Environ 5 % des grands obèses doivent avoir recours actuellement à la chirurgie en France.
Par ANNE JEANBLANC
La Journée européenne de l'obésité se tient samedi 21 mai. Selon les dernières estimations, l'obésité touche un adulte sur six et un enfant sur dix dans notre pays. Elle y est aussi responsable de 55 000 morts par an. Les plus grands obèses, ceux dont la santé est mise en péril en raison de leur état et qui n'arrivent pas à maigrir, peuvent bénéficier de la chirurgie. Tour d'horizon des interventions pratiquées aujourd'hui et des pistes de recherche avec le professeur Robert Benamouzig, chef du service de gastro-entérologie à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et responsable du centre de recherche en nutrition humaine d'Ile-de-France.
Le Point.fr : Quels types d'opération propose-t-on actuellement aux grands obèses ?
Pr Robert Benamouzig : Elles sont de deux types : les unes aident les malades à moins manger, les autres à moins assimiler les aliments ingérés. Parfois, il est possible de les combiner.
Tout d'abord, il est possible de placer un anneau qui resserre le haut de l'estomac ou un ballon à l'intérieur de cet organe pour augmenter le sentiment de satiété, et donc couper l'appétit. Cette dernière méthode est moins utilisée que la précédente en France. Bien tolérées, ces solutions ne sont pas définitives et leurs résultats ne sont ni systématiques ni forcément durables une fois ces aides mécaniques retirées. Il est encore possible de réduire chirurgicalement la taille de l'estomac, en réalisant une suture ou en plaçant des agrafes.
L'autre solution, le court-circuit, est-elle plus efficace ?
Oui, c'est la seule intervention associée à une diminution de la mortalité globale. Mais il s'agit d'une chirurgie très lourde, pouvant entraîner des complications importantes, voire un risque de décès. En pratique, son objectif est de réduire au maximum le temps de contact du bol alimentaire avec l'intestin grêle. Et donc son assimilation. Pour cela, on met "hors circuit" une partie plus ou moins longue de cet intestin en créant une dérivation.
C'est durablement efficace, mais, pour moi, cela équivaut à casser la deuxième jambe pour rétablir l'équilibre d'un patient qui a une jambe plus courte que l'autre après une fracture. C'est frustrant.
La nouvelle solution, c'est cette "chaussette" qui remplacerait la chirurgie de dérivation...
L'idée est de fixer une "chaussette" au niveau du pylore, la partie basse de l'estomac, et de la faire descendre dans l'intestin pour éviter le contact avec la nourriture. Elle est très séduisante. Trois équipes dans le monde ont déjà testé cette méthode chez l'homme. Pour l'instant, les résultats ne sont pas meilleurs que ceux obtenus avec le ballon, et la tolérance de cette structure en partie métallique est moins bonne que celle du ballon souple et mobile. Mais on en est au tout début.
Que pensez-vous du tout nouveau pacemaker agissant sur l'appétit ?
Là, on est dans la recherche pure puisque moins de 30 malades, dans le monde, ont testé ce dispositif. En pratique, on sait qu'il y a un système nerveux autour de l'estomac qui envoie des messages vers le cerveau. Tous ces signaux ne sont pas encore connus, mais en envoyant des impulsions électriques sur des zones précises, grâce à ce pacemaker gastrique, il serait possible de faire croire au cerveau que l'estomac est plein avant qu'il ne soit effectivement rempli. Ça marche chez l'animal.
Quelles sont les autres voies de recherche ?
Nous travaillons aussi sur de nouveaux ballons et des procédés d'endoscopie pour "rétrécir" l'estomac. Le but est de mettre au point des traitements au moins aussi efficaces et moins risqués que ceux proposés aujourd'hui. Mais, à terme, j'espère que les connaissances progresseront suffisamment pour nous permettre de trouver des traitements non chirurgicaux de cette redoutable maladie.
Par ANNE JEANBLANC
La Journée européenne de l'obésité se tient samedi 21 mai. Selon les dernières estimations, l'obésité touche un adulte sur six et un enfant sur dix dans notre pays. Elle y est aussi responsable de 55 000 morts par an. Les plus grands obèses, ceux dont la santé est mise en péril en raison de leur état et qui n'arrivent pas à maigrir, peuvent bénéficier de la chirurgie. Tour d'horizon des interventions pratiquées aujourd'hui et des pistes de recherche avec le professeur Robert Benamouzig, chef du service de gastro-entérologie à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et responsable du centre de recherche en nutrition humaine d'Ile-de-France.
Le Point.fr : Quels types d'opération propose-t-on actuellement aux grands obèses ?
Pr Robert Benamouzig : Elles sont de deux types : les unes aident les malades à moins manger, les autres à moins assimiler les aliments ingérés. Parfois, il est possible de les combiner.
Tout d'abord, il est possible de placer un anneau qui resserre le haut de l'estomac ou un ballon à l'intérieur de cet organe pour augmenter le sentiment de satiété, et donc couper l'appétit. Cette dernière méthode est moins utilisée que la précédente en France. Bien tolérées, ces solutions ne sont pas définitives et leurs résultats ne sont ni systématiques ni forcément durables une fois ces aides mécaniques retirées. Il est encore possible de réduire chirurgicalement la taille de l'estomac, en réalisant une suture ou en plaçant des agrafes.
L'autre solution, le court-circuit, est-elle plus efficace ?
Oui, c'est la seule intervention associée à une diminution de la mortalité globale. Mais il s'agit d'une chirurgie très lourde, pouvant entraîner des complications importantes, voire un risque de décès. En pratique, son objectif est de réduire au maximum le temps de contact du bol alimentaire avec l'intestin grêle. Et donc son assimilation. Pour cela, on met "hors circuit" une partie plus ou moins longue de cet intestin en créant une dérivation.
C'est durablement efficace, mais, pour moi, cela équivaut à casser la deuxième jambe pour rétablir l'équilibre d'un patient qui a une jambe plus courte que l'autre après une fracture. C'est frustrant.
La nouvelle solution, c'est cette "chaussette" qui remplacerait la chirurgie de dérivation...
L'idée est de fixer une "chaussette" au niveau du pylore, la partie basse de l'estomac, et de la faire descendre dans l'intestin pour éviter le contact avec la nourriture. Elle est très séduisante. Trois équipes dans le monde ont déjà testé cette méthode chez l'homme. Pour l'instant, les résultats ne sont pas meilleurs que ceux obtenus avec le ballon, et la tolérance de cette structure en partie métallique est moins bonne que celle du ballon souple et mobile. Mais on en est au tout début.
Que pensez-vous du tout nouveau pacemaker agissant sur l'appétit ?
Là, on est dans la recherche pure puisque moins de 30 malades, dans le monde, ont testé ce dispositif. En pratique, on sait qu'il y a un système nerveux autour de l'estomac qui envoie des messages vers le cerveau. Tous ces signaux ne sont pas encore connus, mais en envoyant des impulsions électriques sur des zones précises, grâce à ce pacemaker gastrique, il serait possible de faire croire au cerveau que l'estomac est plein avant qu'il ne soit effectivement rempli. Ça marche chez l'animal.
Quelles sont les autres voies de recherche ?
Nous travaillons aussi sur de nouveaux ballons et des procédés d'endoscopie pour "rétrécir" l'estomac. Le but est de mettre au point des traitements au moins aussi efficaces et moins risqués que ceux proposés aujourd'hui. Mais, à terme, j'espère que les connaissances progresseront suffisamment pour nous permettre de trouver des traitements non chirurgicaux de cette redoutable maladie.