En Chine, le pouvoir instrumentalise le renouveau bouddhiste
Le Parti communiste chinois utilise la religion comme un « soft power » explique le sociologue Ji Zhe. Et particulièrement le bouddhisme, qui bénéficie d’une très bonne image en Occident.
LE MONDE IDEES | 09.09.2017 à 07h00 • Mis à jour le 09.09.2017 à 12h00 |
Propos recueillis par François Bougon
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Statues de Bouddha à la vente sur un marché de Pékin.
Ji Zhe, professeur de sociologie à l’Institut national des langues orientales (Inalco), dirige le Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (CEIB) depuis 2016. Dans Religion, modernité et temporalité. Une sociologie du bouddhisme chan contemporain (CNRS Editions, 2016), il étudie la place du bouddhisme dans la Chine contemporaine, mais aussi à Taïwan et en France.
Quelle est la nature du renouveau du bouddhisme en Chine ?
En chinois, on parle de fuxing, de renaissance. Le bouddhisme a connu un premier renouveau à la fin du XIXe siècle, après la révolte des Taiping, un mouvement qui de 1851 à 1864 s’était attaqué aux bouddhistes et aux confucéens dans le sud de la Chine. On a alors assisté à une reconstruction des monastères et à une vague de recrutements de moines dans un contexte de modernisation. Puis, après l’abolition des examens mandarinaux, en 1905, à la chute de l’empire, des lettrés, ne pouvant plus s’engager dans la carrière de fonctionnaire, se sont tournés vers le bouddhisme. C’est grâce à leurs efforts qu’ont émergé les études bouddhistes, les foxue.
Une deuxième renaissance a eu lieu dans les années 1980, après les destructions de la Révolution culturelle [1966-1976], durant laquelle les monastères avaient été fermés et transformés en écoles, en usines, et les moines forcés d’abandonner la vie religieuse et de travailler aux champs. La politique de réformes, en 1978, a changé la donne : un nouvel espace émerge pour le bouddhisme comme pour les autres religions. L’association officielle des bouddhistes, qui avait été créée dans les années 1950, reprend de la vigueur. De grands monastères sont rouverts, en particulier dans les hauts lieux du tourisme. On appelle les anciens moines à y revenir. Puis, progressivement, des jeunes sont recrutés.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/09/en-chine-le-pouvoir-instrumentalise-le-renouveau-bouddhiste_5183204_3232.html
Le Parti communiste chinois utilise la religion comme un « soft power » explique le sociologue Ji Zhe. Et particulièrement le bouddhisme, qui bénéficie d’une très bonne image en Occident.
LE MONDE IDEES | 09.09.2017 à 07h00 • Mis à jour le 09.09.2017 à 12h00 |
Propos recueillis par François Bougon
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Statues de Bouddha à la vente sur un marché de Pékin.
Ji Zhe, professeur de sociologie à l’Institut national des langues orientales (Inalco), dirige le Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (CEIB) depuis 2016. Dans Religion, modernité et temporalité. Une sociologie du bouddhisme chan contemporain (CNRS Editions, 2016), il étudie la place du bouddhisme dans la Chine contemporaine, mais aussi à Taïwan et en France.
Quelle est la nature du renouveau du bouddhisme en Chine ?
En chinois, on parle de fuxing, de renaissance. Le bouddhisme a connu un premier renouveau à la fin du XIXe siècle, après la révolte des Taiping, un mouvement qui de 1851 à 1864 s’était attaqué aux bouddhistes et aux confucéens dans le sud de la Chine. On a alors assisté à une reconstruction des monastères et à une vague de recrutements de moines dans un contexte de modernisation. Puis, après l’abolition des examens mandarinaux, en 1905, à la chute de l’empire, des lettrés, ne pouvant plus s’engager dans la carrière de fonctionnaire, se sont tournés vers le bouddhisme. C’est grâce à leurs efforts qu’ont émergé les études bouddhistes, les foxue.
Une deuxième renaissance a eu lieu dans les années 1980, après les destructions de la Révolution culturelle [1966-1976], durant laquelle les monastères avaient été fermés et transformés en écoles, en usines, et les moines forcés d’abandonner la vie religieuse et de travailler aux champs. La politique de réformes, en 1978, a changé la donne : un nouvel espace émerge pour le bouddhisme comme pour les autres religions. L’association officielle des bouddhistes, qui avait été créée dans les années 1950, reprend de la vigueur. De grands monastères sont rouverts, en particulier dans les hauts lieux du tourisme. On appelle les anciens moines à y revenir. Puis, progressivement, des jeunes sont recrutés.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/09/en-chine-le-pouvoir-instrumentalise-le-renouveau-bouddhiste_5183204_3232.html