*** g01 22/6 La Bible de Dalmatin : rare, mais pas oubliée ***
La Bible de Dalmatin : rare, mais pas oubliée
DE L’UN DE NOS RÉDACTEURS EN SLOVÉNIE
LE DERNIER de ces tonneaux au contenu inestimable est arrivé en Slovénie à la fin du XVIe siècle. Pendant deux ans, on les avait transportés par différentes routes. Pour en camoufler le contenu, on avait inscrit sur les tonneaux “ cartes à jouer ” ou “ fournitures de magasin ”. À l’intérieur étaient en fait dissimulés les volumes reliés de cuir de la première Bible complète en slovène.
Le précieux chargement concrétisait le rêve de deux hommes dévoués, Jurij Dalmatin et Primož Trubar, qui ont consacré leur vie à traduire la Bible dans la langue de leur peuple. Même si ces hommes ne figurent pas dans bon nombre de livres d’histoire, leurs noms peuvent être ajoutés à la liste de ceux qui ont apporté une large contribution aux premières traductions de la Bible.
Dalmatin, qui s’occupait du transport secret des bibles, avait inclus dans le chargement une copie pour Trubar, son ami et conseiller. Il s’agissait d’une édition spéciale, magnifiquement reliée. Mais considérons les obstacles que ces deux hommes ont dû surmonter pour que la Bible soit disponible dans la langue de leurs compatriotes.
Un homme devient traducteur
Au XVIe siècle, le Saint Empire romain, étroitement lié à l’Église catholique, exerçait toujours son emprise sur une grande partie de l’Europe. Toutefois, la Réforme était en bon chemin, et ses effets se faisaient sentir jusque dans les villes et les villages de ce qu’on appelle aujourd’hui la Slovénie. Trubar, qui était prêtre, a été l’un des premiers à adopter les croyances protestantes.
L’Église catholique utilisant le latin, seuls quelques privilégiés versés dans cette langue ancienne étaient en mesure de comprendre les offices religieux et la Bible. Cependant, selon les réformateurs, le service religieux devait être célébré dans une langue que tous comprenaient. Par conséquent, vers le milieu du XVIe siècle, on a lu au cours des offices quelques passages de la Bible en slovène. Cette lecture était possible, car dans les marges du missel latin, ou livre de messe, que le clergé employait, l’équivalent de certains textes en slovène avait été inséré.
Néanmoins, Trubar voulait que la Bible tout entière soit traduite dans cette langue. Comme il n’existait pas encore d’alphabet adapté à la transcription du slovène, il en a inventé un. En 1550, il écrivait le premier livre en slovène ; il y mentionnait quelques versets de la Genèse. Plus tard, il a également traduit les Psaumes et, finalement, le Nouveau Testament, les Écritures grecques chrétiennes, dans son entier.
Toutefois, Trubar était conscient qu’il ne possédait pas les aptitudes linguistiques requises pour concrétiser ses aspirations : traduire la Bible en slovène dans son intégralité. Voilà pourquoi il a vu en Jurij Dalmatin, un jeune étudiant doué, la personne qui pouvait l’aider à réaliser son projet.
Les jeunes années de Dalmatin
Dalmatin, issu d’une famille pauvre, est né vers 1547 dans un village situé dans le sud de la Slovénie actuelle. Enfant, il a fréquenté l’école de son village, que dirigeait un homme converti au protestantisme dès le début. Cela a grandement influé sur son idéologie religieuse. Aidé à la fois par Trubar, par un instituteur et par les prêtres de son village, Dalmatin est d’abord allé dans une école religieuse, puis à l’université, en Allemagne. Il s’est ainsi perfectionné en latin et en allemand, il a appris l’hébreu et le grec, et il a terminé ses études de philosophie et de théologie.
Même si Dalmatin faisait ses études à l’étranger, Trubar l’a toujours encouragé à aimer et à cultiver sa langue maternelle, le slovène. Alors qu’il avait une vingtaine d’années et qu’il était encore à l’université, il s’est attelé à la gigantesque tâche qui consistait à traduire la Bible dans la langue de son pays. Satisfaire l’ardent désir de Trubar de disposer de la Bible complète en slovène constituait désormais l’objectif principal de Dalmatin.
Les débuts de la traduction
Se lançant dans le projet avec un grand enthousiasme, Dalmatin a commencé par traduire les Écritures hébraïques. Il s’est vraisemblablement basé sur les langues originales, mais il s’est aussi beaucoup référé à la traduction allemande que Martin Luther avait faite à partir de la Vulgate. Quant à Trubar, il avait achevé la traduction de l’intégralité des Écritures grecques chrétiennes en 1577, comme cela a été expliqué. Dalmatin a ensuite corrigé et amélioré le texte de Trubar. Pour ce faire, il a encore largement recouru à la traduction de Luther. Il a supprimé un grand nombre de tournures allemandes que Trubar avait employées, et il a rendu la traduction plus cohérente. Dalmatin a sans doute utilisé ses connaissances en grec dans ses travaux de traduction, mais les spécialistes débattent toujours pour déterminer s’il a consulté les textes originaux en grec.
Des obstacles en chemin
Comme l’alphabet slovène n’avait été créé que quelques dizaines d’années auparavant, Dalmatin se trouvait devant une tâche désarçonnante. De plus, le vocabulaire était limité, et il n’existait aucun ouvrage de référence en slovène. Il fallait donc une bonne dose d’ingéniosité pour rendre le texte dans un slovène compréhensible.
La contre-réforme a constitué une difficulté supplémentaire. Étant donné que l’imprimeur avait été expulsé de Slovénie, on a dû imprimer la Bible à l’étranger. Voilà pourquoi on camouflait le chargement lorsqu’on introduisait les bibles dans le pays. Cependant, en dépit des obstacles, Dalmatin a réalisé son objectif en l’espace de dix ans seulement. Il semble qu’il n’avait qu’une trentaine d’années.
Sous la surveillance de Dalmatin, on a d’abord imprimé 1 500 exemplaires de la Bible en sept mois. Beaucoup ont qualifié la Bible de Dalmatin de chef-d’œuvre littéraire et d’œuvre d’art, car elle était agrémentée de 222 magnifiques estampes. Maintes bibles originales subsistent, et on s’est basé encore récemment sur cette traduction pour de nouvelles versions de la Bible en slovène. Grâce au travail de ces deux hommes, les Slovènes peuvent aujourd’hui lire la Parole de Dieu dans leur langue maternelle.
[Encadré/Illustrations, page 15]
LE NOM DIVIN
Dans la préface de sa traduction de la Sainte Bible, Dalmatin a fourni l’explication suivante :
La Bible de Dalmatin : rare, mais pas oubliée
DE L’UN DE NOS RÉDACTEURS EN SLOVÉNIE
LE DERNIER de ces tonneaux au contenu inestimable est arrivé en Slovénie à la fin du XVIe siècle. Pendant deux ans, on les avait transportés par différentes routes. Pour en camoufler le contenu, on avait inscrit sur les tonneaux “ cartes à jouer ” ou “ fournitures de magasin ”. À l’intérieur étaient en fait dissimulés les volumes reliés de cuir de la première Bible complète en slovène.
Le précieux chargement concrétisait le rêve de deux hommes dévoués, Jurij Dalmatin et Primož Trubar, qui ont consacré leur vie à traduire la Bible dans la langue de leur peuple. Même si ces hommes ne figurent pas dans bon nombre de livres d’histoire, leurs noms peuvent être ajoutés à la liste de ceux qui ont apporté une large contribution aux premières traductions de la Bible.
Dalmatin, qui s’occupait du transport secret des bibles, avait inclus dans le chargement une copie pour Trubar, son ami et conseiller. Il s’agissait d’une édition spéciale, magnifiquement reliée. Mais considérons les obstacles que ces deux hommes ont dû surmonter pour que la Bible soit disponible dans la langue de leurs compatriotes.
Un homme devient traducteur
Au XVIe siècle, le Saint Empire romain, étroitement lié à l’Église catholique, exerçait toujours son emprise sur une grande partie de l’Europe. Toutefois, la Réforme était en bon chemin, et ses effets se faisaient sentir jusque dans les villes et les villages de ce qu’on appelle aujourd’hui la Slovénie. Trubar, qui était prêtre, a été l’un des premiers à adopter les croyances protestantes.
L’Église catholique utilisant le latin, seuls quelques privilégiés versés dans cette langue ancienne étaient en mesure de comprendre les offices religieux et la Bible. Cependant, selon les réformateurs, le service religieux devait être célébré dans une langue que tous comprenaient. Par conséquent, vers le milieu du XVIe siècle, on a lu au cours des offices quelques passages de la Bible en slovène. Cette lecture était possible, car dans les marges du missel latin, ou livre de messe, que le clergé employait, l’équivalent de certains textes en slovène avait été inséré.
Néanmoins, Trubar voulait que la Bible tout entière soit traduite dans cette langue. Comme il n’existait pas encore d’alphabet adapté à la transcription du slovène, il en a inventé un. En 1550, il écrivait le premier livre en slovène ; il y mentionnait quelques versets de la Genèse. Plus tard, il a également traduit les Psaumes et, finalement, le Nouveau Testament, les Écritures grecques chrétiennes, dans son entier.
Toutefois, Trubar était conscient qu’il ne possédait pas les aptitudes linguistiques requises pour concrétiser ses aspirations : traduire la Bible en slovène dans son intégralité. Voilà pourquoi il a vu en Jurij Dalmatin, un jeune étudiant doué, la personne qui pouvait l’aider à réaliser son projet.
Les jeunes années de Dalmatin
Dalmatin, issu d’une famille pauvre, est né vers 1547 dans un village situé dans le sud de la Slovénie actuelle. Enfant, il a fréquenté l’école de son village, que dirigeait un homme converti au protestantisme dès le début. Cela a grandement influé sur son idéologie religieuse. Aidé à la fois par Trubar, par un instituteur et par les prêtres de son village, Dalmatin est d’abord allé dans une école religieuse, puis à l’université, en Allemagne. Il s’est ainsi perfectionné en latin et en allemand, il a appris l’hébreu et le grec, et il a terminé ses études de philosophie et de théologie.
Même si Dalmatin faisait ses études à l’étranger, Trubar l’a toujours encouragé à aimer et à cultiver sa langue maternelle, le slovène. Alors qu’il avait une vingtaine d’années et qu’il était encore à l’université, il s’est attelé à la gigantesque tâche qui consistait à traduire la Bible dans la langue de son pays. Satisfaire l’ardent désir de Trubar de disposer de la Bible complète en slovène constituait désormais l’objectif principal de Dalmatin.
Les débuts de la traduction
Se lançant dans le projet avec un grand enthousiasme, Dalmatin a commencé par traduire les Écritures hébraïques. Il s’est vraisemblablement basé sur les langues originales, mais il s’est aussi beaucoup référé à la traduction allemande que Martin Luther avait faite à partir de la Vulgate. Quant à Trubar, il avait achevé la traduction de l’intégralité des Écritures grecques chrétiennes en 1577, comme cela a été expliqué. Dalmatin a ensuite corrigé et amélioré le texte de Trubar. Pour ce faire, il a encore largement recouru à la traduction de Luther. Il a supprimé un grand nombre de tournures allemandes que Trubar avait employées, et il a rendu la traduction plus cohérente. Dalmatin a sans doute utilisé ses connaissances en grec dans ses travaux de traduction, mais les spécialistes débattent toujours pour déterminer s’il a consulté les textes originaux en grec.
Des obstacles en chemin
Comme l’alphabet slovène n’avait été créé que quelques dizaines d’années auparavant, Dalmatin se trouvait devant une tâche désarçonnante. De plus, le vocabulaire était limité, et il n’existait aucun ouvrage de référence en slovène. Il fallait donc une bonne dose d’ingéniosité pour rendre le texte dans un slovène compréhensible.
La contre-réforme a constitué une difficulté supplémentaire. Étant donné que l’imprimeur avait été expulsé de Slovénie, on a dû imprimer la Bible à l’étranger. Voilà pourquoi on camouflait le chargement lorsqu’on introduisait les bibles dans le pays. Cependant, en dépit des obstacles, Dalmatin a réalisé son objectif en l’espace de dix ans seulement. Il semble qu’il n’avait qu’une trentaine d’années.
Sous la surveillance de Dalmatin, on a d’abord imprimé 1 500 exemplaires de la Bible en sept mois. Beaucoup ont qualifié la Bible de Dalmatin de chef-d’œuvre littéraire et d’œuvre d’art, car elle était agrémentée de 222 magnifiques estampes. Maintes bibles originales subsistent, et on s’est basé encore récemment sur cette traduction pour de nouvelles versions de la Bible en slovène. Grâce au travail de ces deux hommes, les Slovènes peuvent aujourd’hui lire la Parole de Dieu dans leur langue maternelle.
[Encadré/Illustrations, page 15]
LE NOM DIVIN
Dans la préface de sa traduction de la Sainte Bible, Dalmatin a fourni l’explication suivante :
“ Chaque fois que le mot SEIGNEUR apparaît en capitales, il se rapporte au SEIGNEUR Dieu dont le nom est הוהי, Jéhovah, dans la langue juive. Ce nom appartient au SEIGNEUR Dieu et à personne d’autre. ”