[size=38]Le judaïsme français s’offre une vitrine à Paris[/size]
Le centre européen du judaïsme est inauguré ce mardi 24 octobre en présence du président de la République.
Le président du consistoire Joël Mergui devant le nouveau centre.[size=12]JACQUES DEMARTHON/AF[/size]
Après quatre ans de travaux, marqués par les difficultés et les doutes, le voilà enfin prêt à ouvrir ses portes. Le centre européen du judaïsme (CEJ) situé à quelques encablures de la Porte de Champerret dans le 17e arrondissement de Paris est inauguré ce mardi 24 octobre. Ce complexe de 5 000 m2 comprend trois entités : une synagogue de 600 places et deux bâtiments de cinq et sept étages, qui accueilleront des bureaux pour le consistoire central et son antenne parisienne, ainsi qu’un pôle culturel de 2 500 m2.
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Son emplacement ne doit rien au hasard : les attentats et la recrudescence des actes antisémites des années 2000 et 2010 ont poussé une bonne partie de la communauté à quitter l’est populaire de la capitale pour l’ouest, plus bourgeois et jugé plus sûr. « Le 17e est très familial, c’est un cocon pour la communauté juive », explique le maire de l’arrondissement Geoffroy Boulard. Entre 37 000 et 41 000 juifs vivent dans l’arrondissement sur un total de 171 000 habitants, ce qui en fait l’une des plus grandes communautés juives d’Europe. Le 17e comptait déjà une quinzaine de synagogues de toutes sensibilités, mais aucune d’entre elles n’était membre du consistoire. Le CEJ permet à l’institution napoléonienne, qui incarne le courant orthodoxe, de s’établir en force dans le nouveau centre de gravité du judaïsme parisien.
« Le CEJ montre que la communauté juive de France se projette dans l’avenir et n’est pas dans le renoncement », explique Joël Mergui, président du consistoire central. « En 2006, quand le projet a commencé à prendre forme, nous avons été endeuillés par l’assassinat d’Ilan Halimi. En 2012, l’année des attentats de Merah, nous obtenons notre premier permis de construire. En 2015, nous commençons les travaux quelques mois après l’attentat de l’Hypercasher. Dans toutes ses étapes, ce projet a été à la fois un pari et un acte de foi. Mais tant que les pouvoirs publics nous soutiennent, nous n’avons pas le droit de baisser les bras ».
Le volontarisme de la classe politique pour ce centre ne s’est en effet jamais démenti. Ce mardi 24 octobre au soir, Emmanuel Macron fera le déplacement pour inaugurer le centre. Outre le terrain mis à disposition par la mairie de Paris, l’État et la région ont contribué à hauteur de 3 millions d’euros pour la partie culturelle du CEJ. Le reste des fonds pour ce projet – dont le coût total s’élève à près de 15 millions d’euros – provient d’un emprunt du consistoire central et de son antenne parisienne (4 millions) ainsi que des dons de particuliers comme de grands mécènes (7 millions).
L’équation budgétaire à moyen et long terme reste toutefois une forte interrogation, compte tenu des ambitions culturelles du centre : devenir un lieu de savoir, de diffusion de la culture juive au niveau européen, avec des salles de spectacle et d’exposition ouvertes au public. « Il n’y a pas de modèle économique, à part des futures subventions et des dons », s’inquiète un bon connaisseur du dossier, qui qualifie d’un peu « ronflante », la dénomination « européenne » du centre. « L’important, pour le consistoire, c’était avant tout d’avoir une présence dans le 17e arrondissement », détaille-t-il. « C’est vrai que pour l’instant, l’aspect culturel n’est pas encore structuré mais l’urgence de Joël Mergui, c’était d’ouvrir après tant d’années à porter le projet dans les difficultés », souligne Geoffroy Boulard. « Tout reste à bâtir », admet le président du consistoire, qui devra nommer rapidement un directeur pour ce pôle culturel.
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Les juifs libéraux, une sensibilité minoritaire du judaïsme français souhaitent, eux, que ce centre puisse devenir un haut lieu du dialogue religieux intra-juif. « J’espère que ce projet saura dépasser sa dimension consistoriale pour faire dialoguer tous les courants du judaïsme en Europe comme en France. Un endroit où orthodoxes, massortis comme libéraux pourraient échanger, ça aurait vraiment du panache », se réjouit Gad Weil, coprésident du Judaïsme en mouvement.
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Le consistoire
Créé par Napoléon en 1808, le consistoire central est la principale institution représentative de la religion juive en France. Avec ses 15 sections régionales (500 synagogues affiliées ou associées), son rôle est de former les rabbins et de répondre aux besoins cultuels (mariage, conversion, éducation religieuse, certification de la nourriture cachère...). Les fidèles adhèrent aux consistoires locaux qui paient une cotisation annuelle au consistoire central. L’institution incarne le courant orthodoxe, majoritaire parmi les juifs de France.
En région parisienne, qui comprend les deux tiers de la communauté juive française (500 000 ames), 82 communautés dépendent directement du Consistoire de Paris, une cinquantaine d’autres lui sont associées.
Le centre européen du judaïsme est inauguré ce mardi 24 octobre en présence du président de la République.
Implanté dans le 17e arrondissement à Paris, ce complexe, organisé autour de sa synagogue, entend mieux faire connaître la culture juive, dans un contexte troublé par la recrudescence des actes antisémites.
- Héloïse de Neuville,
- le 29/10/2019 à 07:00
Le président du consistoire Joël Mergui devant le nouveau centre.[size=12]JACQUES DEMARTHON/AF[/size]
Après quatre ans de travaux, marqués par les difficultés et les doutes, le voilà enfin prêt à ouvrir ses portes. Le centre européen du judaïsme (CEJ) situé à quelques encablures de la Porte de Champerret dans le 17e arrondissement de Paris est inauguré ce mardi 24 octobre. Ce complexe de 5 000 m2 comprend trois entités : une synagogue de 600 places et deux bâtiments de cinq et sept étages, qui accueilleront des bureaux pour le consistoire central et son antenne parisienne, ainsi qu’un pôle culturel de 2 500 m2.
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« Le CEJ montre que la communauté juive de France se projette dans l’avenir et n’est pas dans le renoncement », explique Joël Mergui, président du consistoire central. « En 2006, quand le projet a commencé à prendre forme, nous avons été endeuillés par l’assassinat d’Ilan Halimi. En 2012, l’année des attentats de Merah, nous obtenons notre premier permis de construire. En 2015, nous commençons les travaux quelques mois après l’attentat de l’Hypercasher. Dans toutes ses étapes, ce projet a été à la fois un pari et un acte de foi. Mais tant que les pouvoirs publics nous soutiennent, nous n’avons pas le droit de baisser les bras ».
Un pôle culturel à structurer
Le volontarisme de la classe politique pour ce centre ne s’est en effet jamais démenti. Ce mardi 24 octobre au soir, Emmanuel Macron fera le déplacement pour inaugurer le centre. Outre le terrain mis à disposition par la mairie de Paris, l’État et la région ont contribué à hauteur de 3 millions d’euros pour la partie culturelle du CEJ. Le reste des fonds pour ce projet – dont le coût total s’élève à près de 15 millions d’euros – provient d’un emprunt du consistoire central et de son antenne parisienne (4 millions) ainsi que des dons de particuliers comme de grands mécènes (7 millions).
L’équation budgétaire à moyen et long terme reste toutefois une forte interrogation, compte tenu des ambitions culturelles du centre : devenir un lieu de savoir, de diffusion de la culture juive au niveau européen, avec des salles de spectacle et d’exposition ouvertes au public. « Il n’y a pas de modèle économique, à part des futures subventions et des dons », s’inquiète un bon connaisseur du dossier, qui qualifie d’un peu « ronflante », la dénomination « européenne » du centre. « L’important, pour le consistoire, c’était avant tout d’avoir une présence dans le 17e arrondissement », détaille-t-il. « C’est vrai que pour l’instant, l’aspect culturel n’est pas encore structuré mais l’urgence de Joël Mergui, c’était d’ouvrir après tant d’années à porter le projet dans les difficultés », souligne Geoffroy Boulard. « Tout reste à bâtir », admet le président du consistoire, qui devra nommer rapidement un directeur pour ce pôle culturel.
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Les juifs libéraux de France unissent leurs forces
Les juifs libéraux, une sensibilité minoritaire du judaïsme français souhaitent, eux, que ce centre puisse devenir un haut lieu du dialogue religieux intra-juif. « J’espère que ce projet saura dépasser sa dimension consistoriale pour faire dialoguer tous les courants du judaïsme en Europe comme en France. Un endroit où orthodoxes, massortis comme libéraux pourraient échanger, ça aurait vraiment du panache », se réjouit Gad Weil, coprésident du Judaïsme en mouvement.
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Le consistoire
Créé par Napoléon en 1808, le consistoire central est la principale institution représentative de la religion juive en France. Avec ses 15 sections régionales (500 synagogues affiliées ou associées), son rôle est de former les rabbins et de répondre aux besoins cultuels (mariage, conversion, éducation religieuse, certification de la nourriture cachère...). Les fidèles adhèrent aux consistoires locaux qui paient une cotisation annuelle au consistoire central. L’institution incarne le courant orthodoxe, majoritaire parmi les juifs de France.
En région parisienne, qui comprend les deux tiers de la communauté juive française (500 000 ames), 82 communautés dépendent directement du Consistoire de Paris, une cinquantaine d’autres lui sont associées.