Bâton du commandement. Le mot hébreu mechokek désigne ordinairement le commandant lui-même, le législateur ; mais le parallélisme avec le mot sceptre oblige à le prendre ici dans le sens de bâton du commandement. Comparez pour ce sens Nombres 21.18.
D’entre ses pieds. Il faut se représente le prince assis, tenant en sa main le sceptre, dont l’extrémité repose sur le sol entre ses pieds.
Jusqu’à ce que vienne Schilo. Jacob indique ici le terme auquel aboutira la souveraineté de Juda sur le peuple entier.
Le mot Schilo peut être pris soit comme régime, soit comme sujet du verbe venir : Jusqu’à ce qu’il (ou qu’on) vienne à Schilo, ou : Jusqu’à ce que Schilo vienne.
Dans la première construction, le mot Schilo a été interprété de différentes manières. Plusieurs l’on pris dans le sens géographique qu’a ce mot dans les autres passages où il se rencontre et où il désigne la ville de Silo aujourd’hui Seilûn (quelques ruines), dans la tribu d’Éphraïm. C’est là que le tabernacle fut placé après la conquête de Canaan, et là aussi que le partage du pays fut exécuté. On a supposé qu’en désignant ainsi cette ville, Jacob faisait allusion au sens de son nom qui signifierait repos. Juda serait à la tête du peuple jusqu’à son arrivée en Canaan, son lieu de repos. D’après ce sens, la souveraineté de Juda sur Israël consisterait dans le premier rang qui fut accordé à cette tribu dès la sortie d’Égypte pendant le séjour au désert.
Mais comment cette première place, dans les campements et dans les marches, pourrait-elle être appelée une souveraineté ? Et comment admettre que la promesse du rôle royal de Juda en Israël n’ait trait en aucune manière au grand fait de la royauté théocratique attachée pendant des siècles à la famille de David et à la tribu de Juda. De plus, Silo n’est mentionnée nulle part dans l’histoire patriarcale. L’on peut douter qu’elle existât déjà au temps de Jacob ou qu’elle fût connue de lui.
En admettant la même construction, on s’est borné au sens supposé du mot Schilo, repos, du verbe schala, être tranquille, en faisant abstraction de sa signification géographique. Mais cette explication se heurte à la même difficulté que la précédente ; la souveraineté proprement dite de Juda sur Israël n’a pas précédé, mais a suivi, et après un temps assez long, l’arrivée du peuple au repos, en Canaan.