[size=38]Un pasteur au plus près de l’ancien bras droit d’Hitler[/size]
Critique
Dans Le fantôme de Spandau, poignant documentaire sorti fin 2019, l’ancien aumônier militaire protestant témoigne du lien particulier qu’il a noué, entre 1977 et 1987, avec le haut dignitaire nazi Rudolf Hess, depuis sa petite cellule pénitentiaire berlinoise.
Les cheveux courts et grisonnants, le regard bleu vif retranché derrière de fines lunettes, le pasteur luthéro-réformé Charles Gabel s’adresse sans ambages à la caméra, tenue par ses propres petits enfants, les réalisateurs Idriss Gabel et Marie Calvas. Dans Le fantôme de Spandau, poignant documentaire sorti fin 2019, l’ancien aumônier militaire protestant témoigne du lien particulier qu’il a noué, entre 1977 et 1987, avec le haut dignitaire nazi Rudolf Hess, depuis sa petite cellule pénitentiaire berlinoise.
L’histoire n’aura pas autant retenu son nom que celui de Goebbels ou de Goering. Idéologue influent dans la montée du nazisme, Rudolf Hess a pourtant été l’un des bras droits et grand ami d’Hitler, parrain de son propre fils. Après avoir été jugé, et condamné à perpétuité à l’issue du procès de Nuremberg, Rudolf Hess a passé le reste de sa vie, soit 46 ans de détention à l’isolement, dans la prison de Spandau, tenue au lendemain de la seconde guerre mondiale par les quatre puissances victorieuses du Reich.
Dans cette petite pièce confinée, aux murs délabrés uniquement décorés par une affiche de la lune, Charles Gabel fut pendant près de dix ans son seul confident, l’unique personne autorisée à lui parler librement, en dehors du parloir. Les deux hommes se sont ainsi vus « 35 à 40 fois par an, pendant une heure et demie ou plus dans les dernières années », raconte le pasteur, père de huit enfants, dont quatre adoptés.
Quels regrets l’ancien cadre nazi a-t-il pu alors lui formuler ? Avait-il fini par prendre conscience de l’horreur de la Shoah, de tous les crimes contre l’humanité perpétrés par l’idéologie nationale socialiste allemande ? Comment a-t-il appréhendé sa peine, et comment accompagner spirituellement un homme incarnant le « mal absolu » ? Quel « pardon » lui donner, et en quel nom ?
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Un Juste contre le IIIe Reich
Au fil de séquences cadencées d’archives historiques, de débats familiaux dans sa maison des Cévennes, brandissant encore à l’écran ses photos et ses lettres personnelles, Charles Gabel n’élude aucune de ces douloureuses questions. Émouvant et intimiste, ce documentaire retrace avec une réelle profondeur historique le combat inachevé d’un homme de foi, ayant espéré envers et contre tout conduire au repentir l’un des grands bourreaux de l’histoire, sans jamais minimiser ses crimes.
(1) 73 minutes, encore accessible en replay en Belgique sur le site de la RTBF
Critique
Dans Le fantôme de Spandau (1), l’ancien aumônier de prison Charles Gabel livre un témoignage poignant sur la manière dont il a accompagné, de 1977 à 1987, le haut dignitaire nazi Rudolf Hess (1894-1987). Sorti fin 2019, ce documentaire devait être présenté cette semaine au festival Itinérances d’Alès, annulé à cause de la crise sanitaire.
- Malo Tresca,
- le 22/03/2020 à 15:28
Dans Le fantôme de Spandau, poignant documentaire sorti fin 2019, l’ancien aumônier militaire protestant témoigne du lien particulier qu’il a noué, entre 1977 et 1987, avec le haut dignitaire nazi Rudolf Hess, depuis sa petite cellule pénitentiaire berlinoise.
Les cheveux courts et grisonnants, le regard bleu vif retranché derrière de fines lunettes, le pasteur luthéro-réformé Charles Gabel s’adresse sans ambages à la caméra, tenue par ses propres petits enfants, les réalisateurs Idriss Gabel et Marie Calvas. Dans Le fantôme de Spandau, poignant documentaire sorti fin 2019, l’ancien aumônier militaire protestant témoigne du lien particulier qu’il a noué, entre 1977 et 1987, avec le haut dignitaire nazi Rudolf Hess, depuis sa petite cellule pénitentiaire berlinoise.
L’histoire n’aura pas autant retenu son nom que celui de Goebbels ou de Goering. Idéologue influent dans la montée du nazisme, Rudolf Hess a pourtant été l’un des bras droits et grand ami d’Hitler, parrain de son propre fils. Après avoir été jugé, et condamné à perpétuité à l’issue du procès de Nuremberg, Rudolf Hess a passé le reste de sa vie, soit 46 ans de détention à l’isolement, dans la prison de Spandau, tenue au lendemain de la seconde guerre mondiale par les quatre puissances victorieuses du Reich.
« Mal absolu »
Dans cette petite pièce confinée, aux murs délabrés uniquement décorés par une affiche de la lune, Charles Gabel fut pendant près de dix ans son seul confident, l’unique personne autorisée à lui parler librement, en dehors du parloir. Les deux hommes se sont ainsi vus « 35 à 40 fois par an, pendant une heure et demie ou plus dans les dernières années », raconte le pasteur, père de huit enfants, dont quatre adoptés.
Quels regrets l’ancien cadre nazi a-t-il pu alors lui formuler ? Avait-il fini par prendre conscience de l’horreur de la Shoah, de tous les crimes contre l’humanité perpétrés par l’idéologie nationale socialiste allemande ? Comment a-t-il appréhendé sa peine, et comment accompagner spirituellement un homme incarnant le « mal absolu » ? Quel « pardon » lui donner, et en quel nom ?
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Au fil de séquences cadencées d’archives historiques, de débats familiaux dans sa maison des Cévennes, brandissant encore à l’écran ses photos et ses lettres personnelles, Charles Gabel n’élude aucune de ces douloureuses questions. Émouvant et intimiste, ce documentaire retrace avec une réelle profondeur historique le combat inachevé d’un homme de foi, ayant espéré envers et contre tout conduire au repentir l’un des grands bourreaux de l’histoire, sans jamais minimiser ses crimes.
(1) 73 minutes, encore accessible en replay en Belgique sur le site de la RTBF