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Peut-on être chrétien et libéral ?

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Josué

Josué
Administrateur

Débats > Chrétiens en débats
DÉBAT
Peut-on être chrétien et libéral ?
LAURENCE DESJOYAUX
CRÉÉ LE 25/10/2013 / MODIFIÉ LE 25/10/2013 À 17H23







Objet de débats récurrents, la question du libéralisme oblige les chrétiens à réfléchir sur la nature de l'individu et son rôle dans la société.

On ne compte plus, depuis son élection, les sorties du pape François contre ce qu'il appelle « l'ultralibéralisme ». Dans son interview donné à Eugenio Scalfari, fondateur du journal italien La Republicca, il avait ainsi esquissé une définition de ce « libéralisme sauvage » : « Personnellement, je pense que ce que l'on désigne par "libéralisme sauvage" ne fait que rendre plus forts les forts tandis qu'il affaiblit les faibles et aggrave l'exclusion. Il faut une grande liberté, une absence totale de discrimination, pas de démagogie et beaucoup d'amour. Il faut des règles de comportement et aussi, au besoin, des interventions directes de l'État, pour corriger les disparités les plus intolérables. » Après pareille charge, il semble compliqué pour les chrétiens de s'affirmer libéraux !

Est-il possible, pourtant, d'être catégorique sur la question alors que la notion même de libéralisme prête à une multitude de définitions et d'interprétations ? Autrement dit, il y a plusieurs demeures dans la maison du libéralisme. Ouvrez le Larousse et vous aurez déjà un aperçu de cette complexité. Parle-t-on d'un libéralisme économique, une doctrine qui privilégie l'individu, sa liberté et le libre jeu des actions individuelles supposé conduire à l'intérêt général ? C'est la fameuse « main invisible » d'Adam Smith théorisée dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). Parle-t-on du libéralisme politique visant à limiter les pouvoirs de l'État au regard des libertés individuelles et à séparer les pouvoirs ? Le philosophe John Locke développe cet aspect dans son Traité du gouvernement civil (1690) : l'Etat y joue un rôle de garant des biens et de la liberté individuelle. Il règle les conflits mais n'intervient pas dans les domaines de l'éthique, de la morale ou de la religion. Parle-t-on, enfin, du versant plus culturel du libéralisme, qui préconise l'élargissement de l'espace de liberté de l'individu en le dégageant du contrôle social et des normes promues par les corps sociaux que peuvent être la famille, l'Eglise, l'Etat... ?

Deuxième niveau de réflexion, plus important encore, ces différents versants du libéralisme sont-ils indépendants ou forment-ils un tout cohérent ? Autrement dit, le libéralisme propose-t-il une vision globale de l'homme, est-il une idéologie, ou bien un simple système technique, un outil d'organisation qui dépend de l'utilisation qui en est faite ? Dans ces deux cas, quelle position des chrétiens face au libéralisme ?

S'il n'est donc pas neuf, loin s'en faut, le débat a récemment rebondi sur le nouveau blog collectif Cahiers Libres. D'un côté le blogueur Folbavard estime que le libéralisme est moralement neutre, que cette « philosophie » n'est pas néfaste en soi et surtout qu'elle n'est pas une anthropologie en soi. « Il existe différents courants dans le libéralisme, qui chacun reposent sur des visions anthropologiques différentes. Mais ces visions sont souvent liées à des pensées extérieures au libéralisme. (…) Dès lors, ce n’est pas le libéralisme qui est en cause, mais bien une ou des visions anthropologiques erronées. Et pour ce qui est de la vision anthropologique, je ne peux que souscrire à celle proposée par l’Eglise. »

Dès lors, il défend l'idée que l'ultralibéralisme est un dévoiement du libéralisme, et que l'on peut être chrétien et libéral. « Voilà pourquoi une critique du libéralisme assimilé à l’ultralibéralisme me parait simpliste, explique le blogueur. Sans être un libéral acharné, je suis de ceux qui pensent que les auteurs dit "libéraux" ont forgé au cours des siècles une pensée pleine de richesse. Il serait regrettable de s’en couper dans un rejet simpliste et opportuniste. Tout n’est pas bon à prendre, mais je suis convaincu que ma foi peut me servir d’éclairage dans cette sélection. »

En son temps, en 1954, le philosophe et économiste Daniel Villey ne disait pas autre chose dans L’Economie de marché devant la pensée catholique : « Plutôt que se laver avec ostentation les mains des impuretés que le capitalisme traîne avec lui, comme toute structure temporelle, il serait urgent peut-être de le baptiser dans l’eau chrétienne, estime-t-il. Cela impliquerait une réhabilitation dans les perspectives catholiques de la propriété privée, du profit, du marché, de la spéculation. Sans doute est-il possible de revoir tout cela sous une lumière catholique, d’en repenser la théologie avec bienveillance, d’en dégager certains échos authentiquement spirituels. »

De l'autre côté, le journaliste et essayiste Patrice de Plunkett estime que le message de l'Eglise « est étranger depuis toujours au libéralisme. » La raison de cette incompatibilité est la suivante : pour lui, « libertaire et le libéral sont liés. Le libéralisme des moeurs est lié au libéralisme économique. » Il en veut pour preuve le fait que « les multinationales soutiennent le mariage gay : "It’s good business", dit le président de Goldman Sachs – qui fait pression en ce sens (avec Monsanto et autres géants) sur la Cour suprême des Etats-Unis. En France, le groupe Vinci (Notre-Dame des Landes) est au tableau d’honneur du lobby LGBT… » Et de dénoncer avec vigueur les chrétiens, notamment les catholiques, qui rêveraient encore d'un libéralisme vertueux. « Ils font comme s’ils ne comprenaient pas, ou comme si le libéralisme réel – celui qu’on a sous les yeux – n’était pas le "vrai" libéralisme : ils décrivent un libéralisme idéal, imaginaire, censé rendre la dérégulation économique et financière compatible avec le bien commun… Libéralisme jamais réalisé, mais au nom duquel ils veulent nous empêcher de critiquer le libéralisme réel ; exactement comme les communistes de naguère invoquaient le "vrai socialisme" (toujours à venir) pour masquer les échecs du socialisme réel. »

Sur un plan plus strictement économique, l'hebdomadaire l'Express avait proposé en mai un débat entre deux économistes catholiques, l'un libéral, Philippe Chalmin, l'autre pas du tout, Gaël Giraud. Leurs réponses font apparaître les mêmes lignes de failles que précédemment.

Pour Philippe Chalmin, « le chrétien croit en l’homme, donc il a une vision optimiste : il ne peut qu’être libéral. » Sous-entendu, l'homme est bon, il n'a pas besoin de l'Etat pour s'organiser de façon juste. Il raconte : « Un grand patron d’origine juive, Bernard Esambert, disait : "L’économie de marché serait le meilleur des systèmes si en son cœur se trouvait un peu d’amour du prochain." N’est-ce pas le sens du message chrétien ? »

En attendant, et puisque la crise à montré les faiblesses de l'économie de marché telle qu'appliquée aujourd'hui, Gaël Giraud estime au contraire que l'économie libérale n'est pas à même de répondre à l'exigence de partage évangélique. « Dans la partition classique de l’espace social, on distingue les biens privés, qui relèvent des marchés, et les biens publics, qui relèvent de l’Etat. Mais en réalité, il en existe qui ne devraient relever ni de l’un ni des autres — des biens communs au sens d’Elinor Ostrom, c’est-à-dire qui ont vocation à être accessibles à tous, mais dont la privatisation induit la disparition. Cette vocation à être disponible pour tous, c’est la destination universelle des biens promue par l’Eglise. Ces biens communs sont au nombre de trois : le travail, le crédit et les ressources naturelles (...) Tout ce que nous devons transmettre aux générations futures. » En ce sens, le chrétien ne peut pas entièrement laisser la main au marché et au libre jeu des actions individuelles car « l’Eglise, elle, affirme la prééminence du lien social. Son rôle doit donc être d’encourager à instaurer une solidarité fondamentale avec les générations futures, dans le respect d’une création que nous savons désormais fragile. »

L'Eglise catholique, de son côté, s'est gardée de trancher définitivement la question. Depuis l'encyclique Rerum Novarum de Léon XIII, en 1891, jusqu'à Caritas in Veritate de Benoît XVI, en 2009, la Doctrine sociale de l'Eglise, ensemble de textes concernant la vie des chrétiens dans la société, dessine par petites touches et au gré des époques une voie d'équilibre et de prudence. Elle propose des grands principes comme le bien commun, la destination universelle des biens ou la solidarité, mais elle n'a pas défini un modèle économique proprement chrétien.

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