[size=62]Les insectes, un déclin mondial sans précédent[/size]
Cela équivaut "au plus massif épisode d'extinction" depuis la disparition des dinosaures. (GEORGES GOBET / AFP)
Par L'Obs avec AFP
Publié le 12 février 2019 à 18h55
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
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Ils mettent en garde contre un "effondrement catastrophique" des milieux naturels. Selon plusieurs scientifiques, près de la moitié des espèces d'insectes - essentiels aux écosystèmes comme aux économies - sont en déclin rapide dans le monde entier.
La synthèse de 73 études réalisée par les auteurs de ce bilan "effrayant", à paraître dans la revue "Biological Conservation", pointe en particulier le rôle de l'agriculture intensive :
"La conclusion est claire : à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l'extinction en quelques décennies."
Aujourd'hui, environ un tiers des espèces sont menacées d'extinction "et chaque année environ 1% supplémentaire s'ajoute à la liste", ont calculé Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckhuys, des universités australiennes de Sydney et du Queensland. Cette situation alarmante reviendrait "au plus massif épisode d'extinction" depuis la disparition des dinosaures, précisent les scientifiques, avant de souligner :
"La proportion d'espèces d'insectes en déclin (41%) est deux fois plus élevée que celle des vertébrés et le rythme d'extinction des espèces locales (10%) huit fois plus."
Quand on parle de perte de biodiversité, le sort des grands animaux capte souvent l'attention. Or, les insectes sont "d'une importance vitale pour les écosystèmes planétaires" et "un tel événement ne peut pas être ignoré et devrait pousser à agir pour éviter un effondrement des écosystèmes naturels qui serait catastrophique", insistent les scientifiques.
Les insectes sont à l'origine de la pollinisation des cultures. A l'inverse, leur disparition progressive a un impact sur toute la chaîne alimentaire, et notamment le déclin "vertigineux" des oiseaux des campagnes révélé en France en 2018. "Il n'y a quasiment plus d'insectes, c'est ça le problème numéro un", expliquait alors Vincent Bretagnolle, un des auteurs de l'étude française, notant que même les volatiles granivores ont besoin d'insectes à un moment dans l'année, pour leurs poussins.
Selon une étude parue fin 2017, basée sur des captures réalisées en Allemagne, l'Europe aurait perdu près de 80% de ses insectes en moins de 30 ans, contribuant à faire disparaître plus de 400 millions d'oiseaux. Les oiseaux, mais aussi les hérissons, les lézards, les amphibiens, les poissons : ils dépendent tous de cette nourriture.
A l'origine de cette chute des insectes, les chercheurs australiens désignent la perte de leur habitat (urbanisation, déforestation, conversion agricole) mais aussi le recours aux pesticides et engrais de synthèse. Ces substances sont au coeur de l'intensification des pratiques agricoles des soixante dernières années.
L'étude se base notamment sur les cas de l'Europe et des États-Unis, où l'on dispose des suivis les plus réguliers. "Mais vu que ces facteurs s'appliquent à tous les pays du monde, les insectes ne devraient pas s'en tirer différemment dans les pays tropicaux et en développement", précise le travail universitaire.
A ces raisons s'ajoutent les agents pathogènes (virus, parasites), les espèces invasives et enfin le changement climatique mais surtout dans les régions tropicales à ce stade.
Le recul des insectes, qui forment les deux tiers des espèces terrestres, remonte au début du XXe siècle, mais s'est accéléré dans les années 1950-60 pour atteindre "des proportions alarmantes" ces 20 dernières années.
Parmi les plus affectés, les lépidoptères (les papillons), les hyménoptères (abeilles, guèpes, fourmis, frelons... présents sur tous les continents sauf en Antarctique) et les coléoptères (scarabées, coccinelles).
Quelque 60% des espèces de bousiers (insectes coprophages) sont ainsi sur le déclin dans le bassin méditerranéen. Et une espèce d'abeilles sur six a disparu au niveau régional, dans le monde. Les insectes aquatiques, qu'il s'agisse des libellules ou des éphémères, ne sont pas épargnés.
"Restaurer les habitats, repenser les pratiques agricoles, avec en particulier un frein sérieux à l'usage de pesticides et leur substitution par des pratiques plus durables, s'imposent urgemment", soulignent les auteurs du rapport, qui appellent aussi à assainir les eaux polluées, en ville comme en milieu rural.
Cela équivaut "au plus massif épisode d'extinction" depuis la disparition des dinosaures. (GEORGES GOBET / AFP)
Une étude alerte sur le déclin de près de la moitié des espèces d'insectes. L'agriculture intensive est pointé du doigt.
Par L'Obs avec AFP
Publié le 12 février 2019 à 18h55
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
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Ils mettent en garde contre un "effondrement catastrophique" des milieux naturels. Selon plusieurs scientifiques, près de la moitié des espèces d'insectes - essentiels aux écosystèmes comme aux économies - sont en déclin rapide dans le monde entier.
La synthèse de 73 études réalisée par les auteurs de ce bilan "effrayant", à paraître dans la revue "Biological Conservation", pointe en particulier le rôle de l'agriculture intensive :
"La conclusion est claire : à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l'extinction en quelques décennies."
[size=42]Une première depuis la disparition des dinosaures[/size]
Aujourd'hui, environ un tiers des espèces sont menacées d'extinction "et chaque année environ 1% supplémentaire s'ajoute à la liste", ont calculé Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckhuys, des universités australiennes de Sydney et du Queensland. Cette situation alarmante reviendrait "au plus massif épisode d'extinction" depuis la disparition des dinosaures, précisent les scientifiques, avant de souligner :
"La proportion d'espèces d'insectes en déclin (41%) est deux fois plus élevée que celle des vertébrés et le rythme d'extinction des espèces locales (10%) huit fois plus."
Quand on parle de perte de biodiversité, le sort des grands animaux capte souvent l'attention. Or, les insectes sont "d'une importance vitale pour les écosystèmes planétaires" et "un tel événement ne peut pas être ignoré et devrait pousser à agir pour éviter un effondrement des écosystèmes naturels qui serait catastrophique", insistent les scientifiques.
[size=42]Des impacts sur les autres espèces animales[/size]
Les insectes sont à l'origine de la pollinisation des cultures. A l'inverse, leur disparition progressive a un impact sur toute la chaîne alimentaire, et notamment le déclin "vertigineux" des oiseaux des campagnes révélé en France en 2018. "Il n'y a quasiment plus d'insectes, c'est ça le problème numéro un", expliquait alors Vincent Bretagnolle, un des auteurs de l'étude française, notant que même les volatiles granivores ont besoin d'insectes à un moment dans l'année, pour leurs poussins.
Selon une étude parue fin 2017, basée sur des captures réalisées en Allemagne, l'Europe aurait perdu près de 80% de ses insectes en moins de 30 ans, contribuant à faire disparaître plus de 400 millions d'oiseaux. Les oiseaux, mais aussi les hérissons, les lézards, les amphibiens, les poissons : ils dépendent tous de cette nourriture.
[size=42]Engrais et pesticides[/size]
A l'origine de cette chute des insectes, les chercheurs australiens désignent la perte de leur habitat (urbanisation, déforestation, conversion agricole) mais aussi le recours aux pesticides et engrais de synthèse. Ces substances sont au coeur de l'intensification des pratiques agricoles des soixante dernières années.
L'étude se base notamment sur les cas de l'Europe et des États-Unis, où l'on dispose des suivis les plus réguliers. "Mais vu que ces facteurs s'appliquent à tous les pays du monde, les insectes ne devraient pas s'en tirer différemment dans les pays tropicaux et en développement", précise le travail universitaire.
A ces raisons s'ajoutent les agents pathogènes (virus, parasites), les espèces invasives et enfin le changement climatique mais surtout dans les régions tropicales à ce stade.
[size=42]Papillons, coccinelles et fourmis... parmi les touchés[/size]
Le recul des insectes, qui forment les deux tiers des espèces terrestres, remonte au début du XXe siècle, mais s'est accéléré dans les années 1950-60 pour atteindre "des proportions alarmantes" ces 20 dernières années.
Parmi les plus affectés, les lépidoptères (les papillons), les hyménoptères (abeilles, guèpes, fourmis, frelons... présents sur tous les continents sauf en Antarctique) et les coléoptères (scarabées, coccinelles).
Quelque 60% des espèces de bousiers (insectes coprophages) sont ainsi sur le déclin dans le bassin méditerranéen. Et une espèce d'abeilles sur six a disparu au niveau régional, dans le monde. Les insectes aquatiques, qu'il s'agisse des libellules ou des éphémères, ne sont pas épargnés.
"Restaurer les habitats, repenser les pratiques agricoles, avec en particulier un frein sérieux à l'usage de pesticides et leur substitution par des pratiques plus durables, s'imposent urgemment", soulignent les auteurs du rapport, qui appellent aussi à assainir les eaux polluées, en ville comme en milieu rural.