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Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme.

5 participants

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Josué

Josué
Administrateur

Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme
CHRISTIAN LAPORTE Publié le lundi 24 juillet 2017 à 08h54 - Mis à jour le lundi 24 juillet 2017 à 08h57
BRUXELLES Une intéressante exposition mettra en exergue l’action du grand humaniste cet automne.
Du 6 octobre prochain au 7 janvier 2018, la Maison d’Erasme d’Anderlecht vivra à l’heure du cinquième centenaire de la Réforme protestante. C’est le 31 octobre 1517 que Martin Luther publia ses 95 thèses dénonçant le trafic des indulgences par l’Eglise de Rome. On cria au scandale dans le camp de Luther comme dans celui du Vatican, mais le grand humaniste Erasme se claquemura dans le silence. Car cet humaniste, naturellement pacifiste voulut concilier les deux parties.

L’alternative "réaliste" d’ici

Une exposition éclairera ce moment clé de l’Histoire occidentale sous un angle peu connu : alors que l’on se focalisa sur les thèses du moine allemand, l’humaniste conçut le projet de renouveler en profondeur la façon de vivre la foi chrétienne. Son raisonnement ? A ses yeux, "chacun peut être théologien" s’il a accès au "pur Évangile", épuré des erreurs accumulées au fil des retranscriptions. Pour Erasme, il s’imposa de lire les commentaires des pères de l’Eglise "avec discernement et esprit critique". Prônant une lecture ouverte des textes sacrés, le philosophe voulait redynamiser la parole du Christ. Cela l’amena à publier le texte original grec du Nouveau Testament et à proposer une nouvelle traduction latine, concurrente de la Vulgate (la traduction officielle et millénaire de la Bible).

Cette volonté révolutionnaire le fit suspecter d’hérésie. Si Erasme s’y lança, c’est à la suite de la découverte du manuscrit inédit des "Adnotationes" de Lorenzo Valla, l’humaniste italien qui avait osé "corriger" le texte biblique. Erasme entendait éditer le manuscrit et restaurer le texte original du Nouveau Testament, en se basant sur d’anciens manuscrits grecs. Ce manuscrit de Valla, qui inspira Erasme sera exposé pour la première fois dans le cabinet de travail du philosophe.

Des extraits des textes originels sur l’audioguide

Ce sera aussi l’occasion de découvrir une riche collection de documents, manuscrits et éditions anciennes en provenance des principales bibliothèques patrimoniales du pays. Sous le titre "Renouveler un texte millénaire. Erasme, réformateur ?", on verra aussi une panoplie de Bibles médiévales, psautiers et livres d’heures enluminés, qui illustrent l’histoire textuelle de la Bible. Mais aussi des exemples originaux des fameuses indulgences qui avaient suscité la colère de Martin Luther, ainsi que ses 95 thèses ou encore la Bulle du pape Léon X qui excommunia Luther en 1521.

Autres "trésors" : le fameux Atlas de Mercator (1595), les deux plus anciens manuscrits du Nouveau Testament conservés en Belgique (des fragments en grec sur papyrus et sur parchemin) et l’édition de base du Nouveau Testament d’Erasme (1516). Enfin, le guide du visiteur en trois langues se doublera d’enregistrements de textes d’Erasme et de Luther en français, en néerlandais, en anglais et en latin !Christian Laporte

Christian Laporte
http://www.lalibre.be/regions/bruxelles/cinq-siecles-de-reforme-sous-le-regard-d-erasme-5974f44acd70d65d24f17b7a

Josué

Josué
Administrateur

Érasme fustige ,dans son Éloge de la folie, les théologiens  et le haut  clergé. 
Mais pas question, pour autant de rompre avec l'église de Rome.

papy

papy

Tout en étant d’accord avec Luther sur le principe, certains réformateurs dans l’âme évitaient de s’engager, tel l’humaniste hollandais Didier Érasme. Il fut le premier à publier, en 1516, le “Nouveau Testament” en grec original. “Ce fut un réformateur, déclare l’Edinburgh Review, jusqu’à ce que la réforme devienne une effrayante réalité.”

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

Il a tenu aussi ses propos.
Je ferrais traduire ces paroles dans toutes les langues, de sorte que non seulement les Écossais et les Irlandais, mais encore les Turcs et les Sarrasins puissent les lire.
Il me tarde d'entendre le laboureur les chanter derrière sa charrue, le tisserand les fredonner au son de sa navette, le voyageur tromper avec elles l'ennui de son voyage.

philippe83


MODERATEUR
MODERATEUR

C'est à lui que nous devons le NT Texte Reçu. Ce texte avait des lacunes mais pour l'époque c'était novateur. Nombre de traductions tireront leurs travaux de ce mss pendant des siècles.
A+

Mikael

Mikael
MODERATEUR
MODERATEUR

[size=33]Érasme[/size]



Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 102016208_univ_cnt_1_md
À SON époque, Érasme (Desiderius Erasmus, vers 1469-1536) a d’abord été salué comme le plus brillant des humanistes d’Europe, puis accusé de trahison et d’hérésie. Pris dans des controverses religieuses houleuses, il a osé dévoiler les erreurs et les abus qui existaient dans l’Église catholique mais aussi parmi ceux qui prétendaient la réformer. Aujourd’hui, il est reconnu comme un personnage clé de la transformation du paysage religieux en Europe. En quel sens ?

[size=34]ÉTUDES ET CROYANCES[/size]


Grâce à sa maîtrise du grec et du latin, Érasme a pu comparer des traductions de la Bible en latin, comme la Vulgate, avec d’anciens manuscrits en grec des Écritures grecques chrétiennes (souvent appelées Nouveau Testament). Ayant acquis la conviction que la connaissance biblique était vitale, il soutenait que les Saintes Écritures devaient être traduites dans d’autres langues couramment parlées à son époque.
Érasme prônait le renouveau interne de l’Église catholique, parce qu’il croyait que le christianisme devait être un mode de vie, et non une simple observance de rites vides de sens. En conséquence, quand les réformateurs ont commencé à protester et à réclamer des changements au sein de l’Église de Rome, il a fait l’objet des soupçons de l’Église catholique.
Érasme a osé dévoiler les erreurs et les abus du catholicisme et des réformateurs.
Dans ses écrits, Érasme a dénoncé de manière satirique les abus et le mode de vie pompeux du clergé, ainsi que l’ambition des papes qui encourageaient les guerres. Il se distinguait des ecclésiastiques corrompus qui exploitaient les croyants au moyen de rites comme la confession des péchés, le culte des saints, le jeûne et les pèlerinages. De plus, il n’était pas favorable à des pratiques comme la vente des indulgences et le célibat forcé.

[size=34] LE TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT EN GREC[/size]


En 1516, Érasme a publié sa première édition du Nouveau Testament en grec : le tout premier texte des Écritures grecques chrétiennes sous forme imprimée. Cet ouvrage contenait aussi des annotations et sa propre traduction en latin des Écritures grecques chrétiennes, une traduction qui différait de la Vulgate. Il a continué, pendant un temps, à réviser sa traduction, ce qui a finalement abouti à un ouvrage se démarquant encore plus de la Vulgate.
Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 102016208_univ_cnt_2_md

Le Nouveau Testament en grec d’Érasme.


Citons par exemple 1 Jean 5:7. Dans ce verset, le texte apocryphe connu sous le nom de comma johanneum a été ajouté à la Vulgate pour soutenir l’enseignement non biblique de la Trinité. Ce texte dit : « Dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit Saint ; et ces trois sont un *. » Toutefois, comme ces mots n’apparaissaient dans aucun des manuscrits grecs qu’il avait consultés, Érasme s’est gardé de les introduire dans les deux premières éditions de son Nouveau Testament. L’Église a ensuite fait pression sur lui pour qu’il les ajoute à la troisième édition.
Les éditions améliorées du Nouveau Testament en grec d’Érasme ont fourni une base pour réaliser de meilleures traductions dans les langues européennes. Martin Luther, William Tyndale, Antonio Brucioli et Francisco de Enzinas s’en sont servis pour traduire les Écritures grecques respectivement en allemand, en anglais, en italien et en espagnol.
Érasme a vécu à une époque d’agitation religieuse cruciale, et son Nouveau Testament en grec a été considéré par les réformateurs protestants comme une aide inestimable. Certains ont même pensé qu’Érasme était un réformateur, jusqu’à ce que la Réforme devienne une réalité. Il a alors refusé de prendre parti dans le grand débat théologique qui s’en est suivi. Fait intéressant, il y a un siècle, David Schaff a écrit qu’Érasme « est mort seul, sans appartenir à une religion. Les catholiques ne voulaient pas s’en réclamer ; les protestants ne le pouvaient pas * ».


EN BREF





  • En 1516, Érasme a fait paraître le Nouveau Testament en grec sous forme imprimée. Son ouvrage présente le texte grec dans une colonne et dans une autre sa traduction en latin, le tout accompagné d’annotations détaillées.
  • Dans la préface de son Nouveau Testament, Érasme a écrit : « Je suis en effet passionnément en désaccord avec ceux qui voudraient interdire aux ignorants [les gens du peuple] de lire la Divine Écriture [les Saintes Écritures] traduite dans la langue vulgaire [la langue couramment parlée] *. »
  • Ses livres ont été brûlés par ses détracteurs dans certaines régions d’Europe et pendant de nombreuses années, ils ont figuré sur la liste des ouvrages interdits par les papes de Rome.





Une célébrité internationale



Érasme était un savant vraiment cosmopolite. Il a vécu et a travaillé dans plusieurs pays d’Europe, où il s’est fait des amis influents dans les cours royales et les universités. Des savants de nombreux pays le consultaient. Ses écrits, largement lus et appréciés, l’ont rendu célèbre. Pendant un temps, partout où il allait, il était accueilli au son des fanfares et des acclamations aussi bien par des princes, des prélats que des savants. C’est pourquoi récemment un auteur en a parlé comme de l’« équivalent pour la Renaissance d’une célébrité internationale moderne

Josué

Josué
Administrateur

Érasme

Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 449
À SON époque, Érasme (Desiderius Erasmus, vers 1469-1536) a d’abord été salué comme le plus brillant des humanistes d’Europe, puis accusé de trahison et d’hérésie. Pris dans des controverses religieuses houleuses, il a osé dévoiler les erreurs et les abus qui existaient dans l’Église catholique mais aussi parmi ceux qui prétendaient la réformer. Aujourd’hui, il est reconnu comme un personnage clé de la transformation du paysage religieux en Europe. En quel sens ?


ÉTUDES ET CROYANCES


Grâce à sa maîtrise du grec et du latin, Érasme a pu comparer des traductions de la Bible en latin, comme la Vulgate, avec d’anciens manuscrits en grec des Écritures grecques chrétiennes (souvent appelées Nouveau Testament). Ayant acquis la conviction que la connaissance biblique était vitale, il soutenait que les Saintes Écritures devaient être traduites dans d’autres langues couramment parlées à son époque.
Érasme prônait le renouveau interne de l’Église catholique, parce qu’il croyait que le christianisme devait être un mode de vie, et non une simple observance de rites vides de sens. En conséquence, quand les réformateurs ont commencé à protester et à réclamer des changements au sein de l’Église de Rome, il a fait l’objet des soupçons de l’Église catholique.

Érasme a osé dévoiler les erreurs et les abus du catholicisme et des réformateurs.

Dans ses écrits, Érasme a dénoncé de manière satirique les abus et le mode de vie pompeux du clergé, ainsi que l’ambition des papes qui encourageaient les guerres. Il se distinguait des ecclésiastiques corrompus qui exploitaient les croyants au moyen de rites comme la confession des péchés, le culte des saints, le jeûne et les pèlerinages. De plus, il n’était pas favorable à des pratiques comme la vente des indulgences et le célibat forcé.

LE TEXTE DU NOUVEAU TESTAMENT EN GREC


En 1516, Érasme a publié sa première édition du Nouveau Testament en grec : le tout premier texte des Écritures grecques chrétiennes sous forme imprimée. Cet ouvrage contenait aussi des annotations et sa propre traduction en latin des Écritures grecques chrétiennes, une traduction qui différait de la Vulgate. Il a continué, pendant un temps, à réviser sa traduction, ce qui a finalement abouti à un ouvrage se démarquant encore plus de la Vulgate.
Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 451

Le Nouveau Testament en grec d’Érasme.


Citons par exemple 1 Jean 5:7. Dans ce verset, le texte apocryphe connu sous le nom de comma johanneum a été ajouté à la Vulgate pour soutenir l’enseignement non biblique de la Trinité. Ce texte dit : « Dans le ciel : le Père, le Verbe et l’Esprit Saint ; et ces trois sont un*. » Toutefois, comme ces mots n’apparaissaient dans aucun des manuscrits grecs qu’il avait consultés, Érasme s’est gardé de les introduire dans les deux premières éditions de son Nouveau Testament. L’Église a ensuite fait pression sur lui pour qu’il les ajoute à la troisième édition.
Les éditions améliorées du Nouveau Testament en grec d’Érasme ont fourni une base pour réaliser de meilleures traductions dans les langues européennes. Martin Luther, William Tyndale, Antonio Brucioli et Francisco de Enzinas s’en sont servis pour traduire les Écritures grecques respectivement en allemand, en anglais, en italien et en espagnol.
Érasme a vécu à une époque d’agitation religieuse cruciale, et son Nouveau Testament en grec a été considéré par les réformateurs protestants comme une aide inestimable. Certains ont même pensé qu’Érasme était un réformateur, jusqu’à ce que la Réforme devienne une réalité. Il a alors refusé de prendre parti dans le grand débat théologique qui s’en est suivi. Fait intéressant, il y a un siècle, David Schaff a écrit qu’Érasme « est mort seul, sans appartenir à une religion. Les catholiques ne voulaient pas s’en réclamer ; les protestants ne le pouvaient pas* ».
F. Fleinert-Jensen, Commentaire de la première épître de Jean, Éd. du Cerf, 1982.
History of the Christian Church, Wm. B. Eerdmans Publishing Co., 1910.


EN BREF



  • En 1516, Érasme a fait paraître le Nouveau Testament en grec sous forme imprimée. Son ouvrage présente le texte grec dans une colonne et dans une autre sa traduction en latin, le tout accompagné d’annotations détaillées.
  • Dans la préface de son Nouveau Testament, Érasme a écrit : « Je suis en effet passionnément en désaccord avec ceux qui voudraient interdire aux ignorants [les gens du peuple] de lire la Divine Écriture [les Saintes Écritures] traduite dans la langue vulgaire [la langue couramment parlée]*. »
  • Ses livres ont été brûlés par ses détracteurs dans certaines régions d’Europe et pendant de nombreuses années, ils ont figuré sur la liste des ouvrages interdits par les papes de Rome.



J. Chomarat (éd.-trad.), Érasme, Œuvres choisies, Librairie générale française, 1991.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/102016208

chico.

chico.

[ltr]Éloge de la folie[/ltr]
[ltr]Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 20px-Logo_disambig.svg
Pour les articles homonymes, voir Éloge (homonymie).
[/ltr]

[th]Auteur[/th][th]Titre[/th]
[size=18][i][b][size=18][i][b]Éloge de la folie[/b][/i][/size][/b][/i][/size]
Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 250px-HolbeinErasmusFollymarginalia
Illustration d'Hans Holbein le Jeune en marge d'une édition précoce de L'Éloge de la folie


Érasme
Stultitiæ laus
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Éloge de la folie ou L’Éloge de la folie, également La Louange de la sottise1 ou encore La Louange de la folie2, dont le titre grec est Μωρίας ἐγκώμιον (Môríasnote 1 enkômion) et le titre latin Stultitiæ laus, est une déclamation écrite en latin en 1509 par Érasme et imprimée pour la première fois en 1511 à Paris chez Jehan Petit et Gilles de Gourmont, puis réimprimé ne varietur (sans altération) en août 1511 à Strasbourg chez Mathias Schurer.
Après en avoir conçu les grandes lignes au cours de ses voyages sur les routes d'Italie et d'Allemagne, Érasme révisa et développa son travail, à l'origine écrit en une semaine, pendant son séjour chez Thomas More (auteur de L'Utopie) dans la propriété que ce dernier avait à Bucklersbury. On considère que c'est l'une des œuvres qui ont eu le plus d'influence sur la littérature du monde occidental et qu'elle a été un des catalyseurs de la Réforme. L'ouvrage sera mis à l'Index en 1557 lors de la Contre-Réforme.[/ltr]


[ltr]
Elle commence avec un éloge imité de l'auteur satirique grec Lucien de Samosate, dont Érasme et Thomas More avaient récemment traduit l'œuvre en latin. Le ton devient plus sombre dans une série de discours solennels, lorsque la folie fait l'éloge de l'aveuglement et de la démence et lorsqu'on passe à un examen satirique des superstitions et des pratiques pieuses dans l'Église ainsi qu'à la folie des pédants. Érasme était récemment rentré profondément déçu de Rome, où il avait décliné des avances de la Curie romaine. Peu à peu la folie prend la propre voix d'Érasme qui annonce le châtiment. L'essai se termine en décrivant selon l'auteur les véritables idéaux chrétiens.[/ltr]
[ltr]
Il s’agit d’une thèse humoristique, rédigée en latin de manière volontairement savante, truffée à dessein de locutions grecques, découpée en soixante-huit articles. Érasme y fait parler la déesse de la Folie et lui prête une critique acerbe des diverses professions et catégories sociales, notamment les théologiens, les maîtres, les moines et le haut clergé mais aussi les courtisans dont nous avons une satire mordante. Il existe une référence directe au genre au chapitre LX.[/ltr]

« Mais il n’est pas dans mon sujet d’examiner la vie des papes et des prêtres, j’aurais l’air de composer une satire au lieu de mon propre éloge, et l’on pourrait croire qu’en louant les mauvais princes j’ai l’intention de censurer les bons3. »

[ltr]
Cette citation illustre le ton de l'œuvre, où la Folie fait son éloge, mais un éloge transformé par Érasme en une satire. Cette technique permet de surprendre le lecteur, d'affiner la dénonciation des travers de ses contemporains, et de rendre son propos plus efficace. Cet auteur a excellé dans le genre satirique. Ainsi, il est l’auteur des Colloques : une satire piquante des mœurs de son époque qui souligne son esprit indépendant. Mais dans L’Éloge de la Folie, la satire s’élargit et dépasse l’époque de son auteur pour atteindre la société humaine en général.[/ltr]

Allusions et intertextualité[


[ltr]
Cinq siècles de Réforme sous le regard d’Erasme. 17px-Emojione_267B.svg

Érasme était un grand ami de Thomas More, avec qui il partageait le goût de l'humour à froid et d'autres jeux de l'esprit. Le titre grec Éloge de la folie peut également être compris comme Éloge de More. Le second et le troisième degré transparaissent sous le texte. L'ouvrage est dédié à Thomas More, ce qui explique le jeu de mots du titre original, Encomium Moriæ.
L'essai est rempli d'allusions classiques placées à la manière typique des humanistes de la Renaissance. Érasme connaissait bien la mythologie grecque et romaine, ainsi que les philosophes de l'Antiquité. Il fait d'ailleurs constamment référence aux mythes de l'Antiquité. La Folie est présentée comme la principale déesse de l'Olympe, l'« Alpha », fille de Ploutos, autrement dit Pluton (le riche en grec, qui désignait le dieu tant redouté Hadès, maître tout puissant de la vie souterraine, l'infra-terrestre séjour des morts, à la fois enfer et paradis) et de la belle entre toutes Jeunesse, apparentée à Aphrodite. Elle fut élevée et nourrie par deux nymphettes, Ivresse et Ignorance. Tous les autres dieux et déesses lui sont redevables de quelque chose. Dans le cortège de ses suivantes fidèles on trouve Philautia (le narcissisme, plus précisément l'estime inconditionnelle de soi), sa quasi-sœur, Kolakia (la flatterie), Léthé (l'oubli), Misoponia (la paresse), Hedonè (le plaisir), Anoia (la démence), Tryphe (la licence, la licencieuse), et deux compagnons, Komos (l’intempérance) et Eegretos Hypnos (le sommeil profond). D'autres références intéressantes sont le mythe de Sisyphe, le satyre Pan et le dieu Bacchus souvent mis en relation avec la Folie, plusieurs récits mythiques concernant Midas, le mythe d'Orphée, etc.
Érasme fait également plusieurs fois référence à La République de Platon, plus particulièrement à l'allégorie de la caverne pour dénoncer la multitude des gens se complaisant dans leur folie.[/ltr]

« Trouvez-vous une différence entre ceux qui, dans la caverne de Platon, regardent les ombres et les images des objets, ne désirant rien de plus et s’y plaisant à merveille, et le sage qui est sorti de la caverne et qui voit les choses comme elles sont4 ? »

[ltr]
Érasme montre également une bonne connaissance des philosophes médiévaux et fait de nombreuses allusions à saint Augustin, saint Thomas ou encore Guillaume d'Ockham. Il cite régulièrement Horace, Sénèque et autres écrivains de l'Antiquité. Il fait également plusieurs fois référence aux Grenouilles d'Aristophane, une comédie satirique où le chœur est tenu par des grenouilles.[/ltr]

« Mais j’entends coasser derechef les stoïciennes grenouilles5 »

[ltr]
Mais le but principal de l'auteur est d'en venir à l'idéal chrétien tel qu'il le comprend dans les Évangiles et comme l'enseigne l'apôtre Paul, lui-même jugé fou et qui se revendique tel, par opposition à tous ceux qui, sous couvert de raison et de sagesse, interprètent et dévoient les textes canoniques au gré de leurs intérêts particuliers : les théologiens, les clercs, les moines, les évêques et le pape. Il est également utile de mentionner un autre élément intertextuel, qui cette fois se situe en amont. En effet, Érasme compare la vie humaine à une pièce de théâtre, comme le fera Shakespeare plus tard dans sa comédie Comme il vous plaira : « All the World's a Stage6 »
À sa manière, Érasme fait plutôt référence au théâtre de l'Antiquité, caractérisé par le port de la persona, masque à l'expression figée.[/ltr]

« Il en va ainsi de la vie. Qu’est-ce autre chose qu’une pièce de théâtre, où chacun, sous le masque, fait son personnage jusqu’à ce que le chorège le renvoie de la scène7 ? »

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