 680. Sa mort, ou son martyre, comme le considèrent les shī‛ites, a eu un effet considérable sur le shī‛at ‛Alī, le parti de ‛Alī, jusqu’à ce jour. Ils croient que ‛Alī fut le véritable successeur de Muḥammad et le premier “imām protégé par Dieu de l’erreur et du péché”. ‛Alī et ses successeurs furent considérés par les shī‛ites comme des enseignants infaillibles dotés du “don divin de l’impeccabilité”. La plus importante branche des shī‛ites croit qu’il n’y a eu que 12 vrais imāms, et que le dernier, Muḥammad al-Muntaẓar, disparut (en 878) “dans la grotte de la grande mosquée de Sāmarrā sans laisser de descendance”. De cette manière, “il devint ‘l’imām caché (mustatir)’ ou ‘attendu (muntaẓar)’. (...) En temps voulu, il apparaîtra en qualité de Mahdi (celui que guide Dieu) pour rétablir le véritable islām, conquérir le monde entier et introduire un court millénium avant la fin de toutes choses”. — Histoire des Arabes.
22 Chaque année, les shī‛ites commémorent le martyre de l’imām Ḥusayn. Ils font des processions au cours desquelles certains s’entaillent la chair avec des couteaux ou des épées et s’infligent d’autres souffrances. Plus récemment, on a davantage parlé des musulmans shī‛ites en raison de leur zèle à défendre les causes islamiques. Ils ne représentent pourtant dans le monde que 20 % des musulmans, dont la majorité est sunnite. Mais, à présent, penchons-nous sur quelques enseignements de l’islām et voyons l’influence qu’exerce la foi islamique sur la vie des musulmans.
L’Être suprême: Dieu et non Jésus
23 Les trois grandes religions monothéistes du monde sont le judaïsme, le christianisme et l’islām. Mais à l’époque où Muḥammad apparut, au début du VIIe siècle, les deux premières religions s’étaient à ses yeux écartées du chemin de la vérité. En fait, selon certains commentateurs islamiques, le Qur’ān sous-entend le rejet des Juifs et des chrétiens quand il déclare: “Non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère ni celui des égarés.” (Sourate 1:7, DM). Pourquoi en est-il ainsi?
24 Un commentaire coranique déclare: “Les gens du Livre prirent une mauvaise direction: les Juifs en rompant leur alliance et en calomniant Marie et Jésus (...) et les chrétiens en faisant de l’Apôtre Jésus l’égal de Dieu” au moyen de la doctrine de la Trinité. — Sourate 4:153-176, DM.
25 Le principal enseignement de l’islām, pour simplifier, est ce qu’on appelle la shahāda, ou profession de foi, que chaque musulman connaît par cœur: “La ilāh illa Allāh; Muḥammad rasūl Allāh.” (Il n’y a de Dieu qu’Allāh; Muḥammad est l’envoyé d’Allāh). Elle s’accorde avec cette déclaration coranique: “Votre Dieu est le Dieu unique; il n’y en a point d’autre, il est le clément et le miséricordieux.” (Sourate 2:158, Ka). Cette pensée fut énoncée 2 000 ans plus tôt, lorsque cet appel fut lancé à Israël: “Écoute, ô Israël: Jéhovah, notre Dieu, est un seul Jéhovah.” (Deutéronome 6:4). En Marc 12:29, environ 600 ans avant Muḥammad, Jésus répéta ce commandement, qui est le plus important; nulle part Jésus ne prétendit être Dieu ni être son égal. — Marc 13:32; Jean 14:28; 1 Corinthiens 15:28.
26 À propos de l’unicité de Dieu, le Qur’ān déclare: “Croyez donc en Dieu et à ses apôtres, et ne dites point: Il y a Trinité. Cessez de le faire. Ceci vous sera plus avantageux. Car Dieu est unique.” (Sourate 4:169, Ka). Il est néanmoins à noter que le véritable christianisme n’enseigne pas la Trinité. C’est une doctrine d’origine païenne introduite par les apostats de la chrétienté après la mort du Christ et des apôtres. — Voir le chapitre 11.
Âme, résurrection, paradis et feu de l’enfer
27 L’islām enseigne que l’homme possède une âme qui va dans un au-delà. Le Qur’ān déclare: “Allah rappelle (...) les âmes au moment de leur mort ainsi que celles qui ne meurent point durant leur sommeil. Il retient celles dont Il a décrété la mort.” (Sourate 39:42, RB). Cependant, la sourate 75 est entièrement consacrée à Qiyāmat, “La Résurrection”. (DM.) Elle dit en partie: “Je jure par le Jour de la Résurrection! (...) L’homme pense-t-il que nous ne rassemblerons pas ses ossements? (...) Il demande: ‘Quand donc viendra le Jour de la Résurrection?’ (...) Celui [Allāh] qui a fait cela n’aurait-il pas le pouvoir de rendre la vie aux morts?” — Sourate 75:1, 3, 6, 40, DM.
28 D’après le Qur’ān, les âmes ont différentes destinées, soit un jardin paradisiaque ou le châtiment dans un enfer brûlant. On lit dans le Qur’ān: “Ils demanderont quand sera le jour du jugement, Le jour où ils seront éprouvés par le Feu. (Il leur sera répondu): ‘Goûtez (maintenant) votre épreuve!’” (Sourate 51:12-14, EM). “[Aux Infidèles] un tourment en la Vie Immédiate. Certes, le Tourment de la [Vie] Dernière est plus pénible et ils n’ont point, contre Allah, de protecteur.” (Sourate 13:34, RB). La question est posée: “Et qui te fera connaître ce que c’est? C’est un feu ardent.” (Sourate 101:7, 8, EM). Ce sort funeste est décrit en détail: “Ceux qui auront été incrédules en Nos aya [révélations], Nous leur ferons affronter un Feu [et], chaque fois que leur peau sera desséchée, Nous la leur changerons par une autre, afin qu’ils goûtent le Tourment [en éternité]. Allah est puissant et sage.” (Sourate 4:56, RB). Une autre description précise: “En vérité, l’Enfer est une embuscade: (...) Ils y demeureront longtemps. Ils n’y goûteront ni fraîcheur, ni boisson, si ce n’est de l’eau bouillante et du pus (des réprouvés).” — Sourate 78:21, 23-25, EM.
29 Les musulmans croient que l’âme d’un mort va dans le barzakh, ou “barrière”, le lieu ou l’état où sont les hommes après la mort et avant le Jugement (Sourate 23:99, 100, DM, note). L’âme y reste consciente et endure ce qu’on appelle le “châtiment de la tombe” si la personne était méchante, ou jouit de la félicité si elle a été fidèle. Les fidèles doivent quand même subir quelques tourments en raison des péchés, si rares soient-ils, qu’ils ont commis durant leur vie. Le Jour du Jugement, chacun affronte sa destinée éternelle, ce qui met un terme à cet état intermédiaire.
30 Par contre, aux justes sont promis des jardins paradisiaques: “Nous introduirons ceux qui croient et qui font le bien dans des Jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront, à tout jamais.” (Sourate 4:57, DM). “Ce Jour-là, la seule occupation des hôtes du Paradis sera de se réjouir. En compagnie de leurs épouses, ils se tiendront sous des ombrages, accoudés sur des lits d’apparat.” (Sourate 36:55, 56, DM). “Nous avons écrit dans les Psaumes, après le Rappel [donné à Moïse]: ‘En vérité, mes serviteurs justes hériteront de la terre.’” La note portant sur ce verset renvoie le lecteur à Psaume 37:29 (voir aussi Psaumes 25:13; 37:11) et aux paroles de Jésus consignées en Matthieu 5:4 [5:5, MN] (Sourate 21:105, DM). La mention d’épouses nous amène à une autre question.
Monogamie ou polygamie?
31 La polygamie est-elle de règle chez les musulmans? Bien que le Qur’ān l’autorise, nombre de musulmans n’ont qu’une femme. Des batailles meurtrières laissèrent tant de veuves que le Qur’ān permit la polygamie: “Si vous craignez d’être injustes envers les orphelins, n’épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmi celles qui vous auront plu. Si vous craignez encore d’être injustes, n’en épousez qu’une seule ou une esclave.” (Sourate 4:3, Ka). Selon une biographie de Muḥammad écrite par Ibn Hishām, le prophète se maria avec Khadīja, une riche veuve de 15 ans plus âgée que lui. Quand elle mourut, il épousa plusieurs femmes. À sa mort, il laissa neuf veuves.
32 Il existe dans l’islām une autre forme de mariage dénommée mut‛a. On la définit comme “un contrat spécial conclu entre un homme et une femme qui se proposent et acceptent de se marier pour une période limitée et moyennant une dot précise, comme dans un contrat de mariage permanent”. (Islamuna, Muṣṭafā al-Rāfi’ī.) Les sunnites l’appellent le mariage pour le plaisir, et les shī‛ites le mariage temporaire. Le même ouvrage ajoute: “Les enfants [issus de ces mariages] sont légitimes et ont les mêmes droits que les enfants issus d’un mariage permanent.” Apparemment, cette forme de mariage temporaire eut cours à l’époque de Muḥammad, qui l’a tolérée. Les sunnites affirment qu’elle fut interdite par la suite, tandis que les imāmites, le groupe shī‛ite le plus important, croient qu’elle est toujours valide. En fait, beaucoup la pratiquent, surtout quand un homme doit demeurer éloigné de sa femme pendant une longue période.
L’islām dans la vie quotidienne
33 L’islām comporte cinq piliers, ou obligations principales, et six croyances fondamentales. (Voir les encadrés des pages 296 et 303.) L’une de ces obligations consiste pour le fidèle à prier cinq fois par jour en direction de La Mecque (ṣalāt). Le jour du sabbat musulman (vendredi), les hommes vont en masse prier à la mosquée lorsqu’ils entendent l’appel que psalmodie le muezzin du haut du minaret. Aujourd’hui, de nombreuses mosquées n’appellent plus les fidèles à la prière de cette façon, mais en passant un enregistrement.
34 La mosquée (arabe masjid) est le lieu de culte musulman, qualifié par le roi Fahd Bin Abdul Aziz d’Arabie saoudite de “pierre angulaire de l’appel à Dieu”. Il a défini la mosquée comme “un lieu de prière, d’étude, d’activités juridiques et judiciaires, de consultation, de prédication, d’information, d’enseignement et de préparation. (...) La mosquée est le cœur de la société musulmane”. On trouve de nos jours ces lieux de culte dans le monde entier. L’une des plus célèbres de l’Histoire est la Mezquita (Mosquée) de Cordoue, en Espagne, qui pendant des siècles fut la plus grande du monde. Sa partie centrale est aujourd’hui occupée par une cathédrale catholique.
Conflit avec la chrétienté divisée
35 À partir du VIIe siècle, l’islām se répandit à l’ouest en Afrique du Nord, à l’est au Pakistan, en Inde et au Bangladesh, et au sud en Indonésie. (Voir la carte aux pages de garde en début d’ouvrage.) Ce faisant, il entra en conflit avec une Église catholique militante, qui organisa des croisades pour reprendre la Terre sainte aux musulmans. En 1492, la reine Isabelle et le roi Ferdinand d’Espagne achevèrent la reconquête catholique de leur pays. Les musulmans et les Juifs durent se convertir ou quitter le pays. L’Inquisition catholique fit bientôt disparaître la tolérance mutuelle qui avait été de rigueur quand les musulmans dominaient l’Espagne. L’islām survécut toutefois; il s’est même rétabli et grandement propagé au XXe siècle.
36 Pendant que l’islām s’étendait, l’Église catholique traversait une période troublée et essayait de maintenir l’unité en son sein. Mais deux éléments éminemment influents allaient apparaître, qui continueraient d’ébranler l’image monolithique de l’Église. C’étaient l’imprimerie et la traduction de la Bible dans la langue du peuple. Le chapitre suivant racontera comment la chrétienté s’est fractionnée sous l’action conjuguée de ces éléments et d’autres encore.
[Notes]
“Qur’ān” (qui signifie “récitation”) est l’orthographe que privilégient les écrivains musulmans; nous l’utiliserons dans ce chapitre. Il faut savoir que la langue originale du Qur’ān est l’arabe, et qu’aucune traduction française n’est unanimement acceptée. Dans les citations, le premier chiffre représente le chapitre, ou sourate, et le second la référence du verset.
Les musulmans croient que la Bible contient des révélations de Dieu, mais que certaines furent falsifiées au cours des siècles.
En français, on orthographie le nom du prophète de plusieurs façons (Mohammed, Muḥammad, Mahomet). Bon nombre de sources musulmanes préfèrent Muḥammad, que nous emploierons. Les musulmans turcs préfèrent Muhammed.
Ainsi, l’année musulmane est précisée par A.H. (latin “anno hegirae”, année de l’exode), et non par A.D. (“anno Domini”, année du Seigneur) ou de n. è. (de notre ère).
Vous trouverez d’autres renseignements sur la Trinité et la Bible dans la brochure Doit-on croire à la Trinité?, publiée en 1989 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.
À propos de l’âme et du feu de l’enfer, consulter ces textes bibliques: Genèse 2:7; Ézéchiel 18:4; Actes 3:23. Voir Comment raisonner à partir des Écritures, pages 27 à 32; 123 à 130, publié en 1986 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.