Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés » (Mt 7, 1). Qui ne s’est point vu rétorquer cette sentence biblique tandis qu’il dénonçait l’erreur ou la prévarication ? Peut-être vous a-t-on encore cité le grand saint Paul : « Qui es-tu pour juger le serviteur d’un autre ? Pourquoi juger ton frère ? Pourquoi mépriser ton frère ? Tous, en effet, nous comparaîtrons au tribunal de Dieu » (Ro 14, 4).
Faudrait-il donc faire nôtre cette fausse candeur qui se refuse à juger du bien ou du mal, du vrai ou du faux, et admirer en tous une sincérité supposée, subitement devenue la reine de toutes les vertus ? La réponse de saint Jean Chrysostome est formelle : « Si cette doctrine prévalait, tout serait bouleversé : dans les églises, dans les cités, dans les maisons. Si le maître ne juge pas son serviteur, la maîtresse sa servante, le père son fils, et même l’ami son ami, l’iniquité débordera. Si nous ne jugeons pas nos ennemis, jamais nous ne pourrons mettre un terme à leurs iniquités, et le désordre régnera partout sur la terre » (homélie 23 sur saint Matthieu, § 1). Voilà qui est dit et bien dit.
Comment Dieu pourrait-Il nous demander de suspendre tout jugement sur les actes, fussent-ils ceux d’autrui, Lui qui par ailleurs réclame de nous une attitude bien différente : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S’il n’écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s’il re-fuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s’il refuse d’écouter même la communauté, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Mt 18, 15).
Comment Dieu pourrait-Il nous demander de suspendre tout jugement doctrinal, Lui qui au contraire nous avertit solennellement : « Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces » (Mt 7, 15) En effet, continue le Christ un peu plus loin, « des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24, 11 et 13).
Ne pas juger reviendrait en fin de compte à avilir l’homme, vu que le jugement est précisé-ment, ainsi que l’explique saint Thomas d’Aquin, l’acte le plus noble de l’intelligence humaine.
Alors, comment interpréter le mot de Notre-Seigneur ? Il s’en explique lui-même, quelques versets plus loin. « Ne jugez pas » (Mt 7, 1), autrement dit : « Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans le tien ? » (Mt 7, 3). Comme l’explique encore saint Jean Chrysostome, « Notre-Seigneur veut uniquement frapper ceux qui, chargés de vices sans nombre, se déchaînent contre les autres à l’occasion de leurs plus légers défauts. » En un mot, il condamne peut-être l’attitude de celui qui, il y a un instant, vous rétorquait : « Ne jugez pas ».
Faudrait-il donc faire nôtre cette fausse candeur qui se refuse à juger du bien ou du mal, du vrai ou du faux, et admirer en tous une sincérité supposée, subitement devenue la reine de toutes les vertus ? La réponse de saint Jean Chrysostome est formelle : « Si cette doctrine prévalait, tout serait bouleversé : dans les églises, dans les cités, dans les maisons. Si le maître ne juge pas son serviteur, la maîtresse sa servante, le père son fils, et même l’ami son ami, l’iniquité débordera. Si nous ne jugeons pas nos ennemis, jamais nous ne pourrons mettre un terme à leurs iniquités, et le désordre régnera partout sur la terre » (homélie 23 sur saint Matthieu, § 1). Voilà qui est dit et bien dit.
Comment Dieu pourrait-Il nous demander de suspendre tout jugement sur les actes, fussent-ils ceux d’autrui, Lui qui par ailleurs réclame de nous une attitude bien différente : « Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul. S’il n’écoute pas, prends encore avec toi un ou deux autres, pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. Que s’il re-fuse de les écouter, dis-le à la communauté. Et s’il refuse d’écouter même la communauté, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain » (Mt 18, 15).
Comment Dieu pourrait-Il nous demander de suspendre tout jugement doctrinal, Lui qui au contraire nous avertit solennellement : « Méfiez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans sont des loups rapaces » (Mt 7, 15) En effet, continue le Christ un peu plus loin, « des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens. Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 24, 11 et 13).
Ne pas juger reviendrait en fin de compte à avilir l’homme, vu que le jugement est précisé-ment, ainsi que l’explique saint Thomas d’Aquin, l’acte le plus noble de l’intelligence humaine.
Alors, comment interpréter le mot de Notre-Seigneur ? Il s’en explique lui-même, quelques versets plus loin. « Ne jugez pas » (Mt 7, 1), autrement dit : « Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans le tien ? » (Mt 7, 3). Comme l’explique encore saint Jean Chrysostome, « Notre-Seigneur veut uniquement frapper ceux qui, chargés de vices sans nombre, se déchaînent contre les autres à l’occasion de leurs plus légers défauts. » En un mot, il condamne peut-être l’attitude de celui qui, il y a un instant, vous rétorquait : « Ne jugez pas ».