Livre troisième
Le troisième Livre des Psaumes (73 à 89) s’ouvre par la collection presque complète des Psaumes dits d’Asaph. Onze d’entre eux se suivent ici sans interruption. Un seul, le Psaume 50, a été détaché du groupe, pour être inséré dans le deuxième livre. Nous ne répétons pas ici ce que nous avons dit, à propos de ce Psaume 50, d’Asaph, chantre et psalmiste et de ses descendants. Tous les cantiques d’Asaph sont élohistes. Immédiatement après eux, le nom de Jéhovah redevient prédominant.
Psaume 73 — Foi troublée et affermie
Ce psaume traite du même problème qu’ont abordé déjà les Psaumes 37 et 49, celui de la prospérité des méchants. Seulement nous ne trouvons plus ici l’accent triomphant de l’homme que n’ébranle aucun doute. Tandis que l’auteur du Psaume 37 s’applique à communiquer aux lecteurs sa tranquille assurance, en leur montrant le peu de durée du bonheur des méchants, en regard de la permanence de celui des justes ; que celui du Psaume 49 voit l’impie disparaître dans le Schéol et périr comme les bêtes, assuré qu’il est lui-même d’être racheté de la puissance du sépulcre, notre psalmiste raconte la crise douloureuse par laquelle il a passé. Longuement, dans la première partie du psaume, il expose l’impression produite sur lui et sur d’autres par le bien-être et l’orgueil des impies. Sa foi a failli sombrer (versets 2 à 14). Pourtant, quand il s’est recueilli en la présence de Dieu, la lumière s’est faite dans son cœur. Il a compris que cette prospérité même, qui faisait son étonnement, conduit les méchants à une ruine complète, tandis que lui a pour bien suprême et inaliénable, dans cette vie et dans la gloire, Dieu lui-même. Si grande est la clarté que cette certitude jette en son cœur, qu’il s’accuse, une fois ses yeux ouverts, d’avoir un moment raisonné comme s’il n’avait pas d’autre horizon que celui des bêtes (versets 15 à 28).
Aucun psaume n’exprime mieux le trouble voisin du doute, mais aucun ne s’élève aussi haut dans la certitude triomphante de la gloire éternelle (versets 23 à 26). Le psalmiste, aussi bien que les auteurs des Psaumes 16, 17 et 49, devance ainsi les données encore incomplètes de la révélation de l’ancienne alliance et pénètre au-delà du voile qui, jusqu’à Jésus-Christ, recouvrait tout ce domaine du sort à venir du croyant.
Nous manquons de données précises sur la date de composition de ce psaume. La foi à la vie à venir était celle de David et sans doute aussi d’Asaph, son contemporain. Quant à l’impiété arrogante, qui se complaît dans la prospérité matérielle et trouble la foi des fidèles, elle a existé de tout temps. On avait pu la voir s’étaler avec une assurance victorieuse dans les derniers temps du règne de Saül. Sans pouvoir affirmer que le psaume date de cette époque-là, nous ne trouvons pas non plus de raisons qui nous contraignent à descendre, comme pour d’autres psaumes dits d’Asaph, jusqu’à l’époque des Maccabées.
Outre une introduction et une conclusion de deux versets chacune, le psaume comprend six strophes très régulières, ayant toutes huit stiches.