[size=62]Le bioplastique est-il vraiment écolo ?[/size]
Désormais, les poches à usage unique, destinées à l'emballage des fruits et légumes par exemple, doivent être biosourcées et compostables. (Corinne Bouchouchi/L'Obs)
Par Corinne Bouchouchi
Publié le 26 mai 2018 à 10h54
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
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C'est un spot très didactique qui vante en cinq minutes les vertus des plastiques "biosourcés". Une jeune femme tient un pot de fleurs. En fond sonore, un carillon tintinnabule : "Cette plante n'est pas banale", explique-t-elle, car elle servira dans le futur à fabriquer "toutes sortes d'objets en bioplastique, une matière 100% biodégradable et d'origine végétale". Comme ce pot marron.
Vous n'avez jamais entendu parler du bioplastique ? Il s'agit d'un polymère créé à partir d'amidon de maïs, de blé, de fécule de pomme de terre. A l'écran défilent des champs dorés battus par les vents, puis les usines qui transformeront cette matière naturelle en sacs, barquettes, mousses… Compostés, ils se mêleront à la terre.
Des végétaux, une économie circulaire… Ces nouveaux plastiques ont-ils tout bon ? Le Club Bio-Plastiques, qui représente cette filière et diffuse ce film, en est convaincu. Les écologistes un peu moins. Ils se sont fait entendre, lors du récent débat parlementaire sur l'interdiction des sacs de caisse en plastique fin d'origine pétrolière (loi du 31 mars 2016). Utiliser des aliments pour produire du plastique, franchement, ils n'en voyaient pas trop l'intérêt et ils avaient de sérieux doutes sur sa biodégradabilité dans les océans. Enfin, il faut savoir que le polymère végétal utilisé pour les sacs contient toujours du pétrole : la part autorisée est aujourd'hui de 70%, elle sera de 60% en 2019 et de 40% en 2025. Pour les militants verts, pas d'alternative, il fallait bannir les sacs de caisse à usage unique, quelle que soit leur matière.
Au secours, le sac en plastique est toujours là !
Du coup, la loi a ménagé les deux camps. Les industriels ont continué à produire leurs sacs en plastique issu du pétrole, pourvu qu'ils soient épais (car considérés comme réutilisables). En revanche, pour les poches à usage unique, destinées à l'emballage des fruits et légumes par exemple, obligation du biosourcé que l'on peut composter. Et rendez-vous dans un an pour dresser le bilan environnemental, économique et social de la loi.
L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) s'y emploie actuellement et devrait rendre ses conclusions au gouvernement en novembre. La démarche n'est pas aisée, car aucune analyse scientifique de cycle de vie de ces polymères n'a encore été faite. Il faut en effet prendre en compte non seulement leur fin de vie : biodégradabilité, recyclabilité, efficacité du compostage (technique encore peu développée en France)… mais aussi leur phase de production, en veillant à ce qu'ils n'entrent pas en concurrence avec des cultures alimentaires.
Pourquoi il est urgent de faire sortir le plastique de votre vie
Un bémol que les industriels du secteur ont bien en tête. Ainsi, l'italien Novamont produit déjà un plastique à partir de chardons sauvages, tandis que les recherches avancent sur des plastiques à base d'algues ou de bactéries nourries de déchets alimentaires. La technologie au service de l'écologie.
Corinne Bouchouchi
Désormais, les poches à usage unique, destinées à l'emballage des fruits et légumes par exemple, doivent être biosourcées et compostables. (Corinne Bouchouchi/L'Obs)
Des végétaux, une économie circulaire… Ces nouveaux plastiques créés à partir d'amidon de maïs ou de fécule de pomme de terre ont-ils tout bon ? Pas si simple.
Par Corinne Bouchouchi
Publié le 26 mai 2018 à 10h54
[size=33]SUR LE MÊME SUJET
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Au secours, le sac en plastique est toujours là !
Pourquoi il est urgent de faire sortir le plastique de votre vie
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Ok, le plastique est partout. Même dans un chewing-gum ou un sachet de thé ?
Indonésie : il crée des sacs plastiques tellement bio qu'ils se boivent
C'est un spot très didactique qui vante en cinq minutes les vertus des plastiques "biosourcés". Une jeune femme tient un pot de fleurs. En fond sonore, un carillon tintinnabule : "Cette plante n'est pas banale", explique-t-elle, car elle servira dans le futur à fabriquer "toutes sortes d'objets en bioplastique, une matière 100% biodégradable et d'origine végétale". Comme ce pot marron.
Vous n'avez jamais entendu parler du bioplastique ? Il s'agit d'un polymère créé à partir d'amidon de maïs, de blé, de fécule de pomme de terre. A l'écran défilent des champs dorés battus par les vents, puis les usines qui transformeront cette matière naturelle en sacs, barquettes, mousses… Compostés, ils se mêleront à la terre.
[size=42]Les écolos peu convaincus[/size]
Des végétaux, une économie circulaire… Ces nouveaux plastiques ont-ils tout bon ? Le Club Bio-Plastiques, qui représente cette filière et diffuse ce film, en est convaincu. Les écologistes un peu moins. Ils se sont fait entendre, lors du récent débat parlementaire sur l'interdiction des sacs de caisse en plastique fin d'origine pétrolière (loi du 31 mars 2016). Utiliser des aliments pour produire du plastique, franchement, ils n'en voyaient pas trop l'intérêt et ils avaient de sérieux doutes sur sa biodégradabilité dans les océans. Enfin, il faut savoir que le polymère végétal utilisé pour les sacs contient toujours du pétrole : la part autorisée est aujourd'hui de 70%, elle sera de 60% en 2019 et de 40% en 2025. Pour les militants verts, pas d'alternative, il fallait bannir les sacs de caisse à usage unique, quelle que soit leur matière.
Au secours, le sac en plastique est toujours là !
Du coup, la loi a ménagé les deux camps. Les industriels ont continué à produire leurs sacs en plastique issu du pétrole, pourvu qu'ils soient épais (car considérés comme réutilisables). En revanche, pour les poches à usage unique, destinées à l'emballage des fruits et légumes par exemple, obligation du biosourcé que l'on peut composter. Et rendez-vous dans un an pour dresser le bilan environnemental, économique et social de la loi.
[size=42]Aucune étude scientifique[/size]
L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) s'y emploie actuellement et devrait rendre ses conclusions au gouvernement en novembre. La démarche n'est pas aisée, car aucune analyse scientifique de cycle de vie de ces polymères n'a encore été faite. Il faut en effet prendre en compte non seulement leur fin de vie : biodégradabilité, recyclabilité, efficacité du compostage (technique encore peu développée en France)… mais aussi leur phase de production, en veillant à ce qu'ils n'entrent pas en concurrence avec des cultures alimentaires.
Pourquoi il est urgent de faire sortir le plastique de votre vie
Un bémol que les industriels du secteur ont bien en tête. Ainsi, l'italien Novamont produit déjà un plastique à partir de chardons sauvages, tandis que les recherches avancent sur des plastiques à base d'algues ou de bactéries nourries de déchets alimentaires. La technologie au service de l'écologie.
Corinne Bouchouchi