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Inde : les hindous ultras enragent contre le Taj Mahal.

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Josué

Josué
Administrateur


[size=52]Inde : les hindous ultras enragent contre le Taj Mahal
Par Sébastien Farcis, envoyé spécial à Agra — 30 novembre 2017 à 21:16

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Inde : les hindous ultras enragent contre le Taj Mahal. 1076789-photo20171130sign_020654_012Achevé en 1643, le Taj Mahal est visité par près de 8 millions de personnes chaque année. Photo Alain Cornu Signatures
 


A dix-huit mois des élections législatives, les membres les plus extrémistes du BJP, le parti du Premier ministre Modi, ont tenté de minimiser l’importance du mausolée musulman en tant que patrimoine national. Avant de rétropédaler face au tollé.


Fin juin, devant des milliers de personnes, le nouveau ministre en chef de l’Etat de l’Uttar Pradesh (Nord), Yogi Adityanath, s’avance, le crâne rasé et drapé dans sa reconnaissable toge d’ascète couleur safran. Le prêtre et sulfureux homme politique hindouiste appelle à une «reconquête» de l’histoire de l’Inde : «Quand un étranger vient en Inde, il emporte souvent un bibelot à l’effigie du Taj Mahal ou d’un autre minaret. Mais cela ne représente pas notre culture, clame-t-il au micro. Aujourd’hui, le Premier ministre, Narendra Modi, offre la Gita [livre sacré hindou, ndlr] aux étrangers qu’il rencontre. Cela représente notre culture.»
Ce fondamentaliste hindou et membre du Bharatiya Janta Party (BJP, Parti du peuple indien) du Premier ministre dirige depuis mars l’Etat indien le plus peuplé (200 millions d’habitants, dont 19 % de musulmans), où se trouve le Taj Mahal. Et il aimerait à présent effacer le célèbre monument de la mémoire collective sous prétexte qu’il n’est pas hindou. Ce majestueux édifice de marbre blanc incrusté de pierres précieuses a été construit- et achevé en 1643 - sur commande de l’empereur moghol musulman Shah Jahan pour servir de dernière demeure à sa femme adorée, Mumtaz Mahal. Le mausolée, surmonté de son fameux dôme, situé au bord du fleuve sacré Yamuna, dans la ville d’Agra, a été classé au patrimoine mondial de l’humanité en 1983 et sélectionné comme l’une des «sept merveilles du monde moderne» en 2007. Près de huit millions de personnes, dont un touriste étranger sur dix se rendant dans le pays, viennent l’admirer chaque année, ce qui en fait l’un des sites indiens les plus visités. Mais le nouveau gouvernement régional veut réorienter l’idéologie touristique pour favoriser le patrimoine hindou : dans sa récente brochure sur les priorités du secteur, le ministère régional du tourisme a retiré le Taj Mahal, remplacé par différents lieux de pèlerinage hindous et bouddhistes. Début octobre, quelques jours après la publication de ce livret, des élus locaux du BJP s’engouffrent dans cette brèche pour jeter l’opprobre sur la période de domination musulmane de l’Inde (1526-1857) : Shah Jahan «a emprisonné son père et persécuté des milliers d’hindous. Il est dommage que ces personnes aient une place dans l’histoire. Nous allons donc changer cette histoire», affirme le député régional du BJP Sangeet Som, déjà accusé d’avoir incité aux pogroms antimusulmans de Muzaffarnagar, en 2014. Et un autre député du parti d’affirmer, pour discréditer le monument, que les Moghols auraient construit le Taj Mahal sur les ruines d’un ancien temple hindou. Cette théorie a déjà été développée par l’intellectuel révisionniste Purushottam Nagesh Oak qui soutient, dans un ouvrage datant de 1989, que tous les célèbres bâtiments laissés par les Moghols, comme le Fort rouge de Delhi, étaient des œuvres hindoues «reconverties» par les empereurs musulmans. Autant d’affirmations qui ne tiennent pas : Shah Jahan n’a pas emprisonné son père, son règne n’a pas été si sanglant pour les hindous et, surtout, les preuves écrites ne manquent pas pour attester que le Taj Mahal et beaucoup d’autres monuments moghols sont de pure facture musulmane.
Dans la ville d’Agra, cette controverse déchire le cœur des habitants, attachés à leur chef-d’œuvre architectural. «Je vois le Taj Mahal tous les jours en allant me balader et j’ai pu établir une communication avec ce bâtiment, raconte Kaushal Sharma, un commerçant hindou de la vieille ville. Il a été construit par amour, et toutes les religions parlent d’amour. En se comportant ainsi, Yogi Adityanath se décrédibilise de lui-même, pas le monument.
L’héritage des Moghols ne se borne d’ailleurs pas à leurs œuvres architecturales. Dans un petit atelier situé à quelques centaines de mètres du Taj Mahal, Mohammed Khan cisèle avec patience le marbre blanc afin de préparer une niche de 2,5 mm de profondeur où seront collés les lapis-lazuli et autres pierres semi-précieuses qui orneront une table taillée dans cette pierre blanche. Cette technique, appelée l’incrustation, a été importée de Florence, en passant par la Perse, à l’époque de Shah Jahan. Elle a d’ailleurs été utilisée pour agrémenter le Taj Mahal d’une couronne de joyaux. Agra est aujourd’hui l’un des derniers endroits au monde où cet artisanat se transmet encore de père en fils.

«Envahisseurs»


Au bout de plusieurs semaines de controverses, le gouvernement régional s’est rendu compte de l’impact destructeur, notamment sur le tourisme, de cette campagne contre l’emblème national et a cherché à éteindre la colère qu’il avait allumée. Le 26 octobre, Yogi Adityanath a ainsi visité le mausolée musulman pour envoyer un nouveau message : peu importe qui l’a érigé, ce qui compte c’est qu’«il a été construit grâce au sang et à la sueur d’ouvriers indiens». Avant d’ajouter que son administration avait accordé un budget de 20 millions d’euros pour l’aménagement du site.
Mais l’offensive idéologique des nationalistes hindous ne fait que débuter. «Leur objectif est de démontrer que la période moghole et musulmane a été un temps d’esclavage pour les hindous, et que les musulmans d’aujourd’hui doivent leur religion aux envahisseurs,analyse l’écrivain spécialisé sur la mouvance nationaliste hindoue Nilanjan Mukhopadhyay. Cela permet de créer de l’animosité envers les musulmans en les présentant comme des descendants de l’ennemi.»Dans la plupart des Etats conquis par le BJP, des comités dirigés par le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), bras idéologique du BJP, révisent ainsi les manuels scolaires pour valoriser les nationalistes, atténuer leurs crimes et effacer les bienfaits de l’époque moghole. Certains chercheurs de centres publics se plaignent également de la confusion croissante entre mythologie hindoue et données scientifiques.
Selon Nilanjan Mukhopadhyay, cette politique hindouiste et clivante est au cœur du programme du Premier ministre, qui a grandi dans les rangs de ces paramilitaires nationalistes hindous du RSS. Narendra Modi a déjà été accusé d’avoir laissé se dérouler les pogroms antimusulmans de 2002, qui ont fait près de 2 000 morts dans l’Etat du Gujarat (nord-ouest), qu’il dirigeait. «Tant que l’économie se porte bien, cette idéologie est atténuée, poursuit Mukhopadhyay, également auteur d’une biographie de Modi. Mais elle ressurgit dès que ça ralentit.» Et, de fait, contrairement aux promesses de relance et d’emplois faites par ce gouvernement, la croissance économique annuelle a chuté à 5,7 % en juin, contre 9,1 % un an auparavant. Son plus bas niveau depuis trois ans. Lors de sa campagne de 2013, Narendra Modi a assuré qu’il créerait 10 millions d’emplois par an - soit environ le nombre de jeunes Indiens qui arrivent sur le marché du travail chaque année. Mais depuis son arrivée au pouvoir en mai 2014, seulement 823 000 emplois ont été créés, contre un besoin estimé à 16 millions. Pire, sa mesure de démonétisation (mise en œuvre en novembre 2016) qui a soudainement invalidé l’essentiel des billets en circulation pour lutter contre l’argent sale, a frappé de plein fouet l’économie informelle, qui opère surtout en liquide et emploie plus de neuf Indiens sur dix.

Conquête


A dix-huit mois des élections législatives nationales, le plan B, centré sur une politique hindouiste, serait donc en train d’être déployé. Ainsi, Yogi Adityanath, considéré comme un radical embarrassant par le BJP avant sa victoire nationale de 2014, est à présent exhibé dans tout le pays comme l’une de ses figures de proue : au Gujarat, il est venu soutenir les candidats du parti lors de leur campagne pour les élections législatives régionales, qui auront lieu dans une dizaine de jours, à l’issue d’une lutte politique acharnée.
Et dans le Kerala méridional, qui compte l’indice de développement humain le plus élevé du pays, Adityanath a osé conseiller au gouvernement local, tenu par l’opposition, d’apprendre du système de santé de son Etat. L’Uttar Pradesh est pourtant l’un des pires dans le domaine, et c’est dans l’hôpital public de la circonscription de ce ministre en chef que des dizaines d’enfants sont morts cet été, notamment à cause d’un manque de bouteilles d’oxygène. Peu importe les faits, le Kerala, qui compte 26 % de musulmans et 18 % de chrétiens, est une terre de conquête pour les hindouistes. Adityanath y a surtout milité contre les mariages entre musulmans et hindous, présentés par ces extrémistes comme un plan malicieux appelé le «jihad de l’amour».
Sébastien Farcis envoyé spécial à Agra

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