Le Québec préfère la neutralité religieuse à la laïcité
Delphine Allaire, le 17/08/2017 à 15h16 Envoyer par email
Le gouvernement québécois va étendre la portée de son projet de loi sur la neutralité religieuse de l’État, soumettant villes et sociétés de transports aux règles sur les « services à visage découvert ».
Un projet de loi qui suscite la controverse par son absence de référence claire à la laïcité.
Le gouvernement libéral québécois a prévu, mardi 15 août, d’inscrire dans la loi le principe de neutralité religieuse de l’État, en cherchant à bannir le port du voile islamique.
Le gouvernement libéral québécois a prévu, mardi 15 août, d’inscrire dans la loi le principe de neutralité religieuse de l’État, de préférence à la laïcité, en cherchant à bannir le port du voile islamique. Le projet de loi dont les amendements sont en cours de débat, doit revenir à l’automne devant les parlementaires.
« Visage découvert » exigé
S’il ne concerne pas nommément les signes religieux, ce projet de loi prévoit la prestation et la réception de services « à visage découvert », ciblant le port du voile islamique qui cristallise les tensions.
« La neutralité religieuse de l’État » sera ainsi exigée dans les municipalités, les sociétés de transport en commun, mais aussi les musées et les écoles. Avec cette loi, « l’objectif est que les services publics soient reçus et donnés à visage découvert », a expliqué la ministre québécoise de la justice, Stéphanie Vallée.
À LIRE : Le Québec à la recherche d’un consensus sur la laïcité
De ce fait, toute personne venant dans une administration, montant à bord d’un autobus, se rendant dans une école ou un hôpital, devra être « facilement identifiable et avoir le visage libre de tout accessoire vestimentaire ». Les fonctionnaires auront également obligation de ne pas porter de signes religieux ostentatoires et recevoir les populations avec « le visage découvert », selon la ministre.
En visant « la neutralité de l’État québécois et de ses institutions », le texte « parle bien de neutralité et ne fait pas référence à la laïcité », a-t-elle insisté lors d’une conférence de presse à Québec.
Ambiguïtés autour des « accommodements raisonnables »
Ce recours à un terme plus flou que « laïcité » permet ainsi au gouvernement québécois de maintenir une disposition législative spécifique au Canada, à savoir les fameux accommodements raisonnables pour des motifs religieux. Ces derniers, des dispenses accordées dans certains cas spécifiques, continueront donc d’être accordés mais sous certaines conditions.
Quant aux éléments liés au patrimoine culturel québécois, comme le crucifix à l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’un accommodement raisonnable, ils ne sont pas touchés par le texte de loi.
Mais cette disposition présentée par la ministre de la justice suscite les critiques de l’opposition qui demande une laïcité plus affirmée, pointant les ambiguïtés du projet de loi.
À LIRE : Le Canada supprime son Bureau de la liberté de religion
La ministre de la justice, Stéphanie Vallée, a donc justifié la poursuite de ces accommodements par le respect de « la Charte canadienne des droits et libertés », document constitutionnel qui garantit « la liberté de religion » dans le pays et, par extension, le port de signes religieux ostentatoires.
Après la fusillade, fin janvier, dans une mosquée de Québec où un suprémaciste blanc avait assassiné six musulmans pendant la prière, le gouvernement de la province avait suspendu l’examen d'un projet de loi sur les rapports entre l’État et la religion.
Le sujet reste donc sensible à Québec, où depuis quelques semaines des mouvements d'extrême droite s'élèvent aussi contre les abondantes arrivées d'immigrants en provenance des États-Unis.
Delphine Allaire
http://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Le-Quebec-prefere-la-neutralite-religieuse-a-la-laicite-2017-08-17-1200870236?from_univers=lacroix
Delphine Allaire, le 17/08/2017 à 15h16 Envoyer par email
Le gouvernement québécois va étendre la portée de son projet de loi sur la neutralité religieuse de l’État, soumettant villes et sociétés de transports aux règles sur les « services à visage découvert ».
Un projet de loi qui suscite la controverse par son absence de référence claire à la laïcité.
Le gouvernement libéral québécois a prévu, mardi 15 août, d’inscrire dans la loi le principe de neutralité religieuse de l’État, en cherchant à bannir le port du voile islamique.
Le gouvernement libéral québécois a prévu, mardi 15 août, d’inscrire dans la loi le principe de neutralité religieuse de l’État, de préférence à la laïcité, en cherchant à bannir le port du voile islamique. Le projet de loi dont les amendements sont en cours de débat, doit revenir à l’automne devant les parlementaires.
« Visage découvert » exigé
S’il ne concerne pas nommément les signes religieux, ce projet de loi prévoit la prestation et la réception de services « à visage découvert », ciblant le port du voile islamique qui cristallise les tensions.
« La neutralité religieuse de l’État » sera ainsi exigée dans les municipalités, les sociétés de transport en commun, mais aussi les musées et les écoles. Avec cette loi, « l’objectif est que les services publics soient reçus et donnés à visage découvert », a expliqué la ministre québécoise de la justice, Stéphanie Vallée.
À LIRE : Le Québec à la recherche d’un consensus sur la laïcité
De ce fait, toute personne venant dans une administration, montant à bord d’un autobus, se rendant dans une école ou un hôpital, devra être « facilement identifiable et avoir le visage libre de tout accessoire vestimentaire ». Les fonctionnaires auront également obligation de ne pas porter de signes religieux ostentatoires et recevoir les populations avec « le visage découvert », selon la ministre.
En visant « la neutralité de l’État québécois et de ses institutions », le texte « parle bien de neutralité et ne fait pas référence à la laïcité », a-t-elle insisté lors d’une conférence de presse à Québec.
Ambiguïtés autour des « accommodements raisonnables »
Ce recours à un terme plus flou que « laïcité » permet ainsi au gouvernement québécois de maintenir une disposition législative spécifique au Canada, à savoir les fameux accommodements raisonnables pour des motifs religieux. Ces derniers, des dispenses accordées dans certains cas spécifiques, continueront donc d’être accordés mais sous certaines conditions.
Quant aux éléments liés au patrimoine culturel québécois, comme le crucifix à l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’un accommodement raisonnable, ils ne sont pas touchés par le texte de loi.
Mais cette disposition présentée par la ministre de la justice suscite les critiques de l’opposition qui demande une laïcité plus affirmée, pointant les ambiguïtés du projet de loi.
À LIRE : Le Canada supprime son Bureau de la liberté de religion
La ministre de la justice, Stéphanie Vallée, a donc justifié la poursuite de ces accommodements par le respect de « la Charte canadienne des droits et libertés », document constitutionnel qui garantit « la liberté de religion » dans le pays et, par extension, le port de signes religieux ostentatoires.
Après la fusillade, fin janvier, dans une mosquée de Québec où un suprémaciste blanc avait assassiné six musulmans pendant la prière, le gouvernement de la province avait suspendu l’examen d'un projet de loi sur les rapports entre l’État et la religion.
Le sujet reste donc sensible à Québec, où depuis quelques semaines des mouvements d'extrême droite s'élèvent aussi contre les abondantes arrivées d'immigrants en provenance des États-Unis.
Delphine Allaire
http://www.la-croix.com/Religion/Laicite/Le-Quebec-prefere-la-neutralite-religieuse-a-la-laicite-2017-08-17-1200870236?from_univers=lacroix