[size=55]La France referme le Tombeau des rois à Jérusalem après des incidents avec des juifs orthodoxes
Le consulat général de France dans la Ville Sainte souhaite que le site « reste accessible à un public varié » par petits groupes et non aux seuls juifs orthodoxes.
[/size]Des ultraorthodoxes à l’entrée du Tombeau des rois à Jérusalem. MENAHEM KAHANA/AFP
Par Ronan Tésorière avec AFP
Le 27 juin 2019 à 17h41
Comme souvent à Jérusalem, bouger une pierre de quelques centimètres peut causer parfois des émeutes. Alors rouvrir le Tombeau des rois est bien qu'un acte symbolique. La France, propriétaire des lieux depuis le XIXe siècle, a annoncé jeudi suspendre les visites au Tombeau des rois à Jérusalem à la suite d'incidents survenus le jour même de la réouverture de ce joyau archéologique vieux de 2000 ans. Après presque dix ans de fermeture au public, la réouverture de ce lieu historique a été émaillée d'échauffourées quand des juifs ultraorthodoxes ont tenté d'entrer sur le site pour y prier, mais sans les billets ou réservations nécessaires.
Des agents du consulat général de France à Jérusalem « ont été agressés », a indiqué la mission diplomatique dans un communiqué. Pourtant, « la France avait demandé aux autorités israéliennes de prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir un climat apaisé autour du Tombeau des rois et de veiller au plein respect du droit de propriété de la France », a-elle ajouté.
Le consulat général souhaite que le site « reste accessible à un public varié » par petits groupes. Il indique suspendre les visites aussi longtemps que le climat ne s'y prêtera pas. Le Tombeau des rois est un monumental ensemble funéraire taillé dans la roche, site archéologique majeur et objet de controverses religieuse et politique.
Lieu de culte pour les juifs orthodoxes
Le monument présente un mausolée monolithe comprenant un escalier monumental, une cour immense, un vestibule et des salles hypogées renfermant trente et une tombes. La grande taille du site a conduit à la croyance erronée que les tombes avaient été autrefois le lieu de sépulture des rois de Juda, d'où le nom de Tombeau des Rois, mais les tombes sont maintenant connues pour être le tombeau de la reine Hélène d'Adiabène, une région d'Assyrie, de Ben Kalba Savoua et de Nakdimon (Nicodème) ben Gorion, deux philanthropes juifs très actifs à l'époque du Second Temple.
Les juifs ultraorthodoxes révèrent le site surtout comme le lieu de sépulture de la reine Hélène d'Adiabène, convertie au judaïsme au Ier siècle de notre ère. Une mythologie importante a tojours entouré le site. Après Flavius Josèphe, plusieurs autres sources antiques parlent de ce tombeau. Au IIe siècle, il a été décrit par le géographe grec Pausanias comme la deuxième plus belle tombe au monde, après le mausolée d'Halicarnasse, l'une des sept merveilles du monde antique. Pausanias parle même d'un mécanisme secret qui permet d'ouvrir ce tombeau, entretenant le mystère.
Contestation du domaine français en Terre Sainte
Au XXIe siècle, des juifs contestent cependant le droit de propriété française. Les ultraorthodoxes réclament un accès illimité. Dans les milieux archéologiques, l'inquiétude est réelle que le lieu ne soit soustrait à la science au profit du culte.
Le domaine national français en Terre sainte, comprend l'église Sainte-Anne de Jérusalem, le site de l'Eleona au sommet du mont des Oliviers à Jérusalem ainsi que l'ancienne commanderie croisée d'Abou Gosh et le Tombeau des Rois, et sont administrés par le consulat général de France de la ville Sainte.