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Comment sortir de l’emprise « djihadiste ?

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Josué

Josué
Administrateur


Dounia Bouzar : "Le registre de la raison est inefficace pour parler à un jeune embrigadé"
Ève Taraborrelli - publié le 22/09/2015

Dans Comment sortir de l'emprise « djihadiste » ?*, l'anthropologue Dounia Bouzar dévoile la méthode conçue par son association pour lutter contre l'embrigadement des jeunes Français dans l'islam radical.

© Les cahiers de l'islam
© Les cahiers de l'islam

Créé en avril 2014, le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI) interroge les mécanismes d'embrigadement des jeunes dans l'islam radical. Dounia Bouzar, mandatée par le ministère de l'Intérieur, dirige avec brio cette association qu'elle « aurait aimé voir naître plus tôt ». Avec ses équipes, elle transmet son expertise et sa maîtrise du terrain aux cellules des préfectures afin de les aider à désembrigader ces jeunes Français approchés par les djihadistes. Rencontre.

Qui sont les djihadistes embrigadés sur le territoire français ?

Par le passé, tous les jeunes embrigadés étaient fragiles. Ils avaient, pour la plupart, été élevés en foyer, n'avaient pas de sentiment d'appartenance territoriale. C'est, par exemple, le cas de Merah ou des frères Kouachi. Avec l'affinement des techniques d'embrigadement, nous avons récemment pris conscience que les personnes embrigadées avaient maintenant des profils très variés. Certaines proviennent de familles musulmanes, d'autres de familles chrétiennes, athées ou même juives.

Sur le plan sociologique, beaucoup de personnes issues des classes moyennes nous ont téléphoné. Ce sont d'ailleurs les premières à l'avoir fait, car elles sont généralement très attentives aux signes de rupture que la radicalité entraîne. Les classes populaires n’ont osé nous contacter que plus tardivement, une fois que nous avons commencé à communiquer sur le phénomène et expliqué que les jeunes étaient des victimes et non des coupables. Un grand nombre d'embrigadés n'ont pas de passé migratoire, certains sont de très bons élèves, d'autres non, certains viennent de province, d'autres de région parisienne...

Finalement, il est très difficile de dresser un profil-type des embrigadés. L'âge est leur seul point commun. La plupart d'entre eux sont âgés de 14 à 25 ans : cet âge – où l'on quitte l'enfance et où l'on est censé prendre conscience de l'humanité telle qu'elle est – est propice pour distiller à ces jeunes l'idée qu'ils sont missionnés pour régénérer le monde.

En quoi les djihadistes ont-ils affiné leur méthode de recrutement ?

Avec le temps, les djihadistes ont individualisé leur démarche, notamment en s'adaptant à la culture française. Ceux qui recrutent parlent français, pensent en français, et surfent sur les dysfonctionnements de la société française. Ils ont la finesse de faire miroiter aux jeunes des utopies différentes : le jeune qui est épris d'utopie humanitaire peut adhérer à un mythe, de même que celui qui souhaite venger les musulmans ou que celui qui rêve d'une terre paradisiaque où règnent de « vraies » valeurs de fraternité et de solidarité. Chaque jeune peut donc choisir sa propre raison de partir faire le djihad. C'est comme une individualisation de l'embrigadement, adaptée à la culture française.

Quel rôle Internet tient-il dans le processus d'embrigadement ?

L'utilisation d'Internet n’exclut pas la rencontre physique, mais cela reste le support fondamental de l'embrigadement. Certains montages vidéo sont d'ailleurs très élaborés : ils partent de l'univers du jeune pour lui faire adopter une grille paranoïaque et lui faire croire que tous les adultes autour de lui n'ont aucun discernement et ne réalisent pas qu'on leur ment sans cesse. L'étape suivante consiste à convaincre le jeune que non seulement les politiques nous mentent, mais que ces mensonges sont commandités par des sociétés secrètes. Par exemple, les virus tels qu'Ebola ou le HIV sont pour eux un complot organisé par ces organisations pour endormir les masses et conserver le pouvoir des sciences pour elles. L'objectif est vraiment de faire en sorte que le jeune n'ait plus confiance en aucun des interlocuteurs qui participaient à sa sociabilisation. Le jeune va finalement augmenter sa grille de paranoïa et se dire : « Je sais pourquoi je me sens mal : parce qu'au fond, je vis dans un environnement où tout le monde est corrompu et me ment. » Le basculement vers le djihadisme consiste alors à faire penser au jeune que seule une confrontation finale avec le monde réel pourra le régénérer.

La méthode d'embrigadement est-elle la même pour Al-Nosra (branche syrienne d’al-Qaida) et pour Daesh ?

L'embrigadement pour Al-Nosra a été mené par Omar Omsen, un ancien bandit français. Il est connu pour ses vidéos tournées en studio, dans lesquelles on retrouve les univers de référence des jeunes tels que des passages des films Matrix ou Le Seigneur des Anneaux. Al-Nosra fait semblant de ne pas être terroriste, et ne fonctionne que par images subliminales et non-violentes. Il fait croire aux jeunes qu'ils partiront pour des missions humanitaires ou pour faire leur hijra – émigration dans une terre où il y aurait le respect des « vraies » valeurs musulmanes. C'est donc un embrigadement qui n'est pas du tout basé sur la terreur. Daesh, c'est tout le contraire. Dans leurs vidéos, les djihadistes de l'État islamique se mettent en scène pour terroriser et montrer aux jeunes qu'ils seront tout-puissants là-bas. Daesh déshumanise ceux qui ne lui font pas allégeance, justifiant les pires exactions. Il normalise alors la cruauté, les massacres et la torture, les mettant en scène dans des vidéos tournées avec des caméras GoPro. Il est très rare qu'un jeune se rallie directement à Daesh : bien souvent, et sans forcément s'en rendre compte, l'embrigadé est d'abord séduit par les vidéos non-violentes d'Al-Nosra.

Comment fait-on la différence entre islam et embrigadement dans le radicalisme ?

Nous avons établi plusieurs indicateurs quantifiables pour repérer un jeune embrigadé. La rupture du jeune avec ses anciens amis est le premier d'entre eux. Le deuxième niveau de rupture consiste en l'arrêt des activités de loisirs. Les djihadistes font en effet croire au jeune qu'il n'a plus droit à la musique, aux images, à la mixité, etc. La rupture scolaire est le troisième indicateur. Pour l'embrigadé, les professeurs sont payés pour endormir les jeunes. Enfin, le quatrième niveau de rupture – qu'il faut à tout prix éviter –, c'est la rupture familiale : l'embrigadement consiste à proposer un groupe d'appartenance de substitution qui serait sacré et qui désaffilie le jeune de ses parents, leur enlevant alors leur autorité.

Comment faire réaliser à un jeune enrôlé qu'il a été embrigadé ?

On ne peut se placer sur le registre du savoir ou de la raison pour parler à un jeune embrigadé. C'est notamment pour cette raison que je suis contre le discours religieux alternatif : il ne peut être utile qu’en prévention, ou bien après, une fois que le jeune est redevenu un individu qui pense. Mais cela ne sert à rien de recourir au meilleur imam du monde à ce stade précis puisque l'embrigadé va le voir comme un vendu ou un endormi par les sociétés occidentales.

Notre méthode se divise en trois étapes. La première, appelée « la madeleine de Proust » agit en miroir des djihadistes qui essaient de désaffilier le jeune de son histoire, de son identité. Cette étape repose largement sur les parents, qui vont alors tenter de raviver chez le jeune des souvenirs de son enfance. Ils vont refaire les mêmes gestes, les mêmes promenades qu'avant, faisant resurgir chez l'enfant des sentiments du temps où il considérait encore ses parents comme ses parents. Il faut parvenir à faire cela de façon naturelle, pour ne pas que l'enfant s'en rende compte. Une fois que le parent sent chez son enfant une émotion autrefois perdue réapparaître, nous passons à la deuxième étape : le désembrigadement.

Nous coécrivons avec le parent un scénario pour amener l'enfant à cette séance, et travaillons sous la forme des Alcooliques Anonymes, en présentant au jeune des désembrigadés qui ont le même profil que lui. L'idée est de produire une dissociation cognitive, une prise de conscience du décalage entre ce qui lui a été promis et la vérité du terrain. Après plusieurs heures, le jeune finit par réaliser qu'il s'est fait berner. C'est là que commence la troisième étape, la stabilisation. Plus longue, elle consiste à favoriser le dialogue entre les jeunes désembrigadés, qui mettent alors des mots sur les mécanismes des djihadistes.

Peut-on revenir à la case départ après un embrigadement ?

Jamais. Et les parents ont souvent du mal à l'entendre, notamment les non-musulmans qui, traumatisés par quelque chose qui avait la couleur de l'islam, ont du mal à supporter que leur enfant reste musulman après avoir été désembrigadé. Dans ce cas-là, les parents se posent en miroir de Daesh, mettant le jeune face à un choix binaire, sans espace de liberté pour se reconstruire et se définir librement.

(*) Comment sortir de l’emprise « djihadiste » ?, Dounia Bouzar, Éditions de l’Atelier, 2015, 160 p., 15 €.

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