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Le pape François reconnaît des défaillances de la Curie romaine envers les dominicaines du Saint-Esprit, dont la maison mère est dans le Morbihan.
Selon une information du journal La Croix, les dominicaines du Saint-Esprit, un institut traditionaliste (1) dont la maison mère est à Berné (Morbihan) ont reçu un courrier, le vendredi 28 janvier 2022, émanant du pape François. Celui-ci y présente ses « excuses » pour les défaillances de la Curie romaine à l’égard de leur communauté.
Il est certain qu’au domaine de Pontcallec, le climat s’était détérioré en 2013, après des « séances d’exorcisme illicites pratiquées par un prêtre traditionaliste », nous soumettait en juillet 2021, Me Adeline Le Gouvello. L’avocate défend les intérêts de sœur Marie Ferréol, qui a dénoncé les faits et a été exclue de la vie religieuse après trente-quatre ans au service de Dieu.
« Conscient des souffrances »
D’autres faits graves auraient eu lieu sans réponse adaptée et sans écoute de Rome. Toujours selon La Croix, le pape François a pris la mesure de la situation, l’amenant à des mots forts : « Certaines situations de personnes n’ont pas été accompagnées pendant plusieurs années, notamment des victimes d’abus […] Je suis conscient des souffrances qui ont pu résulter de cet accompagnement, je souhaite que les moyens soient pris pour soulager et permettre leur reconstruction. »
Par voie de communiqué, publié sur Internet, l’institut traditionaliste qui se dit « conscient de sa responsabilité à l’égard des personnes concernées par ces différents manquements, souhaite leur exprimer ici une demande de pardon et poursuivre le travail de transparence, de vérité et de pacification commencé, selon la demande du Saint-Père lui-même ».
(1) Les dominicaines s’occupent de cinq écoles non-mixtes et hors contrat, à Berné, Nantes (Loire-Atlantique), Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), Épinal (Vosges) et Draguignan (Var). Elles sont une centaine.

C'est quoi cette salade ?

En apparence, ce n’est qu’une affaire locale. On y croise des personnalités influentes, des familles qui gravitent de près ou de loin autour de la droite extrême. Une fraction ultra-minoritaire de l’Église catholique en France, très éloignée a prioride la ligne d’ouverture qu’entend promouvoir le pape depuis le début de son pontificat. Il peut donc paraître surprenant de le voir s’impliquer personnellement dans le dossier des dominicaines de Pontcallec.

Comme La Croix l’a révélé ce week-end, François a signé de sa main une lettre adressée aux membres de cet institut traditionaliste qui traverse depuis plusieurs années une grave crise de gouvernance. Il leur demande pardon pour les manquements de la Curie dans le suivi de l’affaire. Humble dans sa forme, cette démarche rarissime constitue sur le fond un acte d’autorité. Sur un plan interne à la Curie, c’est d’abord la confirmation de la faillite d’« Ecclesia Dei ». Cette commission définitivement supprimée l’an dernier avait pour but, à l’origine, de veiller au dialogue avec les « tradis » et les intégristes, qu’ils soient ou non restés dans le giron romain. Or, dans l’affaire de Pontcallec, Ecclesia Dei a de fait contribué à aggraver la situation. Le pape en prend acte. Voilà pour le passé.

Pour ce qui est du présent, ce courrier est un geste d’apaisement. Le pape exprime sa sollicitude à l’égard de personnes blessées au cours de cette crise. Qu’importent en l’occurrence les affinités ecclésiales. Dans une période où les milieux conservateurs lui reprochent une reprise en main de la liturgie – après le motu proprio de juillet 2020 –, il s’agit de fait d’une manifestation d’unité.