Cet article honnête et détaillé bien qu'il soit un peu long à lire est très instructif et explicite au sujet de l’indissociabilité du militantisme politique avec l'endoctrinement religieux, le communautarisme et l’obéissance doctrinale, la servitude et l'embrigadement volontaire des adeptes de la Soka Gakkai au service du Komeito un parti politique aux intentions complexes dans le contexte de l'exercice du pouvoir.
Analyse adaptée de l'anglais pour le lectorat français découlant de quinze ans de recherches au Japon par Levi McLaughlin Professeur Adjoint au Département de Philosophie et d’Études Religieuses de North Carolina State University. Publié dans "Komeito : Politics and Religion in Japan" (IEAS Berkeley).
Le Komeito et les adhérents de la Soka Gakkai
Le problème des partis politiques est qu'ils sont d’abord un phénomène collectif. Les personnes qui s’engagent dans un parti doivent subir les conséquences de leur adhésion. Elles sont tenues à une obligation de solidarité, elles doivent assumer tout ce qui se fait ou se dit dans leur mouvement. Or, un parti vise le pouvoir, ce qui est une contrainte lourde car cela oblige à définir une stratégie et des priorités ; cela conduit à passer des alliances et à désigner ses adversaires.
Ces contraintes collectives s’imposent à chacun de ses membres, si bien qu'ils apparaissent souvent plus riches et plus subtiles lorsqu’ils abandonnent leur rôle de militant de base comme ici avec la Sōka Gakkai qui est l'un des grands particularismes de la société japonaise. Son cœur est celui d'une organisation entièrement religieuse basée sur son interprétation des enseignements de Nichiren. En même temps, il s'agit d'un important mouvement social et politique avec son propre système éducatif, ses organisations culturelles et un puissant parti politique affilié, le Kōmeitō : Parti du Gouvernement Propre.
Sōka Gakkai est perçue comme une force puissante et controversée du système social japonais. La culture spécifique de la Sōka Gakkai met l'accent sur l'activisme social et politique de bon nombre de ses membres les plus jeunes. L'idée générale est que les Japonais les plus jeunes sont politiquement apathiques, qu'ils ne sont pas politiquement actifs et n'ont aucun intérêt profond pour les affaires de l’État, alors qu'ils votent effectivement aux élections. Chez les jeunes membres de la Sōka Gakkai la tendance est très différente, une grande majorité s'intéresse beaucoup aux questions sociales et politiques majeures et beaucoup jouent un rôle actif dans les activités politiques au jour le jour, autant qu'en appui au Kōmeitō lors des campagnes pour les élections.
Cet activisme découle de la philosophie religieuse et sociale militante et de l'idéalisme de la Sōka Gakkai et de Daisaku Ikeda. C'est à dire qu'il découle du point de vue selon lequel l'activisme politique en appui au Kōmeitō est un aspect important au prosélytisme de leur foi. Ce dévouement à leur religion entraîne le développement de jeunes qui officiellement défendent avec confiance de vastes questions sociales préoccupantes lors de débats nuancés.
La Sōka Gakkai met l'accent sur un processus en deux étapes qui fonde l'engagement de ses croyants. Le mouvement "voit sa pratique du bouddhisme de Nichiren comme un processus d'autonomisation qui, simultanément, permet de devenir un citoyen contribuant à la société et doté d'une mentalité mondialiste et internationaliste". Un membre se doit de devenir une personne forte et compatissante qui entre dans la société pour servir le bien public.
Cette doctrine de la fonction publique a le bouddhisme comme philosophie fondamentale et non comme sa raison d'être. La Sōka Gakkai et ses membres sont destinés à contribuer à l'amélioration de la société humaine plutôt qu'à la conversion totale de la société. Même si convertir à sa religion le plus grand nombre de personnes est un élément essentiel pour sauver le monde. Les membres sont exhortés à s'efforcer sans cesse de contribuer à la justice sociale, à la paix et à un monde sûr où toute l'humanité peut prospérer, au travers, en autre, d'un vaste réseau d'institutions sociales et culturelles sur tout le territoire japonais. A ce discours et ses principes annoncés s'invite la réalité de la politique et de l'économie japonaise dans un contexte où le Komeito est souvent membre de la coalition gouvernementale depuis 1999.
Adhérents de Gakkai opposés aux politiciens du Komeito partisans de la législation de guerre
En 2015, les partisans de Soka Gakkai sont descendus dans les rues et se sont manifestés sur internet afin de réprimander le Komeito à cause de son abandon du plaidoyer historique pour la paix. Ces manifestations, qui se placent dans le contexte historique et doctrinal de l'organisation, démentent les présupposés simplistes à propos de l'idéologie de ses adhérents et peuvent suggérer l'émergence d'autres formes d'activisme politique de la Soka Gakkai à l'avenir.
Les membres de l'opposition à la Chambre des conseillers de la Diète Nationale n'ont pas empêché le président du comité d'autoriser le vote, qui a vu le Parti Libéral Démocrate (PLD) et son partenaire de coalition le Komeito obtenir le passage de onze nouveaux projets de loi.
Ceux-ci sont désignés collectivement comme « la législation relative à la sécurité », le plus souvent comme « législation de sécurité nationale » et par les adversaires en colère « législation de guerre ».
Les nouvelles dispositions légales sur la sécurité ont mis en vigueur une décision du Cabinet du Premier ministre Shinzō Abe qui a réinterprété la Constitution japonaise de 1947 pour permettre le « droit de légitime défense collective ». Cette réinterprétation permet aux militaires du Japon, Forces d'Autodéfense (SDF), de venir en aide aux États-Unis et autres alliés dans des opérations militaires, même si le Japon n'est pas attaqué directement.
Les partisans de ces projets de loi affirment que la nouvelle législation améliorera la sécurité du Japon face à la hausse des frictions régionales. Ils soulignent que le Japon, qui est maintenant en mesure d'intégrer ses services de recherches et de renseignement militaire avec ceux de l'Amérique, de l'Australie et d'autres alliés grâce à la loi sur le secret spécial de décembre 2013 - qui a déclenché un tollé général - est mieux équipé grâce à ces nouvelles lois pour coopérer avec des partenaires militaires au moyen d'une coordination transparente des opérations des Forces d'Autodéfense avec des forces alliées. Les critiques considèrent ces nouvelles lois comme un moyen pour le Premier Ministre d'obtenir la révision de l'article neuf de la Constitution japonaise de 1947, la « clause de paix » qui interdit la guerre comme un moyen pour le Japon de résoudre les différends internationaux.
L'opposition à la nouvelle loi a inspiré les contestataires à descendre dans les rues du Japon. Les mois précédant le vote de la Chambre Haute du 19 septembre ont été témoins de certaines des plus grandes manifestations publiques que le Japon a vues depuis des décennies. La plus grande manifestation a eu lieu le 30 août 2015, au moment où 120 000 manifestants se sont rassemblés devant la Diète Nationale alors que des dizaines de milliers d'autres manifestaient simultanément dans plus de 300 autres lieux. Des critiques ouvertes d'intellectuels et de politiciens de l'opposition ont fait valoir que ces lois donnent au gouvernement de Shinzo Abe une trop grande marge de manœuvre pour l'envoi de l'armée japonaise sur des théâtres d'opérations extérieures, ils craignent que le Japon entre dans une "nouvelle norme" selon laquelle les troupes japonaises peuvent combattre régulièrement à l'étranger - action interdite depuis la fin de la guerre du Pacifique il y a soixante-dix ans.
Un sondage téléphonique du journal Asahi Shinbun des 12 et 13 septembre 2015 a révélé que 68% des répondants pensaient que les nouvelles lois n'étaient pas nécessaires pour que les Forces d'Autodéfense défendent le Japon. 29% des répondants sont d'accord avec la législation et 54% y sont opposés.
Les protestataires et les médias de masse du Japon ont pris note d'un nouveau groupe de manifestants : les membres de la Soka Gakkai, qui a fondé le Komeito le partenaire de la coalition gouvernementale. Au cours de l'été, les flux de Twitter affichent des images inhabituelles de manifestants de Gakkai exprimant leur dissidence contre le parti politique de leur propre religion. Ces adhérents agitaient le drapeau bleu-jaune-rouge de Gakkai, et des affiches avec des slogans accusant les membres du Komeito d'abandonner les principes de paix soutenus de longue date par le parti et leur organisation religieuse. C'est étonnant, car les membres de Gakkai ont une réputation de fidélité absolue au Komeito, et de militants enthousiastes fortement engagés lors de chaque élection pour solliciter l'adhésion et le vote de leurs amis, leurs familles et leurs connaissances qui ne sont pas membres, ni du parti, ni de la religion.
Soka Gakkai et Komeito sont deux entités distinctes, mais dans la compréhension populaire, elles sont généralement considérées comme une seule et même chose. La poussée massive de Gakkai au Japon - quelques milliers de membres au début des années 1950, aujourd'hui des millions de familles adhérentes1 - a été entraînée en partie par son engagement dans les élections politiques, une activité qui s'est intensifiée lorsqu'elle a fondé le Komeito en 1964.
Les électeurs de la Soka Gakkai constituent maintenant le bloc de vote le plus fiable du Japon. Aucun autre groupe d'intérêt - l'industrie de la construction, les collectifs agricoles, les syndicats d'enseignants, le Parti Communiste du Japon ou toute autre groupe d'électeurs – ne se mobilise autant et si efficacement que la Soka Gakkai en matière de politique électorale. Le pouvoir de Gakkai, sa capacité à faire élire ses candidats est craint par ses adversaires et apprécié par ses alliés, à chaque élection à tous les niveaux elle constitue une présence très influente, des municipalités locales à la Diète. La fiabilité de son socle électoral a permis aux responsables du Komeito de déterminer avec une précision incomparable juste quand et où placer les candidats à l'élection dans la Diète Nationale et à tous les autres niveaux gouvernementaux.
Depuis qu'il a commencé à opérer en coalition avec le Parti Libéral Démocrate en 1999, le Komeito a pu exercer un niveau d'influence dont il n'avait pas joui durant ses décennies dans l'opposition. Bien que le Komeito n'est que le quatrième plus grand parti au niveau national, il exerce le pouvoir au-delà de ses effectifs à la Chambre des représentants (Chambre Basse) et à la Diète Nationale. Plus significativement, les politiciens du Komeito et du PLD s'appuient sur les électeurs de Gakkai pour conserver leurs sièges. En tant que membre influent du gouvernement le Komeito a soumis de nouveaux textes législatifs sur le bien-être social 2. Il a aussi certifié qu'il imposerait des limites à l'exercice de l'autodéfense collective rendue possible par la nouvelle législation sur la sécurité.
Les médias japonais et anglophones ont accordé une attention considérable aux manifestants de la Soka Gakkai qui ont rejoint les manifestations de rue, ont fait circuler des pétitions et ont exprimé leur indignation de l'abandon par le Komeito du principe fondateur de « paix mondiale ». Cette importante couverture médiatique combinée à des analyses d'observateurs extérieurs crée l'impression générale d'une opposition croissante entre Soka Gakkai et Komeito. Maintenant, je fournis des informations qui compliquent et même contredisent cette impression. Les propos des membres et administrateurs de Gakkai qui continuent de soutenir le Komeito lors des élections et qui ne participent pas aux manifestations contre les lois sur la sécurité sont manifestement absents des discussions touchant les réactions officielles de la Soka Gakkai. Il manque également des explications sur le pourquoi de l'engagement général des membres de Gakkai dans toutes les campagnes électorale, ainsi que font défaut des analyse sur les modifications de la politique du Komeito qui reflètent les changements d'opinions et d'actions de ses partisans issus de la base de la Soka Gakkai.
Cet article couvre une gamme de points de vue sur la nouvelle loi, et met en garde contre la conclusion qu'il pourrait exister dans l'organisation religieuse un mouvement de rejet aux opposants internes dans Gakkai contre le Komeito. Pour combler les lacunes sur ce sujet, je contraste les positions prises par les anti lois de sécurité de Gakkai avec des opinions exprimées par d'autres adhérents que je connais depuis plus d'une décennie et demi d'observation comme chercheur non membre.
Les membres présentés ici comme exemples de participants représentatifs de Gakkai, à bien des égards, diffèrent nettement des protestataires de Gakkai qui ont attiré l'attention des médias et l'approbation des commentateurs de gauche. Alors que les membres que je présente peuvent être résumés comme des partisans des nouvelles lois, ils expriment une gamme de sentiments, de l'angoisse concernant la solidarité perdue de la communauté, au rejet belliciste de ces manifestants, et bien qu'ils continuent à soutenir le parti à mesure qu'il avance dans un nouveau territoire politique, ils ne sont pas des défenseurs aveugles, et au contraire tiennent responsable le Komeito de ce conflit idéologique les uns envers les autres : entre amis adhérents de longue date .
Le conflit actuel à propos de la législation sur la sécurité s'inscrit dans l'histoire plus longue de l'ascension de Soka Gakkai en tant que mouvement laïc durant l'immédiate après seconde guerre mondiale. Pour comprendre les concepts politiques du Komeito, ainsi que ceux des membres de Gakkai qui s'y opposent, il faut comprendre leurs fondements religieux directeurs. J'identifie les défenseurs et les contestataires du Komeito en distinguant dans cette combinaison de l'humanisme moderne de Gakkai avec le bouddhisme médiéval de Nichiren, les legs des enseignements incontournables pour les adhérents de son président « d'honneur » Ikeda Daisaku (1928-)3. Il faut savoir, dans ce contexte, que Gakkai se considère comme la seule véritable héritière de l'enseignement de Nichiren, une revendication qui l'a lancé dans un combat doctrinal contre les autres écoles basées sur Nichiren. Aussi, toutes ces médiatisations sur les réseaux sociaux ont amplifié l'attention à l'égard de la position de la Soka Gakkai vis-à-vis du fascisme. Le principe fondateur d'opposition au fascisme vient d'un traité de Nichiren où il affirme que le Bouddha éternel4 se manifeste dans toutes les choses comme dans leur diversité. C'est un concept promu par D. Ikeda afin d'accommoder les différences entre les adhérents et les encourager à se respecter mutuellement en coopérant pour réaliser leur « révolution humaine »5.
Suite à l'apparition de manifestations auxquelles participaient certains adhérents de Gakkai dénonçant les orientations fascistes du PLD, les journalistes ont téléchargé des articles avec leurs photos et des affiches arborant le drapeau tricolore de Gakkai. Une pancarte affichait les mots : Non à La guerre ! (en anglais). Une autre condamnait le Komeito pour avoir renié ses origines : un mouvement politique fondé pour établir et garantir la paix. Encore une autre : la photo du chef du Komeito, Yamaguchi Natsuo, le condamnant à une sévère rétribution : aux châtiments que subissent ceux qui ont enfreint les principes bouddhistes sacrés de respect de la vie6.
Les membres de Gakkai se sont regroupés à travers un groupe Facebook appelé "Les gens qui sont membres de Gakkai mais détestent vraiment le PLD, unissons-nous!". Ils ont réprimandés les élus du Komeito en tant qu'acteurs politiques accrédités par Gakkai à cause de leur asthénie à réviser ces textes législatifs. Le fait de les avoir interpellé porte également un sens particulier dans la doctrine bouddhique de Nichiren, car il évoque sa propre prise de position lorsqu'il a semoncé la dictature militaire de l'ère Kamakura. Ils ont inscrit leurs admonestations contre le Komeito dans le grand récit de la lutte religieuse de Gakkai contre la tyrannie et la corruption. Tous ces protestataires considèrent que les espérances sur lesquelles se basent leur religion ont été détournées de sa mission fondamentale, et se sont transformées en cette corruption globale à laquelle ils s'opposent.
Bien que les messages ont été exprimés dans le jargon des initiés de Soka Gakkai, leur opposition aux lois sur la sécurité leur a valu le soutien de personnes extérieures au mouvement. L'ancien Premier ministre Murayama Tomiichi, âgé de 91 ans, a rompu un hiatus de vingt ans en s'adressant aux manifestants devant la Diète. Sur TV Tokyo, il a approuvé : « il y a beaucoup de membres de Soka Gakkai qui se sont mobilisés [contre la législation sur la sécurité] ».
Le secrétaire général du Parti Communiste Japonais Yamashita Yoshiki, lors d'une conférence de presse du 3 août, a félicité les « partisans du Komeito », une allusion à peine voilée aux membres de Gakkai, pour leur opposition, il a reconnu qu'ils avaient un grand potentiel pour empêcher le gouvernement de forcer l'adoption de la législation de sécurité. Il a désiré favoriser la « propagation de leurs sentiments dans le mouvement de protestation ». Cet appel a provoqué une forte riposte du chef du Komeito, Yamaguchi ; lors d'une conférence de presse il s'est interrogé sur les intentions du dirigeant communiste à coopter les partisans d'autres partis.
Les appels des manifestants de Gakkai pour réviser les fondations de la Soka Gakkai ont résonné avec les critiques stridentes contre la nouvelle législation sur la sécurité lancées par Susumu Shimazono7, professeur émérite d'études religieuses à l'Université de Tokyo et maintenant professeur à l'Université Sophia, où il dirige l'Institut de soins du deuil de Sophia. Nombre de ses interventions sur les réseaux sociaux et de ses articles sur internet ont souligné que le Komeito a abandonné le projet de paix mondiale promue par la Soka Gakkai. En tant que savant influent du Japon sur les nouvelles religions, Shimazono est compétent sur la doctrine et le développement historique de la Soka Gakkai. Il a mis en évidence que les principes originels du Komeito et, par extension, de la Soka Gakkai ont été violés par le soutien apporté aux nouvelles lois de sécurité8.
Tirs croisés de critiques d'adhérents pacifistes de Gakkai et de réfutations de politiciens du Komeito
Sur internet un réseau d'adhérents mécontents de Gakkai a continué en ligne et dans les rues à exprimer leur opposition à la législation sur la sécurité pour tenter de modifier l'état d'esprit des politiciens du Komeito qui sont tous issus de Soka Gakkai.
Sur les réseaux sociaux, sous le pseudonyme de « Hitori no Gakkaiin » : « Un Membre de Gakkai », Amano Tatsushi, 51 ans, a attiré l'attention nationale en publiant sur diverses plate-formes, à partir du 30 juillet, une pétition demandant le retrait des projets de loi. Il a présenté 9 177 signatures au siège du Komeito à Tokyo le 11 septembre.
A la même époque, une « Yūshi no Kai » : « Association des Volontaires » composée de professeurs et d'anciens de l'Université Soka et du Soka Women's College de Hachiōji à Tokyo, a publié un manifeste où est dénoncé la nouvelle législation qui est en opposition avec la mission éducative humaniste Soka. L'Association des Volontaires des Universités a diffusé une pétition qui a recueilli près de deux mille signatures d'anciens élèves de l'école Soka, elle a reçu des lettres de soutien d'universitaires et d'activistes pour la paix hors du Japon.
Komeito et Gakkai ont rétorqué aux dénonciations des frondeurs. Le parti les a activement désapprouvés, son chef adjoint Kitagawa Kazuo a confirmé le soutien à la législation sur la sécurité. Quand aux administrateurs de Gakkai ils ont tenté de se détourner du conflit.
La propagande électorale comme pratique religieuse
Qu'est-ce qui explique ce mélange si particulier du bouddhisme laïc, de l'humanisme moderne et de la propagande électorale de la Soka Gakkai ? Pour les adhérents de Gakkai, la propagande électorale était à l'origine un mandat religieux. Elle a fondé le Parti du Gouvernement Propre en 1964, mais l'organisation religieuse a soutenu des candidats indépendants aux élections de 1955 dans le cadre d'un partenariat pour obtenir le soutien du gouvernement dans le but d'établir une « plate-forme nationale de coordination » destinée à convertir la population au bouddhisme de la Soka Gakkai. Pour réaliser cet objectif, les membres de Gakkai se sont intensément engagés dans la propagande électorale avec le même zèle qu'ils délivraient à leur prosélytisme, et dans ces premiers jours certains membres complètement grisés par leur ardeur ont été arrêtés pour avoir violé la loi sur les élections.
Daisaku Ikeda, aujourd'hui président d'honneur de Soka Gakkai et autorité incontestée du mouvement, a été arrêté à Osaka en 1957 pour avoir supervisé les violations aux lois sur les élections. Il a été disculpé de toutes les charges en 1962. Les observateurs extérieurs considèrent cela comme une expérience dans le domaine des procédures juridiques9, alors que les membres de Gakkai relatent l'incident d'Osaka comme la juste lutte de leur maître Ikeda contre la tyrannie et un modèle pour leurs propres efforts de propagande électorale aujourd'hui.
Soka Gakkai et Komeito se sont officiellement séparés en 1970 après une série de scandales, et tous deux ont abandonné l'objectif de convertir les japonais à leur version du bouddhisme. Les membres de Gakkai ne violent pas la constitution de 1947 lorsqu'ils choisissent de soutenir le Komeito, les accusations actuelles en ce sens sont des tropismes politiques et médiatiques. Aujourd'hui les adhérents suscitent des réactions négatives en perpétuant une approche électoraliste qui a pris forme dans les années 1950 et 1960, une époque où rassembler des votes était un devoir aussi important que psalmodier le mantra de Nichiren ou convertir de nouveaux adeptes.
Rencontre ethnographique électorale
Afin de comprendre comment l'activisme politique de la Soka Gakkai se joue au niveau local, considérons cet instantané de ma rencontre ethnographique d'il y a quelques années. Il fournit un exemple représentatif d'une campagne électorale de Soka Gakkai comme engagement religieux.
Mardi 11 juin 2013, 19 h 30, chez un adhérent de Gakkai dans la paroisse de Setagaya, Tokyo.
Je suis avec Izuka Keitarō, un chef local de la division des jeunes hommes que je connais depuis plus d'une décennie, nous sommes avec sa femme Seika et un jeune homme, Horiuchi, qui est encouragé à rejoindre Gakkai. L'activité de ce soir s'appelle une « grande réunion de la victoire », et Keitarō me dit que c'est une réunion spéciale des Divisions des Jeunes Hommes, des Jeunes Femmes, des Femmes Mariées, des Hommes de ce chapitre.
Une partie de la réunion est consacrée à la lecture de l'interprétation par le président Ikeda d'une lettre de Nichiren intitulée La Stratégie du Sūtra du Lotus. Un passage du texte : « tous les autres qui vous portent inimitié ou malveillance seront également effacé », conclut en encourageant à persévérer face à la persécution : « un lâche ne peut recevoir aucune de ses prières ». Le choix de cette lettre et la pratique religieuse que nous effectuons lors de la réunion sont destinés à la Grande Victoire : l'élection de l'Assemblée Métropolitaine de Tokyo le 23 juin.
L'enregistrement officiel des candidats à l'Assemblée de Tokyo ne commencera pas avant le 14 juin, mais les membres de Gakkai à travers Tokyo ont commencé à se mobiliser bien avant cela pour obtenir le vote. Ce soir est la deuxième grande réunion de la victoire à la maison de ce chef local durant deux jours.
Toutes les autres activités locales de Gakkai - étude doctrinale, sollicitation d'abonnements pour le quotidien de l'organisation le Seikyō Shinbun, et bien d'autres - ont été mises en attente, car tous les membres de Tokyo ont été invités à compiler des listes de parents, d'amis d'école et de connaissances, aussi lointaines soient-elles, tous de potentiels sympathisants à convaincre de voter pour le Komeito ; selon une pratique appelée « obtenir des amis », une tactique qui contourne l'interdiction au Japon de mener des campagnes électorales de porte à porte. Keitarō se lève et annonce que les membres de son district ont pour objectif 140 « amis » ou non-membres qui voteront pour le Komeito. Il a fixé un objectif de 150 pour son district, et il annonce son objectif personnel de convertir son ami Horiuchi à la Soka Gakkai. Horiuchi se tient debout et s'incline, un peu timidement, aux acclamations enthousiastes des membres de Gakkai qui l'entourent.
Comme il est habituel dans presque toutes les réunions de Gakkai, une fois que les dirigeants masculins ont fait leurs annonces, la Division des femmes mariées prend le relais.
La chef du district Mme Origuchi, au foyer duquel nous sommes réunis, explique clairement qu'elle a travaillé assidûment avec ses collègues de la Division sur la stratégie électorale. Une grande carte placée sur l'autel bouddhiste devant le gohonzon est décorée d'un appel : « Vers la victoire de la relation maître et disciple du 23 juin ». Une affiche colorée faite main sur le mur près de l'autel affiche une carte du quartier de Setagaya, sur laquelle sont ventilés les district électoraux ; les districts où le Komeito a prévalu lors des dernières élections de Tokyo sont identifiés par un sceau circulaire rouge, et les autres restent vierges. À côté de cela se trouve un graphique pyramidal avec des blocs colorés, enregistrant les noms des districts de Gakkai et leurs comptes de psalmodies bouddhistes - des milliers et des milliers d'invocations de nammyhorengékyo répétées pendant des centaines d'heures par des membres locaux. Un million de répétitions au total est le but, et le tableau est pratiquement rempli.
Pour clore, Mme Origuchi exhorte toutes les personnes rassemblées à se réunir le demain matin à 11h15 pour entendre une allocution de la candidate du Komeito Kuribayashi Noriko, qui a servi à l'Assemblée de Tokyo depuis 2009. La couleur de campagne de Mme Kuribayashi est l'orange, Mme Origuchi dit à tout le monde : s'il vous plaît portez de l'orange demain, apporter des cadeaux orange, et encouragez vos amis à faire de même.
Après qu'un certain nombre de femmes aient témoigné de la façon dont elles ont cherché à convaincre leurs amis et voisins de voter pour Kuribayashi, la réunion se termine avec Seika, l'épouse de Keitarō, qui distribue deux pages photocopiées. L'une est une carte détaillée de la rue commerçante locale, qu'elle donne aux membres chargés de demander aux entreprises de placarder des affiches de campagne et de convaincre leurs employés de voter Komeito. L'autre est une invitation encourageant tout le monde à assister à l'ouverture officielle du bureau de campagne de Kuribayashi, le mercredi 19 juin : elle doit durer de 9h00 à 21h00. Tous sont invités à y assister.
Multipliez la réunion de Mme Origuchi de ce mardi soir des centaines de fois ; vous aurez une idée de la façon dont Gakkai s'est mobilisée pour les élections de juin 2013 à Tokyo. Lors de cette réunion ces militants se sont religieusement préparés à une répétition générale pour les élections à la Chambre Haute de juillet 2013…
Et ce n'était que l'un de ces briefing militant dans le flot incessant des campagnes électorales qui dominent les activités de Gakkai au Japon.
Fidèles de Gakkai et du Komeito & Protestataires de la nouvelle législation sur la sécurité
Mais tous les membres qui sont devenus adultes dans le mouvement pour la paix Soka Gakkai ne sont pas des adversaires des nouvelles lois sur la sécurité. En fait, les contestataires lors des manifestations constituent une petite minorité active au sein de Gakkai.
Cela ne veut pas dire que l'adhérent ordinaire est un partisan inconditionnel du Komeito, au contraire, la couverture médiatique de la dissidence aux lois militaires dans les rues a contraint ces adhérents à réfléchir sur les raisons de leur soutien au Komeito, et leur a demandé de clarifier entre eux et eux-mêmes vers où ils pensent que leur organisation religieuse et son parti politique se dirigent.
Fin de la 1ère Partie : Continuez vers la 2ème Partie
Note 1 Officiellement 9,8 millions de ménage au Japon en 2013, le nombre d'individus n'est pas publié (+/- 25 millions)
Note 2 Par exemple, en octobre 2008, Komeito a convaincu le cabinet du Premier ministre Asō Tarō de soutenir un projet de loi fournissant un paiement complémentaire du revenu, un décaissement fixe pour tous les citoyens japonais (12 000 yens garanti pour tous et 18 000 yens pour les enfants et les personnes âgées). La loi a été votée au printemps 2009. Conformément à cette orientation, le Komeito a également contribué à obtenir des concessions limitant la mise en œuvre d'une hausse de la taxe sur la consommation et le décaissement d'une autre taxe pour les citoyens japonais en 2014, le Cabinet de Shinzo Abe a indiqué qu'il suivra le plan du Komeito lorsqu'il augmentera la taxe sur la consommation en 2017
Note 3 Président d'honneur : en réalité il est le dirigeant et maître absolu de l'organisation japonaise et internationale
Note 4 Le bouddha éternel : au-delà l'expression imagée de cette métaphore, il s'agit d'une notion essentielle à la pratique du bouddhisme, c'est un état de conscience absolue, de clairvoyance, de compréhension, de respect, de discernement, vecteur d'une sagesse omnipotente, d'une parfaite cohérence entre les pensées, les paroles et les actes ; ce que possède tout humain de manière innée
Note 5 La révolution humaine est un concept spécifique à l'interprétation du bouddhisme de Nichiren par D. Ikeda. C'est un processus de transformation du karma individuel, de ses propres souffrances, duquel découle la transformation du karma de destructions et de souffrances de l'humanité du fait du changement d'état d'être et de conscience de la personne concernée qui interagit constamment avec l'environnement proche et l'ensemble du monde
Note 6 La rétribution négative est un concept moral du bouddhisme qui postule que tout acte contrevenant aux règles de respect de la vie et de l'harmonie est sanctionné sous formes de punitions selon le principe de la cause et de l'effet
Note 7 Après le tremblement de terre de mars 2011, le tsunami et les catastrophes nucléaires qui ont dévasté le nord-est du Japon, le professeur Susumu Shimazono, déjà connu dans les milieux universitaires, a émergé en tant que défenseur public de l'engagement religieux dans l'activisme social et la reconstruction communautaire, ainsi que promoteur de la mobilisation anti-nucléaire dans une coalition avec des scientifiques, des universitaires en sciences humaines et des militants du bien-être social
Note 8 Ces principes originels sont : Cultiver une attitude de paix et favoriser un système politique axé sur l'humanisme qui rejette la guerre, un système qui encourage les citoyens à empêcher l'apparition de politiques qui se tournent vers l'utilisation d'armes pour résoudre des conflits ou revendiquer un territoire
Note 9 Ce qui s'avèrent correct puisque la Soka Gakkai va à partir de cette expérience renforcer ses conseils juridiques et avec le temps se constituer un service juridique compétent
Analyse adaptée de l'anglais pour le lectorat français découlant de quinze ans de recherches au Japon par Levi McLaughlin Professeur Adjoint au Département de Philosophie et d’Études Religieuses de North Carolina State University. Publié dans "Komeito : Politics and Religion in Japan" (IEAS Berkeley).
Le Komeito et les adhérents de la Soka Gakkai
Le problème des partis politiques est qu'ils sont d’abord un phénomène collectif. Les personnes qui s’engagent dans un parti doivent subir les conséquences de leur adhésion. Elles sont tenues à une obligation de solidarité, elles doivent assumer tout ce qui se fait ou se dit dans leur mouvement. Or, un parti vise le pouvoir, ce qui est une contrainte lourde car cela oblige à définir une stratégie et des priorités ; cela conduit à passer des alliances et à désigner ses adversaires.
Ces contraintes collectives s’imposent à chacun de ses membres, si bien qu'ils apparaissent souvent plus riches et plus subtiles lorsqu’ils abandonnent leur rôle de militant de base comme ici avec la Sōka Gakkai qui est l'un des grands particularismes de la société japonaise. Son cœur est celui d'une organisation entièrement religieuse basée sur son interprétation des enseignements de Nichiren. En même temps, il s'agit d'un important mouvement social et politique avec son propre système éducatif, ses organisations culturelles et un puissant parti politique affilié, le Kōmeitō : Parti du Gouvernement Propre.
Sōka Gakkai est perçue comme une force puissante et controversée du système social japonais. La culture spécifique de la Sōka Gakkai met l'accent sur l'activisme social et politique de bon nombre de ses membres les plus jeunes. L'idée générale est que les Japonais les plus jeunes sont politiquement apathiques, qu'ils ne sont pas politiquement actifs et n'ont aucun intérêt profond pour les affaires de l’État, alors qu'ils votent effectivement aux élections. Chez les jeunes membres de la Sōka Gakkai la tendance est très différente, une grande majorité s'intéresse beaucoup aux questions sociales et politiques majeures et beaucoup jouent un rôle actif dans les activités politiques au jour le jour, autant qu'en appui au Kōmeitō lors des campagnes pour les élections.
Cet activisme découle de la philosophie religieuse et sociale militante et de l'idéalisme de la Sōka Gakkai et de Daisaku Ikeda. C'est à dire qu'il découle du point de vue selon lequel l'activisme politique en appui au Kōmeitō est un aspect important au prosélytisme de leur foi. Ce dévouement à leur religion entraîne le développement de jeunes qui officiellement défendent avec confiance de vastes questions sociales préoccupantes lors de débats nuancés.
La Sōka Gakkai met l'accent sur un processus en deux étapes qui fonde l'engagement de ses croyants. Le mouvement "voit sa pratique du bouddhisme de Nichiren comme un processus d'autonomisation qui, simultanément, permet de devenir un citoyen contribuant à la société et doté d'une mentalité mondialiste et internationaliste". Un membre se doit de devenir une personne forte et compatissante qui entre dans la société pour servir le bien public.
Cette doctrine de la fonction publique a le bouddhisme comme philosophie fondamentale et non comme sa raison d'être. La Sōka Gakkai et ses membres sont destinés à contribuer à l'amélioration de la société humaine plutôt qu'à la conversion totale de la société. Même si convertir à sa religion le plus grand nombre de personnes est un élément essentiel pour sauver le monde. Les membres sont exhortés à s'efforcer sans cesse de contribuer à la justice sociale, à la paix et à un monde sûr où toute l'humanité peut prospérer, au travers, en autre, d'un vaste réseau d'institutions sociales et culturelles sur tout le territoire japonais. A ce discours et ses principes annoncés s'invite la réalité de la politique et de l'économie japonaise dans un contexte où le Komeito est souvent membre de la coalition gouvernementale depuis 1999.
Adhérents de Gakkai opposés aux politiciens du Komeito partisans de la législation de guerre
En 2015, les partisans de Soka Gakkai sont descendus dans les rues et se sont manifestés sur internet afin de réprimander le Komeito à cause de son abandon du plaidoyer historique pour la paix. Ces manifestations, qui se placent dans le contexte historique et doctrinal de l'organisation, démentent les présupposés simplistes à propos de l'idéologie de ses adhérents et peuvent suggérer l'émergence d'autres formes d'activisme politique de la Soka Gakkai à l'avenir.
Les membres de l'opposition à la Chambre des conseillers de la Diète Nationale n'ont pas empêché le président du comité d'autoriser le vote, qui a vu le Parti Libéral Démocrate (PLD) et son partenaire de coalition le Komeito obtenir le passage de onze nouveaux projets de loi.
Ceux-ci sont désignés collectivement comme « la législation relative à la sécurité », le plus souvent comme « législation de sécurité nationale » et par les adversaires en colère « législation de guerre ».
Les nouvelles dispositions légales sur la sécurité ont mis en vigueur une décision du Cabinet du Premier ministre Shinzō Abe qui a réinterprété la Constitution japonaise de 1947 pour permettre le « droit de légitime défense collective ». Cette réinterprétation permet aux militaires du Japon, Forces d'Autodéfense (SDF), de venir en aide aux États-Unis et autres alliés dans des opérations militaires, même si le Japon n'est pas attaqué directement.
Les partisans de ces projets de loi affirment que la nouvelle législation améliorera la sécurité du Japon face à la hausse des frictions régionales. Ils soulignent que le Japon, qui est maintenant en mesure d'intégrer ses services de recherches et de renseignement militaire avec ceux de l'Amérique, de l'Australie et d'autres alliés grâce à la loi sur le secret spécial de décembre 2013 - qui a déclenché un tollé général - est mieux équipé grâce à ces nouvelles lois pour coopérer avec des partenaires militaires au moyen d'une coordination transparente des opérations des Forces d'Autodéfense avec des forces alliées. Les critiques considèrent ces nouvelles lois comme un moyen pour le Premier Ministre d'obtenir la révision de l'article neuf de la Constitution japonaise de 1947, la « clause de paix » qui interdit la guerre comme un moyen pour le Japon de résoudre les différends internationaux.
L'opposition à la nouvelle loi a inspiré les contestataires à descendre dans les rues du Japon. Les mois précédant le vote de la Chambre Haute du 19 septembre ont été témoins de certaines des plus grandes manifestations publiques que le Japon a vues depuis des décennies. La plus grande manifestation a eu lieu le 30 août 2015, au moment où 120 000 manifestants se sont rassemblés devant la Diète Nationale alors que des dizaines de milliers d'autres manifestaient simultanément dans plus de 300 autres lieux. Des critiques ouvertes d'intellectuels et de politiciens de l'opposition ont fait valoir que ces lois donnent au gouvernement de Shinzo Abe une trop grande marge de manœuvre pour l'envoi de l'armée japonaise sur des théâtres d'opérations extérieures, ils craignent que le Japon entre dans une "nouvelle norme" selon laquelle les troupes japonaises peuvent combattre régulièrement à l'étranger - action interdite depuis la fin de la guerre du Pacifique il y a soixante-dix ans.
Un sondage téléphonique du journal Asahi Shinbun des 12 et 13 septembre 2015 a révélé que 68% des répondants pensaient que les nouvelles lois n'étaient pas nécessaires pour que les Forces d'Autodéfense défendent le Japon. 29% des répondants sont d'accord avec la législation et 54% y sont opposés.
Les protestataires et les médias de masse du Japon ont pris note d'un nouveau groupe de manifestants : les membres de la Soka Gakkai, qui a fondé le Komeito le partenaire de la coalition gouvernementale. Au cours de l'été, les flux de Twitter affichent des images inhabituelles de manifestants de Gakkai exprimant leur dissidence contre le parti politique de leur propre religion. Ces adhérents agitaient le drapeau bleu-jaune-rouge de Gakkai, et des affiches avec des slogans accusant les membres du Komeito d'abandonner les principes de paix soutenus de longue date par le parti et leur organisation religieuse. C'est étonnant, car les membres de Gakkai ont une réputation de fidélité absolue au Komeito, et de militants enthousiastes fortement engagés lors de chaque élection pour solliciter l'adhésion et le vote de leurs amis, leurs familles et leurs connaissances qui ne sont pas membres, ni du parti, ni de la religion.
Soka Gakkai et Komeito sont deux entités distinctes, mais dans la compréhension populaire, elles sont généralement considérées comme une seule et même chose. La poussée massive de Gakkai au Japon - quelques milliers de membres au début des années 1950, aujourd'hui des millions de familles adhérentes1 - a été entraînée en partie par son engagement dans les élections politiques, une activité qui s'est intensifiée lorsqu'elle a fondé le Komeito en 1964.
Les électeurs de la Soka Gakkai constituent maintenant le bloc de vote le plus fiable du Japon. Aucun autre groupe d'intérêt - l'industrie de la construction, les collectifs agricoles, les syndicats d'enseignants, le Parti Communiste du Japon ou toute autre groupe d'électeurs – ne se mobilise autant et si efficacement que la Soka Gakkai en matière de politique électorale. Le pouvoir de Gakkai, sa capacité à faire élire ses candidats est craint par ses adversaires et apprécié par ses alliés, à chaque élection à tous les niveaux elle constitue une présence très influente, des municipalités locales à la Diète. La fiabilité de son socle électoral a permis aux responsables du Komeito de déterminer avec une précision incomparable juste quand et où placer les candidats à l'élection dans la Diète Nationale et à tous les autres niveaux gouvernementaux.
Depuis qu'il a commencé à opérer en coalition avec le Parti Libéral Démocrate en 1999, le Komeito a pu exercer un niveau d'influence dont il n'avait pas joui durant ses décennies dans l'opposition. Bien que le Komeito n'est que le quatrième plus grand parti au niveau national, il exerce le pouvoir au-delà de ses effectifs à la Chambre des représentants (Chambre Basse) et à la Diète Nationale. Plus significativement, les politiciens du Komeito et du PLD s'appuient sur les électeurs de Gakkai pour conserver leurs sièges. En tant que membre influent du gouvernement le Komeito a soumis de nouveaux textes législatifs sur le bien-être social 2. Il a aussi certifié qu'il imposerait des limites à l'exercice de l'autodéfense collective rendue possible par la nouvelle législation sur la sécurité.
Les médias japonais et anglophones ont accordé une attention considérable aux manifestants de la Soka Gakkai qui ont rejoint les manifestations de rue, ont fait circuler des pétitions et ont exprimé leur indignation de l'abandon par le Komeito du principe fondateur de « paix mondiale ». Cette importante couverture médiatique combinée à des analyses d'observateurs extérieurs crée l'impression générale d'une opposition croissante entre Soka Gakkai et Komeito. Maintenant, je fournis des informations qui compliquent et même contredisent cette impression. Les propos des membres et administrateurs de Gakkai qui continuent de soutenir le Komeito lors des élections et qui ne participent pas aux manifestations contre les lois sur la sécurité sont manifestement absents des discussions touchant les réactions officielles de la Soka Gakkai. Il manque également des explications sur le pourquoi de l'engagement général des membres de Gakkai dans toutes les campagnes électorale, ainsi que font défaut des analyse sur les modifications de la politique du Komeito qui reflètent les changements d'opinions et d'actions de ses partisans issus de la base de la Soka Gakkai.
Cet article couvre une gamme de points de vue sur la nouvelle loi, et met en garde contre la conclusion qu'il pourrait exister dans l'organisation religieuse un mouvement de rejet aux opposants internes dans Gakkai contre le Komeito. Pour combler les lacunes sur ce sujet, je contraste les positions prises par les anti lois de sécurité de Gakkai avec des opinions exprimées par d'autres adhérents que je connais depuis plus d'une décennie et demi d'observation comme chercheur non membre.
Les membres présentés ici comme exemples de participants représentatifs de Gakkai, à bien des égards, diffèrent nettement des protestataires de Gakkai qui ont attiré l'attention des médias et l'approbation des commentateurs de gauche. Alors que les membres que je présente peuvent être résumés comme des partisans des nouvelles lois, ils expriment une gamme de sentiments, de l'angoisse concernant la solidarité perdue de la communauté, au rejet belliciste de ces manifestants, et bien qu'ils continuent à soutenir le parti à mesure qu'il avance dans un nouveau territoire politique, ils ne sont pas des défenseurs aveugles, et au contraire tiennent responsable le Komeito de ce conflit idéologique les uns envers les autres : entre amis adhérents de longue date .
Le conflit actuel à propos de la législation sur la sécurité s'inscrit dans l'histoire plus longue de l'ascension de Soka Gakkai en tant que mouvement laïc durant l'immédiate après seconde guerre mondiale. Pour comprendre les concepts politiques du Komeito, ainsi que ceux des membres de Gakkai qui s'y opposent, il faut comprendre leurs fondements religieux directeurs. J'identifie les défenseurs et les contestataires du Komeito en distinguant dans cette combinaison de l'humanisme moderne de Gakkai avec le bouddhisme médiéval de Nichiren, les legs des enseignements incontournables pour les adhérents de son président « d'honneur » Ikeda Daisaku (1928-)3. Il faut savoir, dans ce contexte, que Gakkai se considère comme la seule véritable héritière de l'enseignement de Nichiren, une revendication qui l'a lancé dans un combat doctrinal contre les autres écoles basées sur Nichiren. Aussi, toutes ces médiatisations sur les réseaux sociaux ont amplifié l'attention à l'égard de la position de la Soka Gakkai vis-à-vis du fascisme. Le principe fondateur d'opposition au fascisme vient d'un traité de Nichiren où il affirme que le Bouddha éternel4 se manifeste dans toutes les choses comme dans leur diversité. C'est un concept promu par D. Ikeda afin d'accommoder les différences entre les adhérents et les encourager à se respecter mutuellement en coopérant pour réaliser leur « révolution humaine »5.
Suite à l'apparition de manifestations auxquelles participaient certains adhérents de Gakkai dénonçant les orientations fascistes du PLD, les journalistes ont téléchargé des articles avec leurs photos et des affiches arborant le drapeau tricolore de Gakkai. Une pancarte affichait les mots : Non à La guerre ! (en anglais). Une autre condamnait le Komeito pour avoir renié ses origines : un mouvement politique fondé pour établir et garantir la paix. Encore une autre : la photo du chef du Komeito, Yamaguchi Natsuo, le condamnant à une sévère rétribution : aux châtiments que subissent ceux qui ont enfreint les principes bouddhistes sacrés de respect de la vie6.
Les membres de Gakkai se sont regroupés à travers un groupe Facebook appelé "Les gens qui sont membres de Gakkai mais détestent vraiment le PLD, unissons-nous!". Ils ont réprimandés les élus du Komeito en tant qu'acteurs politiques accrédités par Gakkai à cause de leur asthénie à réviser ces textes législatifs. Le fait de les avoir interpellé porte également un sens particulier dans la doctrine bouddhique de Nichiren, car il évoque sa propre prise de position lorsqu'il a semoncé la dictature militaire de l'ère Kamakura. Ils ont inscrit leurs admonestations contre le Komeito dans le grand récit de la lutte religieuse de Gakkai contre la tyrannie et la corruption. Tous ces protestataires considèrent que les espérances sur lesquelles se basent leur religion ont été détournées de sa mission fondamentale, et se sont transformées en cette corruption globale à laquelle ils s'opposent.
Bien que les messages ont été exprimés dans le jargon des initiés de Soka Gakkai, leur opposition aux lois sur la sécurité leur a valu le soutien de personnes extérieures au mouvement. L'ancien Premier ministre Murayama Tomiichi, âgé de 91 ans, a rompu un hiatus de vingt ans en s'adressant aux manifestants devant la Diète. Sur TV Tokyo, il a approuvé : « il y a beaucoup de membres de Soka Gakkai qui se sont mobilisés [contre la législation sur la sécurité] ».
Le secrétaire général du Parti Communiste Japonais Yamashita Yoshiki, lors d'une conférence de presse du 3 août, a félicité les « partisans du Komeito », une allusion à peine voilée aux membres de Gakkai, pour leur opposition, il a reconnu qu'ils avaient un grand potentiel pour empêcher le gouvernement de forcer l'adoption de la législation de sécurité. Il a désiré favoriser la « propagation de leurs sentiments dans le mouvement de protestation ». Cet appel a provoqué une forte riposte du chef du Komeito, Yamaguchi ; lors d'une conférence de presse il s'est interrogé sur les intentions du dirigeant communiste à coopter les partisans d'autres partis.
Les appels des manifestants de Gakkai pour réviser les fondations de la Soka Gakkai ont résonné avec les critiques stridentes contre la nouvelle législation sur la sécurité lancées par Susumu Shimazono7, professeur émérite d'études religieuses à l'Université de Tokyo et maintenant professeur à l'Université Sophia, où il dirige l'Institut de soins du deuil de Sophia. Nombre de ses interventions sur les réseaux sociaux et de ses articles sur internet ont souligné que le Komeito a abandonné le projet de paix mondiale promue par la Soka Gakkai. En tant que savant influent du Japon sur les nouvelles religions, Shimazono est compétent sur la doctrine et le développement historique de la Soka Gakkai. Il a mis en évidence que les principes originels du Komeito et, par extension, de la Soka Gakkai ont été violés par le soutien apporté aux nouvelles lois de sécurité8.
Tirs croisés de critiques d'adhérents pacifistes de Gakkai et de réfutations de politiciens du Komeito
Sur internet un réseau d'adhérents mécontents de Gakkai a continué en ligne et dans les rues à exprimer leur opposition à la législation sur la sécurité pour tenter de modifier l'état d'esprit des politiciens du Komeito qui sont tous issus de Soka Gakkai.
Sur les réseaux sociaux, sous le pseudonyme de « Hitori no Gakkaiin » : « Un Membre de Gakkai », Amano Tatsushi, 51 ans, a attiré l'attention nationale en publiant sur diverses plate-formes, à partir du 30 juillet, une pétition demandant le retrait des projets de loi. Il a présenté 9 177 signatures au siège du Komeito à Tokyo le 11 septembre.
A la même époque, une « Yūshi no Kai » : « Association des Volontaires » composée de professeurs et d'anciens de l'Université Soka et du Soka Women's College de Hachiōji à Tokyo, a publié un manifeste où est dénoncé la nouvelle législation qui est en opposition avec la mission éducative humaniste Soka. L'Association des Volontaires des Universités a diffusé une pétition qui a recueilli près de deux mille signatures d'anciens élèves de l'école Soka, elle a reçu des lettres de soutien d'universitaires et d'activistes pour la paix hors du Japon.
Komeito et Gakkai ont rétorqué aux dénonciations des frondeurs. Le parti les a activement désapprouvés, son chef adjoint Kitagawa Kazuo a confirmé le soutien à la législation sur la sécurité. Quand aux administrateurs de Gakkai ils ont tenté de se détourner du conflit.
La propagande électorale comme pratique religieuse
Qu'est-ce qui explique ce mélange si particulier du bouddhisme laïc, de l'humanisme moderne et de la propagande électorale de la Soka Gakkai ? Pour les adhérents de Gakkai, la propagande électorale était à l'origine un mandat religieux. Elle a fondé le Parti du Gouvernement Propre en 1964, mais l'organisation religieuse a soutenu des candidats indépendants aux élections de 1955 dans le cadre d'un partenariat pour obtenir le soutien du gouvernement dans le but d'établir une « plate-forme nationale de coordination » destinée à convertir la population au bouddhisme de la Soka Gakkai. Pour réaliser cet objectif, les membres de Gakkai se sont intensément engagés dans la propagande électorale avec le même zèle qu'ils délivraient à leur prosélytisme, et dans ces premiers jours certains membres complètement grisés par leur ardeur ont été arrêtés pour avoir violé la loi sur les élections.
Daisaku Ikeda, aujourd'hui président d'honneur de Soka Gakkai et autorité incontestée du mouvement, a été arrêté à Osaka en 1957 pour avoir supervisé les violations aux lois sur les élections. Il a été disculpé de toutes les charges en 1962. Les observateurs extérieurs considèrent cela comme une expérience dans le domaine des procédures juridiques9, alors que les membres de Gakkai relatent l'incident d'Osaka comme la juste lutte de leur maître Ikeda contre la tyrannie et un modèle pour leurs propres efforts de propagande électorale aujourd'hui.
Soka Gakkai et Komeito se sont officiellement séparés en 1970 après une série de scandales, et tous deux ont abandonné l'objectif de convertir les japonais à leur version du bouddhisme. Les membres de Gakkai ne violent pas la constitution de 1947 lorsqu'ils choisissent de soutenir le Komeito, les accusations actuelles en ce sens sont des tropismes politiques et médiatiques. Aujourd'hui les adhérents suscitent des réactions négatives en perpétuant une approche électoraliste qui a pris forme dans les années 1950 et 1960, une époque où rassembler des votes était un devoir aussi important que psalmodier le mantra de Nichiren ou convertir de nouveaux adeptes.
Rencontre ethnographique électorale
Afin de comprendre comment l'activisme politique de la Soka Gakkai se joue au niveau local, considérons cet instantané de ma rencontre ethnographique d'il y a quelques années. Il fournit un exemple représentatif d'une campagne électorale de Soka Gakkai comme engagement religieux.
Mardi 11 juin 2013, 19 h 30, chez un adhérent de Gakkai dans la paroisse de Setagaya, Tokyo.
Je suis avec Izuka Keitarō, un chef local de la division des jeunes hommes que je connais depuis plus d'une décennie, nous sommes avec sa femme Seika et un jeune homme, Horiuchi, qui est encouragé à rejoindre Gakkai. L'activité de ce soir s'appelle une « grande réunion de la victoire », et Keitarō me dit que c'est une réunion spéciale des Divisions des Jeunes Hommes, des Jeunes Femmes, des Femmes Mariées, des Hommes de ce chapitre.
Une partie de la réunion est consacrée à la lecture de l'interprétation par le président Ikeda d'une lettre de Nichiren intitulée La Stratégie du Sūtra du Lotus. Un passage du texte : « tous les autres qui vous portent inimitié ou malveillance seront également effacé », conclut en encourageant à persévérer face à la persécution : « un lâche ne peut recevoir aucune de ses prières ». Le choix de cette lettre et la pratique religieuse que nous effectuons lors de la réunion sont destinés à la Grande Victoire : l'élection de l'Assemblée Métropolitaine de Tokyo le 23 juin.
L'enregistrement officiel des candidats à l'Assemblée de Tokyo ne commencera pas avant le 14 juin, mais les membres de Gakkai à travers Tokyo ont commencé à se mobiliser bien avant cela pour obtenir le vote. Ce soir est la deuxième grande réunion de la victoire à la maison de ce chef local durant deux jours.
Toutes les autres activités locales de Gakkai - étude doctrinale, sollicitation d'abonnements pour le quotidien de l'organisation le Seikyō Shinbun, et bien d'autres - ont été mises en attente, car tous les membres de Tokyo ont été invités à compiler des listes de parents, d'amis d'école et de connaissances, aussi lointaines soient-elles, tous de potentiels sympathisants à convaincre de voter pour le Komeito ; selon une pratique appelée « obtenir des amis », une tactique qui contourne l'interdiction au Japon de mener des campagnes électorales de porte à porte. Keitarō se lève et annonce que les membres de son district ont pour objectif 140 « amis » ou non-membres qui voteront pour le Komeito. Il a fixé un objectif de 150 pour son district, et il annonce son objectif personnel de convertir son ami Horiuchi à la Soka Gakkai. Horiuchi se tient debout et s'incline, un peu timidement, aux acclamations enthousiastes des membres de Gakkai qui l'entourent.
Comme il est habituel dans presque toutes les réunions de Gakkai, une fois que les dirigeants masculins ont fait leurs annonces, la Division des femmes mariées prend le relais.
La chef du district Mme Origuchi, au foyer duquel nous sommes réunis, explique clairement qu'elle a travaillé assidûment avec ses collègues de la Division sur la stratégie électorale. Une grande carte placée sur l'autel bouddhiste devant le gohonzon est décorée d'un appel : « Vers la victoire de la relation maître et disciple du 23 juin ». Une affiche colorée faite main sur le mur près de l'autel affiche une carte du quartier de Setagaya, sur laquelle sont ventilés les district électoraux ; les districts où le Komeito a prévalu lors des dernières élections de Tokyo sont identifiés par un sceau circulaire rouge, et les autres restent vierges. À côté de cela se trouve un graphique pyramidal avec des blocs colorés, enregistrant les noms des districts de Gakkai et leurs comptes de psalmodies bouddhistes - des milliers et des milliers d'invocations de nammyhorengékyo répétées pendant des centaines d'heures par des membres locaux. Un million de répétitions au total est le but, et le tableau est pratiquement rempli.
Pour clore, Mme Origuchi exhorte toutes les personnes rassemblées à se réunir le demain matin à 11h15 pour entendre une allocution de la candidate du Komeito Kuribayashi Noriko, qui a servi à l'Assemblée de Tokyo depuis 2009. La couleur de campagne de Mme Kuribayashi est l'orange, Mme Origuchi dit à tout le monde : s'il vous plaît portez de l'orange demain, apporter des cadeaux orange, et encouragez vos amis à faire de même.
Après qu'un certain nombre de femmes aient témoigné de la façon dont elles ont cherché à convaincre leurs amis et voisins de voter pour Kuribayashi, la réunion se termine avec Seika, l'épouse de Keitarō, qui distribue deux pages photocopiées. L'une est une carte détaillée de la rue commerçante locale, qu'elle donne aux membres chargés de demander aux entreprises de placarder des affiches de campagne et de convaincre leurs employés de voter Komeito. L'autre est une invitation encourageant tout le monde à assister à l'ouverture officielle du bureau de campagne de Kuribayashi, le mercredi 19 juin : elle doit durer de 9h00 à 21h00. Tous sont invités à y assister.
Multipliez la réunion de Mme Origuchi de ce mardi soir des centaines de fois ; vous aurez une idée de la façon dont Gakkai s'est mobilisée pour les élections de juin 2013 à Tokyo. Lors de cette réunion ces militants se sont religieusement préparés à une répétition générale pour les élections à la Chambre Haute de juillet 2013…
Et ce n'était que l'un de ces briefing militant dans le flot incessant des campagnes électorales qui dominent les activités de Gakkai au Japon.
Fidèles de Gakkai et du Komeito & Protestataires de la nouvelle législation sur la sécurité
Mais tous les membres qui sont devenus adultes dans le mouvement pour la paix Soka Gakkai ne sont pas des adversaires des nouvelles lois sur la sécurité. En fait, les contestataires lors des manifestations constituent une petite minorité active au sein de Gakkai.
Cela ne veut pas dire que l'adhérent ordinaire est un partisan inconditionnel du Komeito, au contraire, la couverture médiatique de la dissidence aux lois militaires dans les rues a contraint ces adhérents à réfléchir sur les raisons de leur soutien au Komeito, et leur a demandé de clarifier entre eux et eux-mêmes vers où ils pensent que leur organisation religieuse et son parti politique se dirigent.
Fin de la 1ère Partie : Continuez vers la 2ème Partie
Note 1 Officiellement 9,8 millions de ménage au Japon en 2013, le nombre d'individus n'est pas publié (+/- 25 millions)
Note 2 Par exemple, en octobre 2008, Komeito a convaincu le cabinet du Premier ministre Asō Tarō de soutenir un projet de loi fournissant un paiement complémentaire du revenu, un décaissement fixe pour tous les citoyens japonais (12 000 yens garanti pour tous et 18 000 yens pour les enfants et les personnes âgées). La loi a été votée au printemps 2009. Conformément à cette orientation, le Komeito a également contribué à obtenir des concessions limitant la mise en œuvre d'une hausse de la taxe sur la consommation et le décaissement d'une autre taxe pour les citoyens japonais en 2014, le Cabinet de Shinzo Abe a indiqué qu'il suivra le plan du Komeito lorsqu'il augmentera la taxe sur la consommation en 2017
Note 3 Président d'honneur : en réalité il est le dirigeant et maître absolu de l'organisation japonaise et internationale
Note 4 Le bouddha éternel : au-delà l'expression imagée de cette métaphore, il s'agit d'une notion essentielle à la pratique du bouddhisme, c'est un état de conscience absolue, de clairvoyance, de compréhension, de respect, de discernement, vecteur d'une sagesse omnipotente, d'une parfaite cohérence entre les pensées, les paroles et les actes ; ce que possède tout humain de manière innée
Note 5 La révolution humaine est un concept spécifique à l'interprétation du bouddhisme de Nichiren par D. Ikeda. C'est un processus de transformation du karma individuel, de ses propres souffrances, duquel découle la transformation du karma de destructions et de souffrances de l'humanité du fait du changement d'état d'être et de conscience de la personne concernée qui interagit constamment avec l'environnement proche et l'ensemble du monde
Note 6 La rétribution négative est un concept moral du bouddhisme qui postule que tout acte contrevenant aux règles de respect de la vie et de l'harmonie est sanctionné sous formes de punitions selon le principe de la cause et de l'effet
Note 7 Après le tremblement de terre de mars 2011, le tsunami et les catastrophes nucléaires qui ont dévasté le nord-est du Japon, le professeur Susumu Shimazono, déjà connu dans les milieux universitaires, a émergé en tant que défenseur public de l'engagement religieux dans l'activisme social et la reconstruction communautaire, ainsi que promoteur de la mobilisation anti-nucléaire dans une coalition avec des scientifiques, des universitaires en sciences humaines et des militants du bien-être social
Note 8 Ces principes originels sont : Cultiver une attitude de paix et favoriser un système politique axé sur l'humanisme qui rejette la guerre, un système qui encourage les citoyens à empêcher l'apparition de politiques qui se tournent vers l'utilisation d'armes pour résoudre des conflits ou revendiquer un territoire
Note 9 Ce qui s'avèrent correct puisque la Soka Gakkai va à partir de cette expérience renforcer ses conseils juridiques et avec le temps se constituer un service juridique compétent