L’Égypte appelle les chrétiens sur les traces de Jésus
Matthieu Stricot - publié le 22/01/2015
Revivre la fuite de la famille de Jésus en Égypte. Lancé en octobre par le ministère du Tourisme égyptien, le projet de pèlerinage a pour but d'attirer les chrétiens sur les pas de la Sainte Famille, selon la tradition copte. Si aucun écrit canonique ne confirme le séjour de Jésus sur les bords du Nil, le pèlerinage reste l'occasion de découvrir les plus vieux monastères et les plus belles églises d'Égypte.
Revivre la fuite de la famille de Jésus en Égypte. Lancé en octobre par le ministère du Tourisme égyptien, le projet de pèlerinage a pour but d'attirer les chrétiens sur les pas de la Sainte Famille, selon la tradition copte. Si aucun écrit canonique ne confirme le séjour de Jésus sur les bords du Nil, le pèlerinage reste l'occasion de découvrir les plus vieux monastères et les plus belles églises d'Égypte.
La porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille aurait séjourné dans le désert Scété, le Wadi Natrun, l'un des berceaux de la chrétienté où quatre monastères existent toujours.|| © Matthieu StricotPlus de 400 moines vivent dans les monastères du Wadi Natrun. Ici, au monastère Deir el-Sourian.|| © Matthieu StricotDans le quartier Babylone du Vieux Caire, l'église suspendue Saint-Georges mérite le détour.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille se serait réfugiée dans la grotte Gabal el-Teir. L'autel de l'église daterait du IVe siècle.|| © Matthieu StricotChaque année, des dizaines de milliers de pèlerins viennent prier la Vierge Marie sous la montagne de Gabal Dronka.|| © Matthieu StricotLa porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu Stricot
La porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille aurait séjourné dans le désert Scété, le Wadi Natrun, l'un des berceaux de la chrétienté où quatre monastères existent toujours.|| © Matthieu StricotPlus de 400 moines vivent dans les monastères du Wadi Natrun. Ici, au monastère Deir el-Sourian.|| © Matthieu StricotDans le quartier Babylone du Vieux Caire, l'église suspendue Saint-Georges mérite le détour.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille se serait réfugiée dans la grotte Gabal el-Teir. L'autel de l'église daterait du IVe siècle.|| © Matthieu StricotChaque année, des dizaines de milliers de pèlerins viennent prier la Vierge Marie sous la montagne de Gabal Dronka.|| © Matthieu Stricot
La fuite de la famille de Jésus en Égypte est relatée dans les Évangiles. Ayant appris, des mages venus d'Orient, la naissance à Bethléem du roi des Juifs, le roi Hérode ordonna de tuer tous les enfants de moins de deux ans qui se trouvaient dans la ville. C'est alors que l'ange du Seigneur serait apparu en songe à Joseph pour lui dire : « “Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr.” Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode » (Mt 2,13-15). Ces versets sont la seule source canonique retraçant cet épisode de la vie de Jésus.
En revanche, ce voyage en Égypte est essentiel dans la foi copte. Il constitue le prélude à l'arrivée de l'apôtre Marc, qui fonda l'Église d'Alexandrie. L'Église orthodoxe égyptienne considère le séjour de Jésus en Égypte comme l'accomplissement de la prophétie d'Osée (VIIIe celui-ci voit Jésus Christ sortir de Bethléem pour aller se réfugier en Égypte. Sa prophétie dit : « D’Égypte, j'ai appelé mon fils » (Osée 11,1). L'Église d'Alexandrie fait également référence à la prophétie d'Isaïe (VIIIe siècle avant notre ère) à propos de l'arrivée de Jésus : « En ce même temps, il y aura un autel à l'Éternel au milieu du pays d'Égypte » (Isaïe 19,19)
L’autel en question serait celui de l'église de la Sainte Vierge à Deir el Moharraq, près d'Assiout. Comptant 140 moines, le monastère est aujourd'hui le plus grand de la Haute-Égypte. « La Sainte Famille a séjourné 185 jours ici. C'est l'endroit où elle est restée le plus longtemps en Égypte », affirme avec précision le père Phelexenous, en charge de l'accueil des pèlerins. La tradition copte veut que l'Enfant sauveur ait couché sur la pierre de l'autel. « Nous supposons que c'est ici que l'ange est apparu à Joseph pour lui annoncer la mort d'Hérode », affirme le moine. « Après son Ascension, Jésus est venu ici avec les apôtres et Marie. De façon miraculeuse, ils ont fondé cet autel », poursuit-il. L'autel de pierre attire des foules d'Égyptiens chrétiens chaque année. « 10 000 personnes entre le 19 et le 29 juin, pour notre fête annuelle », précise le père Phelexenous.
Deir el Moharraq n'est que la fin d'un long périple semé d'embuches pour Joseph, Marie et Jésus. Après avoir traversé le Sinaï, la Sainte Famille se serait dirigée vers le village de Mostord el Mahamma, à environ 10 km du Caire, avant de continuer vers le nord et le delta du Nil, où des églises sont aujourd'hui consacrées au Christ et à la Vierge Marie. >>Dans le désert, le berceau de la vie monastique
En traversant la branche de Rosette (branche ouest du Nil), la Famille se serait ensuite dirigée vers le désert du Wadi Natrun. Si la tradition en dit très peu sur le séjour en ces lieux, le Wadi Natrun reste un lieu majeur du christianisme. Les premiers ermites se sont rendus dans ce désert pour échapper aux persécutions des débuts de notre ère, avant de se réfugier à l'intérieur des murs des monastères. Le premier, le monastère Deir Baramos, a été fondé en 330 par saint Macaire le Grand, disciple de saint Antoine, considéré comme le fondateur du monachisme chrétien.
Plus de 400 moines vivent aujourd’hui au Wadi Natrun, répartis entres les quatre monastères encore existants : Bishoy, Deir el-Sourian, Deir Baramos et Saint-Macaire. De véritables perles patrimoniales au milieu du désert. Au cours de la visite des anciens réfectoires ou cellules, les visiteurs plongent dans la vie des moines de l’Antiquité. Mais ce sont avant tout des lieux de vie spirituelle. Les pèlerins embrassent les corps des saints, touchent les icônes, prient devant la Porte des prophéties du monastère el-Sourian... Un lieu de pèlerinage privilégié pour les Égyptiens, malheureusement délaissé par les touristes étrangers depuis 2011. « Avant la révolution, nous accueillions trois bus par jour. Aujourd’hui, un seul groupe de trois ou quatre personnes par semaine. Essentiellement des employés des ambassades ou d’écoles étrangères », se désole le père Mercurius, au monastère de Saint-Macaire-Le-Grand.
Même phénomène dans les églises du quartier de Babylone, dans le vieux Caire, qui méritent pourtant le détour. Notamment l’église "suspendue" de Saint- Georges, dédiée à la Vierge Marie. Suspendue car construite au-dessus d’une forteresse romaine, que l’on aperçoit à travers le plancher. L’église de Saint-Serge (IVe siècle), voisine, cache un autre trésor. Sa crypte abrite l’un des premiers autels fondés. Il daterait du Ier Selon la tradition copte, la Sainte Famille aurait passé un moment dans ce sous-sol avant de se diriger vers Maadi, au sud de la ville. Sur les bords du Nil, de la terrasse d’une église dédiée à la Vierge, on aperçoit les chaloupes allant et venant, et les pêcheurs remonter leurs filets. De l’escalier en contrebas, la famille de Jésus aurait embarqué pour la Haute-Egypte.
Un sanctuaire dans la montagne
Memphis, Bahnassa, Samalout... Le voyage vers le sud se serait poursuivi jusqu’à Gabal el-Teir, « la Montagne des Oiseaux ». Le lieu porte bien son nom. Le couvent est construit au sommet d’une montagne surplombant la vallée du Nil et offrant une vue imprenable. L’intérieur de l’église du IVe la grotte où se seraient réfugiés Jésus et sa famille, avant de rejoindre la rive ouest du Nil, au village d’El Achmounein. Là, de nombreux miracles se seraient produits et le passage de Jésus aurait entraîné l’écroulement des idoles.
Direction El-Moharraq (voir plus haut), où la Sainte Famille serait restée plus de six mois. Le chemin du retour l’aurait menée plus au sud, à Gabal Dronka. La montagne abrite aujourd’hui un couvent, qui accueille des dizaines de milliers de pèlerins chaque année, notamment pour la fête de l’Assomption. L’église, creusée dans la montagne, prend alors de véritables airs de sanctuaire. Les fidèles prient pour la Vierge et son enfant Jésus, qui ont enduré la chaleur, le froid, la faim et la soif pour parvenir en Haute-Égypte, parcourant la plus grande partie du chemin à pied. De Gabal Dronka, la Sainte Famille serait repartie vers le nord. Après un second passage au Caire, elle aurait repris la direction de la Palestine pour s’établir à Nazareth, en Galilée.
Bien sûr, les péripéties du voyage de la Sainte Famille en Égypte ne relèvent que de la tradition copte. Impossible de confirmer ou réfuter son passage en chacun de ces endroits. Mais finalement, peu importe la véracité de ces récits. L’essentiel du voyage réside dans la foi. La foi des moines et religieuses ayant choisi de consacrer leur vie au Christ et à la Vierge Marie ; la foi de ces pèlerins qui viennent partager leur amour en ces hauts lieux du christianisme copte.
Visiter ces églises, monastères et couvents, c’est découvrir un autre visage de l’Égypte. Les bords du Nil ne sont pas seulement les vestiges de l’Antiquité ou les témoins de la civilisation islamique. L’Égypte est un berceau du monothéisme. Moïse y serait né, y a grandi, est resté quarante ans dans le Sinaï avec le peuple d’Israël, avant de rejoindre le pays de Canaan. La Genèse évoque également le passage d’Abraham en Égypte, et sa rencontre avec le Pharaon (Gn 12, 10-20). Bien plus que le voyage de la Sainte Famille, l’histoire chrétienne de l’Égypte remonte aux grands patriarches de la Bible. Ce qui explique la volonté du gouvernement égyptien de la valoriser en tant que "Terre sainte", au même titre qu’Israël et la Palestine.
Matthieu Stricot - publié le 22/01/2015
Revivre la fuite de la famille de Jésus en Égypte. Lancé en octobre par le ministère du Tourisme égyptien, le projet de pèlerinage a pour but d'attirer les chrétiens sur les pas de la Sainte Famille, selon la tradition copte. Si aucun écrit canonique ne confirme le séjour de Jésus sur les bords du Nil, le pèlerinage reste l'occasion de découvrir les plus vieux monastères et les plus belles églises d'Égypte.
Revivre la fuite de la famille de Jésus en Égypte. Lancé en octobre par le ministère du Tourisme égyptien, le projet de pèlerinage a pour but d'attirer les chrétiens sur les pas de la Sainte Famille, selon la tradition copte. Si aucun écrit canonique ne confirme le séjour de Jésus sur les bords du Nil, le pèlerinage reste l'occasion de découvrir les plus vieux monastères et les plus belles églises d'Égypte.
La porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille aurait séjourné dans le désert Scété, le Wadi Natrun, l'un des berceaux de la chrétienté où quatre monastères existent toujours.|| © Matthieu StricotPlus de 400 moines vivent dans les monastères du Wadi Natrun. Ici, au monastère Deir el-Sourian.|| © Matthieu StricotDans le quartier Babylone du Vieux Caire, l'église suspendue Saint-Georges mérite le détour.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille se serait réfugiée dans la grotte Gabal el-Teir. L'autel de l'église daterait du IVe siècle.|| © Matthieu StricotChaque année, des dizaines de milliers de pèlerins viennent prier la Vierge Marie sous la montagne de Gabal Dronka.|| © Matthieu StricotLa porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu Stricot
La porte de Bethléem est située dans le monastère de Deir el Moharraq. Selon la tradition copte, c'est en ces lieux que Jésus aurait consacré le premier autel d'Egypte.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille aurait séjourné dans le désert Scété, le Wadi Natrun, l'un des berceaux de la chrétienté où quatre monastères existent toujours.|| © Matthieu StricotPlus de 400 moines vivent dans les monastères du Wadi Natrun. Ici, au monastère Deir el-Sourian.|| © Matthieu StricotDans le quartier Babylone du Vieux Caire, l'église suspendue Saint-Georges mérite le détour.|| © Matthieu StricotLa Sainte Famille se serait réfugiée dans la grotte Gabal el-Teir. L'autel de l'église daterait du IVe siècle.|| © Matthieu StricotChaque année, des dizaines de milliers de pèlerins viennent prier la Vierge Marie sous la montagne de Gabal Dronka.|| © Matthieu Stricot
La fuite de la famille de Jésus en Égypte est relatée dans les Évangiles. Ayant appris, des mages venus d'Orient, la naissance à Bethléem du roi des Juifs, le roi Hérode ordonna de tuer tous les enfants de moins de deux ans qui se trouvaient dans la ville. C'est alors que l'ange du Seigneur serait apparu en songe à Joseph pour lui dire : « “Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr.” Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode » (Mt 2,13-15). Ces versets sont la seule source canonique retraçant cet épisode de la vie de Jésus.
En revanche, ce voyage en Égypte est essentiel dans la foi copte. Il constitue le prélude à l'arrivée de l'apôtre Marc, qui fonda l'Église d'Alexandrie. L'Église orthodoxe égyptienne considère le séjour de Jésus en Égypte comme l'accomplissement de la prophétie d'Osée (VIIIe celui-ci voit Jésus Christ sortir de Bethléem pour aller se réfugier en Égypte. Sa prophétie dit : « D’Égypte, j'ai appelé mon fils » (Osée 11,1). L'Église d'Alexandrie fait également référence à la prophétie d'Isaïe (VIIIe siècle avant notre ère) à propos de l'arrivée de Jésus : « En ce même temps, il y aura un autel à l'Éternel au milieu du pays d'Égypte » (Isaïe 19,19)
L’autel en question serait celui de l'église de la Sainte Vierge à Deir el Moharraq, près d'Assiout. Comptant 140 moines, le monastère est aujourd'hui le plus grand de la Haute-Égypte. « La Sainte Famille a séjourné 185 jours ici. C'est l'endroit où elle est restée le plus longtemps en Égypte », affirme avec précision le père Phelexenous, en charge de l'accueil des pèlerins. La tradition copte veut que l'Enfant sauveur ait couché sur la pierre de l'autel. « Nous supposons que c'est ici que l'ange est apparu à Joseph pour lui annoncer la mort d'Hérode », affirme le moine. « Après son Ascension, Jésus est venu ici avec les apôtres et Marie. De façon miraculeuse, ils ont fondé cet autel », poursuit-il. L'autel de pierre attire des foules d'Égyptiens chrétiens chaque année. « 10 000 personnes entre le 19 et le 29 juin, pour notre fête annuelle », précise le père Phelexenous.
Deir el Moharraq n'est que la fin d'un long périple semé d'embuches pour Joseph, Marie et Jésus. Après avoir traversé le Sinaï, la Sainte Famille se serait dirigée vers le village de Mostord el Mahamma, à environ 10 km du Caire, avant de continuer vers le nord et le delta du Nil, où des églises sont aujourd'hui consacrées au Christ et à la Vierge Marie. >>Dans le désert, le berceau de la vie monastique
En traversant la branche de Rosette (branche ouest du Nil), la Famille se serait ensuite dirigée vers le désert du Wadi Natrun. Si la tradition en dit très peu sur le séjour en ces lieux, le Wadi Natrun reste un lieu majeur du christianisme. Les premiers ermites se sont rendus dans ce désert pour échapper aux persécutions des débuts de notre ère, avant de se réfugier à l'intérieur des murs des monastères. Le premier, le monastère Deir Baramos, a été fondé en 330 par saint Macaire le Grand, disciple de saint Antoine, considéré comme le fondateur du monachisme chrétien.
Plus de 400 moines vivent aujourd’hui au Wadi Natrun, répartis entres les quatre monastères encore existants : Bishoy, Deir el-Sourian, Deir Baramos et Saint-Macaire. De véritables perles patrimoniales au milieu du désert. Au cours de la visite des anciens réfectoires ou cellules, les visiteurs plongent dans la vie des moines de l’Antiquité. Mais ce sont avant tout des lieux de vie spirituelle. Les pèlerins embrassent les corps des saints, touchent les icônes, prient devant la Porte des prophéties du monastère el-Sourian... Un lieu de pèlerinage privilégié pour les Égyptiens, malheureusement délaissé par les touristes étrangers depuis 2011. « Avant la révolution, nous accueillions trois bus par jour. Aujourd’hui, un seul groupe de trois ou quatre personnes par semaine. Essentiellement des employés des ambassades ou d’écoles étrangères », se désole le père Mercurius, au monastère de Saint-Macaire-Le-Grand.
Même phénomène dans les églises du quartier de Babylone, dans le vieux Caire, qui méritent pourtant le détour. Notamment l’église "suspendue" de Saint- Georges, dédiée à la Vierge Marie. Suspendue car construite au-dessus d’une forteresse romaine, que l’on aperçoit à travers le plancher. L’église de Saint-Serge (IVe siècle), voisine, cache un autre trésor. Sa crypte abrite l’un des premiers autels fondés. Il daterait du Ier Selon la tradition copte, la Sainte Famille aurait passé un moment dans ce sous-sol avant de se diriger vers Maadi, au sud de la ville. Sur les bords du Nil, de la terrasse d’une église dédiée à la Vierge, on aperçoit les chaloupes allant et venant, et les pêcheurs remonter leurs filets. De l’escalier en contrebas, la famille de Jésus aurait embarqué pour la Haute-Egypte.
Un sanctuaire dans la montagne
Memphis, Bahnassa, Samalout... Le voyage vers le sud se serait poursuivi jusqu’à Gabal el-Teir, « la Montagne des Oiseaux ». Le lieu porte bien son nom. Le couvent est construit au sommet d’une montagne surplombant la vallée du Nil et offrant une vue imprenable. L’intérieur de l’église du IVe la grotte où se seraient réfugiés Jésus et sa famille, avant de rejoindre la rive ouest du Nil, au village d’El Achmounein. Là, de nombreux miracles se seraient produits et le passage de Jésus aurait entraîné l’écroulement des idoles.
Direction El-Moharraq (voir plus haut), où la Sainte Famille serait restée plus de six mois. Le chemin du retour l’aurait menée plus au sud, à Gabal Dronka. La montagne abrite aujourd’hui un couvent, qui accueille des dizaines de milliers de pèlerins chaque année, notamment pour la fête de l’Assomption. L’église, creusée dans la montagne, prend alors de véritables airs de sanctuaire. Les fidèles prient pour la Vierge et son enfant Jésus, qui ont enduré la chaleur, le froid, la faim et la soif pour parvenir en Haute-Égypte, parcourant la plus grande partie du chemin à pied. De Gabal Dronka, la Sainte Famille serait repartie vers le nord. Après un second passage au Caire, elle aurait repris la direction de la Palestine pour s’établir à Nazareth, en Galilée.
Bien sûr, les péripéties du voyage de la Sainte Famille en Égypte ne relèvent que de la tradition copte. Impossible de confirmer ou réfuter son passage en chacun de ces endroits. Mais finalement, peu importe la véracité de ces récits. L’essentiel du voyage réside dans la foi. La foi des moines et religieuses ayant choisi de consacrer leur vie au Christ et à la Vierge Marie ; la foi de ces pèlerins qui viennent partager leur amour en ces hauts lieux du christianisme copte.
Visiter ces églises, monastères et couvents, c’est découvrir un autre visage de l’Égypte. Les bords du Nil ne sont pas seulement les vestiges de l’Antiquité ou les témoins de la civilisation islamique. L’Égypte est un berceau du monothéisme. Moïse y serait né, y a grandi, est resté quarante ans dans le Sinaï avec le peuple d’Israël, avant de rejoindre le pays de Canaan. La Genèse évoque également le passage d’Abraham en Égypte, et sa rencontre avec le Pharaon (Gn 12, 10-20). Bien plus que le voyage de la Sainte Famille, l’histoire chrétienne de l’Égypte remonte aux grands patriarches de la Bible. Ce qui explique la volonté du gouvernement égyptien de la valoriser en tant que "Terre sainte", au même titre qu’Israël et la Palestine.