Il s’agit sans doute de la plus célèbre prière juive de notre liturgie. Elle débute par six mots en hébreu, très célèbres: Chéma Israël, adonay élohénou, adonay é'had. Ecoute Israël, l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est un. Même les plus éloignés de la religion parmi nous les connaissent. Ces mots sont récités deux fois par jour: matin et soir. C’est la toute première prière que les enfants apprennent à l’aube de leur éducation juive, c’est aussi cette phrase que récite une personne qui va mourir, ou celle qui accompagne un mourant. D’une certaine manière, le Chéma est la prière qui encadre la vie d’un juif: celle qui borde à la fois sa journée (matin et soir)…et son existence (de son enfance à sa disparition). Tout cela vaut bien qu’on approfondisse un peu ce texte. C’est ce que je vous propose. Le Chéma est considéré comme une déclaration de foi, c’est une proclamation sacrée. Le judaïsme ne dispose pas réellement de credo mais le Chéma constitue ce qui s’en approche le plus, une déclaration, dès ses premiers mots, de la foi du peuple d’Israël en un Dieu unique: l’Eternel est notre Dieu, l’Eternel est un. Regardons d’un peu plus près ces six mots dans un sidour, un livre de prière. Dans de nombreuses éditions, cette phrase est imprimée en gras et deux lettres semblent se détacher mystérieusement du verset: la lettre AYIN/ ע de Chéma עמש et la lettre DALET/ ד de é'had/ דחא. Ensemble, ces deux lettres composent le mot ED/דע, qui signifie en hébreu: témoin. Celui qui prononce le Chéma est, selon la tradition, exactement cela: un témoin. Il se porte témoin de la présence du Dieu unique dans le monde et de la transmission de ce message à travers les générations. Tel est le message central de cette proclamation quotidienne du Chéma. Origine et contenu D’où vient cette prière? Quelle est son origine? Le Chéma est tiré de la Tora: c’est un extrait biblique ou plus exactement une compilation d’extraits bibliques tirés de différents passages de la Tora. On peut distinguer cinq sous parties: 1. La première phrase du Chéma, la plus célèbre est extraite du livre du Deutéronome. Moïse appelle le peuple (écoute Israël!), lui rappelle l'unicité et l’unité de Dieu (adonay elohénou, adonay é'had). C’est une proclamation solennelle. Elle renvoie directement au premier des dix commandements qui affirme que le Dieu UN est le fondement de tout … Et pour bien insister sur cette unicité le dernier mot, é’had, qui signifie "un" est prononcé avec une emphase et une durée toute particulière. 2. Suivent six mots qui sont récités à voix basse, à la différence du reste du texte prononcé à mi voix. La tradition dit qu’il faut que le locuteur entende lui-même sa prière. Ces mots sont Barou'h chem kevod mal'houto leolam vaed, Béni soit le nom de son règne glorieux à jamais! S'ils sont récités à voix basse c'est que cette phrase étant la seule à ne pas être issue de la Tora, les sages ont voulu éviter toute confusion.
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