[size=48]Misophonie, quand le bruit devient insupportable
Par Leslie Rezzoug,publié le 06/05/2019 à 07:00 , mis à jour à 13:24
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Les bruits de bouche, comme la mastication et la déglutition, seraient les plus agaçants pour les misophones.
Getty Images/Image Source
Mastication de chewing-gum, grignotage de pop-corn au cinéma, grattement d'ongle contre la toile d'un jean : quasi imperceptibles pour la majorité d'entre nous, ces bruits du quotidien sont un séisme auditif pour Sonia, 28 ans.
"Entendre ma mère renifler au téléphone m'agresse tellement que je dois raccrocher immédiatement", reconnaît la jeune femme. Laura, 32 ans, est atteinte de la même hypersensibilité. Il lui arrive de quitter la pièce quand sa compagne mange tant les bruits de déglutition lui sont insupportables.
Leurs réactions pourraient faire passer les deux jeunes femmes pour des divas capricieuses. Il arrive d'ailleurs que leurs proches les taxent d'intolérance et que l'incompréhension mène à la dispute. Elles souffrent pourtant d'une affection bien réelle : la misophonie, ou "haine du son".
Découvert en 2000 par Pawel et Margaret Jastreboff, un couple de chercheurs de l'université Emory d'Atlanta, ce trouble n'est pas lié à un problème auditif - comme les acouphènes- mais se définit par le déclenchement dans le cortex de sentiment négatifs comme la colère, la haine, l'anxiété ou le dégoût à cause de sons spécifiques.
Selon les deux chercheurs, la misophonie pourrait avoir une origine héréditaire et s'accentuer avec les années. "Mon père, mon frère et ma soeur sont un peu comme moi, à un niveau moins élevé. Je remarque aussi que ce phénomène, démarré à l'adolescence, prend une ampleur de plus en plus grande avec l'âge", abonde Laura.
Dans "La misophonie ou l'aversion pour le bruit : à propos d'un cas clinique", un article publié dans la Revue médicale suisse, trois psychiatres du département de santé mentale et de psychiatrie de l'hôpital de Genève soulignent le manque de consensus de la communauté scientifique sur le sujet. "Certains auteurs préconisent que la misophonie peut être considérée comme un ensemble de symptômes faisant partie du TOC, ou de l'anxiété généralisée ou du trouble de la personnalité schizotypique, tout en admettant la nécessité d'étayer ces affirmations par des études", écrivent-ils.
Par Leslie Rezzoug,publié le 06/05/2019 à 07:00 , mis à jour à 13:24
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Les bruits de bouche, comme la mastication et la déglutition, seraient les plus agaçants pour les misophones.
Getty Images/Image Source
Les sons les plus anodins provoquent chez certains anxiété et colère. Un trouble peu étudié par la communauté scientifique qui complique pourtant la vie sociale.
Mastication de chewing-gum, grignotage de pop-corn au cinéma, grattement d'ongle contre la toile d'un jean : quasi imperceptibles pour la majorité d'entre nous, ces bruits du quotidien sont un séisme auditif pour Sonia, 28 ans.
"Entendre ma mère renifler au téléphone m'agresse tellement que je dois raccrocher immédiatement", reconnaît la jeune femme. Laura, 32 ans, est atteinte de la même hypersensibilité. Il lui arrive de quitter la pièce quand sa compagne mange tant les bruits de déglutition lui sont insupportables.
Leurs réactions pourraient faire passer les deux jeunes femmes pour des divas capricieuses. Il arrive d'ailleurs que leurs proches les taxent d'intolérance et que l'incompréhension mène à la dispute. Elles souffrent pourtant d'une affection bien réelle : la misophonie, ou "haine du son".
Un trouble encore peu étudié
Découvert en 2000 par Pawel et Margaret Jastreboff, un couple de chercheurs de l'université Emory d'Atlanta, ce trouble n'est pas lié à un problème auditif - comme les acouphènes- mais se définit par le déclenchement dans le cortex de sentiment négatifs comme la colère, la haine, l'anxiété ou le dégoût à cause de sons spécifiques.
Selon les deux chercheurs, la misophonie pourrait avoir une origine héréditaire et s'accentuer avec les années. "Mon père, mon frère et ma soeur sont un peu comme moi, à un niveau moins élevé. Je remarque aussi que ce phénomène, démarré à l'adolescence, prend une ampleur de plus en plus grande avec l'âge", abonde Laura.
Dans "La misophonie ou l'aversion pour le bruit : à propos d'un cas clinique", un article publié dans la Revue médicale suisse, trois psychiatres du département de santé mentale et de psychiatrie de l'hôpital de Genève soulignent le manque de consensus de la communauté scientifique sur le sujet. "Certains auteurs préconisent que la misophonie peut être considérée comme un ensemble de symptômes faisant partie du TOC, ou de l'anxiété généralisée ou du trouble de la personnalité schizotypique, tout en admettant la nécessité d'étayer ces affirmations par des études", écrivent-ils.