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Le Cantique des cantiques. Quand la Bible exalte le désir
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Par Aurélia Hetzel - publié le 24/04/2018
Le Cantique des cantiques est l'un des textes les plus allégoriques de la Bible. Le plus érotique, surtout. Ce chant de désir entre deux amants célèbre l'ivresse des sens et peut être lu comme une théologie de l'amour.
Des seins comme deux faons, un amour enivrant dans un lit de verdure, un bien-aimé au fruit doux à la bouche, dressant sa bannière sur sa fiancée défaillante de désir... Oui, nous sommes bien dans la Bible, et même au coeur du « saint des saints » des écrits bibliques, selon Rabbi Akiva (env. 45-135), dont l'interprétation allégorique permit l'inclusion de ce texte dans le canon hébraïque et sa reprise dans la Bible chrétienne. Dans un dialogue amoureux au rythme haletant, se répondent le désir d'un homme et celui d'une femme. La tonalité pastorale et sensuelle de leurs mots peut être entendue de la manière la plus littérale et suggestive, mais aussi comme l'expression d'une haute spiritualité : tout l'arpège des joies de la lecture a été joué sur ce texte aux mille et une interprétations... Ce cantique par excellence (en hébreu Shir HaShirim, « le chant des chants ») met en scène les amants accompagnés d'un choeur. C'est la jeune fille qui impulse le chant, prend l'initiative d'interpeller son bien-aimé, d'interroger sa présence. Le cherchant par les champs et par la ville, elle l'enjoint à partager ses nuits et clame ses louanges, auxquelles il répond avec le même lyrisme. Tous deux disent l'amour comme mouvement de l'âme et du corps, comme impatience de l'autre, cet autre de toute beauté qui est en harmonie avec le paysage environnant.
Sexe, ivresse et métaphores
L'appel inaugural de la bien-aimée invite aux gestes de l'amour : « Qu'il me baise des baisers de sa bouche » ; ils se poursuivent en un irrépressible élan : « Entraîne-moi sur tes pas, courons ! »,avant d'évoquer le bien-aimé comme « un sachet de myrrhe, qui repose entre [s]es seins », tandis que lui loue sa beauté en évoquant chaque partie de son corps, yeux, seins, cheveux, bouche, langue, ses senteurs et ses arômes enivrants : « Tu me fais perdre le sens, ma soeur,...