Sur les traces de Jésus.

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2023/12/23/sur-les-traces-de-jesus-au-dela-du-jourdain-comment-la-jordanie-veut-attirer-les-chretiens_6207423_6038514.html

Sur les traces de Jésus « au-delà du Jourdain » : comment la Jordanie veut attirer les chrétiens
La Jordanie entend développer les pèlerinages et le tourisme chrétien sur son sol, revendiquant des lieux bibliques emblématiques comme le site présumé du baptême du Christ ou le mont Nébo. Malgré un contexte régional tendu, les responsables de pèlerinages catholiques français ont organisé, pour la première fois, leur congrès annuel dans le pays.

Par Gaétan Supertino 
Publié aujourd’hui à 08h00
Temps deLecture 7 min.

« Vivre un congrès en Jordanie est un événement majeur. Cela permettra de développer la venue de pèlerins dans ce pays, sur les traces d’Abraham, notre père commun dans la foi, de Moïse, des grands prophètes, de Jean le Baptiste », énumérait l’évêque auxiliaire de Bordeaux, Jean-Marie Le Vert, en ouverture du congrès de l’Association nationale des directeurs diocésains de pèlerinages (ANDDP), qui s’est tenu du 13 ou 18 novembre.

Pour la première fois en quatre-vingt-cinq ans d’existence, l’association, qui réunit les responsables de pèlerinages catholiques français, organisait son congrès annuel en Jordanie. C’est la troisième fois seulement que l’événement se tient hors d’Europe, après le Liban en 2005 et Israël-Palestine en 2011. L’ANDDP répondait ainsi à une invitation émise il y a trois ans du roi Abdallah II, dont le gouvernement entend, malgré un contexte régional explosif, faire de la Jordanie une terre de pèlerinage prisée des chrétiens.

Le baptême du Christ
Le royaume hachémite, où l’islam sunnite est la religion de l’Etat et de plus de 90 % de la population, revendique sur son sol de nombreux sites attestant de la longue histoire chrétienne du pays, et même plusieurs lieux à référence biblique – à commencer par le site présumé du baptême de Jésus par Jean le Baptiste.


Des pèlerins français visitent le lieu présumé du baptême du Christ en Jordanie, lors du 75e congrès de l’Association nationale des directeurs diocécains de pèlerinages, le 14 novembre 2023. GAÉTAN SUPERTINO
Situé non loin de la rive nord de la mer Morte, le lieu est inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. « C’est un endroit extrêmement important pour nous. Il représente le lieu où Jésus a commencé sa vie publique et où, pour la première fois, la Sainte Trinité s’est manifestée [dans les Evangiles, lors du baptême de Jésus, une voix interprétée comme celle du “Père” désigne Jésus comme son “Fils” et fait descendre sur lui “l’Esprit saint”] », souligne Giovanni Pietro Dal Toso, nonce apostolique en Jordanie – équivalent de l’ambassadeur du
Accessible aux touristes à condition d’être accompagné d’un guide et de ne pas s’éloigner du trajet fixé par les autorités – la frontière avec Israël et la Cisjordanie n’est qu’à 300 mètres –, le site donne ainsi à voir, après une courte promenade à l’ombre des saules et des tamaris, un escalier de pierre s’enfonçant dans une petite mare, dernier vestige aquatique de ce qui était, il y a deux mille ans, un affluent vigoureux du Jourdain (dans une région frappée aujourd’hui par une sécheresse croissante).


Une cérémonie est organisée sur le lieu présumé du baptême du Christ en Jordanie, lors du 75e congrès de l’Association nationale des directeurs diocécains de pèlerinages, le 14 novembre 2023. GAÉTAN SUPERTINO
Le lieu est en concurrence avec un autre situé sur la rive d’en face, aménagé par le gouvernement israélien. Mais beaucoup de chrétiens – dont l’Eglise catholique – voient dans ce site jordanien la « Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait », mentionnée dans les Evangiles (Jn 1, 28). Si son authenticité n’est pas reconnue par les historiens – pas plus que celle d’un autre lieu –, le site est mentionné dès le IVe siècle dans les récits du Pèlerin de Bordeaux, un voyageur anonyme ayant parcouru la région vers l’an 333. Des fouilles démarrées en 1994 attestent également qu’il a représenté un lieu important pour les chrétiens de l’époque byzantine (IVe-VIIIe siècle environ), qui y ont installé églises et baptistères.

[size=49]À quoi ressemblait le visage de Jésus ?[/size]

[size=36]LES VIES DE JÉSUS. À quoi le Nazaréen ressemblait-il ? Faute de témoignages, ce sont les légendes et le dogme qui ont fixé son image, du bel homme sage au Dieu en majesté.[/size]

François Boespflug
Publié le 25/12/2023 à 06h00


Une représentation de Jésus sur un véhicule aux Philippines. [size=14]:copyright: NOEL CELIS / AFP

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[size=80]Àquoi ressemblait le Christ ? Les évangiles n'en disent rien. Dans Marc (14, 26-44), Judas lance à ceux qui veulent arrêter Jésus : « Celui à qui je donnerai un baiser, c'est lui. » Il ne le décrit pas. Parce que cela n'a pas d'importance ? Pour les évangélistes, semble-t-il, la parole de Jésus est plus importante que son apparence. Faut-il s'en étonner ?[/size]

[size=49]Flavius Josèphe, un témoin peu fiable de la vie de Jésus[/size]

[size=36]LES VIES DE JÉSUS. Juif passé sous la protection des Romains, cet historiographe est l’auteur du principal témoignage sur l’existence de Jésus. Mais son œuvre a-t-elle été manipulée ?[/size]

François Gauvin
Publié le 20/12/2023 à 06h00
Flavius Josèphe (originellement Yossef ben Matityahou, historien juif de langue grecque (37-100) offrant son livre aux empereurs Titus et Vespasien. Miniature tirée de [size=14]De Bello Judaico (Guerre des Juifs), (folio 2 et 3). :copyright: Photo Josse / Leemage via AFP
Temps de lecture : 4 min
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[size=62]Le Testimonium flavianum (« témoignage de Flavius ») est LE texte antique qui résume l'essentiel des connaissances historiques sur Jésus. On le doit à Flavius Josèphe (v. 37-v. 100), un historiographe juif à la carrière chaotique, dont la Guerre des Juifs et les Antiquités juives constituent les principales sources d'information sur l'histoire de la Palestine du I^er siècle. C'est grâce à lui que l'on connaît mieux Hérode le Grand, le roi qui voulait tuer Jésus bébé, ou son fils Antipas, mais aussi saint Jean Baptiste. C'est à lui que nous devons la description des hairesis, les « écoles de pensée » du judaïsme d'alors : celles des pharisiens*, sadducéens*, esséniens*… Né après la crucifixion, il s'impose toutefois comme un témoin indispensable pour connaître l'environnement de Jésus.

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Que disent les historiens de l’existence de Jésus ?
Explication Jésus a-t-il vraiment existé ? Le philosophe Michel Onfray soutient que non dans sa Théorie de Jésus publiée en novembre. Cette thèse mythiste est-elle étayée ? Que disent de Jésus les historiens ?
Guillaume Daudé, le 22/03/2024 à 09:18
réservé aux abonnés

Lecture en 5 min.
Que disent les historiens de l’existence de Jésus ?
Détail des «Canons de concordance des évangiles» issus de la Bible Saint-Yrieix. Peint ou commandité par Pierre del Casta, fin XIe-début XIIe siècles. Casta, Pierre del (peintre ou commanditaire).
JEAN-FRANÇOIS AMELOT / LA COLLECTION

Qu’est-ce que la thèse mythiste et d’où vient-elle ?
La thèse mythiste, qui veut que Jésus n’ait pas existé, s’appuie sur deux arguments. D’une part, la littérature contemporaine non chrétienne garderait le silence sur Jésus. D’autre part, le Nouveau Testament, à cause de ses discordances, ne peut être considéré comme une source historique fiable. Si elle est soutenue par quelques libres-penseurs à la fin du XVIIIe siècle, comme Charles-François Dupuis, la thèse prend véritablement son essor au XIXe siècle, lorsque théologiens et exégètes – principalement des protestants allemands – se mettent en quête du Jésus historique. Depuis le XXe siècle, cette thèse a été abandonnée par l’ensemble de la communauté des historiens. Elle est pourtant revenue dans l’actualité avec la récente Théorie de Jésus, publiée en novembre 2023 par le philosophe Michel Onfray, qui soutient cette idée comme il l’avait déjà fait avec le Traité d’athéologie (2005) et Décadence (2017).

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2024/03/31/comment-et-par-qui-le-souvenir-de-jesus-a-t-il-ete-transmis-apres-sa-mort_6225201_6038514.html?lmd_medium=pushweb&lmd_campaign=pushweb&lmd_titre=comment_et_par_qui_le_souvenir_de_jesus_a_t_il_ete_transmis_apres_sa_mort&lmd_ID=6225222

Comment (et par qui) le souvenir de Jésus a-t-il été transmis après sa mort ?
La question de la transmission des paroles et des actes de Jésus reste l’une des énigmes les plus difficiles à percer de l’histoire du christianisme. Alors qu’une partie du monde chrétien célèbre la résurrection du Christ à l’occasion des fêtes de Pâques, zoom sur la constitution des tout premiers récits sur Jésus, des lettres de Paul aux Evangiles.

Par Daniel Marguerat (historien et théologien)
Publié aujourd’hui à 05h45, modifié à 10h13
Temps deLecture 8 min.
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Une statue de Jésus, sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 20 mars 2024. ANDREW MEDICHINI / AP
Jésus de Nazareth est mort sans rien avoir écrit. Les quarante années qui séparent sa crucifixion de l’écriture du plus ancien Evangile, celui de Marc, constituent l’époque la plus obscure du premier christianisme.

Comment le souvenir de Jésus a-t-il été préservé ? Par qui ? La transmission de sa mémoire a-t-elle été laissée à l’initiative des témoins ? A-t-elle été orientée ? Comment ? Et pourquoi un Evangile n’a-t-il pas suffi, puisque trois autres sont apparus (et même plus, si l’on compte les Evangiles non retenus dans le Nouveau Testament) ?


La solution la plus simple, semble-t-il, est de penser que quatre disciples (Marc, Matthieu, Luc, Jean) auraient gardé, chacun à sa manière, le souvenir de ce qu’ils ont vu et entendu. Cela expliquerait les dissemblances entre leurs Evangiles, qui tantôt se rejoignent, tantôt divergent, jusqu’à se contredire. Or, cette solution « simple » ne l’est pas ! D’une part, ni Marc ni Luc n’ont été disciples de Jésus. D’autre part, comment imaginer des écarts aussi considérables entre des témoins qui auraient assisté aux mêmes événements ? Il faut donc scruter l’obscurité à la recherche de solutions moins simples, mais plus fiables. Et là, si les chercheurs ont parfois de bonnes réponses, des incertitudes demeurent néanmoins.

Paul et Marc, les pionniers
On l’oublie souvent : le plus ancien témoignage sur Jésus émane de Paul de Tarse. L’apôtre a écrit sept épîtres entre l’an 51 (1 Thessaloniciens) et l’an 58 (Romains). Problème : il dit très peu de la vie de Jésus. Ses références au Nazaréen se focalisent sur la croix et la résurrection. On apprend tout de même, au fil des pages, que Jésus était descendant de David, né d’une femme israélite.

Paul nous dit encore que Jésus avait des frères et qu’il s’était entouré de douze disciples. Il a enduré des insultes, a été trahi et a pris un dernier repas avant sa mort avec ses disciples. Paul cite au total trois paroles de Jésus. Maigre résultat. Pourquoi si peu ? On a dit que Paul ne savait rien de Jésus, mais c’est absurde. Comment pouvait-il annoncer la mort d’un homme dont il n’aurait rien su ?

En réalité, nous ne possédons aucune trace de la première prédication de l’apôtre, son message missionnaire. Ses lettres datent de la fin de sa vie. Il n’y répète pas ce qu’il a déjà dit, mais se concentre sur ce qu’il estime essentiel : la croix et Pâques. Il faut donc chercher ailleurs des traces plus importantes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés L’apôtre Paul, un conservateur misogyne et antisémite ? « Ce procès est totalement injuste »

Marc fut un pionnier. Il a inventé un genre d’écrit qui n’existait alors pas, à mi-chemin entre la biographie et l’histoire religieuse. Matthieu l’a nommé, après lui, « Evangile ». Comment Marc a-t-il procédé ? En scrutant son texte, on aperçoit qu’il se compose d’une cascade de microrécits : une parole, une parabole, un miracle, un récit de rencontre…