Apparemment, au cours des Ier et IIe siècles, une superstition sur l’usage du nom divin s’est imposée parmi les Juifs. La Mishna (un recueil de commentaires rabbiniques qui a servi de base au Talmud) stipule que “ celui qui prononce le nom divin tel qu’il s’écrit ” n’a pas de part dans le paradis terrestre promis par Dieu.
D’où cette interdiction tirait-elle ses origines ? D’après certains, les Juifs jugeaient le nom de Dieu trop sacré pour être prononcé par des humains imparfaits. Ils en sont même arrivés à hésiter à l’écrire. Comme l’explique un ouvrage, cette crainte venait du fait qu’un document où figurait le nom de Dieu risquait de finir à la poubelle, ce qui profanerait le nom divin.
Selon l’Encyclopaedia Judaica, “ le refus de prononcer le nom YHWH [...] provient d’une mauvaise compréhension du troisième commandement ”. Le troisième des Dix Commandements donnés par Dieu aux Israélites déclare : “ Tu ne dois pas prendre le nom de Jéhovah ton Dieu de manière indigne, car Jéhovah ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom de manière indigne. ” (Exode 20:7). Le décret de Dieu contre l’utilisation abusive de son nom a donc été tourné en superstition.
Il est évident qu’aujourd’hui personne ne prétend que Dieu ferait brûler au bûcher quiconque prononcerait son nom ! Toutefois, les superstitions juives à l’égard du nom divin subsistent encore. Nombreux sont ceux qui parlent du Tétragramme comme étant le “ Nom ineffable ” et le “ Nom indicible ”. Dans certains cercles, toute expression faisant référence à Dieu est volontairement mal prononcée pour ne pas violer la tradition. À titre d’illustration, Jah, ou Yah, une abréviation du nom divin, est prononcé Kah. Alléluia est prononcé Alléluka. Certains refusent même d’écrire le mot “ Dieu ”. Ils remplacent une ou plusieurs lettres par un trait. Ils écrivent par exemple “ D--U ”.