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Sortir de la religion en Israël

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Josué

Josué
Administrateur

Sortir de la religion en Israël
Ruggero Gambacurta-Scopello - publié le 13/06/2013

Florence Heymann, anthropologue et chercheur au CNRS, s'intéresse aux évolutions au sein des groupes religieux en Israël. Dans le cadre de la préparation d'un livre, elle enquête notamment sur les sionistes religieux et et les ultra-orthodoxes qui quittent leur religion. Interview.
Il y a quelques jours, le 8 juin 2013, mourait Yoram Kaniuk. Cet écrivain israélien, « sans religion », d'après les registres d'état civil était un « combattant de la laïcité ». Mais qu'en est-il exactement de la religion dans l'Israël actuel ? Pour le savoir nous avons rencontré Florence Heymann. Anthropologue, elle est chercheur au CNRS, au Centre de recherche français de Jérusalem. Elle a travaillé sur la construction identitaire des groupes sociaux ainsi que sur la mémoire de la Shoah. Elle s’occupe actuellement de la religion en Israël, avec un livre en préparation : Adieu Elokim. Quitter la religion dans l’Israël d’aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous a menée à vous intéresser à la thématique « Sortir de la religion en Israël » ?

Au départ, mon projet était d’analyser les changements dans les diverses communautés religieuses appartenant à la majorité juive d’Israël (75 % de la population). La société israélienne étant traversée par de très nombreux changements, dans de nombreux domaines, j’ai voulu savoir ce qui se passait dans les groupes religieux, qui, à première vue, pouvaient sembler plus sujets à l’immuabilité. En fait, nous sommes loin de la réalité : dans les milieux religieux également, les évolutions sont très importantes. Contrairement à ce qui fait souvent les grands titres des journaux, à savoir la radicalisation religieuse de la société – qui est toutefois une réalité –, les choses sont beaucoup moins tranchées et bipolarisées. Il n’y a pas, d’un côté, les laïcs et, de l’autre côté, les religieux. Parler de bipolarisation est faux. À la limite on devrait parler de tripolarisation, en considérant aussi la présence des traditionnalistes : ceux-ci vivent comme des laïcs mais, pour diverses raisons, ils se comportent comme des religieux en ce qui concerne par exemple les fêtes, la nourriture, le jeûne de Yom Kippour, la circoncision…

De quelle façon procédez-vous pour réaliser cette enquête ?

C’est évidemment une enquête qualitative. Il existe peu de statistiques dans ce domaine, car on ne pose pas directement à quelqu’un des questions sur son niveau de religiosité. On peut, bien sûr, faire des statistiques à un moment donné sur tel ou tel groupe, mais il est en revanche plus difficile de savoir combien sont ceux qui quittent la religion. Dans le cadre de ma recherche actuelle, je me suis intéressée particulièrement à deux groupes : d’une part, ceux qui quittent l’orthodoxie moderne, que l’on appelle aussi sionistes religieux ou « religieux nationaux », d’autre part ceux qui sortent de l’ultra-orthodoxie, du monde haredi. Les sionistes religieux représentent environ 22 % de la population juive. Ils sont habillés en gros comme les laïcs, le signe distinctif étant, pour les hommes, le port de la kippa crochetée. Ceux qui quittent ce monde-là sont appelés « anciens religieux » (datlashim, acronyme de datile-she-avar). J’ai fait une année de terrain avec eux, je les ai suivis, interviewés, ce sont des gens dont je connaissais les parents, l’environnement social, les établissements d’enseignement.

Cette dernière année, en revanche, j’ai fait du terrain auprès des iotzim le-sheela, les « sortants vers la question ». Ceux-là ont quitté le monde ultra-orthodoxe. Tout d’abord, il faut savoir que l’ultra-orthodoxie, qui représente entre 5 et 7 % de la population juive, n’est pas un groupe homogène. Deux principaux courants le composent à l’origine : les hassidim et les « lituaniens » (litaïm), auquel il faut ajouter un troisième groupe, arrivé plus récemment sur la scène sociale : les ultra-orthodoxes orientaux. Auparavant, les Orientaux (originaires des communautés d’Afrique ou d’Asie, Mizrahim en hébreu) qui rejoignaient l’ultra-orthodoxie intégraient le groupe des lituaniens ; maintenant, et notamment depuis le grand succès politique du parti Shas, ils ont établi leurs propres yeshivot (académies talmudiques) et ont pris leur indépendance.

Tous ces groupes se divisent à leur tour en un grand nombre de sous-groupes et il faut avoir un œil très exercé pour les distinguer.  Les ultra-orthodoxes forment depuis ces dernières décennies une société d’hommes censés étudier leur vie durant, soutenus matériellement par l’aide de l’étranger, par leurs femmes qui occupent des emplois salariés compatibles avec les normes du groupe, et enfin par des subventions de l’État.

Le premier groupe de dissidents que j’ai étudié – ceux qui quittent le sionisme religieux – n’ont pas vraiment besoin d’institutions pour les soutenir dans leur démarche : ils possèdent les codes de la société générale, ils ont fréquenté des écoles qui, à côté des matières sacrées, leur ont enseigné les matières profanes, ils ont passé leur baccalauréat, ils ont été à l’armée, à l’université, ils vont au cinéma, au théâtre, et, pour avoir l’air de parfaits laïcs, ils n’ont qu’à enlever leur kippa.

En revanche, quand un ultra-orthodoxe quitte son groupe religieux, sa situation est comparable au mieux à celle d’un nouvel immigrant et plus souvent à celle d’un nouveau-né ou d’un orphelin : il ne connaît aucun des codes de la société, il n’a pas d’habits « normaux », pas de cursus scolaire, et, évidemment, il n’a pas le bac. En effet, les enfants issus de familles ultra-orthodoxes n’étudient aucune matière profane (mathématiques, histoire, géographie, langues étrangères), mais seulement les matières sacrées, au sein du système ultra-orthodoxe, à savoir la Bible dans leur jeune âge, puis uniquement le Talmud. Enfin, l’ultra-orthodoxe a vécu une séparation complète des sexes depuis l’âge le plus tendre. Le monde haredi est un monde de la contrainte et de l’enfermement, un univers coupé de la société environnante. Tout ce qui en vient est interdit : pas de journaux, pas de radios, pas de télévision. C’est pourquoi mon terrain se situe dans une association qui aide les jeunes – entre 18 et 30 ans – qui ont décidé de quitter leur univers ultra-orthodoxe à s’intégrer dans la société laïque.

Vous avez parlé dans l’un de vos articles du rôle des nouvelles technologies. Qu’en est-il ?

C’est, d’après moi, l’élément moteur des plus grands changements et peut-être de l’augmentation du nombre des défections de la société ultra-orthodoxe. Les nouvelles technologies – que ce soit le téléphone portable, l’Internet, les ordinateurs – qui donnent un accès infini au monde environnant sont des innovations que les autorités rabbiniques ne parviennent plus à contrôler ou à bloquer. A chaque fois qu’une innovation apparaît, les rabbins essayent bien évidemment de l’interdire ou de la rendre casher. Un exemple est constitué par les téléphones casher : ceux-ci permettent d’appeler seulement des numéros appartenant à une liste sous contrôle et bloquent les SMS. Même si les ordinateurs permettent de censurer l’accès aux sites, la population ultra-orthodoxe en est équipée peut-être en plus grand nombre même que la population laïque. Et si vous jetez un œil à l’intérieur des cafés Internet de Jérusalem vous aurez beaucoup de chances d’y apercevoir surtout des ultra-orthodoxes.

Dans le cadre de mon terrain en observation participante – je suis bénévole à l’association Hillel (acronyme de Ha-agouda le-iotzim le-sheela, « Association pour ceux qui sortent vers la question »), l’une des principales associations d’aide à l’insertion des « sortants », qui fête ses vingt ans cette année. Une hotline téléphonique fonctionne quotidiennement et c’est en général le premier contact avec les jeunes dissidents. Dernièrement, le site Internet de l’association devient un autre canal de contact.

En quoi consiste le travail de cette association ?

L’association n’a pas de vocation missionnaire, c’est-à-dire qu’elle ne s’occupe que de ceux qui ont pris leur décision. Lorsqu'un(e) dissident(e) prend contact avec Hillel et que le volontaire qui lui parle au téléphone ou qui lit son courriel, considère qu’il (ou elle) entre dans les critères de l’association, deux bénévoles le (la) rencontrent. Après ce premier contact, le (la) candidat(e) verra également un psychologue et une assistance sociale. Après cela, il (elle) sera pris(e) en charge, notamment par la désignation d’un « tuteur » et maintes aides sociales et économiques : le jour où l’ultra-orthodoxe sort de son milieu on doit lui fournir des vêtements « civils » ; quelquefois il est à la rue, on lui procure un appartement pour une somme symbolique ; on l’épaule pour obtenir un poste intéressant s’il fait son service armé ; plus tard il pourra obtenir une bourse pour s’engager dans des études. Il faut avoir à l’esprit que ces personnes sont totalement démunies face aux activités les plus basiques de notre monde moderne : ouvrir un compte en banque, se faire établir une carte d’identité, s’inscrire à un cours. Parfois les jeunes ne possèdent pas l’hébreu, car ils ne parlaient que yiddish dans leur milieu. Les adresses des bureaux de l’association, comme de celles des appartements où peuvent être recueillis les « sortants » de fraîche date, sont tenues secrètes : on craint toujours des descentes, notamment de la part d’une « patrouille de modestie » (mishmeret tsniout), garantes de la bonne conduite ultra-orthodoxe. Évidemment, pour les ultra-orthodoxes, cette association est l’incarnation du mal.

L’association ne reçoit aucun subside de l’État israélien et n’est gérée que par des bénévoles et des donateurs privés. Quelques parlementaires essayent de peser pour qu’on puisse recevoir un peu d’argent, d’autant plus que, en sens inverse, l’État finance régulièrement les yeshivot d’accueil de ceux qui reviennent à la religion. Cela s’explique sans doute par le poids des partis politiques orthodoxes et ultra-orthodoxes dans les différentes coalitions gouvernementales.

Quand paraîtra votre livre sur ce sujet ?

Mon livre Adieu Elokim. Quitter la religion dans l’Israël d’aujourd’hui devrait paraître fin 2014 ou 2015. S’agissant d’une recherche anthropologique, elle ne peut se dérouler que sur la durée. Les « sortants », sujet relativement à la mode aujourd’hui, sont très – trop – sollicités pour des articles, des documentaires, des films. Il faut donc patience et modestie pour les accompagner dans leur quête souvent douloureuse de passage des frontières.

Quelles seront, à votre avis, les évolutions de la religion en Israël, dans les prochaines années ?

Je ne vois pas d’avancée drastique de la laïcisation à venir. Je vois plutôt une situation de statu quo : laissez-nous vivre comme laïques, nous vous laisserons vivre comme ultra-orthodoxes, mais partageons le « fardeau » sociétal ! C’est sans aucun doute le message des dernières évolutions concernant la conscription des ultra-orthodoxes. D’un côté, le poids démographique des orthodoxes est très fort – les familles de 16 à 18 enfants sont loin d’être l’exception. De l’autre, la société laïque ne porte plus, ces dernières décennies, un message qui soit considéré comme étant suffisamment fort. Dans les premières années qui ont suivi la fondation de l’État d’Israël (1948), les religieux, les orthodoxes et les ultra-orthodoxes pouvaient quitter un monde avec une idéologie forte pour pénétrer dans un autre, muni d’une idéologie tout aussi forte, le sionisme socialiste laïque. Maintenant avec la mondialisation, l’américanisation de la société, ils quittent le monde ultra-orthodoxe pour un monde sans repères forts où ils ne retrouvent pas une vraie spiritualité. Or, ils ont besoin de cette spiritualité. On a pu assister d’ailleurs dans le monde laïc, cette dernière décennie en particulier, à l’explosion de mouvements centrés sur la recherche de la spiritualité, avec notamment des groupes New Age et des yeshivot laïques où l’on travaille sur les textes sacrés, mais dans une perspective détachée du poids des commandements et de la loi juive. Ces personnes trouvent que leur « bibliothèque juive », base d’une culture à laquelle ils voudraient revenir, leur a été dérobée par l’orthodoxie et surtout l’ultra-orthodoxie.

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