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L'état de la planète se dégrade à grande vitesse
Environnement
Avec une population qui a doublé depuis 1950, l'état de la planète se dégrade à grande vitesse. Et à moins que l'humanité ne change immédiatement de cap, des seuils critiques seront bientôt atteints, avertit un rapport de l'ONU.
A quelques jours du Sommet à Rio, l'ONU présente un rapport alarmant sur l'état de la planète.
Image: AFP
Le programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) présente un 5e rapport sur «L'avenir de l'environnement mondial», Geo-5, a été publié en préambule au Sommet sur le développement durable Rio 20, du 20 au 22 juin à Rio. Le rapport précédent datait de 2007.
«Si cette situation perdure, si les structures actuelles de production et de consommation des ressources naturelles continuent à prévaloir et que rien n'est fait pour inverser la tendance, les gouvernements devront assumer la responsabilité d'un niveau de dégradation et de répercussions sans précédent», souligne le directeur général du PNUE, Achim Steiner.
De trop rares progrès
Le rapport établit que sur 90 objectifs considérés comme prioritaires par les états membres du Programme, seulement quatre ont connu des progrès significatifs.
Il cite l'élimination des substances qui appauvrissent la couche d'ozone, qui devrait éviter des dizaines de millions de cas de cataracte d'ici 2100 et des millions de cancers de la peau d'ici 2050, et la suppression du plomb dans les carburants.
L'accès à l'eau potable s'est amélioré, mais encore plus de 600 millions de personnes ne devraient pas en bénéficier en 2015, et plus de 2,5 milliards n'auront pas accès à des sanitaires.
Enfin, la recherche a progressé pour réduire la pollution marine, qui reste cependant dramatique. L'acidification de la mer a entraîné une forte dégradation des récifs coralliens qui ont décliné de 38% depuis 1980 et dont la survie est menacée à l'horizon 2050. Les fuites de pétrole en mer ont diminué depuis 20 ans.
Certains progrès ont été réalisés pour 40 objectifs, tels que l'expansion des espaces protégés comme les parcs nationaux - 13 % des terres - et la déforestation, qui a décru de 16 millions d'hectares de pertes par an dans les années 1990 à 13 millions d'haitants dans les années 2000-2010.
Atteintes à la biodiversité
Peu de progrès, voire aucun, n'a été réalisé pour 24 objectifs. Ainsi les émissions de gaz à effet de serre pourraient bien doubler au cours des 50 prochaines années, avec des hausses de la température moyenne d'au moins 3 degrés. Pour une hausse de 2,5 degrés, le coût économique est estimé à 1 à 2 % du PIB.
Cependant, il y a eu des gains dans l'efficacité énergétique, et certains pays signataires du Protocole de Kyoto ont quelque peu réduit leurs émissions.
La situation des stocks de poisson se détériore, même si dans les zones marines protégées ceux-ci se reconstituent. Le nombre des inondations a augmenté de 230 % entre 1980 et 2000, et celui des sécheresses de 38 %.
Enfin, huit objectifs ont enregistré une dégradation supplémentaire. Les atteintes à la biodiversité, décisive pour la vie de l'homme, ont augmenté et environ 20 % des espèces de vertébrés sont menacées. Aucun résultat n'a pu être établi pour 14 objectifs, faute de données.
Une transition urgente
Le rapport laisse toutefois la porte ouverte à l'initiative. Il relève qu'on peut atteindre des objectifs ambitieux d'ici 2050, pour autant qu'on «renforce les stratégies actuelles», et souligne l'impact d'objectifs quantifiés.
Il présente des initiatives réussies - commerce durable, innovations technologiques. Il suggère de cibler davantage les facteurs responsables du changement climatique, comme la croissance de la population, les modes non durables de consommation, les transports.
«Geo-5 rappelle aux dirigeants mondiaux et aux nations réunis à la conférence de Rio 20 que la transition définitive vers une économie verte émettant peu de CO2 et utilisant efficacement les ressources doit absolument être amorcée en urgence», conclut Achim Steiner.
A Rio, où il a présenté le document, il a affirmé que le rapport devait «être un antidote à la frustration des activistes et des scientifiques».
«Quelque chose va mal et nous devons avoir confiance de pouvoir changer les choses. Il faut que les dirigeants mondiaux prennent leurs responsabilités pour changer de cap», a-t-il souligné à quelque jours de Rio 20 où sont attendus plus de cent chefs d'Etat et de gouvernement. (ats/afp/Newsnet)