Par décret du 16 janvier 2012, le mésothéliome est devenu la 31e maladie à déclaration obligatoire en France. L'Institut national de veille sanitaire (InVS) publie aujourd'hui le premier bilan la concernant. Selon les estimations, depuis la publication du décret et jusqu'au 30 avril 2013, entre la moitié et les trois quarts des cas ont été notifiés par les médecins. Ces proportions sont certes insuffisantes, mais les experts jugent ces résultats "encourageants" pour une première année. Ils doivent néanmoins "être améliorés par une participation exhaustive des médecins amenés à poser un diagnostic de mésothéliome", selon le document de l'InVS.
En pratique, tout nouveau cas de mésothéliome, quel que soit son site anatomique (plèvre, péritoine, péricarde, vagin, testicule...), doit être notifié au médecin de l'agence régionale de santé (ARS), par tout médecin (pathologiste et clinicien) exerçant en France métropolitaine ou ultramarine qui en pose le diagnostic. Entre janvier 2012 et avril 2013, ce sont 618 nouveaux cas de mésothéliome qui ont été diagnostiqués et notifiés. Mais le nombre attendu était évalué entre 800 et 1 200. Les spécialistes de l'InVS ont aussi remarqué d'importantes disparités de déclaration selon les régions, certaines "s'approchant de l'exhaustivité". Preuve que c'est possible !
Le mésothéliome est donc la plus récente des maladies à déclaration obligatoire (il rejoint le botulisme, le charbon, l'hépatite B, la tuberculose ou encore la rougeole). Devant chaque cas, le médecin est tenu de transmettre des informations concernant le malade : son âge, son sexe, son lieu de domicile, sa profession lorsqu'elle peut avoir un lien avec la maladie. Il doit également donner des informations sur la nature des symptômes, les résultats des analyses de dépistage réalisées, les circonstances d'acquisition de la maladie, ainsi que sur les traitements, voire les mesures préventives prises pour la personne atteinte et son entourage.
Mieux connaître les facteurs d'exposition
Certes, cette déclaration ne changera pas la vie quotidienne des victimes de ce cancer de l'amiante, autre nom donné à cette affection en raison du rôle majeur joué par ces fibres (le mésothéliome est d'ailleurs une maladie professionnelle). Mais, comme le souligne l'InVS, elle a pour objectif d'améliorer les connaissances des facteurs d'exposition professionnelle et environnementale dans trois populations jugées par les experts comme insuffisamment connues : les personnes présentant un mésothéliome en dehors de la plèvre, les hommes de moins de 50 ans et les femmes présentant un mésothéliome pleural. Autant d'informations qui devraient aider à mieux protéger les individus à l'avenir.
Des enquêtes d'exposition sont d'ailleurs menées actuellement dans huit régions métropolitaines volontaires (Aquitaine, Alsace, Basse-Normandie, Bretagne, Franche-Comté, Limousin, Picardie, Poitou-Charentes) et dans une région ultramarine (La Réunion). Un déploiement national progressif des enquêtes pourrait être envisagé dès 2015, en fonction des moyens disponibles. Concernant les moyens, c'est surtout une indemnisation décente que réclament aujourd'hui toutes les victimes de l'amiante et leurs familles.