BELGIQUE: LE CHOIX CORNELIEN DES CLARISSES
Elles le disent elles-mêmes, dans un communiqué: "La démarche de répondre à des journalistes ne nous est pas du tout familière. Notre participation à la société belge se veut de simplicité et de discrétion : nous cherchons à être au cœur de cette société, une présence de paix, de concorde et d'espérance - comme la plupart de nos concitoyens d'ailleurs !". En fait de discrétion et de paix, les voilà servies. Depuis trois semaines, les clarisses de Malonne, en Belgique francophone, sont au coeur d'une polémique d'une extrême rudesse.
> Tout commence le 31 juillet dernier. Ce jour-là, le Tribunal d'application des peines de Mons décide de répondre favorablement à la cinquième demande de libération conditionnelle de Michelle Martin, l'ex-femme du violeur et meurtrier pédophile Marc Dutroux. Elle-même condamnée à 30 ans de prison pour avoir aidé son mari à enlever et séquestrer plusieurs enfants, elle a laissé deux d'entre elles, Mélissa et Julie, mourir de faim pendant que son conjoint purgeait une peine de prison pour vol et recel. Mais Michelle Martin a purgé la moitié de sa peine, et selon la loi belge, elle est libérable, sous condition notamment de trouver un endroit qui l'accueille. Elle demande donc aux soeurs clarisses de Malonne, près de Namur, qui lui rendent visite en prison depuis 11 ans, de bien vouloir la prendre avec elles. Au terme d'une longue réflexion et d'un vote en communauté, les clarisses acceptent.
> Lorsque la presse rapporte la nouvelle, c'est une polémique intense qui s'engage. Beaucoup de Belges sont écoeurés par la décision du tribunal, et le système de libération conditionnelle est de nouveau au coeur des débats. Mais certains s'en prennent aux clarisses. Dès l'annonce du verdict, des comités avertissent de leur intention de manifester devant le couvent. Des lettres d'insultes parviennent aux clarisses. Le couvent est taggué. La police installe un dispositif de protection autour des soeurs. Une première manifestation s'organise le 3 août, suivie d'une autre le 5, accusant les soeurs de complicité avec la criminelle:
> D'autant que le calendrier est implacable. Au même moment, la presse révèle avant même que le principal intéressé ne l'apprenne de la justice que Roger Vangheluwe, l'ancien évêque de Bruges qui a reconnu des faits de pédophilie, est accusé par une nouvelle victime. Que ce sont près de 800 victimes qui ont signalé des abus commis par des membres du clergé, soit à l'Eglise, soit à la justice. Et la collusion médiatique de ces événements est dévastatrice.
> Suite à la supplique des parents de l'une des victimes de Marc Dutroux, les soeurs acceptent de revoter. Un second scrutin est donc organisé, qui donne le même résultat: les clarisses maintiennent leur proposition d'accueil. C'est alors une course à l'échalote médiatique qui s'installe, sur fond d'anticléricalisme et de discrédit de l'Eglise en matière de pédophilie: les journalistes cherchent à savoir depuis quand les clarisses pensaient accueillir Michelle Martin; selon un cousin de celle-ci, ce serait depuis 2001; on découvre que d'autres couvents auraient été prêts à accueillir l'ex-prisonnière, mais en Flandres; on s'étonne de ce que Mgr Léonard, primat de Belgique, n'ait aucune prise sur la décision des clarisses. Si certains éditorialistes comprennent la décision de la justice et celle des soeurs, d'autres, suivis par une partie non négligeable de l'opinion publique belge se rangent derrière la révolte bien compréhensible du père d'une des victimes, Paul Marchal qui dit "ne pas comprendre que la religion offre assistance à de telles personnes": l'éditorialiste de Sudpresse n'hésite pas ainsi à parler d'un "mauvais coup de la justice perpétré avec la complicité de l'Eglise catholique".
> Du côté des clarisses, une seule réaction: celle de l'abbesse dans le journal Standaard: "Nous avons la profonde conviction qu'enfermer définitivement le déviant dans son passé délictueux et l'acculer à la désespérance ne serait utile à personne et serait au contraire une marche en arrière pour notre société. Michèle Martin est un être humain capable, comme nous tous, du pire comme du meilleur". Une nouvelle manifestation aura lieu le 19 août prochain, et les avocats des victimes de Marc Dutroux et Michelle Martin ont jusqu'au 29 août pour se pourvoir en cassation. Le bourgmestre de Malonne, qui garde un contact étroit avec les soeurs, expliquait à La Libre Belgique: "Elles ne s’attendaient pas à tant de hargne, même si, comme moi, elles comprennent l’émoi que cette annonce suscite. Il faut voir, en tout cas, le contenu de certains courriels qui leur sont adressés. Il y a de quoi perturber les cœurs les plus solides. Pour autant, les sœurs n’ont pas perdu leur sérénité, ni leur conviction d’avoir bien agi en acceptant que Michelle Martin rejoigne leur communauté. Et elles ne sont pas près de changer d’avis".
Elles le disent elles-mêmes, dans un communiqué: "La démarche de répondre à des journalistes ne nous est pas du tout familière. Notre participation à la société belge se veut de simplicité et de discrétion : nous cherchons à être au cœur de cette société, une présence de paix, de concorde et d'espérance - comme la plupart de nos concitoyens d'ailleurs !". En fait de discrétion et de paix, les voilà servies. Depuis trois semaines, les clarisses de Malonne, en Belgique francophone, sont au coeur d'une polémique d'une extrême rudesse.
> Tout commence le 31 juillet dernier. Ce jour-là, le Tribunal d'application des peines de Mons décide de répondre favorablement à la cinquième demande de libération conditionnelle de Michelle Martin, l'ex-femme du violeur et meurtrier pédophile Marc Dutroux. Elle-même condamnée à 30 ans de prison pour avoir aidé son mari à enlever et séquestrer plusieurs enfants, elle a laissé deux d'entre elles, Mélissa et Julie, mourir de faim pendant que son conjoint purgeait une peine de prison pour vol et recel. Mais Michelle Martin a purgé la moitié de sa peine, et selon la loi belge, elle est libérable, sous condition notamment de trouver un endroit qui l'accueille. Elle demande donc aux soeurs clarisses de Malonne, près de Namur, qui lui rendent visite en prison depuis 11 ans, de bien vouloir la prendre avec elles. Au terme d'une longue réflexion et d'un vote en communauté, les clarisses acceptent.
> Lorsque la presse rapporte la nouvelle, c'est une polémique intense qui s'engage. Beaucoup de Belges sont écoeurés par la décision du tribunal, et le système de libération conditionnelle est de nouveau au coeur des débats. Mais certains s'en prennent aux clarisses. Dès l'annonce du verdict, des comités avertissent de leur intention de manifester devant le couvent. Des lettres d'insultes parviennent aux clarisses. Le couvent est taggué. La police installe un dispositif de protection autour des soeurs. Une première manifestation s'organise le 3 août, suivie d'une autre le 5, accusant les soeurs de complicité avec la criminelle:
> D'autant que le calendrier est implacable. Au même moment, la presse révèle avant même que le principal intéressé ne l'apprenne de la justice que Roger Vangheluwe, l'ancien évêque de Bruges qui a reconnu des faits de pédophilie, est accusé par une nouvelle victime. Que ce sont près de 800 victimes qui ont signalé des abus commis par des membres du clergé, soit à l'Eglise, soit à la justice. Et la collusion médiatique de ces événements est dévastatrice.
> Suite à la supplique des parents de l'une des victimes de Marc Dutroux, les soeurs acceptent de revoter. Un second scrutin est donc organisé, qui donne le même résultat: les clarisses maintiennent leur proposition d'accueil. C'est alors une course à l'échalote médiatique qui s'installe, sur fond d'anticléricalisme et de discrédit de l'Eglise en matière de pédophilie: les journalistes cherchent à savoir depuis quand les clarisses pensaient accueillir Michelle Martin; selon un cousin de celle-ci, ce serait depuis 2001; on découvre que d'autres couvents auraient été prêts à accueillir l'ex-prisonnière, mais en Flandres; on s'étonne de ce que Mgr Léonard, primat de Belgique, n'ait aucune prise sur la décision des clarisses. Si certains éditorialistes comprennent la décision de la justice et celle des soeurs, d'autres, suivis par une partie non négligeable de l'opinion publique belge se rangent derrière la révolte bien compréhensible du père d'une des victimes, Paul Marchal qui dit "ne pas comprendre que la religion offre assistance à de telles personnes": l'éditorialiste de Sudpresse n'hésite pas ainsi à parler d'un "mauvais coup de la justice perpétré avec la complicité de l'Eglise catholique".
> Du côté des clarisses, une seule réaction: celle de l'abbesse dans le journal Standaard: "Nous avons la profonde conviction qu'enfermer définitivement le déviant dans son passé délictueux et l'acculer à la désespérance ne serait utile à personne et serait au contraire une marche en arrière pour notre société. Michèle Martin est un être humain capable, comme nous tous, du pire comme du meilleur". Une nouvelle manifestation aura lieu le 19 août prochain, et les avocats des victimes de Marc Dutroux et Michelle Martin ont jusqu'au 29 août pour se pourvoir en cassation. Le bourgmestre de Malonne, qui garde un contact étroit avec les soeurs, expliquait à La Libre Belgique: "Elles ne s’attendaient pas à tant de hargne, même si, comme moi, elles comprennent l’émoi que cette annonce suscite. Il faut voir, en tout cas, le contenu de certains courriels qui leur sont adressés. Il y a de quoi perturber les cœurs les plus solides. Pour autant, les sœurs n’ont pas perdu leur sérénité, ni leur conviction d’avoir bien agi en acceptant que Michelle Martin rejoigne leur communauté. Et elles ne sont pas près de changer d’avis".